"High off of love ; drunk from my hate." [Keith&Indiana]

Précédemment -

- Keith -

Je longeai le couloir des dortoirs à pas de loup, suivi par Indiana, qui avait également retiré ses chaussures pour être la plus discrète possible. Il faut dire que, si on se faisait remarquer, on risquait le renvoi. Donc cette traversée silencieuse nous était particulièrement salvatrice. Sans faire de bruit, j'ouvris ensuite la porte de la chambre et y entrai. Comme prévu, elle n'était pas occupée. Les murs légèrement plus insonorisés que dans les couloirs, je me détendis quelques secondes en m'asseyant sur le bord de mon lit.

Puis, par pur réflexe, je plongeai une main dans une chaussure, pour vérifier que le reste de ma barrette y était toujours. Problème : elle n'y était plus. Je fouillai de plus en plus nerveusement, mais toujours rien. Panique intérieure. La même lorsque l'on vérifie machinalement si son portable est bien dans sa poche, et qu'on ne le retrouve justement pas. Ou lors de la première rencontre avec Indiana, quand elle avait pris mon sachet... Eh merde, le sachet, tiens, justement. Je balançai alors au sol ma première chaussure et attrapai la seconde, répétant le même geste, vérifiant la présence du sachet qui s'y trouvait. Enfin, qui devait s'y trouver. Puisqu'il n'était plus non plus à sa place.

Une alarme assourdissante résonna dans ma tête, l'encombrant d'un brouhaha d'effroi. Les yeux exorbités, la bouche entrouverte, j'hésitai entre panique et rage. Je fus dans l'incapacité de bouger, de faire quelque action que ce soit, durant une longue poignée de secondes.

Puis je bus plusieurs gorgées de la bouteille, pour faire passer ma découverte. Et, sans réellement réfléchir, je me levai alors, et fixai d'un regard glaçant Indiana, à l'entrée de la chambre. C'était elle, ça ne faisait aucun doute. Inutile d'y réfléchir, ça ne pouvait être qu'elle. Et si quand bien même ce n'était pas elle, elle était la seu... Non mais la question ne se posait pas un seul instant, c'était elle, c'était une certitude. Elle avait recommencé.

- Tu te fous de ma gueule ou quoi ?, chuchotai-je, bouillonnant. Ça t'a pas suffit une fois ? C'est quoi ton putain de problème Indiana ?

Si j'avais pu, je lui aurais crié, hurlé, craché ces mots en pleine face, qu'ils s'impriment enfin correctement dans son esprit venimeux. Ce n'était pas l'envie qui manquait, bien au contraire, j'aurais même adoré lui éclater ses jolis petits tympans des doux décibels de ma voix. Mais ma cervelle gardait encore un minimum de raison, pour éviter de nous faire repérer.

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" Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Ça t'a pas suffit une fois ? C'est quoi ton putain de problème Indiana ? "

- Je vois pas de quoi tu parles. Et, au passage, c'est pas moi qui ai un problème, Keith, si tu vois ce que je veux dire.

"Je vois pas de quoi tu parles. Et, au passage, c'est pas moi qui ai un problème, Keith, si tu vois ce que je veux dire.", répondit-elle calmement.

Elle ne voyait pas de quoi je parlais ? Mais bien sûr, elle ne voyait pas de quoi je parlais. C'est vrai, de quoi j'aurais pu parler ? Mais de ma dope, bordel ! Bien sûr que si, elle voyait très bien. Elle ne trompait personne. Elle l'avait déjà fait une fois, avec mon sachet et mon portable. Et elle recommençait. A croire qu'elle jubilait de me voir dans cet état. A croire qu'elle était réellement sadique. Etcomplètement maso.

Mon problème ? J'ai pas de problème, moi. Aucun. Jamais. Enfin si, mais qu'importe. Ce n'étaient certainement pas ses affaires. Alors qu'elle se taise sur ce sujet, avant que je fasse quelque chose que je regretterais, et qui lui ferait regretter d'avoir lancé le conflit.

Elle avait reculé d'un pas, prête à s'enfuir s'il le fallait par la porte encore ouverte. Non, ça ne marcherait pas comme ça. D'un pas, je m'approchai d'elle, aggripai son bras et l'attirai vers l'intérieur de la pièce. Puis je fermai la porte. A clé. Hors de question qu'elle sorte avant d'avoir réglé le problème. En gros, avant qu'elle m'ait rendu ce qu'elle m'avait pris.

- Ça te regarde pas, que je sache !, répondis-je, adossé à la porte. Maintenant rends-moi ça ou je vais pas aimer la suite des événements. Tu sais très bien de quoi je parle.

Je passai mes mains sur mon visage pour tenter de me raisonner. Je sentis ma veine dessinée sur mon front. Je tremblais de fureur. Ce que je faisais là était complètement dingue. Le fait qu'elle m'ait encore pris mon herbe me rendait incontrôlable. Mais c'était aussi ma réaction face à ce qui aurait pu être vu comme une simple taquinerie qui me mettait hors de moi. S'enchainait ensuite un cercle vicieux qui me rendait de plus en plus fou. J'étais toxicomane ? Non. Je n'ai jamais vraiment arrêté de l'être, nuance. Cette vérité était monstrueusement difficile à accepter.

Raté. J'aurais dû m'enfuir lorsque j'ai réussi à lui prendre son herbe. Mais non, je l'ai suivi, comme une débile. Y a vraiment des fois, je me demande si je réfléchis quand je veux que quelque chose réussisse. Inconsciemment, je voulais ça. Je voulais qu'il s'énerve. Donc, dans un sens, j'ai réussi. Aimer avoir mal. Tout se confirme, je ne suis vraiment pas bien.

Keith a refermé la porte après m'avoir attrapée par le bras et rentrée à l'intérieur. Je serre les dents lorsque j'entends le fameux 'clic' qui indique que la porte est bien fermée à clé. Et que, par conséquent, à part la fenêtre, j'ai pas d'autres échappatoires. Sauf que, bourrée comme je le suis, je ne m'amuserai pas à sortir par la fenêtre. Un coup à finir la tête à droite, le corps à gauche. Et pas pour ce soir, non, on va éviter. Sobre, j'aurais très bien pu le faire, ça aurait pas été trop compliqué non plus. Mais dans cet état, impossible.

Alors que je lâche mes chaussures, Keith s'adosse à la porte. " Ça te regarde pas, que je sache ! Maintenant rends-moi ça ou je vais pas aimer la suite des événements. Tu sais très bien de quoi je parle. " Ah non. C'est sûr, ça me regarde pas. Mais bon. C'était juste pour lui faire remarqué que c'est lui qui a un problème, et non moi. Je frissonne rien que d'y penser. A la 'suite des événements'. Bien sûr que oui, je sais de quoi il parle. Ma main gauche vient encercler mon poignet droit un court instant, avant que je croise les bras, toujours pas décidée à lui rendre. Et dieu sait pourtant que cette foutue petite voix dans ma tête me dit de lâcher prise, de lui redonner Marie-Jeanne et de partir d'ici aussi vite que possible. Mais rien n'y fait. Je continue de jouer.

