"Dans tous les cas, tu vas devoir te faire pardonner. Et puis c’est mieux de laisser les pros faire, il connaissent leur boulot." me répond Charlie avec son éternel sourire.

- T'as tout compris Colgate !, je rétorque sur le même ton, tout en sortant mon portable de ma poche.

Discrètement, j'envoie un message à ma Diabla. "On a fini ma chère, reviens quand tu veux", je la préviens, de telle sorte qu'elle ne reste pas exilée dans son coin éternellement et inutilement. Il n'en faut pas plus à la mexicaine pour débarquer plus vite que l'éclair, tongs aux pieds et regard hypocrite du style "tu vas me le payer irrésistible beau gosse." Ouais bon, pour l'irrésistible beau gosse, c'est pas vraiment ça. Elle a plutôt l'air de me considérer comme une immonde vermine qu'elle se ferait un plaisir d'ébouillanter. Bah, j'en ai des frissons rien qu'à y penser, tiens. Ou pas.

"Re-salut les Apollon, Dam, mes pieds te détestent, mon ange," lance Diabla, tout sourire, une fois arrivée à notre niveau.

Je hausse les épaules et souris à mon tour, du style "c'est pour le bien collectif, j'y peux rien." Puis je fais mine de regarder l'heure qu'il est. Faudrait peut être que j'aille m'installer moi, voyez vous. Et je doute fort que Santana retournera tranquillement à ses affaires et acceptera de rester dans le flou total concernant cette histoire.

- Eh, vous avez vu l'heure ? Faut que je range tout ça moi, sinon ça va être galère de reprendre les cours avec un tas de valises pas déballées, j'annonce en indiquant l'amoncellement de sacs à quelques pas de là. Du coup on se revoit.. je sais pas quand, mais bientôt j'espère. Allez, salut !

Je fais un signe de main à mes amis, puis vais pour récupérer mes affaires et me dirige enfin vers le bâtiment des dortoirs. Je pense que Diabla ne va pas tarder à m'emboiter le pas.

Pour toute réponse à ma remarque, Dam se contente d'un sourire et d'épaules haussées. Hahaha. Haha. Haha. Ct'air de "C'est pour la bonne cause" me donne envie de l'étrangler. Là, tout de suite. Maintenant. Mais je me retiens, faut qu'il me parle, et après on verra c'qu'on pourra faire de lui. De la confiotte, des fajitas, ou encore un mélange compote de Dam-piment. Je ne sais pas très bien, encore. Mais ça va se bouffer.

« Eh, vous avez vu l'heure ? Faut que je range tout ça moi, sinon ça va être galère de reprendre les cours avec un tas de valises pas déballées. Du coup on se revoit... Je sais pas quand, mais bientôt j'espère. Allez, salut ! » fait-il alors en nous adressant un signe de la main.

Wowowowowo, t'as cru quoi Howard ? Que les mexicaines étaient du genre à abandonner ? A rester dans l'ignorance ? J'suis restée dans le flou pendant plus de deux putains de mois, alors tu vas pas t'en tirer comme ça, mon mignon. Ce serait mal me connaître. Sinon j'te coupe la tête. Et tout ce qui suit, si tu vois ce que je veux dire. J'adresse un sourire à Charlie suivi d'un "À plus Desting !" avant de suivre Dam.

- Attends moi, chéri, voyooooons, t'as des choses à me dire, me semble-t-il, non ?

J'attrape un de ses sacs. J'vais l'aider, il a beau avoir les muscles qu'il faut, j'suis un minimum serviable et le voir chargé comme un âne, ça m'embête un peu. Mon pauvre âne de Daminouu. Et pis s'il me fait des confidences, faut bien que je le soigne. Un p'tit peu, quand même. C'est pas cool, sinon. Trop gentille cette Diabla didon, on la reconnaîtrait presque pas ma parole.

- Si tu veux pas me payer une thalasso, t'as intérêt à tout me dire. Sinon j'te jure que j'ai des goûts se luxe, Howard je le préviens en passant la porte des dortoirs.

