Avoir 18 ans c'est pas tout les jours ! Venez en boite ! [Ouvert a tous]

Shelby

J'avais entendu parler de la fête d'anniversaire de Meredith, le mannequin qui est arrivé à Enamor. Tous les élèves d'Enamor étaient invités, et j'avais donc la chance de pouvoir aller à cette fameuse soirée ...

On est le 25 décembre, je devrait être en famille pour fêter Noël, mais ma mère se trouvait à dans l'Océan Pacifique, en Australie, probablement dans son "antre" qui se trouve au sous-sol de la charmante maison ou nous vivions tous heureux il y a des années ... Allez savoir ce qu'elle fait au sous sol ... Pourtant c'est très simple, c'est là bas qu'elle se pique, qu'elle se drogue, qu'elle boit, qu'elle fume, enfin tout ce que vous voulez quoi. Et mon père est avec mon père en Amérique du Sud pour l'instant, et je n'avais vraiment pas envie de me taper l'avion pour aussi peu de temps. Donc je passe Noël seule, pour la première fois. Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'à ce que j'apprennes pour la fête de Meredith, à laquelle je DOIS assister !

J'avais donc était m'acheter une robe magnifique avec ma carte bleue sur laquelle mes 2 parents me versaient pas mal d'argent ... Une belle robe, assez simple au niveau des dessins, d'un beau vert qui s'accordait très bien avec mes cheveux je trouve. Elle mettait en valeur les formes (bien placées) que j'avais, ce qui était un avantage pour moi. Je m'étais maquillée, coiffée et avait choisi quelques bijoux qui allait avec ma tenue.

La soirée se déroulait dans une boîte, non loin de l'université. Je ne mis alors pas longtemps pour arriver au lieu de la fête, devant l'entrée, un vigil se tenait debout, on aurait dit qu'il avait un balai dans ~~le cul~~ les fesses qui le maintenait droit comme il était. Il demanda à fouiller mon sac, je lui montrais, il n'y avait à l'intérieur que mes clés, mon gloss, un paquet de chewing-gum, mon téléphone portable, ainsi que d'autres accessoires, mais rien d'illégal en tout cas. Le vigil lâcha mon sac mais je vis quand même son regard quelque peu insistant s'attarder sur moi ... Je pénétrai dans la boîte tranquillement, c'était vraiment grand et vraiment beau. Il y avait déjà pas mal de monde à l'intérieur ... Je me sentais un peu petite et perdue aussi, il allait falloir que je trouve quelqu'un pour parler. Si j'avais de la chance, Jérôme serait là ... J'avais passer une bonne partie de la journée avec lui la dernière fois, et j'avais passé vraiment un bon moment !

Je donnais mon blazer à une femme pour qu'elle aille le déposer dans un casier, elle me donna en échange un numéro, le 28. Je marchais tranquillement dans la boîte, à la recherche de quelqu'un à qui parler. En fait, j'attendais plutôt que quelqu'un viennes me parler, j'aime prendre les devants, mais là je me sentais vraiment perdue ... Peut-être que j'aurais même l'occasion de parler avec Meredith, je n'avais pas voulue me ramener les mains vides, et lui avait acheté un beau bracelet en or avec des pierres, j'espérai que ça lui plairait, on verra bien !

- Keith -

Indiana passa sa main sous le col de ma chemise. J'avais beau ne pas avoir particulièrement chaud, ses doigts froids posés sur mon dos me crispèrent un court instant les muscles. C'était à la fois agréable, désagréable. Comme des chatouilles, huhu.

Elle se rapprocha à nouveau un peu plus. Il aurait maintenant été difficile de se retrouver plus près l'un de l'autre. Elle remonta également sa main le long de ma nuque. Le choc de température, bien que finalement peu important, me procura à nouveau quelques frissons. Pour changer, tiens. Le chaud, le froid, les événements... J'avais ma dose de chair de poule là, haha.

L'une de mes mains quitta alors ses hanches pour voyager le long de son dos. Elle remonta doucement sa colone vertébrale, et vint enfin à la rencontre de la fermeture de la robe. Maintenant que nous étions seuls, elles allaient pouvoir faire connaissance, si vous voyez ce que je veux dire. Enfin je n'avais pas de mauvaises intentions, évidemment. Je voulais simplement me "venger" de ses doigts glacés dans le col de ma chemise, huhu. J'ouvris alors légèrement et avec toute la délicatesse du monde cette fermeture. Juste un peu. Et y passai ma main pour la réchauffer. Dans un même temps, mes lèvres se décollèrent des siennes et partirent à leur tour en expédition. J'embrassai alors Indiana en dessous de la mâchoire, descendis le long de son cou et rejoignis la douce peau de son épaule.

Indiana.

Je sens les muscles de Keith se tendre alors que ma main passe sous le col de sa chemise. Ahah, oui, j'ai les mains fraîches héhé. Même carrément gelées huhu. Le pauvre, je vais lui donner froid... Il frissonne, j'étais prête à remonter mes doigts lorsque je sens sa main glisser lentement le long de mon dos, qui s'arrête au niveau de la fermeture éclair de ma robe. Alors qu'il l'ouvre tout doucement, un petit peu, il détache ses lèvres des miennes. Puis Keith y glisse sa main, m'embrassant la mâchoire, descendant vers mon cou puis finissant par mon épaule.

Wouah. Il a les doigts gelés, ça m'arrache un long frisson, me faisant me redresser. Ouais, j'ai le dos sacrément plus chaud que le reste, huhu. Enfin, tout de même pas brûlant, mais plus chaud que son dos à lui, toujours. Ses baisers me réchauffent un peu plus le cou, tout le long.

Mais mais mais. Il m'a bien refroidie le dos. S'il veut jouer à ça, je vais gagner sans aucun doute. Il ne sait à qui il se mesure le mignon huhu. Je laisse retomber mes mains le long de son torse, lentement, finissant par glisser tout doucement mes doigts frais sous sa chemise après m'être écartée un petit peu, mais pas trop quand même, les baisers le long de mon épaule sont agréables, ne le cachons pas ce serait malhonnête.

J'esquisse un léger sourire, me mordant la lèvre, penchant la tête sur le côté pour ne pas que mes cheveux le gêne. Ce serait bête de le stopper maintenant, quand même... Personnellement, je trouve pas tant que ça, Indiana. Toi ça ne compte pas, ne t'en fais pas.

Léger bruit. Un peu plus. Le bruit se rapproche. Il s'approche et...

« Bonsoir, je vous dérange peut-être ? »

Je grogne, m'écartant de Keith. Mais oui, bien sûr que tu nous déranges, abruti. Retenez-moi, je vais me le faire le mec, là, je vous assure, je vais l'étrangler, l'étrangler et le... Le bénir. Hein ? Ouais. Tu vas bénir ce mec, pour la simple et bonne raison qu'il t'a empêché de faire n'importe quoi. Ouais, bien sûr, t'as vu la Vierge ou quoi, toi ? Indiana ! Quoi ? Redescends sur terre, bon sang ! Inutile de discuter, tsuh.