- Je n'ai rien, je prétends, décroisant quelques secondes les bras, ouvrant mes mains devant lui, avant de lui balancer ma veste, pour qu'il vérifie lui-même les poches, où se trouvent seulement mon téléphone, et deux-trois papiers.

Indiana affirma qu'elle n'avait rien. Elle s'obstinait, en plus. Pour toute preuve, elle me montra ses mains, vides, et me lança sa veste. Je vérifiai alors rapidement les poches. Mais sans grande conviction. Elle ne me l'aurait pas donnée si elle avait quelque chose à cacher, c'est logique. Et, comme prévu, rien. A part son portable et quelques papiers. Je la lançai à terre. Je serrai les dents quelques secondes, inspirai puis expirai profondément pour tenter de me calmer, et de réfléchir. Pour l'apaisement, je pouvais repasser. En ce qui concernait la réflexion, je maitrisais totalement.

Un sourire se dessina alors sur mon visage, suivi d'un rire nerveux. Je passais certainement pour un dingue ; et je l'étais. Je retirai ensuite mon bonnet et mon blouson, que je jetai à côté de la veste de la voleuse. Elle ne l'avait certainement pas bouffé, ni fumé. Et ça n'avait pas pu quitter mes chaussures. C'était donc forcément sur elle.

- Voyons Indi jolie, répondis-je en m'avançant vers mon interlocutrice et en haussant le ton un peu plus à chaque mot, les poches de veste, c'est bien le dernier endroit où cacher quelque chose d'aussi précieux, tu me prends pour un con ou quoi ? Alors qu'est-ce que t'en as foutu ?

Sur cette dernière phrase, hurlée dans la limite du chuchotement, je m'étais approché d'elle si près que ma tête touchait presque la sienne. De là, et sans ses talons, elle semblait presque petite. Presque. J'attrapai également ses avant-bras fermement, qu'elle évite de me gifler. Dans cette situation, elle n'avait vraiment pas intéret.

Keith fouille rapidement dans les poches de ma veste, et n'y trouvant rien, il la jette un peu plus loin. Je serre les dents. C'est du cuir, du vrai. S'il me l'a abîmée, ça va vraiment pas le faire, à 200 balles le blouson. Et en plus, y a mon téléphone aussi, dans la poche. Qui vaut au moins 500 pièces de plus que la veste. Ça va vraiment pas le faire.

Il se met à sourire, finissant par rire. Un frisson me parcourt, je serre les dents. Il est dingue, ce mec. Je suis enfermée dans une chambre avec un fou. Un fou toxico violent, qui plus est, à qui je viens de piquer sa dose, comme la dernière fois. Et la dernière fois, il m'a broyée les poignets, il m'a fait du mal. Et pourtant, je ne voudrais pas être ailleurs à ce moment là. Au contraire, si quelqu'un d'autre était à ma place, je donnerais n'importe quoi pour qu'on échange. Faut pas, non, c'est mal. Et c'est malsain que toutes ces disputes me satisfassent. Oui, c'est malsain.

Keith balance son blouson et son bonnet au sol, près de ma veste, avant de s'approcher de moi. " Voyons Indi jolie, les poches de veste, c'est bien le dernier endroit où cacher quelque chose d'aussi précieux, tu me prends pour un con ou quoi ? Alors qu'est-ce que t'en as foutu ?"

Tout près, sa tête n'est à peine à quelques millimètres, je sens son souffle chaud sur ma peau. Effectivement, il a bien bu. Il ne tarde pas à attraper mes avants-bras, sans douceur, fallait s'y attendre. Je penche légèrement la tête sur le côté.

- Disparu. Je ne l'ai plus, ta merde. Je suis magicienne, tu as oublié, Keith ?

Je recule, tirant un grand coup sur mon bras, réussissant à le dégager. Ouh bordel que ça fait mal. Sans vraiment réfléchir, par réflexe, ma main allant plus vite, elle s'écrase sur la joue de Keith. Ce n'est à peine quelques secondes après que je me maudits de l'avoir fait. Je recule encore, me mordant les lèvres.

"Disparu. Je ne l'ai plus, ta merde. Je suis magicienne, tu as oublié, Keith ?", répondit-elle.

Magicienne ? Ah mais oui, comme elle avait fait disparaitre mon portable et ma poudre, comme par magie l'autre fois. Son tour préféré, apparemment. Elle devrait faire attention, moi aussi je peux être magicien. La femme coupée en deux, par exemple. Sur le coup, je me serais fait une joie de l'essayer. Et elle aurait été l'assistante idéale, évidemment.

Elle essaya alors de s'échapper de mon emprise. Elle agita ses bras avec force, ce qui me fit la lâcher. Elle se démena si vigoureusement qu'elle dût se blesser quelque peu. Tant pis pour elle, qu'elle se fasse mal si ça lui plaisait.

Puis, sans que je m'y sois attendu - et elle non plus visiblement -, sa main fouetta ma joue. Une bonne gifle, ouais. Je l'avais bien précisé pourtant, elle n'avait vraiment pas intéret à me gifler. Et pourtant, elle l'a fait. Elle recula ensuite, consciente de son erreur. Mais c'était trop tard. Le mal était fait. Je bouillonnai de plus en plus. Je plongeai mes yeux injectés de sang et de rage dans les siens, serrant la mâchoire jusqu'à m'en faire mal. Une bête.

J'étais une bête.

Je fis un pas vers elle et attrapai à nouveau ses avant-bras. Puis je la jetai sur le lit. C'était ça ou la frapper en retour. Et même dans l'état dans lequel j'étais, j'aurais été incapable de lui planter mon poing dans son visage. Oubliant de la lâcher à temps, je tombai avec elle sur le matelas. Je me retrouvai alors juste au-dessus d'elle. J'en profitai pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille.

- Je te jure, rends-moi ça. Tu me rends dingue.

Dingue, dans toutes les occurrences du terme. J'étais taré, elle aimait jouer avec mes nerfs. Ça l'amusait, apparemment. Moi ça me rendait dingue. Et pourtant, j'étais aussi dingue. D'elle. Je veux dire, même si j'en devenais fou, même si elle avait le don de me faire rager, j'en venais presque à aimer ces engueulades, cette violence. Alors oui, dingue, dans tous les sens, je l'étais.

Trop tard. Beaucoup trop tard. Foutu réflexe de merde. Après la gifle, Keith plante ses yeux rouges dans les miens, me faisant frissonner. M'attrapant les deux bras de nouveau, il me balance sur le lit comme un vulgaire mouchoir. Faut que je bouffe. Beaucoup. La prochaine fois ce sera plus difficile. Il arrivera pas à me projeter sur ce foutu lit. Il est juste au-dessus de moi. A peine quelques centimètres. Et encore. J'ai l'impression d'étouffer tellement il est proche. Que si je respire trop fort, ma poitrine va toucher son torse er qu'il va m'en faire manger. Et j'en tremble, car s'en est proche. Je le touche presque. Seulement quelques millimètres. C'est presque si je ne retiens pas ma respiration.