Comme prévu, je sens une petite présence me suivre. "Attends moi, chéri, voyooooons, t'as des choses à me dire, me semble-t-il, non ?" Gagné, c'est ma Lopez préférée qui m'accompagne. Elle attrape même un de mes sacs, quelle âme charitable ! Je souris sans vraiment la regarder, et lâche un infime "Merci" pour son aide, ignorant ainsi sa remarque. Non mais de toute manière elle sait pertinemment que je vais tout lui raconter. Même si je ne le lui ai pas encore précisé, ça me semble normal, que je lui explique un peu le pourquoi du comment et tout ce qui entoure la petite histoire.

Je reste silencieux pendant quelques temps, préférant m'éloigner de toute oreille indiscrète. Mais, alors que l'on passe la porte d'entrée de l'internat, Santana, s'impatientant, relance : "Si tu veux pas me payer une thalasso, t'as intérêt à tout me dire. Sinon j'te jure que j'ai des goûts de luxe, Howard."

- T'inquiète pas San, je réponds brièvement, pour le moment trop occupé par l'idée de ranger toutes mes affaires que par celle de tout dévoiler dans un lieu encore trop public à mon goût. Enfin, il n'y a rien de particulièrement dingue à raconter, certes, mais quand même. Un peu de discrétion ne fait pas de mal.

Une fois arrivés à mon étage, j'invite Santana à me suivre jusqu'à ma chambre. Elle n'a pas vraiment besoin de mon accord pour visiter l'étage, puisqu'elle y est certainement autant allée que je suis passé par le sien afin, l'un comme l'autre, d'élargir notre tableau de chasse. Mais bon, question d'habitude, sûrement. Puis, enfin face à la porte de ma chambre, que je partagerai cette année avec un certain "Tobias", je l'ouvre, balance mes bagages aux quatre coins de la pièce, et saute à plat ventre sur mon lit, avant de me retourner face à la mexicaine, tout sourire.

- On est bieen, de retour dans sa chaaambre, je lance en m'étirant largement.

Je la fais patienter, je sais qu'elle déteste ça. Mais plus elle attendra, plus les nouvelles seront appréciées, non ? De toute manière, elle ne va pas rester patiente très longtemps, je ne vais sûrement pas tarder à tout lui expliquer. C'est juste que j'aime bien quand elle marine, huhu.

J'crois que Damon a encore plus de sacs que moi. Tous ses sacs réunis sont très certainement plus lourds que moi. Et j'adore encore plus la façon dont il les range. Il en balance un d'un côté, un autre de l'autre, et les cinquante autres restants suivent le même chemin que leurs partenaires. En gros, tout est très bien organisé, vous voyez. Et j'suis sûre que la moitié des trucs dans le sac que j'porte c'est des produits pour la touffe qu'il a sur le crâne. J'aimerais être une petite souris pour voir comment il bidouille sa mèche tous les matins. Et là, vous verrez qu'un mec peut mettre une heure de plus dans la salle de bain qu'une fille. Merci Howard.

J'ai aussi remarqué que Dam était avec un nouveau, Tobias. Enfin j'en ai jamais entendu parler. Mais rien qu'à son nom, j'suis presque certaine qu'on peut s'entendre. Et plus. Y a autant de voyelles que de consonnes. C'est un signe. Oh, Santana, arrête, on dirait ta grand-mère. Désolée, c'était trop tentant. Donc un nouveau, je disais. Va falloir que j'passe dans la chambre à Damon plus souvent, moi, les amis. J'ai aussi pu noté que la chambre juste à côté de celle de mon Canadien est celle de Flavio. Vous voyez, autant de voyelles que de consonnes. On a fini dans le même lit. Ouais, on s'est engueulés. Mais ça c'est le v j'suis sûre. Enfin bon.

Je pose le sac à mes pieds, m'asseyant sur le lit d'en face. Il en a de la chance, on se connaît même pas qu'j'suis déjà sur son lit. Non, c'était une blague. Dans tous les cas, j'm'assois quand même. Howard n'a toujours pas daigné me dire un seul mot quant à sa conversation avec Apollon. Et j'dois dire quuuuuue. Je m'impatiente.

"On est bieen, de retour dans sa chaaambre" fait Dam en s'étirant, déjà étalé sur son lit comme une baleine échouée, avec un grand sourire.

