Je balance mon haut sur mon sac, en renfilant un ensuite, un débardeur noir, donc pas celui aux couleurs de l'école. Il m'énerve, en plus il est tâché. Je crois qu'ils devraient revoir l'uniforme. Sérieusement, y a que la jupe que j'aime porter. On se demande bien pourquoi... Hein ? Bah oui, Santana, elle est bien courte, la jupe. Quoi, j'aime bien montrer mes jambes, y a un mal à ça ? Je sais qu'elles sont belles, j'vois pas pourquoi je les cacherais. Moins non plus, Diabla, moi non plus...

Finissant d'attacher mes cheveux, je m'avance vers les tapis. Un peu de paix sans cette bande de greluches bruyantes et chialantes. "Oh, je me suis fait mal à la cheville..." "Santana, je peux aller boire ?" "Dis, on peut pas se poser deux minutes ?" Toujours à se plaindre, ces imbéciles. Comment voulez-vous, je vous le demande, arriver au niveau national avec une troupe de poupées de chiffon fainéantes, hein ? Ben on peut pas. Mesdemoiselles ont toujours mal quelque part, elles sont fatiguées... Les pauvres chéries, je les plains.

Pour la suite, un échauffement basique, poignets, chevilles, muscles, enfin, je vais pas tout vous détailler, ce serait vachement, vachement long, et tellement ennuyant. Bien que, quoi que je fasse, je n'ennuie personne, bien entendu. Trop de modestie en toi, Lopez. On m'a toujours dit que la fausse modestie, ça ne servait à rien, alors je suis. Bien sûr, suis-je bête.

Et, enfin, le plus important, l'enchaînement. Là non plus, je ne vais pas tout vous décrire, vous n'y comprendrez rien, bande d'imbéciles, alors je le garde pour moi. Disons, pour faire simple, qu'il comporte quelques roues, pirouettes, enfin vous voyez. Certes, ça ressemble plus à de la gym au sol, mais c'est un peu le même chose, le cheerleading. On est juste entouré d'une bande de cruchasses aux vilaines jambes, c'est juste ça.

Et on recommence. On recommence jusqu'à ce que ce soit parfait. Mais la perfection n'existe pas. Autant dire que je ne me suis pas vraiment arrêtée.

La journée se passait au mieux. Le début de matinée était, qu'on se le dise, soporiphique. Mais la virée avec Ashley l'heure suivante avait totalement remonté le niveau, et malgré le froid hivernal de ce début de Janvier, je me sentais d'humeur joyeuse. Je sortais tout juste d'un bref entrainement de gym, où j'avais encore fait des envieux et attiré le regard de moultes demoiselles. Il faut dire que les garçons sont assez rares à l'université dans cette discipline. Je dirais presque tant mieux pour moi, j'aime être le centre d'attention dans mon domaine d'excellence.

Après une bonne douche, je sortis du gymnase qui nous était attribué. Ma journée était terminée, je n'avais plus cours pour aujourd'hui. Au top. En rejoignant ma chambre, je passai devant le gymnase des pom-pom girls, duquel j'entendis du bruit. Les cheerleaders devaient certainement se préparer pour leur entraînement. L'envie me vint alors d'aller leur rendre visite. Je n'avais rien d'autre à faire que d'aller y assister et puis, voir des minijupes courir et sauter dans tous les sens était bien loin d'être déplaisant. Et avec un peu de chance, divine Diabla y serait. Il faut dire que ça faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vue, et Narcisse me manquait un peu, je l'avoue.

Mon sac de sport sur le dos, j'entrai discrètement dans le gymnase. Les pom pom girls faisaient tout juste leur entrée, j'arrivais à temps. Et, oh mais qui vois-je ! C'était bien Lopez, en tête du troupeau, en digne leader du groupe. Autant dire qu'on ne voyait qu'elle, même sans la connaitre on pouvait voir d'emblée son caractère, bien plus fort et moins douillet que les autres filles.

Après un rapide échauffement, le groupe enchaina figures sur figures, pirouettes, roues, sauts et autres acrobaties en tous genres. Et ce sans arrêt pendant toute la durée de l'entrainement. La plupart semblaient complètement cuites au bout d'à peine vingt minutes, mais l'infatigable Santana ne s'arrêta pas un instant pour perfectioner la chorégraphie un maximum. C'était franchement impressionnant.

A la fin de l'entrainement, je profitai du fait que les filles se dispersent, laissant Diabla seule et tranquille, pour m'approcher de cette dernière, un énorme sourire dessiné sur le visage. J'étais sincèrement ravi de la revoir.

- On t'a jamais dit que tu dansais comme un mini cachalot en tutu ?, lançai-je à son égard, en riant.

Mais qu'ai-je fait pour qu'on me colle une bande de poireaux pareille ? J'ai rien fait de mal, merde. Rien qu'à les regarder - oui, des fois il m'arrive d'être derrière, c'est rare, je l'avoue - on a envie de rire. Il n'y en a que trois ou quatre qui sortent du lot. Et il y en a aussi trois ou quatre qui nous niquent totalement la chorée avec leur grâce d'hippopotames unijambistes. Bref, la totale.

C'est seulement lorsque je les entends souffler comme des vaches qui velent que je termine l'entraînement.

- À croire que vous êtes endurantes comme des mouches. Je veux du spectacle, du grandiose, du jamais vu pour les Nationales. Bossez, sinon vous aurez la défaite d'Enamor sur les épaules. Et c'est pas faute de vous avoir motivées.

Un 'Oui Santana' s'élève. Oh, un vrai choeur, cétipabio. Je souris, face au groupe, les bras croisés.

- Aller, déguerpissez. Et plus vite que ça.

Les cruchasses se dispersent, et lorsque je me retourne. Oh surprise. Damon Howard. Comme ça fait longtemps. Très longtemps, même. En même temps, on fait pas du tout les mêmes choses. Mais bref. L'est bien gentil, le brave garçon. Mais je suis quasiment certaine qu'il va m'en sortir une bonne, en se présentant devant moi.

J'ai le temps de me détendre un peu avant qu'il n'arrive devant moi. Je me redresse au possible. Mon petit mètre soixante-cinq ne paraît pas, à côté de son - à mon grand avis - mètre quatre-vingts dix. Courage, Diabla. Et puis, la taille ne fait rien. On peut être grand et fragile - regardez-moi ces perches, dans le groupe, par exemple, toujours un problème - mais petit et fort - un seul exemple, la perfection : moi, bien entendu.

"On t'a jamais dit que tu dansais comme un mini cachalot en tutu ?"

Haha. Très très drôle, Howard. Il en rit, en plus. Vilain imbécile. Mais, tout de même, ça m'arrache aussi un sourire. A vrai dire, c'est le 'mini' que j'apprécie le moins.

Une incapable me distrait un instant. Elle a voulu faire son intéressante devant ses copines les nulles. Et aller, on se croirait en maternelle.

- Bordel, Dubois, t'as des jambes, c'est pour tenir dessus ! Dégage de là avant que je te sorte à coup de coups de pied au cul, imbécile !, je hurle.

Incapable se remet debout et se dépêche de rejoindre les vestiaires, la tête basse. Qu'est-ce que j'aime quand on m'obéit. C'est tellement agréable.

Bref. Nos moutons. Ou plutôt notre mouton. Damon. Donc, mini cachalot en tutu.

- Ravie de te revoir, Tarzan. Tu te balances toujours au bout de tes barres aussi bêtement ?

Oui, Damon est gymnaste. J'ai pas beaucoup vu de mecs gymnastes. Mais lui, il est sacrément doué, je peux vous le dire.

