Aah, génial. Ou comment se mettre à dos le padre Lopez. La pauvre vierge effarouchée doit tellement s'ennuyer dans sa fade vie, qu'elle se sent obligée de pourrir celle des autres. C'est très égoïste. A croire que la solitude pousse à la méchanceté. Santana soupire, alors que nous entrons dans le café. Un beau jeune homme lui tient la porte pour la laisser passer. Elle le remercie. Je passe rapidement derrière elle, lançant un clin d'œil et mon sourire le plus séducteur pour remercier le bellâtre. M'étonnerait qu'il soit de mon bord, mais qu'importe. Autant s'en amuser un peu. Et puis ça m'empêchera peut être d'attraper un rhume en touchant la même poignée que les dizaines de clients. Le rhume, c'est pas sexy.

On se dirige vers le fond de la salle. Le café est bien chauffé, c'est tellement agréable. On s'installe à une table, et je retire mon blouson.

- Faudrait penser à lui trouver un mec, à la vieille blonde, là, je suggère au sujet de Sylvester. Elle nous fera sûrement plus chier si elle est occupée ailleurs.

J'inspecte brièvement le contenu de la pièce. Aucune proie me semble vraiment intéressante à vrai dire. C'est bien dommage. Puis arrive un beau latino, bien taillé. Il me semble l'avoir déjà croisé à Enamor, d'ailleurs. Il m'a l'air un peu trop hétéro par contre, malheureusement. Toujours est-il que, contre toute attente, Monsieur se dirige vers notre table, tout sourire.


Attends... Le mec a l'air de connaitre Santana. Pas étonnant, au final. Narcisse convoite tellement souvent de belles gueules. Mais d'où il me connait, moi ? C'est presque sûr, il doit être à l'UE. Enfin bon, je n'apprécie pas trop qu'il vienne s'imposer comme ça dans un tel tête à tête de retrouvailles. Mais s'il est sympa - et il a l'air de l'être, bon point - pourquoi pas.

- Salut, je réponds, dubitatif, les sourcils froncés.

Le gars interpelle alors une serveuse, jolie blonde bien mise en valeur dans son uniforme, et lui demande un café, avant de se retourner vers nous pour qu'on choisisse à notre tour.

- Un café pour moi aussi, je demande. Santana ?

"Faudrait penser à lui trouver un mec, à la vieille blonde, là. Elle nous fera sûrement plus chier si elle est occupée ailleurs."

Si tu savais comme je suis d'accord avec toi, Damon. Seulement, qui voudrait d'elle ? Elle a une sale gueule, elle est aimable comme une porte de prison - une très très vieille porte de prison bien rouillée - elle a aucune élégance, son vieux blond ne lui va pas, on voit à sa tête qu'elle s'est jamais maquillée, et qu'elle a eu tort de ne pas le faire. On a pas toutes la beauté naturelle de Diabla. Santana. Ok, ok. On a pas toutes la beauté naturelle de Rihanna. Merci. Je t'en prie. Non mais si ça se trouve, la coach est lesbienne. C'est pour ça qu'elle s'est jamais trouvée de mec depuis... 50 ans ? Je sais pas pourquoi ça ne m'étonnerait même pas, en fait. Mais que ça soit une nana ou un mec, faut qu'elle se trouve quelqu'un, et vite.

- Dans la petite sirène, Ursula ne s'est pas trouvée de mari. On se demande bien pourquoi. A part si tu veux inscrire Sylvester à un truc genre "Change de look et trouve l'amour" - et encore - qui serait assez fou pour se faire une chose pareille ? Même un taureau désespéré n'oserait pas.

J'imite Damon, retirant mon manteau, mon écharpe, mes gants, et pour finir, mon bonnet. La prochaine fois, j'achète pas dans les boutiques, je vais en Sibérie emprunter aux esquimaux un de leur blouson en phoque. En bébé phoque ? En faux phoque, plutôt. Je me disais bien. Ou alors j'emprunte le manteau en coyote de ma mère, parait que même nu dessous, t'as pas froid. Cool, je crois qu'on va préférer le manteau en faux phoque. Olala.

Je m'assois, posant mon sac à côté de moi, et quand je relève la tête, oh surprise. Flavio.

"Oh, Diabla, ça me fait plaisir de te voir ! Tu vas bien ? Je peux m'asseoir ? Et salut, euuh, Damon !"

- Flavio. Tout va bien, et toi ? Ben euh, vu que c'est déjà fait, je pense que tu peux, tu vois ? je réponds, un peu plus sèche.