Je sais ce qu'il attend, comme ça, affreux morpion. Il me fait attendre, encore et toujours. Je sais pas si c'est que c'est hyper jouissif de me voir impatiente ou quoi, mais il adore ça apparemment. Sauf que moi j'aime pas, j'ai envie de savoooir. Patience, patience, Santana, tu peux y arriver, tu peux -

- Daaaaaaaaaaaaaam, s'il te plaît. Sinon j'balance tous tes pots de gel par la fenêtre, je menace en commençant à taper du pied, signe que je ne tiendrai plus très longtemps dans cette position.

Santana s'impatiente réellement, faut croire. Elle se met à taper du pied, me regardant prendre mon pied à la faire bouillir. "Daaaaaaaaaaaaaam, s'il te plaît. Sinon j'balance tous tes pots de gel par la fenêtre." Je souris un peu plus, puis fais craquer mes doigts afin de me détendre du mieux que je peux, et me rassois convenablement sur le bord de mon lit. De toute manière, elle ne mettra pas sa menace à exécution. Puisque, premièrement, elle ignore où se trouve ma réserve de pots de gel, et deuxièmement, elle ne sait pas que j'en cache toujours un dans chaque sac que je transporte. Faut savoir faire son stock hein, huhu.

- Assieds toi au moins, d'abord, je l'incite tout en tapotant la place libre juste à côté de moi. Qu'est-ce que tu veux savoir, exactement ?

Allez, je la fais mariner encore quelques instants, sinon c'est pas drôle. Je sais bien que c'est à propos de la conversation que je viens d'avoir avec Colgate, mais en fin de compte, elle risque d'être déçue par ce qu'elle va entendre. Eh non Diabla, il n'y aura pas de grande histoire d'amour avec Charlie. On reste potes et on se fera pas chier à sortir ensemble. S'il doit se passer quelque chose avec lui, il se passera quelque chose avec lui. Mais hors de question qu'on se prenne la tête avec ça pour le moment ! Surtout que j'ai comme l'impression que cette année, S ne fera de cadeau à personne. Et j'ai pas vraiment envie de me faire afficher de sitôt, merci bien.

Damon se redresse et se rassoit correctement au bord de son lit, toujours avec son affreux sourire qui me donne envie de le baffer pour le faire parler. Il me propose de m'asseoir à côté de lui, tapotant le lit d'une main. Je souffle bruyamment, allant m'installer à côté de lui. D'ailleurs. J'envoie valser mes tongs et ramène mes jambes vers moi, me mettant en tailleur. Je me permets, oui. D'une parce que c'est Dam, et de deux, et surtout deux, parce que mes pieds le méritent. Et trois parce que ma patience est à bout et que le premier qui me contrarie je le rends stérile. Direct.

"Qu'est-ce que tu veux savoir, exactement ?"

Je hausse un sourcil, pouffant à sa question. Il est drôle. Je veux TOUT savoir. Surtout ce que vous vous êtes dit, imbécile. TOUT. Si son sourcil droit bougeait, s'il a souri à certain moment, à l'entente de certains mots - parce que ça c'est très révélateur - en gros, si vous allez finir par vous coller l'un à l'autre. Bordel de Maria. C'est ouf, ça. J'te jure, j'te ferai payer cette attente très cher, mon petit Howard. Tu vas t'en bouffer les cheveux, le gel et la laque avec.

- Dami-chou, voyons. Je veux tout savoir. Si vous allez finir dans le même lit, sur la même table, contre le même mur, bref, si y aura quelque choooooose. Ah, et oui. J'veux savoir si il t'attire comme tu l'attires, et, attends. Ce qu'il se passe sous toute cette touffe brune, là. Enfin ce qu'il s'est passé. Pourquoi ça t'a tant perturbé, ce pauvre baiser. Et le reste du tas de choses que je devrais savoir depuis plus de deux mois, pas vrai, hein ?

Je souris, me mordant la lèvre tout en commençant à me balancer légèrement de droite à gauche comme une gamine qui attend patiemment qu'on lui raconte une histoire. Et c'est exactement ça, dans un sens. La seule chose qui diffère, c'est que je ne suis pas une gamine. Je ne suis plus une gamine. Sinon j'attends qu'on me raconte l'histoire. Ah oui, et pas vraiment patiemment, il est vrai. Mais bon. On se refera pas hein.