Je crois que Santana est l'une des personnes qui sait le plus se faire respecter et écouter. Il lui suffît simplement d'ouvrir la bouche pour lancer un ordre, et toutes les demoiselles se dispersèrent gentiment, après avoir répondu en chœur un beau "Oui Santana". Respect, respect. Une vraie reine de l'autorité, la Lopez. Il aurait franchement fallu s'y attendre, et pourtant je m'étonnerais toujours de son imposition caractérielle, croyez moi bien plus grande que son mètre 65.

A ma vue et au pic gentillet que je venais de lui lancer, Diabla se redressa encore plus qu'elle ne l'était - sans doute pour parvenir à rattraper, en vain, mon mètre 90 - et lâcha un léger sourire. Elle allait tout juste me répondre, lorsqu'une crevette vint déranger la conversation. La réaction de la leader ne se fit pas attendre :


Du caractère, je vous dis. Encore une preuve qu'il ne faut jamais déranger Diabla. Et de l'autorité, encore une fois. La fille s'éclipsa bien rapidement. On aurait dit qu'elle venait de se faire dessus, la pauvre. Ça faisait peine à voir, mais qu'est-ce que c'était drôle.


Sa remarque me fit sourire. C'était obligé, qu'elle réplique. Je n'en attendais pas moins. Ce genre de pics ne me blessait plus depuis bien longtemps, surtout venant d'elle. Au contraire, ils me faisaient bien rire.

- Toujours, répondis-je. J'en sors tout juste là, d'ailleurs. Et toi ? Tu t'occupes toujours de tes collègues ex-paraplégiques en rééducation à ce que je vois.

Toujours. J'en sors tout juste là, d'ailleurs. Et toi ? Tu t'occupes toujours de tes collègues ex-paraplégiques en rééducation à ce que je vois, répond-il avec un sourire.

Quelle belle appellation pour cette bande de quiches surgelées. Pas sûre que les demoiselles apprécieraient. De toute façon, la première qui ferait une réflexion serait virée illico presto, et elle s'en souviendrait toute sa vie. Mais comme il dit, la bande d'ex-paraplégiques en rééducation devrait se manier le fiont à s'améliorer, on a une compèt' en régionale, bientôt. Et si on veut aller aux Nationales, faut qu'on se qualifie, sinon c'est mort. Et même en faisant du charme au président pour nous qualifier, je doute que ça passe. Et oui, j'arrive toujours à avoir ce que je veux. Mais là, je doute quand même de l'efficacité de la chose.

- Tu me vois concourir aux Nationales avec une bande d'éléphants pareille ? Je désespère. Sérieusement, t'as bien vu, c'est vraiment... Horrible. On se récolte toutes les petites poufs qui se croient populaires... Oui, désespérant.

Je soupire. T'es une petite pouf populaire. Non, je suis Santana, c'est différent. Je suis populaire, j'ai du caractère, j'ai le physique qui va avec. Et je suis douée, je te signale. Depuis mes 11 ans, je fais du cheerleading. J'ai été capitaine 6 années de suite. Et à chaque fois, on gagnait, enfin presque à chaque fois. On a tous des petits problèmes à un moment donné. Mais on a dû perdre 2 fois, pas plus. Et je ne compte pas rajouter une défaite à mon palmarès. Non merci.

- Tes vacances n'ont pas été trop ennuyantes ?

Je m'étire, pour bien détendre tout ça, histoire de pas faire chaud froid. C'est très mauvais, ça. Et j'ai pas envie de quitter l'équipe parce que j'ai eu un petit bobo. Bon. Va quand même falloir que Diabla aille bouger ses fesses jusqu'à la douche. J'ai horreur de pas me doucher après un entraînement. Surtout que moi, contrairement à cette bande de cruchasses, je bouge. Alors le moins qu'on puisse m'offrir, c'est une bonne douche. Rien que pour le fait de supporter ce peuple incompétent. Au pire, le petit Damon attendra dans la salle des douches - c'est pas des douches communes, je vous rassure, je suis pas encore au stade nudiste, non -, de toute façon, à cette heure-ci, y a plus personne. Mais ça nous empêchera pas de continuer à parloter.

- Tu vas suivre Diabla, mon mignon, elle a besoin d'une bonne douche, après avoir mener cette troupe d'hippopotames unijambistes.

- Ben tu penses, répondis-je. C'est tellement la mode de faire du cheerleading, elles doivent se prendre pour ce genre de gazelles superficielles aimées de tout le monde dans les séries pour prépubères... Sauf qu'elles ressemblent plus à des hippopotames qu'à des gazelles, à vrai dire.

La pauvre Santana. J'avais beau la charier là-dessus, je sais très bien qu'elle est très douée. Et vraiment perfectionniste. Elle tient à atteindre le niveau d'excellence le plus haut, qu'elle aurait facilement si elle était seule. Sauf qu'elle doit se coltiner le troupeau de buffles qui ont tendance à la pousser vers le bas. Stressée, donc, pour les prochaines compétitions. C'était loin d'être naze pourtant, au contraire même. Mais du point de vue de la Diabla, il y avait en effet du boulot.

Elle me demanda alors si mes vacances n'avaient pas été trop ennuyantes. Ah, ça non. Mes vacances avaient été plutôt paisibles, mais loin d'être ennuyantes. Rythmées par des sorties et des soirées. Je n'aurais pas refusé de retourner chez moi par contre ; mais ça ne tenait pas qu'à moi ça. Il aurait fallu en parler à mes parents, et se compliquer l'esprit pour finalement peu de choses, deux pauvres semaines à s'engueuler sans arrêt et sur tous les sujets avec sa famille, non merci. Autant les passer entre amis.

- Ah ça non, t'inquiète, répondis-je. Et les tiennes ?

Elle me proposa alors de la suivre jusqu'aux douches. N'y voyez rien d'avenant, Diabla avait simplement besoin de se rafraichir quelque peu après un entrainement aussi intensif. Et puis, il n'y avait pas de quoi s'exciter à l'idée d'aller visiter les douches : à cette heure ci il n'y avait plus grand monde, si ce n'était personne. Et puis ce n'étaient même pas des douches communes, donc bon. Huhu.

- Je te suis sans problème, tu m'as l'air d'en avoir autant besoin qu'un fennec mouillé, répliquai-je avec un clin d'œil complice.

Peace, Lopez.

"Ben tu penses. C'est tellement la mode de faire du cheerleading, elles doivent se prendre pour ce genre de gazelles superficielles aimées de tout le monde dans les séries pour prépubères... Sauf qu'elles ressemblent plus à des hippopotames qu'à des gazelles, à vrai dire."

Merci. Merci Damon. Je ne suis pas la seule à penser que ces nanas n'ont rien de tonique, ou encore de sauvage, ou de gracieux. Non, ce sont bel et bien des hippopotames. Je vais demander au proviseur une journée d'entraînement intensif. Tant pis si je loupe mon examen en fin d'année, ce que je veux c'est gagner les Nationales. C'est important pour ce que je veux faire plus tard. Sans récompenses, on entre pas dans les meilleures équipes. Car oui, le cheerleading c'est un sport à part entière, pour moi, c'est ma passion. Et en plus d'en faire en pro, je veux être coach. Non, je ne veux pas me lancer dans l'élevage de licornes, je suis désolée Britt'. Donc si je gagne cette année, ce sera parfait.

A la suite de ma question, Howard me confirme bien que ses vacances n'ont pas été ennuyantes. Je sais même pas pourquoi ça ne m'étonne pas de sa part. Je lui aurais bien demandé comment va son tableau de chasse, mais on verra un peu plus tard, déjà, la douche.