Pas que ça me gêne qu'il soit là, non, je suis contente, mais s'asseoir comme ça, comme si de rien n'étais, voilà quoi. Si on aurait voulu papoter tranquillement sur notre pied pris ensemble, avec Damon, hein ? Je déconne. Non, sérieusement, ça se fait pas vraiment. Même moi, je crois que je ne l'aurais pas fait. Mais passons. Flavio alias Apollon interpelle la serveuse, un peu trop blonde pour être vraie, puis commande un café, Damon l'imite.

- Un cappuccino. Et tu veux un conseil ? Si tu veux perdre du poids, un peu, démaquille-toi, ma petite chérie.

Je lui souris, hypocrite, avant qu'elle ne se retourne, vexée, et reparte vers le comptoir. Et vlan. Pauvre fille, je te jure. Je lève les yeux au ciel, tapant mes ongles sur la table, satisfaite de ma petite remarque.

- A choisir entre les deux, je crois encore que je préférerais Ursula. Elle a au moins l'avantage d'avoir des pouvoirs. Le seul pouvoir de la vieille c'est de nous péter les tympans, y a plus glam que ça, que je sache.

Lorsqu'elle aperçoit le garçon, Flavio apparemment, Santana semble un peu sèche. Sûrement qu'elle n'apprécie pas le fait qu'il s'assied comme ça, sans gêne. C'est vrai qu'il aurait pu trouver mieux. Attendre qu'on lui propose de s'asseoir, par exemple. Mais bon, on l'excuse. Tant qu'il est sympa, tout va bien. Et je ne doute pas une seconde de sa sympathie. De là à devenir comme cul et chemise avec lui, il y aura peut être un peu de chemin, mais il a tout de même l'air cool. Il propose même de partir avec un autre groupe s'il dérange.

- Nan t'inquiète, maintenant que t'es là tu peux rester, je réponds en souriant légèrement.

En commandant un capuccino, Diabla, toujours fidèle à son caractère, se permet de conseiller à la serveuse d'alléger la dose de maquillage. Et vlan. Ah oui, elle a beau être jolie, elle est bien loin d'être naturelle, la blonde. Je tourne la tête sur le côté, éclatant de rire. Sa répartie me fera toujours bien rire. La fille s'en va chercher nos commandes, vexée. Quant à ma chère peste de Santana, elle sourit et tapote ses ongles sur la table, toute fière de son pic.


- La dentelle linguistique et Diabla, ça fait quinze, c'est pas nouveau, je réponds alors que la serveuse revient.

Le garçon lance un sourire désolé à la blonde. Quant à moi, je lui fais un discret clin d'œil accompagné de mon plus beau sourire, mélange de "T'inquiète, t'es jolie quand même" et de "Je me fous bien de ta gueule, ma pote a tellement raison".

Damon me répond qu'il préfèrerait Ursula à Sylvester, puisqu'elle a des pouvoirs, autre que celui de la coach, qui est celui de savoir nous arracher les tympans, et de nous casser ce dont je ne suis pas dotée.

"Eh bien oui, impeccable ! Je vous dérange, peut-être ? Si oui, je peux toujours aller chercher une autre table, j'ai vu un petit groupe là bas."

Flavio indique une table composée de deux garçons, et de plusieurs filles. D'ailleurs, y en a un mignon, parmi les deux. L'autre n'est pas franchement laid non plus, mais disons que ce n'est pas vraiment mon style. Enfin bref. Le canadien qui m'accompagne lui répond en souriant que maintenant qu'il est là, autant qu'il y reste. Je n'ajoute rien, Damon a raison.

Apollon plaint la jeune serveuse à qui je viens d'exposer une vérité générale. Ofh, elle s'en remettra bien. A cela, il accompagne un clin d'oeil, et mon sourire s'agrandit un peu, alors que je continue de taper mes ongles sur la table.

"La dentelle linguistique et Diabla, ça fait quinze, c'est pas nouveau."

Mais non, voyons, je lui donnais juste un conseil. J'ai même du mal à me retenir de l'appeler 'Fausse blonde'. Y a rien de plus faux que le blond platine sur une nana pareille. Je suis sûre que la pauvre ne savait pas comment se faire remarquer, alors elle s'est teinte en ce vilain blond qui flashe aux yeux de tous.

La serveuse revient, déposant notre commande. Flavio lui lance un sourire désolé, tandis que celui de Damon est plus moqueur qu'autre chose. Je me contente de lui adresser un regard hautain, attrapant ma cuillère pour la plonger dans ma tasse.

- Tu te baladais en ville, Flavio ?