Je sens son souffle dans mon cou alors qu'il me murmure de lui rendre sa dope, que je le rends dingue. Et j'ai beau avoir envie de tout, sauf de sourire, ça m'en arrache un, de sourire, sa remarque. J'aime bien. De savoir que je l'énerve, que je le rends fou. Ça me plait. Beaucoup même. Et ça aussi, c'est malsain, je devrais pas aimer le rendre fou jusqu'à qu'il soit violent. Je ne devrais même pas aimer rester avec lui. Et pourtant j'adore ça. C'est horriblement mal. D'aimer que la personne que vous haïssez le plus au monde soit brutale avec vous. Y a pas que lui, qui est dingue. Je le suis aussi. Et pas qu'un peu, visiblement.

- Si tu ne me lâches pas, je ne vais pas pouvoir la faire réapparaître. , je murmure.

Je replie mes doigts dans ma paume, sans pour autant serrer les poings. Ça va du chaud au froid, du Nord au Sud. J'ai beau avoir peur - et dieu sait que j'ai la trouille - j'apprécie sa proximité. Là, maintenant, tout de suite. C'est vraiment très agréable. Je trouve ça très agréable. Et trop proche de moi, mes lèvres ne peuvent s'empêcher d'aller déposer un baiser dans le cou de Keith. Sa peau s'est nettement réchauffée. En même temps, il fait beaucoup plus chaud ici. Et l'énervement aide aussi, je pense.

Je sentis Indiana qui retenait presque son souffle. Pourtant je n'étais pas encore assez près pour l'étouffer de mon poids ; d'ailleurs, ce n'était pas avec mes pauvres 68 kilos que j'allais la réduire en purée huhu. Moi aussi j'essayais de calmer ma respiration. Mais en vain, l'énervement m'empêchait de respirer calmement et sereinement. De plus, j'étais assez près d'elle pour sentir son coeur battre. Vite. La peur ? Allez savoir. Mais le mien aussi pulsait rapidement. J'avais l'impression que ces battements étaient tellement bruyants qu'ils réveilleraient toutes les chambres voisines. Et pourtant, je me faisais des idées. Il n'y avait que moi pour les entendre ; elle, aussi, peut-être. Finalement, c'est vrai, nous nous trouvions très près, tout près, l'un de l'autre. Et il faisait vraiment très chaud.

Indiana répliqua que, si je voulais qu'elle me rende ma cam, ou plutôt qu'elle "la fasse réapparaitre", il faudrait déjà que je me relève. Et elle suivit cette remarque par une bise dans mon cou, qui m'arracha un frisson. Et je n'avais pas l'excuse de la basse température pour me couvrir. Je serrai à nouveau la mâchoire pour tenter de le dissimuler, en vain. Tant pis, hein. Un de plus, un de moins, rien de bien grave.

Mais alors, c'est à cet instant que le dilemme s'imposa. D'un côté, la raison pour laquelle je venais de faire tout ceci me poussait à me relever pour récupérer ce qui m'avait été pris. D'un autre, j'aimais étonnamment tellement cette proximité avec Indiana que pour rien au monde je n'aurais laissé cet instant s'échapper. Rien au monde, ou presque. Toujours cette foutue drogue qui guide mes actions et mes pensées.

- Eeuh... Je sais pas trop en fait..., dis-je simplement face à ce choix cornélien. Je suis pas sûr de vouloir bouger là.

Finalement, la merdeuse de petite voix qui m'encombrait l'esprit à chaque fois que l'addiction refaisait surface, vint me hurler de récupérer coûte que coûte le sachet et la barrette. Alors, à contre-cœur, je me relevai pour m'assoir au bord du lit et tendit la main en relevant les premières phallanges pour qu'elle me rende le trésor. Je n'avais qu'une envie, c'était de retrouver ma place initiale, mais avec mes jouets bien rangés à leur place, bien en sécurité dans leur cachette.

Je t'ai eu mon mignon. Encore une fois. Keith a frissonné quand je l'ai embrassé dans le cou. Et pour le coup du courant d'air, c'est cramé, c'est impossible, vu la chaleur qu'il fait. Comparé à dehors. Parce que je crève pas de chaud non plus. J'ai bon là. Trêve de bavardages.

" Eeuh... Je sais pas trop en fait... Je suis pas sûr de vouloir bouger là. " Je hausse un sourcil à sa réponse. Il n'est pas sûr de vouloir bouger ? En gros il est pas sûr de vouloir récupérer son amie MJ ? Marie-Jeanne, pas Michael Jackson. Il se fume pas encore, lui, même s'il bouffe les pissenlits par la racine. Non, c'est pas drôle. Respect à Micheal. On ferme la parenthèse. Donc ça veut dire qu'il préférerait rester dans cette position que de récupérer son éternelle copine ? Ouais, bravo Sherwood. Il t'a fallu longtemps pour en arriver à cette conclusion ? La ferme toi. Bref. Ça me fait plaisir. Je suis pas la seule à aimer le fait qu'on soit aussi près l'un de l'autre. Bien qu'il ne faudrait même pas apprécier un tout tout petit peu cette proximité.

Keith finit tout de même par se relever, s'asseyant sur le bord du lit en me tendant la main, pour que je lui remette son bébé. Je souris. Il a vu la Vierge ? Je suis pas prête de lui rendre. Sinon c'est trop facile. Il a cru, le pauvre chaton. Naïf, en plus de ça.

Je me redresse, avant de me lever, en profitant pour remonter cette foutue robe. Ah oui, c'est joli les robes bustiers. Mais ça descend tout le temps, surtout quand on réussit pas à remonter la fermeture jusqu'en haut. Le temps de remettre une mèche en place, et je sors le trésor de Keith de mon décolleté, hop !, avant de me diriger vers la fenêtre, que j'ouvre. Le froid me fait frissonner. De toute façon, Monsieur Leréchauffé va pas tarder à arriver.

M'appuyant contre le rebord, face à Keith, je mets sa copine au-dessus du vide.

- Tu crois que Marie-Jeanne est comme les chats, elle retombe toujours sur ses pattes ? Personnellement, je voudrais savoir si elle sait faire. Et voler aussi. Pas toi, Keith ?

Je lui souris, reprenant mon habituel sourire narquois, qui agace tant de monde. J'aime avoir les rênes en main. Savoir que je peux faire ce que je veux, que je peux demander ce que je veux, il le fera. Il m'obéira tant que j'aurais sa petite copine entre les mains. C'est plaisant.

Non mais quelle naïveté. Franchement. Quel crétin. Vraiment. Le Candide dans toute sa splendeur. J'avais réellement cru qu'elle me le rendrait aussi facilement, et que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. La bonne blague. Évidemment, elle ne me rendit pas ce qu'elle m'avait pris. Au lieu de ça, elle les sortit de leur cachette. Et quelle cachette ! Je serais difficilement allé les récupérer là-bas ; quoique huhu.