- Normales. Je dirais familiales.

Certes, j'aime ma famille plus que tout, mais de là à dire que c'était palpitant et rempli de suspens, n'exagérons rien. Bref. Ne nous attardons pas plus là-dessus, la douche m'attend, elle m'appelle, même. Je me mets en marche, mais une nouvelle pique amicale de Monsieur m'arrête un instant, je me tourne vers lui. Moi, je sens ke fennec mouillé ? Aah...

- Mon chéri, je préfère sentir peu de temps le fennec mouillé que d'y ressembler toute ma vie.

Je lui souris avant d'entrer dans les vestiaires, ôtant rapidement mon haut, mes tennis et ma jupe - ce qui fait que, attention, Diabla est en sous-vêtements ohlala - m'enroulant ensuite dans ma serviette, je chope le reste de mes affaires avant de me diriger vers les douches.

D'après sa réponse, les vacances de Santana furent "familiales". Pas étonnant. Elle était certainement retournée à Lima pour passer les fêtes de fin d'année avec ses proches. Elle avait bien de la chance, au passage. J'aurais bien aimé, moi aussi, passer deux semaines dans un pays chaud en Amérique du Sud. Au lieu de ça, j'étais resté me congeler dans les neiges qui semblent ne jamais fondre, de mon pauvre Canada natal. Ce n'est pas que je n'aime pas le pays, mais des températures négatives pendant plus de trois mois par an, je m'en passerais bien. Je suis du genre frileux.

Mon pic ne plût visiblemt pas à Narcisse. En chemin vers les douches, elle se retourna subitement vers moi, et répliqua du tac au tac.


Bonne réponse, Lopez. Cinglant, bref, et bien dit. Pas mieux. Je hochai la tête pour acquiescer. Elle me sourit alors, avant d'entrer dans le vestiaire.

- Vaut mieux que ce temps soit le plus court possible, alors dépêche toi d'aller te laver, fis-je.

Elle se mit donc, sans complexes ni pudeur, à retirer son haut, puis ses chaussures et enfin sa jupe, se retrouvant alors, durant une poignée de secondes, en sous vêtements devant ma personne. Petit naïf que j'étais, je l'avais bêtement suivi, sans penser me retrouver nez à nez avec Narcisse au corps parfait... La bonne blague. Je savais très bien qu'elle se déshabillerait avant d'aller aux douches. Mais, qu'on se le dise, et je m'en étonne pourtant à chaque fois, elle a sincèrement un ventre sublime, et des jambes magnifiques. Et c'était d'autant plus flagrant dans cette tenue légère. Mais je fis mine d'en être indifférent. Il était toujours préférable de ne pas passer pour un vieux voyeur pervers, n'est-ce pas.

Elle récupéra rapidement une serviette, dans laquelle elle s'enroula, avant de se diriger vers les douches, après avoir récupéré quelques affaires. Je la suivis donc nonchalamment jusqu'à la pièce d'à côté, bien embuée par les vapeurs d'eau chaude émanant des douches récemment achevées.

Je lui ai plutôt bien coupé la chique, je trouve. J'aime quand ça marche dans le bon sens, quand je domine mon adversaire, quand je gagne quoi. En même temps, qui serait assez bête pour aimer perdre, hein ? Personne, et certainement pas moi. Je suis une gagnante, et je le resterai, la preuve. Ah, j'suis fière de moi. C'est tellement dur de trouver un adversaire à sa taille... Il me donne de la réplique, Damon, pas comme les autres. Et c'est plus agréable, je vous le jure.

Ouais ouais, maman, j'me dépêche. J'accélère un peu, parce que, avouons-le, la douche chaude c'est divin, et que, même si le chemin n'est pas long du vestiaire aux douches, il fait un peu frais. Même en ayant du sang chaud, je parle en connaissance de cause.

Il fait tout de suite plus chaud, quand même, quand nous entrons dans la pièce. Ouh, ça fait du bien. Deuxième porte de la rangée de droite. Cherchez pas, c'est toujours dans celle-là que je me lave huhu. Chacun ses habitudes, woh.

- Et sinon, t'as rencontré de gentilles petites personnes, durant les vacances ?

Puisqu'il était à mon avis sorti, il avait forcément fait des rencontres, qui avait peut-être tourné à euh, disons des rencontres approfondies huhu. Et je n'ai pas précisé 'jeunes filles' ou quoi car je sais que Damon ne s'intéresse pas qu'aux filles. Alors autant poser la question globalement, au lieu de la poser deux fois mais avec des personnes différentes.

Lâchant mes cheveux et balançant mes affaires - enfin le peu que je portais encore et celles que j'avais emmenées - dans un coin, j'appuie sur le bouton. Un. Deux. Chaud huhu. Ça fait bizarre d'un coup. Surtout qu'au départ, l'eau est vraiment brûlante. Ou alors gelée, selon là où tu te trouves. Mais la bonne température revient bien vite et là... Ah bordel qu'ça fait du bien, une bonne douche après un entraînement pareil. C'est comme une fois que t'as eu très très froid dehors, l'hiver, par exemple, quand il neige. Après tu prends un bon bain chaud.... Y a rien de mieuxe sérieusement. Ou vraiment, vraiment pas grand chose.

Déjà, merci Santana, de préciser simplement "gentilles personnes". Elle était bien au courant pour ma bisexualité et, contrairement à d'autres, elle l'acceptait ouvertement. En fait, je crois qu'elle s'en fichait, que j'aime les filles comme les mecs. Et c'était ce genre de comportement qui me faisait assumer pleinement. C'est toujours agréable de pouvoir en parler comme bon me semble.

Je posai à terre mon sac, et réfléchis quelques secondes sur mes rencontres faites pendant les vacances. Il y en avait quelques unes, c'est vrai. Pendant le court instant de réflexion que je me permis, j'entendis l'eau couler. Sans pudeur, je vous dis, la Diabla. A croire qu'on pouvait discuter dans n'importe quelles circonstances avec elle.

- Ah ben tu penses ! Alors alors... Y a eu un mec, déjà, que j'ai rencontré en boîte au début des vacances. Mais j'ai jamais su son nom, tiens. Ou alors je m'en rappelle plus. Enfin on s'en fiche, il était vilain quand il était pas dans la pénombre. Et puis il est même pas à l'UE, donc je suppose que ça t'intéresse pas. Une fille, aussi, il y a cinq jours il me semble. Mais c'était le même cas de figure que le gars, pas non plus à l'UE. Par contre, y avait aussi la soirée d'anniversaire de Kunis, le mannequin tu sais. Ben j'y étais aussi. Je lui ai même parlé. Ça aurait pu marcher avec elle je pense, mais elle s'est éclipsé assez rapidement, c'est dommage. Et puis à la même soirée, y a eu une certaine Eden, ou Astrid, va savoir. Sauf que j'avais trop bu, je me rappelle plus comment ça s'est terminé... Donc bon, pour faire court, mes vacances étaient plutôt sympa quoi !

Les vapeurs d'eau émanant de la cabine de douche de Santana réchauffaient considérablement l'atmosphère de la salle. Je retirai alors mon blouson, devenant bien trop pesant.

Donc un garçon, au début des vacances, qui n'est pas à Enamor, qui "était vilain quand il était pas dans la pénombre. Sa remarque me fait sourire. Y en a plein des comme ça, malheureusement. On est pas tous beaux et bien foutus, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise.