- A ton avis mon mignon ?

Je lui souris, hypocrite, croisant les bras tout en regardant cet imbécile. J'ai horreur de ça. J'ai horreur quand on fait ça. Quand on m'interrompt. Oh, ma pauvre chérie. Ta gueule toi. Oublie pas ta fermeture à moitié ouverte. Ouais, merci, je sais.

« Vous avez du feu ? »

Mes bras se décroisent tout seul. Pardon ? Cette endive vient de nous interrompre pour du... Du feu ? Il déconne le mec, là ? Je lui lance un regard noir, encore plus noir que le précédent, pourtant bien sombre.

- J'fume pas.

Je serre les dents, finissant par m'éloigner. Keith en aura du feu, il lui donnera, laissons-les entre mecs. Sage décision. Tu crois vraiment que c'est le moment, là ? Eh bien non mais... Non. Non. Pas de mais. C'est juste non. Alors la ferme.

- Keith -

Indiana retira ses cheveux de son épaule, pour éviter que je les mange sûrement, huhu. Je n'en demandais pas autant. C'était sympa de sa part. Puis elle passa ses mains froides, que dis-je, gelées, sous ma chemise. Directement dans mon dos. Moins sympa, ça, haha.

- C'est horrible, dis-je en riant tout bas, remontant à son niveau. T'as les mains gelées !

Je retirai ma main de son dos pour attraper les siennes et les retirer du mien. Je veux bien être tactile, mais le froid sur la peau en plein hiver, ça va un temps, huhu. J'aggripai alors ses poignets pour les éloigner de sous ma chemise. Ah... Non, pas les poignets. Je les lâchai rapidement pour éviter de nous rappeler de mauvais souvenirs, et pour éviter de lui faire mal. Puisque notre première rencontre ne remontait pas à si longtemps, donc ses blessures ne devaient pas être complètement parties. Je liai alors plutôt mes doigts aux siens, les bras le long de sa taille, et embrassai à nouveau ses lèvres.

Jusqu'à ce qu'un casse-ambiance ramène sa fraise. Il demanda s'il nous dérangeait. Oh, si peu. Indiana s'écarta, croisant les bras et souriant ironiquement, tout en lançant un regard noir au garçon. J'aurais pu en faire de même, mais j'étais encore un peu sous l'emprise du joint. Difficile donc d'extérioriser mon agacement. Mais Indi jolie s'en chargea à merveille.

Il demanda alors simplement du feu. Bien, il vient nous déranger. Pour du feu. Enfin, j'avais un briquet, alors autant le lui prêter. Alors que je foullais dans mes poches pour retrouver mon Zippo, Indiana répondit sèchement qu'elle ne fumait pas, avant de s'éloigner. Maaais... Mais ? Rho. Elle partait encore.

Je tendis alors précipitemment mon briquet à l'inconnu. Je voulais qu'il se dépêche. Non pas pour rejoindre la belle imprévisible, mais... Si, en fait. Sauf qu'il galéra à allumer sa clope. Ou plutôt son joint, apparemment, vu l'odeur. Afh... Il me proposa alors de partager. "Parce que sinon c'est pas convivial et c'est égoïste." Choix difficile. Soit je rejoignais Indiana, soit je me faisais un nouveau camarade. Difficile.

Je décidai finalement de couper la poire en deux. Je tirerais quelques taffs rapides avant de partir à la recherche de la fille.

Après quelques bouffées d'une cigarette magique fortement dosée, je me retrouvai la tête dans les étoiles, riant pour n'importe quelle idiotie. Je n'étais pas dans le meilleur état pour partir en expédition, mais je ne tenais pas à rester seul. A vrai dire, je ne tenais pas à rester seul sans cette chère Indi joliiiiiiiiie.

Indiana.

Keith m'avait fait remarquer dans un rire que j'avais les mains gelées. J'en avais sourit. Il avait alors attrapé mes poignets, et pour la simple raison que ça me rappelait étrangement une situation déjà vécue, mon corps fut parcouru d'un léger sursaut. Mais non, non c'était pas pour ça. La preuve, Keith avait lâché mes poignets pour prendre mes mains. Donc il y avait pensé aussi. Et il ne voulait sûrement pas que j'y pense non plus. Après avoir lié ses doigts aux miens, il m'embrassa une nouvelle fois.

Mais ça, c'était avant. Avant que ce poireau ne nous dérange. Il aurait pas pu demander à quelqu'un d'autre ? Y a pas QUE Keith qu'a un briquet, bordel. Non, y a pleeeeeein d'autres gens qu'ont un briquet dans cette boîte, là. Et ce chou fleur devait visiblement nous-me pourrir la soirée.

Maintenant j'ai froid, tsuh. J'ai froid et faut que je fonce dans cette masse de gens pour aller récupérer ma veste. Courage nous allons y arriver. On se motive. Ce n'est l'histoire que de quelques secondes. Bon, une ou deux minutes si on est pas emmerdé par des abrutis de première. Espérons la première option. Quoique la seconde pourrait être drôle huhu.

J'inspire un grand coup avant de rentrer à l'intérieur. Ouuh, il fait vraiment beaucoup plus chaud là. En même temps, même si les courants d'air réussissent à passer, avec tout le peuple saoul et défoncé qu'y a dedans, c'est sûr que la température monte d'un coup. J'arrive à me faufiler pour attraper ma veste, qui se trouve dans un coin de la pièce.

M'avançant vers le bar, je réussis à remonter seulement un peu la fermeture de ma robe. Déjà sobre, je galère pour la fermer, mais à moitié bourrée, je vous raconte pas... A moitié ? Quoi ? T'es pas à moitié bourrée, Indi, t'es complètement saoul ! Beh non. M'accoudant au comptoir, posant ma veste à côté de moi, je souffle, demandant un verre au barman.

Moi je dis que ça avait tellement bien commencé que ça aurait pas dû se finir comme ça. Quand j'y pense, quel bel abruti. Si je le recroise on fera pas sûrement ami-ami. Pfuh. Eh merde, ouais.

J'attrape mon téléphone pour regarder l'heure. Ouais, bon, on va pas tarder, nous. J'ai pas envie de rentrer à je ne sais quelle heure inimaginable. Faut que je dorme un peu, histoire de pas être trop épuisée. Et puis de toute façon, ça m'a vexée. Ouais, disons ce qui est. J'ai pas du tout aimé ça. Mais passons, on s'en fout. Finissant mon verre, je recule du bar avant de sortir de la boîte. Enfin d'essayer de sortir, vu le monde qu'il y a, j'atteindrai la sortie dans au moins vingt minutes, huhu.