Elle se dirigea ensuite vers la fenêtre, qu'elle ouvrit. Le vent froid lui arracha un frisson. C'est vrai que la température s'était considérablement réchauffée par rapport à quelques minutes auparavant, alors il n'y avait rien d'étonnant à frissonner en retrouvant l'air extérieur. Puis elle s'appuya contre le bord, face à moi, et tendit son bras dans le vide, ma barrette et mon sachet dans sa main. Mon sang ne fit qu'un tour. J'eus la soudaine impression de me retrouver au-dessus d'un précipice. Comme si une bourrasque venait perturber l'équilibre de Nik Wallenda traversant le grand canyon sans filet. Une soudaine prise de conscience que tout se joue à si peu. Je ne risquais pas ma vie, mais plutôt une bonne cinquantaine de balles. Et ma sérénité. En gros, elle n'avait vraiment, vraiment pas intérêt à les jeter.

"Tu crois que Marie-Jeanne est comme les chats, elle retombe toujours sur ses pattes ? Personnellement, je voudrais savoir si elle sait faire. Et voler aussi. Pas toi, Keith ?", dit-elle, l'air détaché de la situation, le sourire narquois à nouveau planté sur son visage.

Je déglutis. Elle en était capable, c'était bien ça le problème. Alors, sans réellement réfléchir, je m'avançai ni une ni deux vers elle, attrapai ses poignets et les croisai dans son dos, comme un gendarme qui attacherait des menottes à un fugitif. Elle aurait désormais bien plus de mal à tout lancer par la fenêtre, huh.

- Et toi, Indi, lui soufflai-je froidement à l'oreille alors que je me retrouvais dans son dos, est-ce que tu retombes toujours sur tes pattes toi aussi ? Est-ce que tu sais voler toi aussi ? Je veux dire, dans l'autre sens du terme. Puisque je l'ai bien compris, ça, tu sais me voler mes affaires, apparemment.

Je crois que Keith vient de se rendre compte de son erreur. Je suis sûre qu'il le savait, inconsciemment, qu'il fallait pas qu'il bouge. Mais il l'a fait, sûrement parce qu'il avait l'espoir que je lui redonne. Le pauvre. Il me fait de la peine. J'ai presque envie de lui redonner ses bonbons. Presque. Faut pas déconner quand même.

Alors qu'il s'approche, je rattrape comme il faut les bébés de Keith, les enfermant comme il faut dans mon poing, ne lâchant pas mon sourire. Quand je vous disais que Monsieur Leréchauffé allait pas tarder à ramener ses jolies petites fesses, j'avais pas tort. En même temps, attention, c'est la chose à laquelle il tient le plus au monde. Sa vie se résume à ça, je suis sûre. Il a sûrement même pas de passion. Le pauvre, deuxième édition.

Attrapant mes poignets, il me les croise dans mon dos, finissant par venir derrière moi, me soufflant à l'oreille si moi, je savais retomber sur mes pattes, et si je savais voler, précisant qu'il ne parlait pas de mes mains qui se baladent pour emprunter certaines petites choses aux gens. Moi ? Non, il ne me semble pas. De toute façon, il n'oserait pas. Non. Il est quand même pas aussi horrible que ça. Quoique. Vaut mieux se méfier de lui. On l'a dit, il serait capable de tout pour récupérer sa merde.

- Moi ? Non, je pense pas. J'en suis sûre. Par contre, en ce qui concerne tes petites-amies, je pense qu'on pourrait vérifier. Lâche-moi, Keith.

Ou non. Je sens bien qu'il est plus chaud que moi. Et ça fait du bien, avec le froid qu'il fait dehors, avec le vent qui pénètre dans la pièce par la fenêtre grande ouverte. Mais ça va encore mal finir si je lui rends pas ce qu'il veut. Mais c'est ça qu'est bien, aussi. Complètement malade, oui. Je suis complètement malade.

En attendant, je dois trouver quelque chose pour ne pas lui rendre toute suite. En ayant les mains dans le dos. J'utilise pas encore la télékinésie, malheureusement, donc je pense que ça va être compliqué. En plus, faudrait que je trouve une autre cachette. Quoiqu'il n'irait pas chercher ses joujous là où je les avais cachés avant. De toute façon, vaut mieux pas. Sinon, c'est ma main qui volera. Il parait qu'elle vole incroyablement bien. Keith en a déjà fait les frais, je pense que si je le préviens, il ne recommencera pas. Enfin, après il fait ce qu'il veut, mais je l'aurais prévenu s'il se prend ma main dans sa figure.

- Oh non moi je sais moi, elles elles nous font voler mais elles, elles volent pas elles !, répondis-je.

Je ris un instant. Un rire nerveux, à nouveau. Mais pas non plus le genre de rires flippants comme elle devait désormais en avoir l'habitude. Plutôt un rire glaçant, flippant car on sait très bien que ce qui va se passer par la suite ne sera pas quelque chose de très bon. Un rire presque machiavélique, en fait.

- Non mais franchement, repris-je, tu crois vraiment que je vais me faire avoir encore une fois ? Je vais pas te lâcher, tu risquerais de tout balancer par la fenêtre.

Au lieu de cela, je resserrai un peu plus mon étreinte. J'entourai ses poignets un peu plus fort, et je me rapprochai un peu plus près d'elle encore. J'aurais voulu refermer la fenêtre qui, après avoir changé l'air de la chambre, venait finalement la rafraîchir de trop. Mais j'avais les mains bien trop prises pour faire quoi que ce soit. C'est un peu pour ça également que je venais de me rapprocher d'Indiana : pour ne pas trop avoir froid. C'est qu'elle tenait assez chaud, en fait.

Néanmoins, cette position n'était certainement pas des plus agréables, ni pour elle ni pour moi. Et ma volonté première n'était pas de lui tordre les bras en les croisant dans son dos. Alors, sans les lâcher, je les lui décroisai et les lui recroisai sur son bassin, comme pour lui faire un câlin. C'était une manière de la rassurer : bien que l'envie et ma mauvaise conscience me hurlaient de lui faire du mal, je gardais une part d'humanisme qui me chuchotait de ne rien lui faire. Puis j'embrassai à plusieurs reprises son cou et son épaule. Pour la même raison, peut-être. Mais surtout par envie, il faut l'avouer.

"Oh non moi je sais moi, elles elles nous font voler mais elles, elles volent pas elles !" Ahah. Très drôle. Il en rit. Un rire à vous en glacer tout entier. Un long frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. Ce mec est vraiment flippant des fois. C'est assez horrible, dans un sens, même. Mais ça ne m'empêche pourtant pas de rester avec lui. Cherchez l'erreur.

"Non mais franchement, tu crois vraiment que je vais me faire avoir encore une fois ? Je vais pas te lâcher, tu risquerais de tout balancer par la fenêtre." Et mince. Même pas assez con, même bourré. Dommage, on aura essayer. Et puis moi, balancer ses amours par la fenêtre ? J'oserais pas, voyons, c'est mal me connaître, tout de même... A la suite de ces phrases, je sens qu'il resserre ses doigts autour de mes poignets , je serre les dents, me redressant un peu plus. Pas les poignets, pas plus fort que ça. Déjà, là, ça fait bien mal. Et il ne serre pas, comparé à l'autre fois. Là c'est vraiment rien. Mais mes pauvres poignets ne s'en sont pas encore remis. Il me reste encore quelques marques. Celles qui étaient bien bleues ne se sont pas encore effacées. Heureusement que nous sommes en hiver, je vous dis. Je me vois pas porter un pull en plein été, non, pour ne pas que l'on voie que je suis blessée. Et non, tout mais pas ça. Il peut serrer plus fort, en me demandant de lui redonner ses joujoux, je crois que je serais capable de lui rendre. Mais faut pas. Non.