Ensuite c'est une fille, pas non plus à Enamor, il ne m'en dit pas plus, pour passer ensuite à la suivante. Meredith Kunis, rien que ça. Mais c'est vrai qu'elle organisait une fête pour son anniversaire. Moi j'étais à la maison huhu. Mais, comme il dit, elle était partie trop vite, et pour finir, toujours à la fête, une Eden-Astrid, mais il ne se souvient pas plus de ça, il a fini rond comme une bille.

Eh ben mes enfants, il a raison, ses vacances devaient être sympas. Je ne me plains pas, les miennes l'étaient aussi. Différemment, certes, mais elles l'étaient. J'imagine pas ma vie sans ma famille, c'est bien la seule chose qu'il ne faut pas toucher. Et c'est vraiment la seule chose qui m'atteint.

Bref. Je sors de sous l'eau, et le temps de renfiler ce que j'avais sur le corps en entrant, j'ouvre la porte. J'étouffe buh. C'est ça aussi, de prendre sa douche en dernière, t'étouffes dans ta cabine. Sinon, t'as personne pour te presser, et ça c'est cool.

- Fais chaud là-dedans, madre de dios, je constate, essorant une dernière fois mes cheveux avant de sortir, rattrapant mes affaires. Et on dirait qu'j'suis pas la seule, j'me trompe Howard ?, je lui lance avec un sourire.

Monsieur Cole avait retiré son blouson. Tu m'étonnes. Déjà nu t'as chaud, mais alors habillé... Rock'n'roll. C'pour ça que je me rhabille toujours en bas. Elle est pas bête, Diabla. Santana, "Monsieur Cole", ça fait spécial comme surnom. Ah ? Ouais. Ah. Merci de me montrer ton intérêt, Lopez. Je t'en prie.

Donc, la serviette nouée autour de la poitrine, je jette un coup d'oeil dans le miroir. Démaquillée. Ofh. Et puis merde, c'est la fin de journée. De toute façon, pour le peu que c'était.Par contre, j'ai peur pour le retour. Si je cours, j'vais bien ressentir le froid, si je marche aussi, mais en moins fort. Marchons. Sage décision, jeune fille. Je sais.

- Et c'est reparti.

J'étais prête à sortir lorsque je me cogne contre quelque chose, je recule.

- Howard, qu'est-ce que vous foutez dans les douches avec Lopez ?

Eh tiens, la vieille vierge revêche. Comme si j'avais besoin d'elle. Toujours à faire chier son peuple, visiblement. On va la caser dans le lit d'un prof, elle nous foutra la paix. La pauvre, c'est vrai qu'avoir autant de conquêtes qu'une vache morte-née, ça doit être dur à vivre.

- À votre avis ? On a pris notre pied. Non mais sérieusement, je sors de ma douche, vous savez que j'ai une bande d'incapables à entraîner, eh ben c'est physique.

Tiens. On dirait qu'ça lui a coupé la chiq...

- Lopez, depuis quand vous autorise-t-on à parler pareillement ? Howard, des explications, et plus vite que ça !, hurle-t-elle.

Elle est bouchée, jviens de lui dire. Et inutile de gueuler comme ça, on est pas sourds, aux dernières nouvelles. Bien que là, je doute que mes tympans aient survécu, les pauvres.

Santana sortit enfin de sa douche, à nouveau enroulée dans sa serviette.


- Bien vu Lopez, répondis-je en lui rendant le sourire qu'elle venait de me lancer.

Narcisse inspecta brièvement son visage dans le miroir. Ben ouais ma belle, l'eau retire le maquillage. Enfin, même sans artifices, elle parvenait à garder une beauté au top. On ne pouvait pas en dire autant de toutes ces poufs maquillées à la truelle et qui ressemblent plus à un vieux bouquet de chrysanthèmes fannées à bas prix qu'à de belles roses. Malheureusement d'ailleurs.


Elle marcha alors vers la sortie d'un pas décidé, mais se heurta à un problème de masse. Et quelle masse. La coach, rien que ça. Santana fit un pas en arrière.


Je pouffai à sa réponse. Du Diabla tout craché. Sans gêne, jamais. Elle a l'art de rembarrer les gens comme il faut, c'est ça qui est génial avec elle. Enfin la coach ne le prit pas aussi bien que moi visiblement. Plutôt mal, même.


Ah oui en effet, plutôt mal. Je la regardai, basculant tendrement la tête sur ma gauche avec un sourire puant l'hypocrisie à plein nez. Le genre de sourire qui donne envie de foutre des baffes.

- Mais Santana vient de vous le dire, on a pris notre pied. Et c'était plutôt sympa d'ailleurs !

Elle n'avait pas l'air convaincue, à la vue du regard noir qu'elle me lança. Aucun humour apparemment. Sa vie devait être terriblement fade. Déjà rien qu'au facies, on pouvait le supposer. Décidément rien pour elle, la pauvre.

- Ça va, je suis juste venu discuter un peu avec elle, y a personne à part nous deux dans la salle, on faisait rien de mal, répondis-je sur un ton bien plus blasé qu'auparavant.

Mais Santana vient de vous le dire, on a pris notre pied. Et c'était plutôt sympa d'ailleurs !, dit-il, la tête penchée, avec un.sourire bien.hypocrite comme on les aime.

Je souris à mon tour, les bras croisés, m'appuyant contre le mur, d'ailleurs un peu plus frais que la température ambiante. La pauvre, quand j'y pense, elle doit même pas savoir ce que c'est. Ahlala, triste vie. Mais en attendant, faut vraiment qu'elle nous foute la paix, merde. Faut que j'aille me rhabiller, bien que je ne sois pas mal à l'aise, même face à Damon, dans cette tenue. Faut pas déconner.

Suite à un regard noir de la part de Sylverster, Damon reprend sa réponse, disant qu'il était juste là pour discuter, qu'il y avait personne d'autre, et qu'on faisait rien de mal. Ah non, rien de mal. A part si discuter fait maintenant partie des choses à ne pas faire dans l'enceinte d'un établissement scolaire. Et j'en doute.

- Howard, Lopez, mercredi après-midi, deux heures de retenue !

- Cool, on sera seuls, j'espère, histoire qu'on recommence. C'est une expérience à retenter.

La vieille se tourne vers moi, le dentier serré, hésitant à répliquer. Mon sourire s'agrandit. Quoi ? Ai-je dit quelque chose de mal ? Ah, que je voulais encore prendre mon pseudo-pied avec Damon. Ah mais oui, elle n'y connaît rien. La pauuuvre. Elle va rater sa vie si elle ne tire jamais un coup. M'enfin bon, à son âge, maintenant...

- 3h, mercredi, jeunes gens.

J'ai bien retenu un 'Youpi, ça nous en laissera du temps', je voulais pas passer une heure de plus dans une salle, enfermée. La coach se retourne et quitte la salle. Eh ben, tout ça pour ça.

- Excuse-moi pour la troisième, mais c'était vraiment, mais alors vraiment trop tentant.

Je  souris une dernière fois à Damon avant de mettre un pied dehors. Ouh froid très froid c'est horrible. Aller, quelques mètres et on peut se rhabiller, courage huhu.

Tsuh. Trop jalouse, la frigide. Trop vexée, trop offusquée, allez savoir. Enfin, elle prenait bien sa revanche en nous flanquant deux heures de colle. Apparemment on n'avait absolument pas le même humour. Dommage, elle aurait pu être sympa, ça aurait au moins fait une qualité. Rien pour plaire décidément.


En parlant d'humour, tiens. Diabla et moi avions le même, c'est bien pour ça qu'on s'entendait aussi bien. Et la remarque qu'elle lança à la vieille me fit éclater de rire. Discrètement, pour ne pas "aggraver" la situation. Et le regard foudroyant de la destinataire n'arrangea en rien ma réaction ; je ris de plus belle. La pauvre, se faire moquer par deux élèves d'apparence tellement, ou pas, innocents ! Quelle dure vie.