- Keith -

Je retournai à la courette où nous étions précédemment, pour voir si elle n'y était pas. Après une brève inspection, pas de Indiana en vue. Elle devait probablement être retournée à l'intérieur de la boîte. Il faut dire que, depuis que nous nous étions lâchés, il faisait bien plus froid, huhu.

Je décidai donc de rentrer dans la boîte. J'enjambai quelques corps inertes allongés piteusement dans le passage, et trois ou quatre fumeurs qui me saluèrent sympathiquement. Pénétrant enfin dans la pièce, je sentis un choc thermique fulgurant: mon esprit passa subitement de "Bordel, je gèle" à "Qu'est-ce qu'on crève de chaud ici". Mais je m'engouffrai tout de même dans la masse humaine, ne lâchant pas mon but. Faisant en moyenne une tête de plus que tout le monde, j'observai les alentours à la recherche de la fille. Je la trouvai sans trop de difficulté, près du bar, à terminer un verre.

Elle semblait sur le départ. Ah mais non. Pas question. Ç'aurait été trop facile. Je poussai alors d'autant plus les danseurs pour me rapprocher le plus rapidement possible d'elle, alors qu'elle reposait son verre et se levait de sa chaise.

"Eh merde. Je vais pas réussir à la rattraper."

J'atteignis presque son niveau au bout de quelques temps de labeur. Par chance, elle était bloquée par l'amoncellement de personnes. Attrapant au passage un Magnum de champagne à peine ouvert mais dont les propriétaires étaient bien trop pleins pour le boire, j'agrippai enfin le bras d'Indiana et m'en aidait pour m'extirper de la foule.

- Tu comptais partir sans me dire au revoir Indi ?, criai-je à son oreille pour qu'elle m'entende à travers la musique.

Indiana.

Non pas que je sois impatiente mais... Si cette bande d'asperges pouvait se dépêcher à bouger ce serait bien. Je veux rentrer, en plus j'ai chaud. Et j'ai pas envie de rester plantée là pendant deux heures. Ça m'a dégoutée, cette affaire. Afh. Et le peu de réaction de la part du mec qui m'embrassait et qui me touchait aussi. J'avais beau vouloir juste m'amuser, n'empêche, c'est vexant. M'enfin, ça ira mieux demain, de toute façon. Même avec le gros mal de tête que je vais me payer avec l'alcool et la musique. Ofh...

Je crois que j'aurais dû rester aux dortoirs et bien pioncer huhu. Je souffle d'impatience, tapant le bout de mes doigts sur le côté de ma cuisse. Je sursaute lorsque je sens que quelqu'un a attrapé mon bras, je tire dessus pour me dégager et me retourne, découvrant alors Keith. Un Keith qu'a l'air encore dans les nuages, plus que quand on était tous les deux. Je suis sûre que le mec qui voulait du feu, c'était pour un joint. Et que mon très grand ami en a profité... Pfff. Désespérant.

Je lève les yeux au ciel alors qu'il me demande si j'allais le quitter sans lui dire au revoir. Enfin si "Indi" allait le quitter sans lui dire au revoir. D'un, ça me fait penser à notre première rencontre - encore - quand je me suis enfuie et qu'il m'a rattrapée. De deux, le fait qu'il m'appelle Indi me rappelle Jake. Généralement, c'était lui qui m'appelait comme ça, après ma tante. Ou Bee, comme Jordan. Enfin je vais pas vous énumérer tous mes ex copains. Bref, tout ça pour dire que Keith me fait penser à Jake. J'avais jamais fait le rapprochement avant. Mais Jake lui aussi, fumait. Et pas que du tabac. Jake aussi était violent. Sauf que Keith ne l'avait été qu'une fois, comparé à Jake. Mais on s'en fout aussi, c'est du passé, alors on y pense plus.

- Ouais, pourquoi ?

Je réussis à dégager mon bras alors que je vois qu'un passage entre le peuple s'ouvre. Je fonce à l'extérieur. Une fois dehors, J'inspire une grande bouffée d'air frais. Putain, choc de température. Il fait froid ici... Alors qu'à l'intérieur il fait une de ces chaleurs... A en devenir mal. Et pourtant je supporte quand même plutôt bien la chaleur. Enfin bref. Je regarde les différentes rues. Par où je suis venue moi huhu ? En même temps j'ai pris le taxi. Je me souviens encore du chauffeur qui louchait sur mes jambes.

- Keith -

Indiana leva les yeux au ciel à la suite de ma question. Puis me répondit que, en effet, elle comptait partir sans me dire au revoir. Je fis la moue. C'était pas très gentil, ça. Enfin je ne m'attendais pas à ce qu'elle me saute au cou en m'avouant que j'étais l'homme de sa vie, mais un peu de sympathie n'aurait pas fait de mal. Mais bon. Après ces quelques heures passées à ses côtés en comptant notre première rencontre, je pouvais aisément en conclure que la douceur et la reconnaissance ne faisaient pas partie de son vocabulaire. Après, c'était peut-être de l'ironie ; elle semblait justement y être familière.

Soudain, un passage s'ouvrit parmis le monde, nous permettant d'accéder à la sortie. Indiana dégagea alors ma main et profita du chemin pour foncer à l'extérieur. Ni une ni deux, je la suivis, attrapant un verre à une jolie demoiselle qui n'en aurait plus besoin.

Je me retrouvai enfin à l'extérieur. L'air frais me fit un frisson qui me parcourut l'échine. La bouteille dans une main, le verre dans l'autre, j'avais à peu près de quoi me faire un after. Sans compter ce qu'il me restait dans les chaussures, haha. J'observai ensuite autour de moi, pour retrouver mon chemin. Rien de bien compliqué, je crois. J'étais venu à pieds, je saurais à peu près me repérer.

A quelques mètres, Indi regardait dans la même direction que moi. Sans doute cherchait-elle également comment rentrer. Je me voyais mal la laisser retourner à Enamor seule dans cet état.

- A cette heure-ci c'est pas très conseillé de rester seule dans la rue, y a des gens pas très nets..., lui dis-je en me rapprochant d'elle et en buvant une gorgée du verre récupéré.

Indiana.

A droite à gauche ou tout droit ? Aller, faut que je me souvienne d'où le taxi est arrivé. Concentrons-nous. Je me vois parfaitement monter dans la voiture, remarquer le mec qui louche dans le rétro, puis descendre ici en lui balançant un billet à la tronche. De quel côté, après, bonbon. Eh merde. Avec un ou deux verres de moins je m'en serais souvenue j'en suis persuadée. Zut flûte et crotte.