Keith laisse retomber mes bras sans pour autant les lâcher, les recroisant devant, sur le bas de mon ventre, comme s'il voulait me prendre dans ses bras. Sans compter ce que j'ai dans les mains, ça aurait pu être vraiment sympa. Puis je sens ses lèvres dans mon cou, sur mon épaule, plusieurs fois. Et, à chaque fois, un frisson me parcourt. De la tête au pied. Et je crois que ce n'est pas le froid, bien que la température ne s'arrange pas avec le vent.

Sans vraiment que je m'en rende compte, mes doigts se desserrent autour des trésors de Keith, que je finis par échapper. Et voilà quand on est plus attentif. Bordel. Tu voulais bien lui rendre aussi. Non. Si. Oui mais non, non je veux pas lui rendre. T'y aurais fait plus attention, sinon, Indi. Peut-être un peu, alors. Mais vraiment juste un peu. Tout tout petit peu.

- Merde, je laisse échapper.

J'ai perdu. J'ai perdu. Ah que ça m'agace.

Premier frisson. Puis un autre. Et encore un. Un à chaque fois que mes lèvres entraient en contact avec sa peau. J'osai donc espérer que le froid n'y était pas pour grand chose, le contraire m'aurait étonné. Première victoire face à Indi Jolie. Je sentis également ses doigts se desserrer petit à petit. Puis, un petit bruit vint frapper mes oreilles ; un bruit de petit objet tombant au sol. Mais je n'en étais pas certain. Néanmoins, le "merde" que laissa échapper Indiana confirma mon hypothèse : "mes copines", comme elle les nommait si bien, venaient de signer leur sortie de prison. Elles étaient enfin libres. Seconde victoire face à Indi Jolie. Je commençais presque à y prendre goût, haha.

Je souris face à ce double triomphe, desserrant légèrement les poignets de la demoiselle. Puis j'envoyai précipitamment valser du pied les deux objets du scandale sous mon lit. Qu'on n'en parle plus. Bien que cette dispute, comme toutes les autres, ne m'avait pas vraiment déplu, au contraire même. Mais il ne fallait pas, ça non. Plus de dispute, plus de violence... Sauf que sans tout cela, l'ennui ferait rapidement surface dans cette relation... Atypique.

Par la suite, je chuchotai un simple petit "merci" à son oreille. Certes, ce qu'elle venait de faire était très probablement involontaire et incontrôlé, mais tout de même. J'embrassai tendrement sa tempe, histoire de la remercier encore. C'était triste à dire, mais je lui étais vraiment reconnaissant d'avoir tout lâché. Sans cette réserve, les jours qui suivaient auraient été très douloureux.

Puis, un second bruit, bien plus violent, vint emplir la chambre : une bourrasque venait de pénétrer dans la pièce, faisant tomber à son passage quelques affaires. Manquait plus que ça. Je fermai les yeux et pinçai les lèvres, priant pour que les voisins n'aient rien entendu. A contre cœur, je lâchai Indiana dans un long soupire d'agacement et allai fermer la fenêtre, pour éviter la récidive.

Je le sens sourire dans mon dos. Je le sais, je le vois, je l'entends. Il est fier. Il a gagné, et il le sait. Trop facile. Beaucoup trop facile. Il ne gagnera plus. A lui, de jouer le faible. J'ai plus envie d'avoir ce rôle. Je serai la gagnante, à présent.

Les doigts de Keith se desserrent peu à peu, libérant un peu plus mes poignets. Puis un glissement. Il a envoyé valser ses petites-amies. Ça me flatte. Qu'il préfère être avec moi qu'avec ses copines, là, qui lui font certainement plus de mal que ma main dans sa figure. La prochaine fois, je ne lâcherai pas le morceau aussi facilement. La prochaine fois je serai plus maline. Indiana. Tu sais ce que tu risques, si tu t'obstines. Oui. Mais... C'est plaisant. Même s'il faudrait pas. Non, faut pas. C'est mal. Je devrais pas aimer qu'il me touche pour me faire du mal, qu'il me crache des menaces, non. Faut pas.

Il me murmure un merci à l'oreille, venant ensuite m'embrasser sur la tempe. C'est ça. Remercie mon petit. Je voulais pas. Je voulais pas et t'as gagné. Il a triché, il a triché. C'est simple, vas y que je te distraits et paf, tu me rends ce que je voulais que tu me donnes. Trop simple. Y a pas d'armes connues contre les baisers dans le cou. Par contre, celui qui l'invente, je me marie avec, je vous jure. Je souffle, agacée d'avoir perdu. Mais heureuse qu'il ne m'ait pas lâchée. Pour le moment.

Ce qui ne tarde pas à arriver. Un courant d'air s'engouffre dans la pièce, renversant quelques trucs au passage, pour bien montrer qu'il a emmerdé son monde. Donc, suite à ça, Keith me relâche totalement dans un long soupir, allant fermer la fenêtre pour ne pas que ça recommence. J'espère juste que le couillon qui surveille l'étage ne va pas venir nous enquiquiner. Sinon je vous assure que je le...

« Y a quelqu'un ? »

Tue. Réflexe, je retiens un instant mon souffle, immobile, plaquant automatiquement ma main sur la bouche de Keith, non loin de moi. Un bruit de plus et on se fait choper. Malin. Bravo le vent. J'aime pas le vent, bordel de merde. L'abruti de l'autre côté de la porte, essaie de tourner la poignée. Heureusement, Keith l'a fermée à clé. Sinon, là, on serait bien dans la merde. Un soir, à cette heure-ci, à deux dans cette chambre, alors qu'on est bien bourrés, ça peut mener à certaines conclusions. Dont une particulièrement justifiée. Hop, là, changeons de sujet huhu.

Les pas s'éloignent peu à peu, alors que je reprends mon souffle, m'appuyant contre le mur après avoir lâché Keith. On a eu chaud. Très très chaud. Même si là j'ai plutôt froid. Très très froid. Faut qu'il me réchauffe, le mignon. C'est de sa faute, si j'ai ouvert la fenêtre. Il avait pas qu'à me tenter, là, avec ses copines dans ses chaussures. Tu dérailles, ma pauvre Indi, va te coucher. Non, pas maintenant. Le meilleur reste à venir. Elle a encore été victime d'une saute d'humeur ou c'est moi, là ?

- On a eu chaud, là. Enfin, il fait plutôt froid mais..., je commence tout bas.

Mais ? Mais tu le sais très bien, oh. Je l'ai dit : il va me réchauffer. Va te coucher, Sherwood, avant que je me fâche. J'ai peur, oulàlà.