Enfin, elle se vengea bien facilement, en nous collant une heure de plus, élevant la peine à trois heures. C'est ça d'être vieille, seule et bonne à jeter. Ça rend aigrie. Et elle n'échappait visiblement pas à cette règle. J'aurais bien répliqué un "cool, on pourra prendre encore plus notre temps" en direction de Santana qui, à en voir son visage, semblait penser la même chose. Mais mieux valait arrêter la surenchère. Je ne pourrais pas tenir quatre heures dans une même salle.

La coach quitta la salle, bien agacée par la scène. Diabla se retourna vers moi en me souriant, et en s'excusant pour la troisième heure. "Mais c'était vraiment, mais alors vraiment trop tentant", se justifia-t-elle.

- T'inquiète pas, répondis-je en lui rendant son sourire, si tu l'avais pas dit je l'aurais fait à ta place !

On sortît alors de la salle pour rejoindre les vestiaires. Il faisait nettement moins chaud, mais ce n'était pas pour me déplaire. Par contre, je plaignais bien plus la pauvre demoiselle en serviette juste devant moi, huhu.

"T'inquiète pas, si tu l'avais pas dit je l'aurais fait à ta place !", me répond-il avec un sourire.

Parfait. Voilà pourquoi on s'entend si bien, on a le même genre de réplique dans ce genre de situation. En même temps, c'est bien le truc que tout le monde aurait envie de répondre. C'est comme à la question 'Qu'est-ce que tu foutais dans la chambre à Machin ?'. Tu réponds obligatoirement : 'À ton avis ? On a tiré un coup.'. Simple réflexe. Enfin chez moi c'en est un. Bref.

Mais dépêchons nous, il fait très très froid dans cette tenue. Je rejoins enfin le vestiaire, j'ai l'impression qu'il était à cinquante kilomètres gnuhu.

Je balance ma serviette plus loin après avoir séché mes cheveux rapidement pour les attacher, un chignon vite fait, histoire de sentir moins le froid. J'attrape mon jean, couleur jean, si ça vous intéresse, j'enfile mon débardeur, bleu foncé, si ça vous intéresse, avec par dessus, un bon pull noir, bien chaud.

- Tu t'es fait des amis, ici, depuis ?, je demande à Damon, lui jetant un coup d'oeil alors que je finis d'enfiler mon pull.

A mon grand avis, il ne doit pas avoir de mal à s'en faire. Il est sympa, talentueux dans ce qu'il fait, souriant, et puis on ne peut pas dire qu'il soit vilain. Il est même carrément canon, avec son air faussement décontracté. Après, on dit que le physique n'est pas important mais... Santana ? C'est toi qui dit ça ? J'ai commencé à dire 'mais', mais justement, tu m'as pas laissée finir. Donc. Mais c'est quand même la première chose que tu vois quand tu rencontres quelqu'un. Par conséquent, si c'est important. Mais ça, ça ne fait pas partie de mes problèmes. J'suis plutôt belle et bien foutue. Et tellement modeste, aussi. La fausse modestie ne sert à rien. T'es narcissique, Diabla. Non. Si. Je suis juste consciente de la chance que j'ai. C'est tout.

On entra rapidement dans les vestiaires, histoire que Santana se réchauffe au plus vite. Elle s'attacha les cheveux en chignon après les avoir séchés un minimum, puis enfila brièvement un jean et un débardeur. Elle passa ensuite un pull en me jetant un rapide coup d'œil et en me demandant si je m'étais fait des amis, ici. Quant à moi, je lançai négligemment mon sac et mon blouson dans un coin de la pièce, réfléchissant à la question.

Parce que, quand on y pense, non, je ne me suis pas fait d'amis depuis longtemps, ici. Ceux avec qui j'avais tissé les plus grands liens ont désormais quitté l'établissement, ayant fini leurs études. Je les vois de temps en temps à l'extérieur, mais c'est tout. Allez comprendre pourquoi, mais les gens que je rencontre à l'UE ces temps ci finissent bien souvent en simples connaissances, ou coups d'un soir. A part Santana, je n'ai plus aucune attache fixe à l'université. Il faudrait d'ailleurs y remédier assez rapidement, ce serait franchement vexant qu'on me voit comme un looser solitaire, trop hautain ou trop intimidant pour se faire des potes. Je suis de nature sociable, ne l'oublions pas.

Je répondis, les yeux dans le vide et passant une main sur ma nuque, encore dans mes pensées en secouant légèrement la tête :

- A vrai dire, non, pas vraiment. Je m'entoure surtout de bouches-trous, je fais des rencontres mais rien de concret tu vois.

J'émis une courte pause, sortant de ma profonde réflexion, pour regarder d'un air complice mon amie qui finissait de se rhabiller.

- Toi j'ai même pas à te poser la question, repris-je. Je suppose que t'es toujours aussi bien entourée, je me trompe ?

C'était obligé. Santana a un charisme indéniable, elle est drôle, elle a du répondant, de la conversation, elle est est super sympa, elle est monstrueusement populaire, elle a confiance en elle, et c'est une sacrément belle fille. Ce genre de personnes ne se retrouvent jamais seules, elle ne devrait pas échapper à la règle.

Je m'assois un instant sur un banc, pour enfiler mes chaussures, des Converses noires, basses, si vous voulez tout savoir, bien que je doute de l'utilité de la chose pour votre vie future, tandis que Damon balance son sac et son blouson dans un coin de la pièce, contre un mur, réfléchissant très certainement à ma question. J'attends une liste longue comme celle d'un gosse de riche pour Noël. Parce que bon, même si Howard n'est pas aussi populaire que moi, il doit bien en avoir des potes. Enfin normalement.

Je me lève, rattrapant mon uniforme de cheerleaders et tout le reste, allant ranger tout ça dans mon casier, dans le fond de la pièce. Enfin ranger. C'est vite dit. J'ai plutôt un peu tout balancer. Je suis pas vraiment du genre à être ordonnée. Même pas du tout huhu. C'est pas non plus le gros bordel, mais c'est pas plié quoi. Par contre, quand je suis d'humeur, il m'arrive de ranger. C'est rare, mais ça arrive.

A vrai dire, non, pas vraiment. Je m'entoure surtout de bouches-trous, je fais des rencontres mais rien de concret tu vois.

Je referme la porte de mon casier avec mon pied, me tournant de nouveau vers le brun, ne cachant pas mon étonnement. Damon Howard n'a pas d'amis ? Je me serais vraiment attendue à tout. A tout mais pas à ça. Moi qui pensais qu'il allait me sortir une bonne trentaine de noms... Eh ben même pas. Enfin bon, en même temps, vu tous les boulets qu'on peut compter dans ce bahut, c'est pas étonnant non plus. Va trouver une personne à peu près correcte, eh ben c'est mission quasi impossible. Bon, après, y a des exceptions. Je ne donnerai pas d'exemple, on va me dire que je suis modeste ou narcissique.

- Ah bon ? Moi qui pensais que t'avais une quantité inimaginable de potes, je me suis bien trompée. En même temps, vu le temps que t'as mis à réfléchir, ça pouvait porter à confusion. Le temps que le sang cherche le cerveau qu'il ne trouvera jamais, c'est ça Damon ?