La voix de Keith se fait de nouveau entendre, me faisant remarquer que ce n'est pas prudent de rentrer à une heure pareille seule, qu'il y a des gens peu fréquentables qui traînent sûrement dans la rue. Je me retourne, enfilant ma veste, pour pouvoir le voir. Il ne me lâchera donc jamais. Si je suis partie déjà, quand le mec est venu lui demander du feu, c'est que je voulais plus le voir, et je l'ai encore lâché tout à l'heure, qu'est-ce qu'il attend pour me foutre la paix, alors ? En même temps, il est bourré et shooté, donc c'est sûr qu'il ne doit pas comprendre grand chose, vu que déjà, en temps normal, il comprend pas forcément ce qu'on lui dit.... Alors dans cet état, j'imagine pas le temps de compréhension... Regardez le, avec son verre à la main. C'est pas possible, toujours une bouteille entre les mains. Ouais, effectivement, il m'y fait pensé.

- En tout cas ils seront certainement plus nets que toi. Au pire je taperai la discute au lampadaire., je réponds avec un sourire.

Tiens. Nous sommes revenus au sourire moqueur, narquois. T'as laissé tomber le sourire aguicheur et l'idée de tle faire, le drogué ? Ouais. Enfin pour le moment on dirait, plutôt. Bref. Dans un sens je voudrais bien que monsieur ne raccompagne, au moins je pourrais parler - ou pas - avec quelqu'un. Mais d'un autre côté, j'en ai franchement pas envie car y a toujours cette petite - enfin pas tant que ça - partie vexée de sa réaction inexistante de tout à l'heure et du fait qu'il ressemble à un ex et qu'il ne me foute pas la paix. Je suis très contradictoire là-haut, je sais, mais au bout d'un moment faut pas chercher, je suis comme ça. Je dis pas que je changerai pas, car avec mes quêtes d'humeur, on se méfie de tout, car je suis justement capable de tout. Mais aussi de n'importe quoi, avouons le.

- Keith -

"En tout cas ils seront certainement plus nets que toi. Au pire je taperai la discute au lampadaire", répondit-elle en souriant.

Shbim. En souriant de son sourire narquois. Celui qui me met hors de moi. Sauf que là, je n'étais pas du tout en état de m'énerver, son venin ne m'atteindrait pas. D'ici quelques minutes, probablement. Mais pour le moment non, je ris simplement. Un rien m'aurait fait rire, haha. Le pet était vraiment bien chargé, truc de dingue. Mais les effets se dissipaient petit à petit, mon esprit serait plus ou moins clair quelques instants plus tard. Enfin, façon de parler, haha.

Toujours est-il qu'elle sembla refuser que je la raccompagne. Je ris à nouveau. Elle croyait vraiment que j'allais la laisser rentrer seule ? La bonne blague. J'allais au même endroit qu'elle, et je serais en état de la défendre si des hommes ou des lampadaires mal intentionnés tentaient de l'approcher. J'avais beau être bien cuit, j'étais toujours parfaitement capable, en me concentrant bien, de gérer une situation délicate.

- C'était pas une proposition en l'air, mais une affirmation, répondis-je. Je te raccompagne, que ça te plaise ou non. Tu croyais vraiment que tu te débarrasserais de moi aussi facilement ?

Je ris encore une fois. En plus de ça, le chemin serait plus facile à retrouver à deux. Et si on se perdait, on ne serait pas seuls, ce serait moins angoissant. Nous avions donc toutes les raisons pour rentrer ensemble. Et, qu'on se le dise, un after seul, il n'y avait rien de plus triste et déprimant.

Indiana.

Fuh. Je vais devoir me coltiner ce lutin riant tout le long du chemin, pour la simple raison que monsieur veut absolument me raccompagner. Il peut pas rester là et me foutre la paix, le mignon ? Honnêtement, si jamais on croise quelqu'un de pas net, une pichnette et hop!, Keith se trouve par terre. Genre il agonise. Pfuh. Courage, ça va pas être trop long, la boîte est proche de l'école. Meredith avait tout prévu : pas trop près de l'établissement mais pas trop loin non plus, pour ceux qui sont à la limite de tomber par terre puisse rentrer chez eux. C'est vraiment pas une mauvaise idee. Bref, tout ça pour dire que lancer un petit pois sur l'assaillant reviendrait au même que de laisser Keith se mesurer à lui. Enfin cette phrase va dans le sens inverse mais c'est pas grave. Bref bref.

Je le regarde rire bêtement, me faisant remarquer comment j'ai pu être aveugle. Je ne sais pas du tout.

- C'est vrai que j'avais oublié à quel point les emmerdeurs me colle à la peau. Je lui souris encore, reprenant après un petit soupir et un haussement d'épaules. Tu me seras aussi utile que mes cours mais bon.

Picnikdouille. Bon, optons pour la rue de droite. Je croise les bras tout en marchant. De toute façon, c'est connu, tous les chemins mènent à Enamor. Et puis, maintenant que je l'ai avec moi, le gugusse, il me foutre sûrement un peu - beaucoup - de moi, m'enfin bon bref. J'espère aussi qu'on va pas croiser des gens mal intentionnés, sinon je suis dans la merde. Enfin, en gros, on est tous les deux dans la merde huhu.

- Keith -

A ses airs méprisants, la belle me faisait bien comprendre qu'elle ne voulait pas que je la raccompagne. Ahah, tant pis pour elle, je ne lâcherais pas. Je suis du genre tenace, voyez vous. De toute manière, elle n'aurait pas à me supporter trop longtemps : Enamor n'était pas bien loin de la boîte, nous y serions en quelques minutes. Un quart d'heure maximum, je pense. Ou plus, si l'on croisait quelqu'un. Mais nous n'allions croiser personne, huhu. Quoique.

"C'est vrai que j'avais oublié à quel point les emmerdeurs me collent à la peau.", répliqua-t-elle.

Re-Shbim. Les effets de la fumette commençaient à se dissiper, alors je pris moins bien cette remarque que la première. Enfin, je suppose qu'il s'agissait d'ironie. Ou pas. Mais me convaincre que c'en était faisait mieux passer la critique.

- Toujours aussi aimable, à ce que je vois, répondis-je. Fais attention, tu recommences à m'insulter...

Je dis cette dernière phrase sur un ton plus ou moins menaçant. Histoire de lui rappeler ma réaction la dernière fois qu'elle m'avait insulté. Juste au cas où. Il serait bien trop dommage de s'engueuler à nouveau. Enfin, elle l'aurait cherché si c'était le cas.

Je suivis Indiana, vers la droite ; c'était le bon chemin pour retourner le plus rapidement à l'université. A vrai dire, j'étais assez content de rentrer. J'aime les soirées, mais en plus petit comité que celle-ci. Là il y avait trop de monde, les gens s'entassaient les uns sur les autres. Retourner à l'internat me ferait le plus grand bien. Pour autant, je n'étais vraiment pas fatigué. J'allais certainement trainer un peu avant d'aller me coucher. Mais seul, c'était pas forcément joyeux. Surtout avec tout ce qui me restait sous la main. L'idéal serait que je tombe sur quelqu'un dans le même cas que moi. Comprenez: qui aime le champagne me suive, haha.