La serveuse revient à notre table, et dépose nos commandes sur la table, tandis que Santana demande à Flavio ce qu'il fait ici. Ce dernier répond qu'il avait envie de prendre l'air, lassé par l'université. J'acquiesce, il a raison. Rester H24 dans les mêmes bâtiments, il n'y a rien de plus barbant. Heureusement que le centre ville et le parc ne sont pas très loin, sinon il y aurait de quoi craquer rapidement.


Hum, si je lui dis que ça faisait trop longtemps que j'avais pas vu ma pote Diabla, et que du coup on est venus dans ce café pour se retrouver un peu tous les deux et discuter des nouveaux potins, ça risque de ne pas trop le faire. En même temps, c'est un peu la vérité. Je ne dis pas qu'Apollon dérange hein, au contraire. Sa présence, bien que sympathique, n'était juste pas prévue à l'origine.

Je vais tout juste répondre à sa question, quand la serveuse fait la boulette de sa vie : elle renverse son café brûlant sur les jambes de ce pauvre Flavio. Celui-ci tente, dans un premier temps, de rester calme. Mais c'est bien difficile, dans une telle situation. A sa place, j'aurais déjà balancé la troisième tasse à la face de la fautive. Mais non : lui, puissance tranquille, se contente de marmonner en serrant les dents que son nouveau pantalon est foutu, et que le café lui crame la peau.

N'étant que spectateur - encore heureux pour la serveuse -, je baisse légèrement la tête, pour étouffer un rire. La tête de la blonde, qui ne sait plus où se mettre, qui se noie dans une marée d'excuses, et qui essaye tant bien que mal de rattraper son erreur, est hilarante.

- J'en connais une qui va perdre son job..., je lance tout bas en regardant avec hypocrisie la demoiselle, le sourire aux lèvres.

" Et bien oui, j'en avais marre de rester à l'université, j'avais besoin de sortir un peu... Même si il fait froid, donc j'ai eu envie de rentrer pour être au chaud donc je suis venu là... Et vous ? Vous faisiez quoi alors ?", répond Flavio à la suite de ma question.

Tu m'étonnes. L'Université est vraiment cool, mais des fois, t'as besoin de prendre l'air. Ça fait toujours du bien. J'entoure ma tasse de mes mains pour me réchauffer, voyant que Dam réfléchit pour répondre à la question que Flavio vient de nous retourner, ouuh, j'ai froid. Mon regard alterne entre Apollon des glaces et Apollon des flammes. Je suis plutôt bien entourée, moi, je trouve. Ne continue pas sur cette lancée, Diabla, tu vas avoir des pensées déplacées. Maaais nooon.

Alors que j'allais retirer la cuillère de ma tasse, la cruchasse qui sert de serveuse à ce café fait tomber la tasse de Flavio, sur Flavio. Il tente de rester calme, et se contente de marmonner que ça brûle, et que ça a niqué son pantalon. Moi c'est autre chose que je vais niquer. La blondasse essuie comme elle peut Flavio, s'excusant comme elle peut. Mais bordel, je lui aurais balancé la tasse de Dam à la tête, moi. Et son plateau aussi. D'ailleurs, mon ami essaie tant bien que mal de ne pas rire. Moi j'ai franchement pas envie de rire. Diabla, Diabl...

Je me lève, repoussant ma chaise d'un coup sec.

- Écoute, la blondasse. J'ai supporté ta face de greluche trop maquillée qui fait les trottoirs jusque là. Mais ce que tu viens de faire est impardonnable. Quand on a des moignons à la place des mains, on reste terrée dans sa grotte, guenon. Donc, ma chérie, tu expliqueras à ton patron pourquoi nous n'avons pas payé la commande - non, nous ne la paierons pas - et s'il a un problème, tu lui donneras ça.

Je lui arrache son calepin des mains et y note mon numéro avant de lui balancer à la gueule. Je me rassois, alors que tout le monde nous regarde.

- Et rapporte un café. Si tu le fais tomber, je te fais bouffer ta perruque et ton tablier. Et que ça saute.

Elle repart vite, à moitié tremblante. Pfuh. Poule mouillée. Je fouille dans mon sac et en sort un billet, que je pose sur la table.

- Tiens, Flavio, tu te rachèteras un pantalon.

Tu lui donnes du fric, comme ça ? J'en ai pas besoin, c'est que 100$. Je vis pas sous un pont, aux dernières nouvelles.

Règle n°1 pour éviter le sermon Lopez : ne jamais faire tomber de café sur le pantalon de l'un de ses prétendants.