On entendit alors des pas dans le couloir. Le surveillant de l'étage, sûrement. Puis, derrière la porte qu'on tentait d'ailleurs d'ouvrir, un voix demanda s'il y avait quelqu'un. Tétanisé, je retins mon souffle, écarquillant les yeux. Indiana en fit de même, plaquant sa main sur ma bouche pour que je me taise. Merci, j'étais bien conscient qu'il ne fallait faire aucun bruit à ces instant, inutile de me le faire comprendre. J'avais encore conscience de mes actes, même avec un léger coup dans le nez... Léger, ou pas huhu. Bien que je commençais légèrement à dessoûler. Dans ce genre de situations, c'était préférable justement.

Toujours est-il que sa main fraîche posée sur mon visage me permit de conclure qu'elle n'avait pas particulièrement chaud. La pauvre. Pour ma part, le froid qui avait empli la pièce ne me faisait plus aucun effet, premièrement grâce à l'alcool qui réchauffait le corps, mais aussi grâce, ou plutôt à cause de la petite frayeur du surveillant.

Ce dernier avait finalement abandonné, voyant que la porte était fermée à clé. Comme quoi, l'engueulade avait eu du bon, apparemment. Il faut dire que, s'il nous avait repéré, on aurait bien été dans la merde. Renvoi au moins temporaire, et surtout : panneau d'affichage. Ou devrais-je dire mur de la honte, ou de la réputation qui colle comme un chewing-gum usagé sous une chaussure. Enfin bref. Le principal était que le surveillant fit le chemin inverse, nous laissant tranquilles.

Indiana s'appuya alors contre le mur après m'avoir lâché. "On a eu chaud, là", commenta-t-elle. Elle n'avait pas tort. Vraiment chaud. J'acquiesçai en hochant la tête, les yeux dans le vide en imaginant ce qu'il se serait passé si la porte n'avait pas été fermée à clé. Très très très chaud en effet.

"Enfin, il fait plutôt froid mais..."

Fallait-il y voir une avance ? Une volonté de quoi que ce soit ? Elle l'avouait presque enfin, à demi-mot. Troisième victoire face à Indi Jolie. Enfin, je crois, huhu.

- Mais... ?, fis-je pour reprendre sa phrase inachevée, tout en avançant vers elle, avec un sourire, et en attrapant ses mains froides pour les réchauffer.

"Mais... ?" veut alors savoir Keith, s'approchant de moi et attrapant mes mains. Ouf, effectivement, Monsieur Leréchauffé a les mains sacrément plus chaudes que les miennes. Ça fait du bien, un peu de chaud. S'il est partout chaud comme ça, je vais pas partir de si tôt. Indiana, je déconne pas, sors de là avant de faire n'importe quoi. Tu rigoles ? Ce mec est une vraie chaudière, et puis... Et puis là je veux pas partir, zut. C'est comme si je te demandais 'tu préfères passer une nuit au Pôle Nord ou bien au chaud dans ton lit ?'. La réponse est évidente. Ben vas y donc, dans le lit bien au chaud, Indi. Je vais me gêner, tiens, c'est bien ce que je comptais faire. Dans le tien, de lit. Alors là, par contre, rien n'est moins sûr huhu.

Je souris légèrement à Keith, me décollant du mur pour me redresser, me rapprochant de lui. Caressant doucement ses mains de mes pouces encore frais.

Et comme après chaque dispute, Indiana finissait dans les bras de Jake. Toujours. Il pouvait l'avoir giflée, il s'excusait après et tout rentrait dans l'ordre. Elle retombait dans ses bras, ils s'embrassaient et tout était oublié. Indi n'a jamais été rancunière avec lui. Elle l'aimait, c'était la seule chose à laquelle elle pouvait se raccrocher lorsque son frère lui manquait. Il y avait sa tante, bien sûr, mais ce n'était pas pareil. Jake l'aimait différemment, bien entendu, et lui apportait des choses tout aussi différentes. C'était l'homme de sa vie. Et ça l'est sûrement encore maintenant. Sauf qu'on dirait qu'il a changé d'identité, qu'il a changé de corps. Et elle a l'impression de le détester, de le haïr. Mais on ne peut haïr que ceux que l'on a aimé profondément.

- Mais tu as l'air d'être plus réchauffé... Tu ne veux pas... Partager ton chaud, Keith ?

M'approchant encore un peu plus, je me hisse sur la pointe des pieds pour être à son niveau, mon nez touchant presque le sien.

Indiana se décolla du mur en me souriant, puis caressa doucement mes mains de ses pouces. Je lui rendis donc son sourire. Puisqu'il ne s'agissait pas de ce fameux sourire que je déteste tant, aussi narquois et venimeux qu'irrésistible. Non, il était à présent simplement aguicheur, bien moins détestable, mais toujours aussi irrésistible en fait.

Se dressant sur la pointe des pieds pour arriver plus ou moins à ma hauteur, elle approcha son visage si près du mien que nos nez se collaient presque l'un à l'autre. Puis elle me proposa, je cite, de "partager mon chaud". Je souris un peu plus face à cette demande. Puis je m'approchai à mon tour de son visage, si bien que mes lèvres allèrent effleurer les siennes. J'allais presque l'embrasser lorsque... Finalement, non.

Ahah, et puis quoi encore ? J'étais juste à bonne température. Elle n'avait qu'à ne pas ouvrir la fenêtre quelques minutes auparavant, elle n'aurait pas eu froid dans ce cas. Et puis c'était trop facile. De lui donner ce qu'elle voulait directement. J'entends par là qu'elle avait le don pour trouver ce qui m'énervait, apparemment. Me voler mes affaires notamment. A mon tour. A moi de me venger en la faisant patienter un peu dans ses grelottements.

Sans un mot, je lâchai ses mains et reculai sans la lâcher du regard, lui lançant un clin d’œil narquois, le sourire toujours accroché aux lèvres. J'en aurais eu envie, c'est vrai ; mais cette volonté de l'agacer était plus forte. Aussi, la facilité ne m'intéressait pas. C'est en patientant et en galérant que l'on apprécie au maximum le résultat final. Tout comme on apprécie d'autant plus une douche brûlante après un long moment passé sous une pluie frigorifiante.

Je m'écrasai alors sur mon lit sur le dos pour me détendre les os. Je n'étais pas fatigué, mais le fait de s'allonger était vraiment agréable après la soirée passée. Je m'étirai longuement les bras, puis les croisai derrière ma tête, ne quittant toujours pas Indi jolie de mon œil malicieux.

Suite à ma demande, le sourire de Keith s'élargit, et son visage s'approche un peu plus du mien, jusqu'à ce que ses lèvres effleurent les miennes, me faisant frissonner. Je sentais qu'il s'approchait un peu plus quand plus rien. Plus rien. Du tout. Cet abruti s'est écarté, a lâché mes mains et a reculé jusqu'à son lit.

Il se fout de moi. Il se fout de moi. Il se fiche de ma gueule, là. Ah bordel de merde j'ai horreur de ça. Pourquoi il a fait ça, ce stupide idiot ? Ça m'énerve. Depuis quand on me fait ce coup là, hein ? Depuis quand, tu peux m'le dire ? Il a voulu jouer Indiana, comme toi. Moi j'ai jamais joué, je te signale. Ah oui ? Et ses doses que tu lui piques, ce n'est pas un jeu ? Si mais c'est différent. Je me suis écartée ne serait-ce qu'une fois quand il voulait que je l'embrasse ? Non, il ne ne semble pas. Donc c'est pas le même jeu. Si, je te jure. Quand tu lui voles des trucs, tu veux l'agacer - je dirais même le rendre fou - et quand il s'est écarté, il voulait en faire de même avec toi. Là, tu vois, il va vraiment se rendre compte que tu supportes pas ne pas avoir ce que tu veux. Il t'a piégée. Il ne m'a pas piégée. Non, à peine.