- T'as soif, Indi ?, demandai-je à mon interlocutrice en lui tendant le verre.

Indiana.

- Toujours aussi aimable, à ce que je vois. Fais attention, tu recommences à m'insulter...

Je souris comme une gamine fière de sa bêtise, lorsqu'il réagit enfin. Oh, oui, bien sûr, il avait réagi tout à l'heure. En riant comme un imbécile. C'était pas vraiment ce que j'attendais. Je cherche les emmerdes, je le sais. Et après, je me plains car je me prends tout dans la tête. Mais je trouve ça tellement amusant que j'ai beau savoir ce qui m'attend, je continue à jouer. Titiller jusqu'à explosion, c'est ce que je sais faire de mieux, on le sait tous.

- Voyons, le lutin, je t'ai pas insulté.

Je lui souris, secouant ma crinière brune en ralentissant un peu. Tout compte fait, j'ai pas envie de le quitter de si tôt. En fait, ce qu'il y a de marrant avec lui, c'est qu'il me renvoie la balle, du coup je peux shooter une nouvelle fois. Ping - pong - ping - pong. C'est ce que ça fait. J'aime, c'est rigolo. On s'amuse comme on peut, après tout. En plus, il a pas l'air de franchement s'en lasser. Parce que, voilà, souvent, les gens qui restent avec moi, en ont marre que je les embête comme ça. Du coup, ils laissent tomber. Ce qui n'est pas le cas de Jake. ... Keith, Indiana. Quoi, qu'est-ce que j'ai dit ? T'as dit Jake. T'es sûre ? Certaine.

Elle reteint son souffle alors que le poing du blond s'abattait juste à côté de sa tête. Encore une dispute. Encore une fois, ils s'étaient insultés, embrassés, insultés de nouveau puis ils en étaient venus aux mains. Encore. Pour changer. Oh, mais ils y étaient habitués maintenant. Ils s'engueulaient pour tout, pour rien. Il ne se passait pas une semaine sans que ça explose. C'était obligé, ils se disputaient. Oui, ça faisait maintenant partie de leur routine. Et pourtant ils s'aimaient, oui ils s'aimaient. Mais c'était comme ça. Et c'était mal vu, bien entendu. La tante d'Indiana la première lui faisait la morale à chaque fois qu'elle la voyait. Mais pourtant ça ne changeait jamais. Elle retournait toujours avec, même si elle revenait chez elle en pleurant après chaque dispute, qu'elle pouvait compter un nouveau bleu ou une nouvelle cicatrice à chaque fois. Mais elle l'aimait, il l'aimait, il s'excusait, elle acceptait ses excuses, et ça finissait par des câlins, des baisers, des caresses. Et après, on pouvait recommencer. T'as fini ton tour de manège ? Tu peux remonter, c'est toujours pas terminer.

Et pourtant, cette fois-ci, ça recommencerait pas. A la suite de cette énième dispute, elle avait pris son courage à deux mains. Elle avait rassemblé les quelques affaires qui se trouvaient chez lui, elle avait changé de numéro, et elle partirait dans le mois qui suivrait. Et elle l'oublierait. Enfin, elle essaierait.

Et voilà qu'elle en trouvait un presque pareil.

Fuh. Va marcher avec des talons dans la neige, toi. Ça relève de l'impossible. Mais encore ça va, les routes ont été déneigées. Mais bon, c'est quand mène la merde. J'aurais dû choper un taxi. Mais après, Keith serait peut-être pas venu, vu que j'allais pas rentrer à pied. Ofh, je sais pas tiens. Je rentre mes mains dans mes manches alors qu'il me demande si j'ai soif. Si "Indi" a soif. C'est perturbant, et d'un côté ça me gêne, mais je ne lui fais même pas remarquer. A croire qu'inconsciemment, j'aime bien qu'il m'appelle comme ça, même si d'un côté, faudrait pas. Je jette un coup d'oeil au verre.

- J'espère que t'es pas malade, joli p'tit lutin.

Je souris, attrapant le verre, avant d'avaler ce qu'il reste, tendant le verre à Keith. C'est pas de la vodka ça huhu. Dommage.

- Keith -

"Voyons, le lutin, je t'ai pas insulté.", répondit-elle.

Ah bon ? Ah mais non, c'est vrai, suis-je bête. "Emmerdeur", c'est pas une insulte, au contraire, c'est le compliment ultime, une ode à l'amour, la définition de la tendresse à l'état pur. Comment ai-je pu oublier ça, huhu. Oh, et puis pour le "Lutin", on repassera, hein. Pas très original. D'ailleurs, mon surnom à Paris, si affectueusement attribué par mes amis, c'était Spock. Mais mes oreilles vont bien, merci.

Et elle souriait en plus, la Indi. Fière de ses remarques et de ma réaction.Avec son sourire moqueur qui avait refait surface, pour mon plus grand plaisir ; ou pas. Aussi, à ma grande surprise, elle ralentit le pas. Peut-être qu'elle fatiguait. Ou alors, elle ne voulait pas rentrer immédiatement. Moi non plus, ça tombait bien. Elle était marrante, cette Indiana. Imprévisible, surprenante, très agaçante, mais aussi plutôt marrante. Du moins, elle me faisait rire. Surtout lorsque je remarquai avec quelle difficulté elle avançait dans la neige avec ses talons. Quelle idée, aussi, des talons pour marcher. Personnellement, j'avançais avec aisance à l'aide de mes rangers. Bien plus pratique que ces aiguilles, je suppose.

A ma proposition, elle répondit qu'elle espérait que je ne sois pas malade. "Joli p'tit lutin." Deuxième fois en quelques minutes, elle me cherchait, là. Il fallait que je lui trouve un défaut physique pour lui rendre la pareille... Problème: elle n'en avait pas. Ça me faisait une belle jambe, tiens. Je me contentai alors de resserrer mon bonnet sur ma tête, en esquissant un sourire grinçant.

- Je ne suis jamais malade, répliquai-je simplement.

Elle but ensuite d'une traite le reste du verre que je lui avais tendu. Elle me le rendit vide. Dommage, son contenu n'était pas mauvais. Mais tant pis, il restait toujours le champagne, haha.

- Et aux dernières nouvelles, je ne suis pas petit, enchainai-je en me rapprochant d'elle assez près pour comparer nos tailles.

Indiana.

Jamais malade ? Quelle chance. Dans un pays pareil, faut le faire pour ne jamais être malade, vu la température extérieure. Remarque, si je me souviens bien, il n'est pas là depuis trop longtemps. Il habitait peut-être au Brésil, au Portugal avant. Non. Peu probable, il n'a pas d'accent latino. Ni le physique. Il n'est pas du tout bronzé. Mais c'est pas pour ça qu'il est laid ni rien. Non, parce qu'il est pas moche du tout, il est plutôt je déraille là j'ai un peu trip bu ou j'ai été droguée sans le savoir.