Épi de blé n'a pas respecté la règle. Et elle s'en bouffera les doigts pendant longtemps. Et pourtant, si elle l'avait su, elle se serait bien gardée de balancer la tasse brûlante sur le Latino, je suppose. Car, comme prévu, Diabla se déchaine. Elle repousse sèchement sa chaise, et crache un débit d'insultes à la seconde qui en ferait presque pâlir le supersonic speed d'Eminem. La serveuse semble alors s'oublier et se morfondre dans l'incontinence. La pauvre, huhu. Quant à moi, je ne parviens même plus à déloger mon sourire, tant la situation m'amuse. Toute la clientèle du café a arrêté sa conversation et s'est retournée vers notre table pour admirer le spectacle, digne d'un Vaudeville new age, qui s'offre devant ses yeux ébahis. J'en profite pour lancer quelques clins d’œil à la poignée de canons de beauté de mon champ de vision.

Santana affirme qu'on ne paiera pas la commande. Ce qui me convient parfaitement : je pourrai ainsi dépenser ailleurs mes quelques dollars économisés, c'est déjà ça de pris. Elle ordonne ensuite à la blondinette de ramener un café ; cette dernière s'exécute au pas de course, tremblant comme une feuille. J'aime l'autorité, ça a du bon. On se sent puissant et hors d'atteinte. C'est un sentiment de satisfaction incomparable.

Enfin, elle lâche 100$ en direction de Flavio, pour qu'il se rachète un jean. Ce dernier ne le prend pas vraiment bien visiblement, puisqu'il refuse l'argent, affirmant qu'il s'en rachètera un "tout seul, comme un grand". Puis il acquiesce ma précédente remarque. "Elle va pas faire long feu ici, parole d'un Rodriguez." Je hoche la tête, tout à fait d'accord avec lui.

- De toute manière, je crois que c'est clair, elle a signé son arrêt de mort aujourd'hui, elle va devoir subir la terreur Lopez jusqu'à la fin de ses jours avec ce qu'elle vient de faire !, je réponds en riant et en visant d'un air taquin ma chère Santana.

Et le pire, c'est que je suis on ne peut plus sérieux. J'éprouve même un petit peu de compassion envers la blondasse... Ou pas. Elle n'avait qu'à pas être aussi cruche, tant pis pour elle. Et tant mieux pour moi, qui m'amuse comme un fou.

Je croise les bras, m'appuyant sur le dossier de ma chaise, regardant maintenant tout le monde comme il se doit, c'est-à-dire, de haut. J'aime qu'on me regarde, qu'on me fixe, j'apprécie moins. A croire qu'ils n'ont jamais vu une magnifique Latina s'énerver sur une pauvre blondasse refaite, pure stéréotype américain, c'est n'importe quoi. Je suis belle, merci, mais qu'on m'observe comme une bête j'ai horreur de ça. S'ils ne détournent pas les yeux, je vais les aider, tiens.

"Gardes ton argent chérie, je m'en rachèterais un tout seul, comme un grand. Sinon, elle est sérieuse celle là ? Damon, je suis d'accord, elle va pas faire long feu ici, parole d'un Rodriguez."

Flavio refuse mon argent. Tant pis. Je l'utiliserai pour m'acheter une nouvelle paire de chaussures. J'emmènerai Dam, avec moi. Et je lui offrirai je ne sais quoi. Je lui ai encore jamais fait de cadeaux, va falloir remédier à ça. 'Quoi, Santana Lopez, faire des cadeaux ?' Ouais, mes chéris, Diabla fait des cadeaux à ses amis. S'ils sont loyaux, honnêtes, et qu'elle les apprécie. Les autres peuvent se le mettre là où je pense. Bref, dans tous les cas, tant pis pour lui. Je glisse le billet dans mon décolleté. Hop là, rangé.

"De toute manière, je crois que c'est clair, elle a signé son arrêt de mort aujourd'hui, elle va devoir subir la terreur Lopez jusqu'à la fin de ses jours avec ce qu'elle vient de faire !" répond Damon à Flavio, dans un éclat de rire.

Je tourne les yeux vers Damon, et esquisse un sourire en coin. "La terreur Lopez". Il est vrai que, dans l'absolu, si je croise cette guenon platine, je ne me gênerai pas pour lui balancer mon café à la gueule, soyez-en sûrs. Je suis du genre à être rancunière. Vraiment très rancunière. Et mon mètre 65 s'avère beaucoup plus imposant lorsque l'on se trouve du mauvais côté de la balance. Et croyez-moi, mieux vaut être du côté "Je t'aime" que le côté "Je te hais, et je ferai de ta vie un enfer". Enfin, après, c'est vous qui décidez, faîtes comme vous voulez, mais le résultat ne sera pas le même. Vraiment pas le même.