Mes lèvres s'étirent en un léger sourire en coin. J'aime le taquiner, et pas que sur certaines choses, sur tout ce que je peux. Sinon c'est pas drôle, vous comprenez. Parce que j'ai exagéré, il n'a pas mis un temps fou à réfléchir, non. C'est, comme j'ai dû déjà le dire, un de mes passe-temps préférés lorsque je suis avec lui. Mais il me le rend bien, y a aucune peur à avoir.

Toi j'ai même pas à te poser la question. Je suppose que t'es toujours aussi bien entourée, je me trompe ?

C'est vrai que j'ai pas mal d'amis. Mais ne pas confondre. Chez moi, y a plusieurs catégories. Les amis proches, les amis, les connaissances, et les conquêtes. Ou futures conquêtes. On peut donner un nom par catégorie. Aileen, Alejandro, Meredith, et Flavio. Après, on a la famille, Cassie, et les ennemis, Street, ou bien encore les "je viens vers toi quand j'en ai besoin", Ashley. Disons que je ne suis pas pareille avec chaque personne. J'suis vraiment moi-même avec Cassie, je m'en rapproche avec Aileen, j'en suis pas non plus loin avec Sanchez - bien que ce soit un mauvais exemple, vu que c'est un ancien copain de lit, disons - je suis plutôt sympa avec Meredith, et je suis complètement différente avec Flavio. Et je suis une véritable vipère avec les Street. C'est tout.

- Toujours. Je trouve quand même ça étonnant, que t'aies pas vraiment d'amis. Je t'en filerai quelques uns, si tu veux, histoire que tu nous joues pas le clodo solitaire en manque de rencontres.

Je souris un peu plus, refermant le cadenas de mon casier avant de revenir vers Damon.

Après avoir enfilé ses chaussures, Santana alla ranger sa tenue de cheerleader dans son casier ; ou plutôt la balancer dans un joyeux bordel plus ou moins organisé. Elle referma ensuite son casier d'un coup sec, apparemment étonnée par ma réponse.


Je souris à mon tour, d'un sourire de toutes mes dents, forcé et hypocrite. Je ne prenais pas mal sa remarque, bien au contraire. Elle me faisait bien rire. Et elle se doutait bien que j'allais évidemment lui répondre sur le même ton. Et elle ne dût pas attendre bien longtemps.

- Exactement. T'as l'air de t'y connaître sur le sujet, tu dois savoir ce que c'est, je me trompe ?

C'est vrai qu'il y avait de quoi être étonné. Moi-même je ne réalisais pas franchement la situation. Non pas que le manque d'amis me blesse et me morfonde dans une profonde dépression. Mais c'était tout de même assez intriguant que personne ne me satisfasse sufisamment pour que je le considère comme un réel ami. Je n'étais pourtant pas si difficile, que je sache. La seule chose que je demandais, c'était un physique pas trop vilain, une bonne répartie, une confiance en soi mais pas trop démesurée, de l'humour, et de l'utilité. Histoire de ne pas se retrouver à trainer avec des concombres vapeur. Ce n'était pas non plus trop demandé. Enfin.


"Clodo solitaire en manque de rencontres". Je retiens, merci Diabla, trop aimable. Je ris à sa remarque. C'était fichtrement bien lancé. Enfin l'idée était là, elle me proposait de me faire rencontrer quelques uns de ses potes. Et franchement, je ne pouvais pas refuser. Même sans les connaitre, je savais d'emblée qu'ils me plairaient, s'ils ressemblaient à Narcisse. Comme on dit : "les amis de mes amis sont mes amis".

- Beh écoute, répondis-je. Je vais pas cracher dessus, si t'en trouves avec qui je pourrais m'entendre, pourquoi pas ouais !

Exactement. T'as l'air de t'y connaître sur le sujet, tu dois savoir ce que c'est, je me trompe ?, répond mon ami, avec un grand sourire puant l'hypocrisie, bien comme je les aime.

Tu ne m'auras pas, j'ai déjà réponse à ça. Si tu crois vraiment que tu vas me clouer le bec avec ça, mon chéri, tu tombes bien bas. On ne piège jamais Diabla. Enfin, il a déjà réussi à me couper la chique. Quelques fois. Mais c'est parce que c'est un adversaire à ma taille, sinon... Sinon les autres ne sont que du bas de gamme. Il est rare de rencontrer du luxe, ici, même si la plupart des élèves sont blindés, roulent en Porsche, portent du Calvin Klein ou du Givenchy, et on déjà rencontré Eminem ou Rihanna. L'habit ne fait pas le moine, à ce qu'on dit.

- Oui, tu as oublié que j'entraînais une bande de pintades dépourvues de cervelle ?

Suite à ma proposition - de lui présenter quelques uns de mes amis - il me répond que si j'en trouve qui peuvent lui convenir, pourquoi pas. Réfléchissons. Aileen, Meredith... Mince, il connaît déjà Meredith. Donc, déjà, Aileen. Alejandro... J'sais pas. Cassie... Non, pas Cassie. Pas ma soeur. Enfin, pas que je ne veuille pas qu'elle connaisse Damon, parce que c'est un mec cool et tout, mais non, je présente pas ma soeur à mes potes comme ça. J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux, donc non. Et après... Après je sais pas trop. Flavio ? Mouaif. Déjà, Aileen, pour sûr. C'est ma meilleure amie, maintenant que Brittany est partie, donc je suis sûre qu'elle va lui plaire.

- Aileen, Aileen Kerr. C'est ma pote, je sais pas si t'as déjà entendu parler de "Diableen". On fait la paire, en ce qui concerne le fait d'enfoncer les gens. Je sais pas si t'étais là, au moment de toutes les engueulades avec Alice Street, enfin bref. On s'entend très bien toutes les deux. Après j'ai Alex. Mais Alex, la dernière fois que je l'ai vu, il était au septième ciel. Complètement amoureux le mec. Enfin, plus aux dernières nouvelles mais on s'en fout. Mais déjà, Aileen, ouais.

J'enfile mon manteau après avoir enrouler mon écharpe autour de mon cou, finissant par mettre mon bonnet. J'ai tout prévu, j'suis loin d'être masochiste et je suis légèrement cul-gelé quand il fait une température pareille. Et j'ai franchement aucune envie de tomber malade, non. Le rhume, l'angine, la gastro, c'est pas super sexy. Surtout pas la gastro. Bref.

- Et ton tableau de chasse, Cole, si c'est pas indiscret, il stagne ou bien ?

J'adore appeler les gens soit par leur nom de famille, soit par leur deuxième prénom. J'appelle souvent Aileen Kerr. Kerr ou Miranda. J'trouve ça terriblement classe. Je rattrape mon téléphone et mon sac de cours, me dirigeant vers la sortie.

Bonne réponse, Diabla. Le terme de pintades dépourvues de cervelle correspondait à merveille. Le temps qu'elles retiennent les pas, et qu'elles coordonnent leur pauvre cerveau cacahuète avec le reste de leur corps pour effectuer une chorégraphie semblait leur demander un labeur digne de celui de Sisyphe. C'est bien pour ça qu'elle s'épuisaient au bout de quinze pauvres minutes. Et heureusement que Santana était là ; je me demande ce que serait la troupe de cheerleader de l'université si elle n'y appartenait pas. Sans doute un groupe de danseuses de kermesse qui ne feraient que la fierté de leurs parents. Et encore.

Elle me parla alors d'une certaine Aileen, Aileen Kerr. Le duo Diableen comme on les appelle, le fameux. Elle me demanda si j'étais là aux événements avec Alice Street. Et comment, tout le monde s'en rappelle, cette dernière avait d'ailleurs quitté l'université. Ce n'était pas plus mal, elle foutait la merde partout où elle allait.