Je grogne, croisant les bras en m'appuyant contre le mur. J'vais pas me faire avoir. Ah si, c'est déjà fait. Merde, voilà. Et j'ai qu'un seul mot qui me vient à la bouche là.

- Enfoiré, je souffle.

Keith se laisse tomber sur son lit, toujours avec son fichu sourire scotché aux lèvres. S'étirant, il finit par croiser ses bras derrière sa tête, ne me quittant toujours pas des yeux. Je vais le... Tuer. Tu vas le tuer, torturer, massacrer, couper en morceaux, ce que tu veux, et pas autre chose.

Je serre les dents, fixant Keith. D'accord. Très bien. Il veut jouer ? On va jouer. Il ne me donne pas ce que je veux ? Il ne risque pas d'avoir ce qu'il veut non plus. Alors là, il peut courir. Voler, sauter, planer, il peut tout, il n'aura pas ce qu'il veut. Ça va pas te plaire non plus. M'en fous, tant que je peux l'emmerder aussi. Je m'approche de Keith, me plantant devant lui, les bras toujours croisés.

- Tu te fous de ma gueule, Keith ?

Je laisse retomber mes bras, m'allongeant sur le côté, à côté de lui. Je me redresse, me penchant au-dessus de lui, m'appuyant sur mon coude. Je m'approche un peu plus, et c'est au tour de me lèvres d'effleurer les siennes.

- Pas partageur, Keith ? Tant pis.

Tant pis ? Tu veux abandonner ? Il a joué, je veux voir s'il est content de ce qu'il a gagné. C'est pas comme ça que t'auras ce que tu veux, Indi. Ce que je veux c'est lui faire payer le fait de ne pas m'avoir embrassée lorsqu'il le pouvait. Il m'a enquiquinée, à mon tour, maintenant. Il va voir ce que ça fait, d'attendre quelque chose de quelqu'un, que cette personne va le laisse espérer, et pour, au final, ne rien lui donner du tout, à part un foutu frisson.

Comme prévu, Indiana prit mal le fait que je m'éloigne soudainement. Trop facile. Une victoire de plus. Je la sentis s'agacer, lorsqu'elle serra la mâchoire et qu'elle me lança une insulte en pleine face. Je ne me vexai pas pour celle-ci : elle prouvait tellement bien ma réussite.

Elle s'approcha alors du lit, les bras croisés, toujours aussi agacée. Puis elle me demanda si je me foutais d'elle. Oh non, si peu. A peine, même. Mais c'était tellement amusant de la voir dans cette situation. Comme je suppose qu'elle riait bien en me faisant sortir de mes gonds en me volant mes affaires. Sans dire un mot, puisqu'elle était certainement au courant de la réponse, je continuai à la fixer d'un œil passionné, le sourire narquois toujours ancré au visage. Le genre de choses qui peut avoir le don d'énerver.

Contre toute attente, elle s'allongea à mes côtés. Imprévisible un jour, imprévisible toujours apparemment. Puis elle approcha à son tour ses lèvres si près des miennes qu'elles les effleurèrent. Ce qui m'arracha un frisson.

"Pas partageur, Keith ? Tant pis.", me dit-elle.

Je ne répondis toujours pas, la dévisageant sans m'en lasser. Mon sourire s'élargit un peu plus. Elle se rebellait, en quelque sorte. C'était ce que je voulais voir. Moins de facilité, plus de mesquinerie. Puisque, forcément, elle se vengeait de ce que je venais de lui faire, en me faisant exactement la même chose. Mesquin. Mesquin mais bien joué.

Je retirai alors une main de sous mon crâne et la glissai sur le bas de son dos pour l'attirer tout doucement et délicatement vers moi. Continuons à jouer à s'arracher les frissons sans obtenir ce que l'on voulait avoir.

Ou pas. Trêve de plaisanteries, je décidai que le jeu devait s'arrêter là où on en était. Autant terminer sur un ex-æquo, pour que tout le monde soit satisfait. Ne retenant plus aucune envie, ni les miennes ni les siennes je suppose, enfin, je l'embrassai soudainement.

Suite à mes différentes réactions, rien. Keith ne fait rien, ne dit rien. Il reste couché, là, sur son matelas, à me fixer avec un sourire, qui s'agrandit un peu plus à chaque fois. Ça m'énerve encore plus, quand on ne me répond pas, qu'on reste là à me regarder. Je vous assure, j'ai horreur de ça. Surtout le fait qu'on ne me réponde pas, comme si on m'ignorait. Je déteste l'ignorance. Dans d'autres circonstances, ça peut faire extrêmement mal, une chose pareille. Mais pas là, c'est sûr. Ici ce n'est qu'un jeu. Mais c'est tout aussi agaçant.

Et son manque de réaction aussi, il m'énerve. Même face à l'insulte que j'ai lâchée, il ne m'a rien dit. Rien. Nada. Y a rien de plus énervant qu'un adversaire qui ne réagit pas. Et moi, ça, ça me fait réagir dix fois plus, donc ça m'agace encore plus. C'est un cercle vicieux. Et c'est assez horrible.

Il n'y a que lorsque je m'allonge à côté de lui et que mes lèvres effleurent les siennes que Keith bouge. Enfin. C'est pas trop tôt, quand même. Depuis quand on ne réagit pas à ce que je fais, hein, depuis quand ? J'aimerais le savoir. Sa main, qui était avant sous sa tête, vient se placer dans le bas de mon dos, m'approchant un peu plus de lui, tout doucement. Je pose ma main libre sur son torse, m'appuyant légèrement dessus.

Visiblement, ce jeu agace aussi Keith. Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit - c'est-à-dire gagner la bataille, vu qu'il y a maintenant un point partout - il m'embrasse soudainement. J'ai gagné. Je n'ai pas cédé en premier. C'est trop bon, de gagner. Je gagne toujours, ce serait presque ennuyant à la fin. Quoique là j'ai bien cru que j'allais... Perdre. Bref. Ma main remonte le long de son torse, allant caresser son cou, toujours plus chaud que mes doigts encore bien frais.

J'avais perdu. Plus ou moins. En perdant, je gagnais quand même sa présence à mes côtés. Si les défaites étaient toujours les mêmes que celle-ci, j'accepterais plus souvent de perdre huhu. Et puis, finalement, elle ne me repoussait pas, ce qui, en soi, était une petite victoire, en fait.

La main qu'elle avait précédemment posé sur mon torse vint se glisser sur ma nuque. Ses doigts encore froids me firent l'effet d'une décharge électrique au contact de ma peau. Mais rien de bien désagréable. Juste un frisson. Mais un frisson assez intense pour parcourir toute ma colonne vertébrale.