- Fais attention à toi, mon chéri, la terreur Lopez pourrait très bien se trouver une nouvelle cible, je lance à l'attention de Damon.

Je me redresse, lorsque la sale blonde ramène prudemment le café jusqu'à la table et s'éclipse aussi vite qu'elle est venue. Bien. Pas une goutte par terre. J'aime quand on m'obéit. C'est plus que satisfaisant. Le truc dommage, c'est que je me serais bien amusée à lui faire bouffer sa perruque et sa plastique refaite totalement foireuse. Quelle déception. On verra ça une autre fois, alors.

Santana range dans son décolleté le billet que Flavio vient de lui refuser. Elle a certainement des poches, dans son jean, ou son manteau. Mais non, elle, elle range son argent directement là où les plus prudes n'iraient pas chercher. N'est pas Diabla qui veut, n'est-ce pas. Ce geste pourrait en choquer plus d'un, être jugé comme indécent ou je ne sais quoi ; à mes yeux, c'est juste du pur Santana tout craché, et me fait simplement sourire.

Elle m'affirme ensuite que "la terreur Lopez pourrait très bien se trouver une nouvelle cible", me visant évidemment. Voilà qui me fait frissonner de terreur, haha. J'avale une gorgée de café en la défiant du regard.

- J'en doute pas une seconde, je vais me méfier maintenant, je lui réponds ironiquement en lançant un clin d’œil.

Épi de blé revient avec une nouvelle tasse propre pour LatinoLover homme sous le regard intransigeant de LatinoLover femme, puis repart au plus vite se cacher. Elle a bien raison, vaut mieux pas trop se montrer après s'être affichée comme la gourdasse de service. Dans le fond du café, le patron la fusille du regard. Les gens détournent le regard de notre table, pour plutôt admirer un nouveau spectacle qui va bientôt s'offrir sous nos yeux ébahis : un joyeux licenciement.


- Le temps qu'elle se fasse engueuler comme il se doit par son employeur, je lui donne à peine un quart d'heure, pour viser large, je réponds, un sourire satisfait et machiavélique se dessinant sur mon visage.

"J'en doute pas une seconde, je vais me méfier maintenant", répond-il ironique.

J'esquisse un sourire, détournant le regard vers le fond de la salle. La blondasse est en train de se faire assommer verbalement, on dirait. Tant mieux. J'aime pas les fausses blondes avec deux mains gauches. Ça lui apprendra la vie, à cette pauvre fille sortie de sa grotte. Santana, ne soit pas aussi méchante. Je ne suis pas méchante, je suis réaliste. Y a que la vérité qui blesse, écoute. Et si à cette âge là, c'est déjà refait de partout, j'imagine pas quand elle aura 40 ans. Mon dieu, elle pourra plus cligner des yeux, et quand elle deviendra aveugle, elle assommera les gens avec ses ballons de rugby. Santana. Quoi ? T'es jalouse ? Pardon ? Moi, jalouse de ça ? Jamais de la vie, c'est trop moche. La seule nana dont je suis jalouse c'est Rihanna. Autant de perfection sans retouche c'est frustrant. Mais après, le reste, j'en ai totalement rien à foutre, crois-moi.

La serveuse semble prête à se faire dessus, elle n'ose pas lever les yeux vers le patron. Que c'est bon de voir quelqu'un se faire démonter à cause de soi. J'adore, je trouve ça trop bon. T'es mauvaise. Ouais, je suis méchante, mauvaise, et je suis une très très vilaine fille, je sais. Mais apparemment, ça a pas l'air de déranger, va demander à Flavio, écoute, il a bien apprécié la dernière fois.

"Regardez comme le patron la mitraille du regard ! À votre avis, elle se retrouvera sans ce boulot dans combien de temps ?
- Le temps qu'elle se fasse engueuler comme il se doit par son employeur, je lui donne à peine un quart d'heure, pour viser large."

Toute la salle a les yeux rivés sur la fille et le bonhomme. Eh bien, Diabla aura donné du spectacle aux habitués, dis donc. Je croise les bras, fière de moi. Ah la la, que ferait les gens sans moi, hein ? Je vous le demande. La cruchasse finit par disparaître, puis elle revient, avec ses affaires, avant de sortir du café. Je la suis du regard jusqu'à ce que je ne le puisse plus, elle n'a certainement pas intérêt à me lancer un regard de pétasse en colère, sinon on va pas être copines.