Et puis il y avait un certain Alex, qui m'avait l'air bien moins intéressant. Il l'était probablement, vu qu'il était ami avec Diabla, mais la manière de le présenter, bof bof. Les amoureux ne sont pas franchement mon centre d'intérêt. Enfin peut être un jour, il est certainement sympa malgré tout hein ! Aah, mais...

- Alex, c'est le Alex Garcia Sanchez ? demandai-je, songeur. Celui du tableau d'affichage ? Il est plus avec sa copine ? Ouais, Aileen a l'air cool, de ce que j'en ai entendu, faudra que tu me la présentes !

Santana acheva de s'habiller, enfilant manteau, écharpe et bonnet. C'est bien ce qu'il faut dans ce pays et en cette saison. J'aurais dû prendre mon bonnet moi aussi, d'ailleurs. Enfin je n'allais pas rester bien longtemps dehors, donc ce n'était pas bien important.


- Mon tableau de chasse ne stagne jamais, Diabla, répondis-je d'un faux air supérieur. Tu devrais bien le savoir. Et toi ? Tu t'es trouvé de nouvelles proies récemment ?

La connaissant, la réponse serait forcément positive. Elle est du genre à collectionner les coups d'un soir. Un peu comme moi, au final. C'est aussi sûrement pour ça qu'on s'entend aussi bien : on partage ce centre d'intérêt.

"Alex, c'est le Alex Garcia Sanchez ? Celui du tableau d'affichage ? Il est plus avec sa copine ? Ouais, Aileen a l'air cool, de ce que j'en ai entendu, faudra que tu me la présentes !"

Non, Alex n'est plus avec Spencer. Il y a eu une histoire de je ne sais trop quoi... Ah oui ! Spencer, pendant les vacances, serait allée à une fête et aurait un peu trop bu, ou je sais pas trop, mais toujours est-il qu'elle a embrassé une de ses potes, Emily, me semble-t-il. Et connaissant Sanchez et le mot 'confiance', il a bien dû lui faire comprendre que ça n'irait pas. Quand j'y pense, il en était bien amoureux, de son Hastings. Ça a dû lui faire un mal fou. Il va jouer au connard avec les filles, mais vraiment bien comme il faut. Enfin, s'il en a le courage.

Bien sûr que oui, Aileen est cool. C'est ma meilleure amie, elle est parfaite, comme moi, elle est douée, comme moi, elle est belle et bien foutue, comme moi, et elle collectionne les mecs, comme moi. C'est un peu ma jumelle, à quelque chose près. Je lui fais confiance, elle me fait confiance. La preuve, sinon elle ne m'aurait jamais dit qu'elle a avorté et... Oh lala, n'allons pas plus loin.

- Oui, lui-même, et non, sorte de tromperie, ou de truc comme ça. Et bien sûr, Aileen est parfaite, on se ressemble.

Je lui adresse mon plus beau sourire de Diabla avant qu'il ne réponde à ma question d'un faux air hautain, me disant que 'son tableau de chasse de stagne jamais'. Tu m'étonnes. En même temps, on est pareils avec Damon, on collectionne les conquêtes. Pour lui, c'est limite de la triche, puisqu'il a deux terrains de chasse : autant les filles que les mecs. Moi, je n'en ai qu'un : les hommes. Ça l'avantage, tsuh. C'est déloyal. Tu vas pas bouder pour ça, Santana quand même ? Ah non, du tout. Je disais juste que s'il a plus de personnes dans son lit que moi, c'est normal, étant donné qu'il joue sur deux tableaux. Donc c'est loin d'être comparable, c'est tout.

- Bien sûr. Quoique... En ce moment, j'ai honte de l'avouer et y a bien que toi qui le sais, mais y en a moins qui passent.

Je fais la moue avant de traverser les vestiaires, un bout du gymnase pour arriver à la porte. Bon. Que va-t-on faire ? Je nous vois mal aller réviser en salles de cours, en fait. Et encore moins rester dans la cour comme des poireaux, ou dans le parc.

- À part si tu veux me voir choisir ma tenue pour demain, on peut aller boire un truc en ville, si tu veux, Howard.

J'appuie sur la poignée de la grande porte, mettant un pied dehors, rentrant la tête dans mon écharpe. Fait froid gnuhu. En plus, il neige, pour changer. En même temps, nous sommes en janvier, au Canada. Mais c'est joli. La cour est dégagée, mais le parc est tout blanc. Et ça a quelque chose de magique, la neige. A Lima, y en avait rarement. Là je suis servie huhu. Et bien servie.

Afh, l'infidélité, quelle tristesse. C'est bien pour ça que je ne m'engage jamais avec qui que ce soit. Parce qu'en plus de blesser la personne au plus haut point, ce doit être terriblement vexant. Et on doit se sentir tellement sali, honteux de ne pas suffire amplement à son ou sa partenaire. Je grimaçai à cette idée. L'égo doit en prendre un gros coup, c'est certain.

Puis je souris à la dernière phrase. Le "Aileen est parfaite" lié au "on se ressemble". Du Diabla tout craché, quoi. Et le sourire qui suivit confirma ses propos. En même temps, quand on la regarde, c'est vrai qu'on ne lui trouve pas beaucoup de défauts. Mis à part son narcissisme, mais ce n'est pas réellement un défaut, puisqu'elle peut se le permettre. Et si Aileen était réellement aussi parfaite qu'elle la présentait, elle serait bien intéressante. J'avais déjà hâte de la rencontrer.


Pardon ? J'ai bien entendu ? Le tableau de chasse de Santana Diabla Lopez a ralentit ? C'était assez étonnant, venant d'elle. Enfin, tout le monde a ses coups de fatigue, elle n'échappait pas à la règle. A vrai dire, il m'était déjà arrivé à moi aussi de stagner un peu à ce niveau. Pas le temps, pas les proies adaptées, c'étaient des choses qui pouvaient arriver. C'était bien malheureux et assez lassant et ennuyant de rester ainsi sans compagnie, mais ça arrivait.

- J'en conclus que les mecs n'aiment pas se faire dominer ces temps-ci ?, lançai-je, suivi d'un clin d'œil et d'un sourire en coin, alors que nous quittions les vestiaires pour rejoindre la sortie du gymnase.

Santana me proposa alors d'aller boire un truc en ville. Pourquoi pas, un bon café ne m'aurait pas fait de mal, vu la température glaciale qui avait pris place depuis déjà plus d'un mois.

- Je dis pas non, on y va ?, répondis-je.

Elle ouvrit alors la grande porte du gymnase qui donnait sur la cour. A la sortie, le froid s'imposa d'autant plus, m'arrachant un frisson. Je me frottai les mains, histoire de récupérer quelques infimes degrés. Il me tardait d'aller me réchauffer.

"J'en conclus que les mecs n'aiment pas se faire dominer ces temps-ci ?" me lance-t-il avec un sourire en coin accompagné d'un clin d'oeil.

Je souris légèrement. C'est vrai qu'avec moi, faut pas compter gagner et être au sommet. C'est moi qui gagne, c'est moi qui dirige, c'est moi qui commande, c'est moi qui suis sur le trône, un point c'est tout. Effectivement, ça peut plaire comme ça peut déplaire. Et si vous chercher une petite fille douce et soumise, c'est franchement pas à ma porte de chambre qu'il faut frapper. Tout le monde sait que Diabla est sauvage et indomptable, ce n'est un secret pour personne. Et donc oui, on peut ne pas apprécier le fait que je ne me soumette à rien. Mais y en a beaucoup que ça charme, aussi. La preuve, je peux compter - depuis maintenant 2 ans - une bien bonne quantité de prénoms sur la liste de mes conquêtes.