Je dois avouer que je galère un peu à le suivre, avec ces foutues chaussures. Tu crains le froid, Indi ? Ben... Plus ou moins. Enlève t'es échasses. Hein ? Je vais pas marcher pieds nus dans la neige, ça va pas la tête ! Pour que mes orteils bleuissent, noircissent et tombent ? Non, ça va, vraiment très peu pour moi. Je préfère galérer et garder mes orteils. Arrête d te plaindre alors.

Keith se rapproche de moi, me faisant remarquer qu'il n'est pas petit, aux dernières nouvelles. Je lève les yeux vers lui. Ouais, je sais. Même avec des talons, je ne le dépasse pas, je sais je sais. S'il fait pas un mètre quatre-vingts dix, c'est bizarre. Je suis déjà grande pour une fille, et je suis d'ailleurs plus grande que la plupart des mecs, mais je ne le dépasse pas, lui. Donc oui, sachant que je fais un mètre soixante-dix-huit, il doit faire à peu près cette taille là. Et j'aime pas quand on fait ça. Quand on se rapproche de moi pour bien me montrer qu'on est plus grand, même si je suis perchée. Crâne pas trop mon mignon. Un jour je mettrai des talons plus hauts, et je te dépasserai.

- Oh ça va, je sais que t'es plus grand que moi. Mais le 'petit' je trouvais ça mignon, voilà, c'est tout.

Je m'écarte légèrement de lui, mais ne tarde pas à m'accrocher à son bras lorsqu'une plaque de verglas me surprend. Super. J'ai failli tomber. Ouais, je vais finir par enlever ces chaussures de merde. Je me redresse, lâchant le bras de Keith, je me tourne vers lui.

- Tu te fous de moi, je me ferai un plaisir de t'encastrer dans le lampadaire là bas, d'accord ?

Mieux vaut prévenir. T'en es pas capable. Ben oui, je sais, mais c'est une menace comme une autre. S'il se fout de ma gueule, je vais lui piquer sa bouteille et je me l'enfilerai seule dans ma chambre en regardant les étoiles. Ouais, tiens, bon programme. Faut que je trouve une bouteille et je me fais ça. Ce sera pas drôle toute seule mais j'ai pas vraiment le choix en fait.

- Keith -

Elle affirma qu'elle trouvait que le terme "petit" était mignon. Ahah, pourquoi pas. C'est vrai qu'on dit souvent que tout ce qui est petit est mignon. Sauf qu'aux dernières nouvelles, je suis ni l'un ni l'autre. Enfin si ça lui faisait plaisir de dire que je suis mignon, pourquoi pas. Et puis ça changeait des insultes comme "emmerdeur", "crétin" et j'en passe. Donc finalement c'était plutôt flatteur.

- Si tu le dis, me contentai-je de répondre.

Elle s'éloigna alors de quelque pas. Mais revint vite s'accrocher à mon bras, pour se rattraper d'une glissade sur une plaque de glace. J'écarquillai alors les yeux, en tentant de dissimuler le sourire qui voulait à tout prix s'installer sur mon visage. Lâchant mon bras, elle s'exclama.

"Tu te fous de moi, je me ferai un plaisir de t'encastrer dans le lampadaire là bas, d'accord ?"

Sa remarque m'acheva. Ne pouvant plus me retenir, j'éclatai soudain de rire, m'éloignant d'elle en me pliant en deux en me tenant les côtes. Sa menace était plus drôle qu'effrayante. Elle ne la mettrait pas à exécution. Enfin je pense.

- Désolé, c'était plus fort que moi, dis-je en revenant vers elle après m'être un peu calmé.

Elle avait l'air de vraiment galérer avec ses talons. Ça m'embêtait un peu de la laisser dans le pétrin avec ses échasses. De plus, la fameuse montée avant d'atteindre l'université, inévitable par ce chemin, n'était plus très loin. Et puis je me devais de me racheter, après le fou rire causé par la glissade.

- Ça a pas l'air très stable, tes trucs, là, continuai-je en indiquant ses chaussures du regard. Tu voudrais peut-être que je te porte ?

Je sentais d'avance que j'allais regretter ma proposition. Pas qu'elle semblait lourde ou que je n'avais pas la force de la porter jusqu'à Enamor. Non, le problème était juste que j'avais déjà du mal à aligner deux pas correctement, donc avec elle dans mes bras ce serait encore plus compliqué. On verrait bien.

Indiana.

Keith, à la suite de ma menace, éclate de rire comme un débile, s'écartant de moi. Il se fout de ma gueule, il se fout de ma gueule. Je grogne, m'appuyant sur ma hanche en croisant les bras. Je vais me le faire, le gars. Mais pas maintenant. La vengeance est un plat qui se mange froid. Il n'y échappera pas. Je vais lui faire regretter de s'être foutu de ma gueule. Je sais pas encore comment mais je vais lui faite payer, il n'y coupera pas. Et il a beau s'excuser ça change rien.

Je le pousse quand même contre le mur, m'approchant de lui, les bras toujours croisés.

- Je t'ai prévenu, Keith.

Je m'écarte de lui, recommençant à marcher. Enfin à essayer de marcher, parce que c'est compliqué de marcher avec ces foutus talons. Aller, ça va aller, ce sera pas long. ... Je veux un taxiiii huhu.

Ignorant la proposition de Keith, qui est de me porter, même si c'est vraiment sympa, j'arrête une voiture. Il est gentil, le mignon, mais il est bourré, moi aussi, il est à moitié shooté, il marche pas très droit, donc non, même si j'aurais plus chaud contre lui huhu. Je l'attrape par le bras, rentrant dans le véhicule, pour l'entraîner avec moi. J'indique au chauffeur notre destination, restant pas trop près de lui, quand même. Pas qu'on se fasse de mauvaises idées. Bien que, généralement, un garçon et une fille ensemble, ça amène tout le monde à la même conclusion. N'y pensons paaaaas.

Arrivés à destination, je pioche un billet dans mon décolleté - chacun ses cachettes huhu - le balançant au conducteur. Ça doit suffire, vu qu'il ne râle pas. Ouais, j'ai pas regarder ce que je lui ai donné. Enfin bref.

- Aller, sors de là, Keith. Vite.

Je le pousse à l'extérieur avant de sortir moi-même de la voiture, m'étirant une fois dehors. Buuuh... C'était plus rapide, ma parole. En même temps, je me voyais mal monter la côte avec mes chaussures-échasses, là, ç'aurait été la grosse galère. Maintenant, faut que je trouve comment me venger...