- Excusez-moi, vraiment, ce n'était qu'une incapable, cela ne se reproduira plus.

Je tourne les yeux vers Bibendum, alias le patron du café. Mon sourire s'efface, tant qu'à jouer la cliente insatisfaite, autant le faire jusqu'au bout, avec des la chance il nous offrira quelques trucs, si un jour on revient. Il peut, on l'a débarrassé d'une pauvre fille qu'avait des moignons.

- J'espère bien, on perd bien trop vite des clients.

Je repousse ma tasse presque vide vers le milieu de la table, ne quittant pas le patron des yeux, alors que celui-ci nous souhaite une bonne journée, retournant derrière le comptoir puis disparaissant dans son bureau. Je retrouve mon sourire, étouffant un rire, alors que je commence à taper mes ongles sur la table.

- J'adore ça.

Je ne me suis pas trompé. La blonde se barre au bout de quelques minutes à peine, sous les regards insistant des clients. Et notamment de celui de San, plus méprisant et moqueur que jamais. Quant à moi, je jubile. C'est tellement drôle de voir une pétasse se couvrir de ridicule devant des dizaines de personnes. Allez, casse toi maintenant.

Le patron revient vers nous pour nous présenter ses plus plates excuses. Et Diabla en rajoute une couche. "Du Diabla tout craché", comme le dit si bien Flavio après le départ de patapouf en chef.

- Avec un peu de chance, un jour, ils emploieront des gens qualifiés. Ne perdons pas espoir, je marmonne joyeusement en avalant quelques gorgées de café.

Je regarde ensuite mes deux camarades. Je suis loin d'être idiot, je vois bien qu'il se passe ou qu'il s'est passé quelque chose entre eux deux. Premièrement, parce que Flavio est le stéréotype du physique parfait selon ma chère pote. Deuxièmement, parce que ces clins d’œil et regards qu'ils se lancent l'un à l'autre sont loin d'être anodins. Et troisièmement, parce que, quand bien même il ne se serait encore rien passé entre les deux latinos, ça se voit sur leurs tronches qu'ils ne sont pas faits pour n'être qu'amis. Je décide alors de m'éclipser quelques instants, histoire de les laisser discuter un peu ensemble sans que je dérange.

- Bon, c'est pas tout, mais ça m'a donné l'envie d'aller me fumer une clope tout ça, je lance à leur égard. Je reviens, à plus tard !

Je me lève alors de ma place, enfile mon blouson et mon bonnet, jette un sourire complice à Santana, et m'éclipse le temps d'une cigarette.

Suite à ma remarque, Flavio m'adresse un clin d'oeil, auquel je réponds par un sourire en coin, alors qu'il lâche un "Ça c'est du Diabla tout craché". Comme dit Rodriguez, ça lui apprendra la vie. Et surtout ça lui a sûrement fait comprendre qu'elle devrait se racheter une main droite, gauche comme elle est. Non mais. Quand on a des problèmes psychomoteurs, on vient pas servir dans un café, ça évitera de pourrir les pantalons des clients.

"Avec un peu de chance, un jour, ils emploieront des gens qualifiés. Ne perdons pas espoir" ajoute Dam.

- En même temps, quand on sait pas se servir de ses mains, on reste chez soi. Jte jure, les putes, toujours à l'affût d'une occasion pour se faire remarquer. Et je crois qu'il nous faudra beaucoup de chance, Howard.

Je tourne ma cuillère dans ma tasse, lançant un regard circulaire. Dommage que le mec qui m'a tenu la porte ne soit pas resté, j'suis presque sûre qu'on aurait pu bien s'entendre. Pareil qu'avec Flavio, vu son sourire. Et on s'entend bien avec Rodriguez. Autant pour discuter que pour agir. Et c'est ça qu'est cool. La plupart des mecs que je me fait, je ne les revois pas. Remarque, vu ce que font certains, c'est peut-être pas plus mal. Le seul problème qu'il y ait avec Flavio, c'est son flirt avec Amy. Ofh, j'suis loin d'être très possessive et jalouse, mais le problème c'est que ça soit Amy Street. Flavio peut se faire n'importe qui, je m'en fous - enfin n'exagérons rien, c'est quand même mon pote - mais pas une Street, c'est tout, c'est la règle à respecter.

"Bon, c'est pas tout, mais ça m'a donné l'envie de me fumer une clope tout ça. Je reviens, à plus tard !"