- Ils sont trop à la recherche de pouvoir, qu'est-ce tu veux, ils savent pas apprécier ce qui est bon.

Lorsque je propose à Damon d'aller en ville boire quelque chose, il accepte. Je t'aime, Howard. Je me voyais très mal rester plantée dans la cour, à vrai dire. Et puis, qu'est-ce qu'on aurait fait ? On serait allés au salon, on aurait sûrement été emmerdés par des abruti(e)s ? Non, très peu pour moi, des abruties j'en ai assez eu durant l'entraînement, pas franchement besoin d'en voir plus, j'en ai ma dose, ma claque, alors adiós. Et ça fait du bien de sortir. Certes, je ne suis plus vraiment en sécurité à l'extérieur, surtout après ce qu'il s'est passé avec Cassie il n'y a pas longtemps. Mais je sais me défendre, je suis forte, tandis que ma soeur est plus fragile. Elle apprendra à devenir plus forte avec le temps. Il faut laisser le temps au temps comme on dit. Allô ? Diabla ? Haha, très drôle, vas-y, rendors-toi.

- Alors c'est parti mon chéri.

Je me dépêche de sortir de la cour, vu qu'elle est dégagée, on sent beaucoup plus le vent, et donc le froid. Inutile de rester là très longtemps pour finir en glaçon, alors ne tentons pas l'expérience. Seulement, lorsque je passe le portail, ce foutu téléphone sonne. Je soupire, le sortant de ma poche de manteau, enlevant en même temps un gant pour décrocher. Il reconnaît à la chaleur, vous savez, donc bon. Mais au moins, y a pas plus pratique qu'un Iphone.

- Oui ? Afh. Oui, oui, ça va très bien et toi ? Je sors un peu, pas de quoi s'arracher les cheveux, tu sais. Non, je ne suis pas seule. Oui, un ami. Non mais je vais pas te le... Okok. Il est grand, brun, canadien, pas louche du tout, et j'ai jamais couché avec, satisfait ? Pfuh. Pardon ? Oh non. Mais quelle horrible blonde. Non mais tu sais, c'était une blague, tu me connais, me semble-t-il. Oui, oui, d'accord. Oui, je serais prudente. Promis.

Je souffle. Mon père. La coach a appelé mon père. Au secours, aidez-moi. Déjà qu'il devait débarquer pour ce qui est arrivé à Cassie, je sens que la vieille vierge va lui raconter mes exploits de la semaine. "Oh, Santana est vulgaire, oh, Santana est mal polie, oh, Santana n'en fait qu'à sa tête, elle est irrespectueuse..." Elle va lui sortir son speech comme quoi je suis une horrible garce narcissique mais qui dirige bien l'équipe de cheerleaders du lycée. Je te jure. Et encore, il est pas dit qu'elle sorte que je suis douée en coaching. Et puis, en plus, mon père s'inquiète trop. Certes, nous sommes les filles du dirigeant de la plus grande mafia mexicaine, mais ici, on a trop rien à craindre. T'as oublié les mecs qui connaissaient l'identité de Cassie ? Non. En plus, t'es populaire ici, tout le monde te connais, donc il a des raisons de s'inquiéter. Ouais, bon, d'accord.

- M'étonnerait qu'ils te résistent encore longtemps, je réponds avec un clin d'œil.

On rejoint alors rapidement la sortie de la cour. Il fait froid, mieux vaut se dépêcher de rejoindre un café au centre ville. Moi-même je n'ai pas chaud, alors Santana, originaire d'Amérique du Sud, j'imagine difficilement ce qu'elle subit. Arrivés au portail, son téléphone sonne. Elle décroche. La personne à l'autre bout semble avoir une grande place dans la vie de Diabla, vu sa manière de parler. Elle parait très protectrice, puisque mon amie se sent obligée de me décrire : "grand, brun, canadien, pas louche du tout, et j'ai jamais couché avec". Ah oui, c'est bien moi, haha.

Puis elle a l'air de se faire engueuler par la personne, qui a dû apprendre pour les heures de colle. Afh. Un parent, peut être ? Oui, c'est sûrement un parent. S'il y a bien un domaine sur lequel je ne connais presque rien, c'est bien la famille Lopez. Je connais seulement son pays d'origine, mais c'est à peu près tout il me semble. En même temps, elle ne doit pas connaitre grand chose de la mienne, au final. Et c'est mieux ainsi. Inutile de se forcer à aborder un sujet qui ne nous parait pas nécessaire. Si elle a quelque chose à cacher, je ne veux même pas le savoir. Parce que je sais que je ne voudrais pas qu'elle sache que je me suis fait virer de chez moi par mon père quand je lui ai annoncé ma bisexualité. C'est un peu la honte, voyez-vous, d'avoir un père à ce point fermé d'esprit, peu compréhensif, et dénigrant son gosse parce qu'il est "différent".

Mais sa dernière réponse m'inquiète un peu. "Oui je serai prudente, promis." Pourquoi est-ce qu'elle devrait être prudente ? Rien de grave, j'espère. Santana raccroche en soufflant, l'air agacée.

- Un problème ?, je demande, alors que nous rejoignons le café.

Depuis que Cassie a été agressée, c'est limite si je ne suis pas surprotégée. Certes, c'est normal, c'est mon père, il nous aime toutes les deux, même s'il ne nous adresse jamais un "Je t'aime", un sourire bien franc, et ne nous offre pas ses bras - j'en ai pris l'habitude, ne vous en faites pas, au bout d'un moment on s'y fait - mais quand même. Il me connaît, je suis prudente, toujours, je fais attention aux personnes qui s'approchent de moi, je sais reconnaître les signes distinctifs des 'grands vilains', et puis je sais me défendre. Un homme sera toujours plus faible face à une femme, nous savons toutes leur point faible. Et je n'aurais pas honte de le mettre à terre grâce à ça. Non mais.

"Un problème ?" demande mon ami, me sortant par la même occasion de mes pensées.

Ofh, si peu. Juste que mon père risque de débarquer ici d'un moment à l'autre, c'est juste ça, histoire de mettre au point quelques petites choses, avec Cassie et moi. Sinon, rien, tout va bien. A part le fait que la vieille blonde qui me sert de coach ait raconté à mon père que je traînais avec un mec aux douches, et pas forcément en toute innocence, selon elle, alors que nous n'avons que taper la discute, avec Damon, et que je me suis opposée à elle comme un chien enragé pour ne pas être retenue mercredi. Quelle espèce de mytho, je vous jure.

- La sainte vierge Sylvester, elle a raconté nos "exploits" à mon très cher papa. Elle a vraiment rien d'autre à faire de sa petite vie, la pauvre fille.

Je lève les yeux au ciel, lâchant un gros soupir alors que nous arrivons devant le café. J'allais ouvrir la porte, mais un jeune homme bien charmant décide de le faire à ma place. Qu'est-ce que c'est bon d'être belle et bien foutue. Te vante pas trop, Santana. Moi ? Jamais, c'est franchement pas mon genre. Non, et t'es pas du tout narcissique, non plus. Moi ? Nooon. J'énonce seulement des vérités générales, voyons. Tellement modeste. T'as vu ça. Toujours est-il que j'adresse un sourire au jeune homme.

- Merci beaucoup.
- Je vous en prie.

Et... Il nous faut une table dans le fond. Ma table. Enfin, ce n'est pas vraiment la mienne, mais je m'installe toujours là bas quand je viens ici. Question d'habitude. Que ce soit avec Aileen, ou d'autres ami(e)s, c'est toujours à la table du fond. Et c'est tout.