- Keith -

"Je t'ai prévenu, Keith."

A ces mots je simulai un frisson de peur. Puis elle me poussa contre le mur, que mon dos heurta vivement. Rien de violent non plus. Mon sourire se déplia un peu plus.

- C'était pas un lampadaire, ça, dis-je tout bas.

Continuant à marcher sur encore quelques mètres, Indiana ignora totalement ma proposition. Tant pis. Ou plutôt tant mieux, en fait. Ça nous éviterait de nous vautrer lamentablement sur une plaque de verglas. Néanmoins, je constatai avec quelle difficulté elle tentait d'avancer. Elle arrêta soudain un taxi, et attrapa mon bras pour m'emmener avec elle dans le véhicule. L'intérieur était chauffé, pour mon plus grand plaisir. Indiana se colla alors contre la portière. Elle devait vouloir faire comprendre au chauffeur que l'on n'était pas... Enfin que l'on était seulement amis. Et encore. Simple connaissances. Ou même qu'on ne se connaissait presque pas. Voire pas du tout. Puisque c'était le cas. Bref.

La route fut courte. Bien plus courte qu'à pieds, évidemment. A l'arrivée, Indiana sortit un billet de son décolleté - chacun ses cachettes huhu - et le lança au conducteur, avant de me pousser vers la sortie.

"Aller, sors de là, Keith. Vite.", dit-elle.

- Rien ne presse, Indi jolie, répondis-je nonchalament accompagné d'un clin d'œil pour tromper le chauffeur. On n'est pas à une minute près.

A la sortie, alors qu'Indiana s'étirait, je bus quelques gorgées de champagne. J'avais la bouche un peu sèche, ahah. Puis je tendis la bouteille à ma voisine, en lui faisant un signe du menton en guise de proposition, tout en avançant vers le bâtiment des dortoirs. Je n'avais pas du tout envie de dormir, mais elle peut-être.

Indiana.

Je lève les yeux au ciel, serrant les dents lorsque Keith m'appelle 'Indi jolie'. Celui-là, il passe pas. Mais alors pas du tout. Il me reste en travers de la gorge. Les surnoms du genre je supporte pas, c'est clair et net. Ma jolie, poupée, choupinette, bébé, et je passe à la trappe les plus insupportables, ça me brûle la peau. C'est tout simplement horrible, je peux pas. Attends un peu qu'on soit rentrés, mon petit gars.

Lorsqu'il me tend la bouteille, je l'attrape vivement, avalant une ou deux gorgées, j'ai pas compté exactement huhu. Je suis pas assez fraîche pour faire des maths, sachant que déjà, sobre, j'ai du mal et je suis nulle dans ce domaine là. Donc bon, bref. Toujours est-il que je lui rends pas la bouteille. Pas tout de suite. De toute façon, il a déjà assez bu. Et toi, Indiana ? Moi quoi ? Tu trouves pas que t'as déjà assez bu ? Si mais... Merde. Voilà.

Avançant vers les dortoirs, je fais attention où je mets les pieds, ne voulant pas glisser de nouveau. Sinon il va encore se foutre de moi. Et cette fois-ci, ce sera autre chose que son dos contre le mur qui lui fera mal, c'est moi qui vous le dit. Mais avant ça, faisons lui payer pour le 'Indi jolie' qu'est toujours pas passé, qui reste coincé dans la gorge. Il va voir de quoi elle est capable, la 'Indi jolie', comme il dit. Et encore, c'est rien. Elle a pas encore refroidie totalement, la vengeance de tout à l'heure.

Une fois à l'abris, je plaque une nouvelle fois mon très grand ami contre le mur, l'attrapant par le col de sa chemise. Je reprends alors mon joli sourire habituel.

- Tu vois, la prochaine fois que tu m'appelles Indi jolie, c'est pas ton dos qui heurtera le mur, c'est mon genou qui visera autre part, donc je te conseille d'éviter, tu vois, si tu y tiens vraiment.

Quand j'y pense, on se connaît pas du tout. Eh ouais, quand même. Ouah, moment de lucidité, Bee. T'as vu ça. C'est quand même surprenant, quand on y pense. En fait, je crois que j'ai l'impression de le connaître car il lui ressemble. Ouais, c'est peut-être pour ça. Ou alors pas du tout. Et c'est l'alcool qui me joue des tours. Possible. Sûrement. Probablement. Oui, c'est ça.

- Damon -

Une fois sortis, l'air frais très agréable frappa mon visage brûlant à cause de l'atmosphère de l'intérieur de la boîte. Le froid était bien présent en ce début d'hiver. Mais pour une fois, il était particulièrement le bienvenu.

Alors que nous nous installions sur un muret de la cour, Meredith s'éclipsa malheureusement, me laissant en tête à tête avec Eden. Enfin le tête à tête avec Eden ne me dérangeait absolument pas, au contraire huhu. Je la regardai s'éloigner jusqu'à disparaitre de mon champ de vision. Peut-être reviendrait-elle plus tard, qui sait.

- On n'est plus que deux maintenant apparemment, dis-je en plantant mon regard enjôleur dans le sien. T'inquiète, j'ai quand même des bonbons dans ma poche.

Je posai alors mon verre sur le muret, sortis de quoi fumer et commençai à rouler le joint, avec soin et délicatesse. Puis, une fois terminé, j'inspirai une taffe, une longue taffe qui me fit voyager dans un magnifique monde parallèle qui tournait tel un carousel autour de moi. Je souris inconsciemment, satisfait de ce que j'avais ramassé en relaçant mes baskets. J'étais entré dans un état second des plus plaisants. Puis je tendis la fumette à ma voisine. Elle était encore plus jolie à l'extérieur que sous la lumière des néons de la boîte.

- Elle est super bonne, indiquai-je à propos de la dope, en reprenant une gorgée du verre que j'avais pris avec moi.

[pourripowa]

- Keith -

Encore une fois, Indiana se montra lunatique et imprévisible. Enfin arrivés aux dortoirs, elle m'aggripa par le col de ma chemise et me plaqua à nouveau contre le mur du bâtiment, plus violemment cette fois. Aussi, l'air frais avait estompé les effets du chanvre, si bien que je me retrouvais simplement mais fortement alcoolisé. Ma bonne humeur pouvait donc disparaitre bien plus rapidement désormais. Elle menaça ensuite de m'envoyer son genou dans une partie précieuse de mon anatomie. Et cette menace, contrairement à la première, pouvait aisément être mise à exécution. Mon envie de rire repasserait donc plus tard.

Néanmoins, je ne me laissai pas faire. Fierté masculine oblige. J'attrapai la main qui retenait mon col et la serrai pour la retirer de son emprise.

- Tu devrais apprendre à détecter le second degré, Indi. Sinon on va pas s'entendre, répliquai-je.