Dam se lève, s'habille et m'adresse un sourire complice, je souris à mon tour, avant qu'il ne sorte. Ce gamin est génial. Le gamin est plus vieux que toi, San. Ofh, pas de beaucoup. D'un an, quoi, c'est tout. Bref, là n'est pas la question, et j'en ai justement une de question, qui me turlupine depuis bien longtemps.

- Tu parles encore à Amy ?

Fallait que ça sorte, c'était obligatoire. Surtout que je n'ai pas croisé Flavio depuis la fois où on s'était engueulés puis réconciliés à cause de ça. J'avais dû le quitter parce que Cassie avait besoin de moi, et que Cassie compte bien plus que personne. Je pourrais être en bonne compagnie, même en étant en train de me le faire, je serais prête à tout arrêter si jamais Cassie avait un problème avec des connards. Cassie est vulnérable, elle est encore naïve, il faut que je la protège, c'est tout. Et celui qui ne supporte pas l'attention que je porte à ma soeur peut aller se faire voir, c'est ma soeur et après les mecs. Ça faut le comprendre et le retenir, sinon on peut m'oublier, ça fonctionnera jamais.

« Pour tout te dire, non. Je n'ai pas eu de contact avec Amy depuis la dernière fois... Et... » Flavio marque une pause avant de reprendre : « Et puis je pense qu'elle est partie non ? Parce que je ne la croise même pas dans les couloirs, le parc, ni la cour... »

Je lève les yeux vers Flavio, plantant mon regard dans le sien. Il me ment ou non ? Il n'a apparemment pas parlé avec Amy. Tant mieux. Enfin. Ça pourrait être une autre fille, ça me ferait pas le même effet. Mais c'est Amy Street, l'horrible jumelle de ma rivale de tous les temps : Alice. Déjà parce que cette fille était une ordure, qu'elle a foutu certains de mes amis dans la merde et qu'elle était la capitaine des cheerleaders avant moi. Le truc qui m'a fait la détester le plus c'est le fait qu'elle ait pourri certains de mes amis. Parce qu'on ne touche pas à mes amis, c'est tout. Et donc sa sainte-nitouche de soeur je ne la supporte pas non plus. J'ai plus envie de l'étriper que de la prendre dans mes bras quand je la vois vous voyez.

Et ouais. Amy est partie. Mais y a toujours son ombre de sainte censuré qui plane. Et ça me fait saintement chier aussi. Mais c'est sûrement mieux d'avoir son ombre que de l'avoir en chair et en os. Surtout qu'elle était cheerleader et qu'elle était du genre à avoir une tonne de problèmes, autrement dit elle était faible, on ne pouvait pas compter sur elle. Imaginez, je la foutais en pirouette, et elle nous fait un de ses malaises alors qu'elle devait sauter, on est dans la merde. Et pire, si elle était porteuse. Elle prend des risques, mais aussi les autres filles sans le savoir. J'ai déjà pas beaucoup de bons éléments, mais si elle m'en cassait, on était pas dans la merde.

- Ok. J'te fais confiance, j'te crois. J'espère pour toi que tu ne me mens pas.

Effectivement, mieux vaut qu'il ne me mente pas. La confiance de Diabla on peut la trouver vite, mais on peut la perdre tout aussi rapidement. C'est comme une perle de cristal, toute fragile, toute fine. Un mensonge c'est un coup. Sauf que le cristal est très très fragile, trop. Alors même un petit coup, tout petit, ça la brise. En un milliard de morceaux. Et c'est alors impossible de recoller cette jolie perle.

Je replace correctement mon pull, portant par la suite la tasse à mes lèvres, ne quittant pas Rodriguez des yeux.

Flavio soutient mon regard. Qu'essaie-t-il de me prouver ? Qu'il a raison ? Mais de toute façon, je lui fais confiance, il n'y a aucun souci. A part si je me rends compte qu'il m'a menti. Là ça risque de faire mal. Très mal. Si y a bien une chose dont j'ai horreur c'est le mensonge. Ce genre de mensonge. Mes amis ont toute ma confiance, seulement, s'ils venaient à me mentir... Disons qu'ils en baveraient toute leur vie. Et après tout, c'est normal. Surtout que je suis légèrement rancunière.

« Ne t'inquiète pas, je viens de te dire la vérité, je n'ai plus de contact avec Amy Street » affirme-t-il une nouvelle fois.

Il lâche un sourire, sans me quitter des yeux. Je ne peux m'empêcher d'en esquisser un léger. Je repousse ma tasse vide au milieu de la table, regardant toujours Apollon, je m'approche légèrement, posant mes coudes sur la table.