La main que j'avais précédemment posé sur le bas de son dos, quant à elle, se promena le long de son échine et s'arrêta enfin entre ses deux omoplates. Elle vint à la rencontre de la fameuse fermeture éclair tant appréciée des yeux de tous ; les miens les premiers. Elle l'ouvrit alors un peu, puis un peu plus, et encore un petit peu. Pas entièrement, aux deux tiers environ je crois. C'était largement suffisant pour qu'elle s'y glisse. La peau d'Indiana y était bien moins froide, et très douce aussi.

La main qui se tenait jusqu'alors sous ma tête, s'y délogea et se faufila vers le cou de la belle Indi jolie, pour enfin se glisser dans sa nuque et caresser ses doux cheveux bruns. Je ne pensais à rien en particulier à cet instant, je ne réalisais même pas ce que j'étais en train de faire. Je ne pensais pas non plus au panneau d'affichage qui devait certainement nous attendre de pied ferme, ni même au risque que le surveillant de l'étage revienne avec un double des clés. Enfin, je ne pensais plus à quelle réaction nous aurions l'un envers l'autre les jours à venir. Non, je ne pensais pas à grand chose. Je profitais simplement du moment, sans me méfier des conséquences. Qui vivra verra, dit-on.

[inutilitébonjour]

Je sens Keith frissonner alors que mes doigts frais caressent doucement son cou bien chaud. Et d'un point de plus. Encore. Pour changer, je gagne. Et à force, je commence sérieusement à m'y habituer. Et généralement, une fois que j'ai pris une habitude, je fais tout pour que ça en reste une. Sinon, comprenez, ce n'est pas vraiment amusant. Et je veux surtout pas que Keith gagne. Si je veux que quelqu'un perde, c'est bien lui. Je l'habitue déjà à perdre contre moi, puisqu'il ne remportera plus aucune manche.

La main de Keith commence à remonter le long de mon dos, pour venir s'arrêter entre mes deux omoplates. Et hop là. Et encore. Et puis on continue un peu avant de s'arrêter. Il vient de d'ouvrir la fermeture éclair de ma robe. D'abord un peu, puis encore un peu, et encore un peu. A la fin, elle est quasiment ouverte entièrement. Pour tout dire, elle est seulement fermée de moitié, à peu près. Puis il glisse sa main dans mon dos. Il a peut-être, par contre, la main plus fraîche que mon dos. Surtout, Indi, te redresse pas sans tenir ta robe. Sinon tu finiras en sous-vêtements. Tu crois que je compte partir ? Oui. Raté. Je crois pas. Hein ?

L'autre main de Keith vient se glisser dans ma nuque, caressant mes cheveux. Je quitte ses lèvres, pour pouvoir l'embrasser sur la joue, puis dans le cou, tandis que mes doigts descendent le long du col de sa chemise, voulant lui faire 'payer' pour la fermeture. J'ai pu constater que les boutons de chemise se défont facilement, est-ce que c'est le cas pour la sienne aussi ? Nous allons voir ça et...

"Voulez-vous que je vous aide ?"

Je sursaute, me redressant d'un coup, manquant d'ailleurs de rattraper cette foutue robe. Qu'est-ce qu'il fout là, le surveillant, planté dans l'entrée, tu veux me le dire ? Je pense qu'avec son joli trousseau de doubles de clés, il a ouvert la porte, et il est venu vous interrompre. Non, tu crois ? Pffff. Et puis non, non et non. On a pas besoin d'aide, on se débrouille bien tout seul, bordel. Je grogne, regardant le bonhomme à la porte, prenant ensuite mon joli sourire.

- Personnellement, je crois qu'on va très bien s'en sortir sans vous. Vous dérangez là.

Une fois dans ta vie, juste une fois, t'aurais pas pu te taire. Non. J'ai horreur qu'on m'interrompe, surtout dans des moments pareils. Surtout maintenant bordel de merde ! Je serre les dents, avant de me rasseoir sur le matelas.

"Serait-on insolente ?"
- Moi ? Autant que vous êtes frais, visiblement.

Indiana ! Beh quoi, il a l'air bien bourré, j'y peux rien. On ne parle pas comme ça à un adulte. Je suis aussi une adulte alors. Aux plus vieux que soi. Oui Tata. Tsss.

"Allez vous coucher, jeune gens."
- Mais bien sûr. Et allez voir si l'air est plus respirable ailleurs.

Le surveillant éclate de rire avant de sortir de la chambre, renfermant la porte derrière lui. Je grogne. Comment casser l'ambiance ? Appelez le mec de votre internat alors qu'entre vous et votre pote ça commence à se réchauffer, vous pouvez être sûr du résultat. Et bordel de merde. Je souffle, croisant les bras sur ma poitrine, retenant ainsi ma robe par la même occasion, ce serait bête qu'elle tombe.

Les lèvres d'Indiana se promenèrent sur ma joue, puis le long de mon cou, tandis que sa main passait de mon col au premier bouton de ma chemise. Ahah, pourquoi pas. Je souris. Les frissons titillaient ma peau, et sa main qui allait ouvrir ma chemise m... Ne l'ouvrit finalement pas, interrompue par un élément perturbateur :

"Voulez-vous que je vous aide ?"

Le surveillant de l'étage, visiblement bien cuit. Encore plus cuit que nous tiens. Eh merde. Indiana sursauta, manquant de faire tomber sa robe ; je sursautai également dans le même temps, retirant mes mains de leurs locations.

Je m'attendais à ce qu'Indiana récupère vite fait ses affaires et se barre discrètement pour qu'on oublie tout, me laissant seul avec la poche à vinasse et ma frustration. Je m'en trouvai presque honteux face à tant de naïveté. Au lieu de s'enfuir, l'Imprévisible Sherwood refit surface. Elle répondit avec tact au surveillant, lui affirmant qu'on n'avait pas vraiment besoin de son aide. J'étais bien d'accord avec elle, en effet on se serait bien passés de sa présence ; mais de là à le lui avouer ainsi, non. Elle recommençait, comme la dernière fois, dans la ruelle, avec les dealers. Malgré le risque, elle n'hésitait pas à faire entendre sa voix et son mécontentement. J'espérai simplement à cet instant ne pas avoir à nouveau à subire les conséquences de ses actes, à payer les pots cassés.

S'en suivit alors une courte discussion entre les deux protagonistes, durant laquelle la jeune femme se rassit sur le bord du matelas, tenant toujours sa robe comme elle le pouvait. Courte, mais musclée. Par chance, l'incompétent était si saoul qu'il quitta rapidement la pièce dans un éclat de rire, sous les ordres d'Indiana.

Un blanc suivit. Je me sentais blasé par l'ambiance cassée, mais aussi et surtout encore choqué par la réaction de ma voisine. Je la fixai quelques instants, d'un regard noir accusateur, qu'elle n'eut pas l'occasion de voir, puisque j'étais assis dans son dos.

- T'es complètement dingue, sérieux, lui dis-je sèchement au bout d'une ou deux minutes. T'as vraiment eu de la chance qu'il ait été bourré.

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"High off of love ; drunk from my hate." [Keith&Indiana]

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