A vrai dire, on ne s'entendait pas. On n'était pas amis. Je n'avais jamais ri avec elle, je ne savais rien d'elle, elle ne savait rien de moi. Le peu de fois où l'on s'était vus, on s'était soit engueulés, soit embrassés. Et en période de cours, elle m'ignorait. Donc non. On ne s'entendait déjà pas. Mais alors, comment expliquer pourquoi je retournais à chaque fois vers elle, aucune idée. C'était inexplicable. Elle avait beau être agaçante, que dis-je, vraiment chiante, susceptible, bornée, de mauvaise foi, caractérielle au possible, insultante, jamais contente, c'était physique. Elle était comme un aimant qui m'attirait inévitablement. Et ça me rendait fou.

De mon autre main, je glissai le long de son bras libre tenant la bouteille, caressai doucement sa main froide, et récupérai le magnum, en laissant un très léger sourire s'inscrire à nouveau sur mon visage, le regard fixé sur ses yeux noirs.

Indiana.

Je connais pas le second degré. C'est seulement que t'es trop susceptible. Je ne suis pas susceptible. Non, à peine, c'est vrai. Tu pars au quart de tour, Indiana, tu t'énerves pour rien ! Je suis soupe au lait. T'es une emmerdeuse susceptible finie, oui. Faux. Faut juste pas m'embêter. Ouais, bien sûr, mais si t'enquiquines les autres, faut bien qu'ils se vengent un peu. Tu sais quoi ? Merde, voilà.

On s'entend déjà pas, Keith. On se connait pas, on devrait rien avoir à faire ensemble, on devrait même pas se voir, s'engueuler, s'embrasser. Non, on s'entend pas puisqu'on s'engueule à chaque fois qu'on se voit. Pour tout comme pour rien. Effectivement, j'ai l'impression de me retrouver avec Jake. Je fuis mais c'est comme s'il me rattrapait. C'est pareil, à quelques détails près. On se connait pas, je suis pas amoureuse du mec que j'ai en face de moi, et Keith est moins violent. Enfin, tout du moins pour le moment. Il m'a juste broyée les poignets. C'est rien. Et les marques ne resteront pas. Donc tout va bien. Encore une fois, pour le moment.

Il attrape ma main, celle qui tenait le col de sa chemise, pour que je le lâche. Ce que je fais. J'ai pas vraiment envie que ça dégénère encore. Donc on va se calmer. Mais pas trop quand même. Sinon c'est trop simple pour lui. Mais là aussi, ça a été facile. J'aurais pas pensé à Jake, j'aurais presque rien lâché. Mais forcément, quand on essaie d'oublier quelque chose, on y pense un peu plus fort. Et c'est bien ça, l'inconvénient. Son autre main glisse le long de mon bras, venant doucement caresser la main qui tenait la bouteille. Mes doigts se desserrent lentement, sans vraiment que je m'en rende compte, il la récupère donc. Je serre les dents alors qu'il sourit à nouveau, très légèrement, les yeux dans les miens. Trop facile.

Je recule légèrement, sans détourner le regard. Il a raison. Je le sais, et lui aussi. Et c'est bien ça le problème. Du coup, ça m'agace. Parce que je déteste avoir tort, même si j'ai quand même rarement raison.

- Tu m'énerves, Keith.

Finalement, je m'avance à nouveau vers lui, bien près, encore une fois trop, pour pouvoir l'embrasser. J'aime pas son sourire, faut bien lui retirer.

- Keith -

Je m'attendais à plus de résistance de sa part, mais contre toute attente, Indiana se laissa faire. Elle lâcha ma chemise et la bouteille. Tant mieux finalement, je n'étais pas vraiment d'humeur à encore me disputer avec elle pour n'importe quoi. Apparemment, elle non plus.

Elle recula alors d'un mètre ou deux en me fixant. Elle n'appréciait pas le fait d'avoir dû me lâcher visiblement. Mais bon, c'était soit ça soit une nouvelle engueulade. Elle avait donc fait le bon choix, même s'il lui déplaisait.

"Tu m'énerves, Keith.", lâcha-t-elle.

Oh ça, je ne le savais que très bien. Et elle me le faisait aussi bien comprendre. Et c'était même réciproque. Mais c'était aussi et surtout ça qui était intéressant. Si on ne s'agaçait pas l'un l'autre, on ne s'adresserait pas la parole. Je haussai les épaules pour toute réponse.

Alors que je pensais qu'elle s'éclipserait discrètement jusqu'à sa chambre, elle s'approcha à nouveau de moi. Tout près. Trop près. Et elle m'embrassa. Étonnante manière de prouver son agacement, n'est-ce pas. Je m'écartai alors du mur en posant mes mains dans le bas de son dos. L'entrainant avec moi et tout en continuant de l'embrasser, j'ouvris à l'aveugle une porte assez familière : la porte du dortoir des garçons.

Indiana.

Même s'il m'énerve comme personne ne m'énerve, que quand je le vois, je préférerais faire demi-tour, qu'on s'entend pas du tout, qu'on s'engueule à chaque fois qu'on se voit, que je ne peux pas le supporter, qu'on se connait pas du tout, qu'il m'a fait du mal, que je le déteste, il m'attire. C'est même pas la peine, c'est mon corps qui réfléchit à ma place, et lui, il a besoin de Keith. Va savoir pourquoi. Sûrement parce qu'il me fait penser à Jake, et qu'en fait, il est tout ce que j'aime. Mais c'est faux. Sûrement aussi parce que, comparé à Jake, le dernier homme que j'ai fréquenté, il est plus doux. Jake était toujours brutal, plus ou moins, mais il l'était toujours. C'est sur ce point là que Keith diffère de lui.

Ce qui est drôle, c'est que Jake avait beau être brutal, me faire du mal, je restais avec lui. J'étais maso. Mais je le suis toujours. La preuve, je retourne vers Keith même s'il m'a fait du mal. J'ai l'impression que tout se répète, à quelques détails près, et que ça va faire mal comme avec lui. Et pourtant, ouais, j'arrête pas et je m'accroche. C'est presque si j'aime pas quand je n'ai pas mal, que je ne souffre pas. Ouais, effectivement, je suis complètement maso.

Ses mains viennent se poser dans le bas de mon dos, lorsqu'une porte s'ouvre. Indi, ça sent mauvais. Mais non. Mais si. Mais non. Indiana. Ouais ? Tu le dis toi-même, faut arrêter, c'est malsain. Je m'en fous, j'aime ça. Oui, t'as raison. T'es vraiment maso ma pauvre fille. Mes mains remontent le long de son torse, tout doucement, pour aller caresser son cou, l'attirant encore un peu plus près de moi, relâchant un instant ses lèvres.

- Où est-ce que tu nous emmènes, comme ça ? je demande en murmurant, avant de l'embrasser au coin de lèvres, finissant par son cou.

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