- Ce serait bien dommage, on a encore des choses à se dire, tu ne penses pas ?

Santana, quand tu arrêteras les sous-entendus tu me feras signe. Tu peux m'attendre longtemps alors. Non mais sérieusement, c'était pas obligatoire. Non, mais moi j'aime bien. Surtout que Flavio est du genre à rentrer dans mon jeu, c'en est que plus plaisant. Ho, c'est pas souvent que je reste pote avec les mecs que je me fais, s'il te plait, alors laisse-moi faire ce que je veux. Surtout quand ils sont aussi bien gaulés. Lopez. Oui ?

Je remets rapidement mon manteau et me lève, ne prenant même pas soin de repousser ma chaise je vais au comptoir prévenir le patron qu'on part et qu'en aucun cas mes amis ou moi ne paierons. Ceci fait, je fais signe à Flavio de me suivre, me dirigeant vers la porte.

Dam doit avoir fini de fumer sa clope, je pense. Enfin, ça doit faire cinq minutes qu'il est dehors. Honnêtement, j'ai pas la moindre idée du temps qu'il faut pour en griller une. A vrai dire, je fume pas et j'ai jamais fumé. J'ai essayé, comme tout le monde, mais j'ai jamais aimé ça. Allez savoir pourquoi.

J'étais parti faire un tour pour fumer ma clope, avec l'espoir de tomber sur de nouvelles têtes sympas à aborder. Mais personne. A croire que le froid enlaidit les faciès, c'est dingue. Et c'est une fois la cigarette terminée que je reviens à l'entrée du café. J'allais retourner à l'intérieur, mais je recroise finalement les deux quasi tourtereaux, qui ont visiblement terminé la conversation endiablée qu'ils devaient à tout prix avoir. Ils ont l'air d'être sortis depuis peu de l'établissement, en atteste leur visible difficulté à s'accommoder à la température extérieure.

- Alors guapos, on a fini de se renverser du café sur le pantalon, on rentre à l'UE ?, je demande, amusé, à Diabla et son Apollon.

Et tandis que Flavio est légèrement plus avancé, j'en profite pour prendre discrètement à part ma chère Lopez, et lui chuchoter à l'oreille :

- Faudra que tu me racontes tout ça, toi !

[sachidanlakol]

J'aime quand Flavio est d'accord avec moi. Surtout sur certaines choses, ce genre de choses. C'est sûrement pour ça qu'on est plus ou moins amis, même si j'me le suis fait. Oui, parce qu'en général, je ne revois pas franchement mes jolies petites victimes. J'me les fais, et je reprends ma vie. Je ne les recontacterai pas. A part si ça a été le meilleur coup de ma vie, et encore. On s'appelle pas tous Adrian héhé. T'as franchement de la chance, quand même, que Molly ne l'ait jamais su. Oui bon ça va, j'étais cuite. Lui aussi, d'ailleurs. En fait, San, j'crois qu't'es pas au courant de tout et... Ah non, fous-moi la paix avec tes morales à la con. Non mais - Stop.

"Alors guapos, on a fini de se renverser du café sur le pantalon, on rentre à l'UE ?"

Alors que nous sortons - bordel il fait un de ces froids de canard - nous croisons Dam, qui a visiblement fini de fumer. Il a à peine l'air d'avoir froid. Alors ça, j'suis sûre que ça vient du fait qu'il est Canadien. Il a habitué aux températures négatives. J'suis sûre que si il venait à la maison il grillerait comme une merguez au barbeuc. Dam en mode tomate, avec sa grosse touffe brune sur la tête, qu'il serait obligé de coiffer en palmier pour avoir moins chaud. Fou rire intérieur. Bon. Reprenons notre calme. Non mais maintenant à chaque fois que je vais le regarder j'vais penser à ça, c'est sûr huhu.

"Faudra que tu me racontes tout ça, toi !" me chuchote-t-il alors que Flavio a pris un peu d'avance.

Ofh, s'il savait, y a pas grand chose à raconter concernant notre discussion dans le café et... Ah ouais non mais il veut peut-être que je lui raconte ce qu'il s'est passé avant. Je sais même pas s'il se doute qu'il s'est passé quelque chose le mois dernier. En même temps, comme je l'ai déjà dit, j'suis pas spécialement proche des mecs que j'me fais, après. Donc c'est sûr que ça peut porter à confusion.

- La curiosité est un vilain défaut mon p'tit Dam, je réponds avec un sourire.

Mais il sait très bien que je lui dirai, évidemment.


(jépafémieu)