"Dami-chou, voyons. Je veux tout savoir. Si vous allez finir dans le même lit, sur la même table, contre le même mur, bref, si y aura quelque choooooose. Ah, et oui. J'veux savoir si il t'attire comme tu l'attires, et, attends. Ce qu'il se passe sous toute cette touffe brune, là. Enfin ce qu'il s'est passé. Pourquoi ça t'a tant perturbé, ce pauvre baiser. Et le reste du tas de choses que je devrais savoir depuis plus de deux mois, pas vrai, hein ?"

Je ris silencieusement en la regardant se balancer de droite à gauche comme une petite fille. Ça fait pas mal de questions d'un coup, là. Elle me demande "ce qu'il se passe sous toute cette touffe brune, là", mais chez elle aussi faut croire qu'il y a pas mal de mouvement concernant cette histoire ! Je laisse tomber légèrement ma tête sur le côté en haussant un sourcil, mon sourire malicieux reprenant le dessus sur le petit rire qui le précédait.

- Tu m'en demandes beaucoup, là, Diabla, je réponds d'abord, quelque peu étonné par toutes ces questions. Alors, pour te répondre dans l'ordre, on ne finira ni dans le même lit, ni sur la même table, ni contre le même mur, bref, il ne se passera rien. Normalement. En fait, on verra comment ça se passe par la suite, mais on projette surtout de rester excellents potes. Il me faut ensuite remémorer la question qui suivait celle à laquelle je viens de répondre. Je comble le temps d'attente par un long Eeeeeet... avant de reprendre là où je m'étais arrêté. Et oui, il m'attire, clairement ! Faut dire qu'il est carrément canon, comme gars, je suppose que tu penses comme moi, je me trompe ?

Pas besoin de réponse, San, tout le monde le trouve physiquement parfait, c'est un fait. Ceux qui le nient sont soit des menteurs, soit des empaillés qui n'ont rien compris à la vie. Concernant la dernière question, je me réserve un temps de réflexion. Parce qu'il serait bien trop superficiel de lui répondre des conneries telles que "oh ben pas grand chose, t'sais on est potes et c'est tout hein" alors que j'ai passé pas mal de temps à me poser la question à moi-même. Je passe une main dans mes cheveux, et atténue quelque peu mon sourire pour me laisser aller à une profonde cogitation.

Finalement, après un silence de longueur indéterminée, je soupire sèchement, insatisfait par ma réflexion, et réponds enfin à la pauvre Santana qui doit trépigner d'impatience.

- Franchement, je sais pas, San. Je saurais pas te dire, parce que j'ai clairement pas compris ce qu'il m'arrivait. Je sais pas pourquoi, lui plus qu'un autre, m'a fait cet effet. Désolé de te l'avouer, mais j'ai pas arrêté d'y réfléchir, et j'ai toujours pas trouvé la réponse. Mais bon, entre temps, pendant l'été, j'ai quand même un peu, comment dire, disons que j'ai un petit peu réussi à me détacher de cette histoire. Enfin j'étais toujours dans un sacré flou, mais plusieurs semaines sont passées entre temps, j'ai élargi mon tableau de chasse comme il faut, et même si j'avais toujours le sourire de Colgate en tête, j'ai réussi à passer un peu outre, tu vois. Ce que je veux dire, c'est que je suis pas non plus resté bloqué sur lui, quoi. Je suis pas amoureux de Charlie, si c'est ce que tu voulais savoir. Je fixe intensément mon amie dans les yeux pour lui faire comprendre la sincérité de cette dernière phrase, avant de reprendre : Contente ? J'espère quand même que j'ai répondu à toutes tes questions !

Mon sourire réapparait finalement, impatient de découvrir ce que pense ma chère mexicaine de tout ça.

J'crois que je l'ai étonné avec toutes ces questions. En témoignent son léger rire, puis son sourire d'Howard accroché au sourcil haussé, la tête légèrement penchée. En même temps, faut me comprendre. J'ai attendu TELLEMENT longtemps que j'allais pas lui sortir une pauvre question. C'était impensable. Bref. Son "Tu m'en demandes beaucoup, là, Diabla" ne fait qu'affirmer ce que je pense. La prochaine fois j'épargne sa tête en posant une question à la fois, je te le jure, mon p'tit Dam. Enfin. Une fois que t'auras payé pour mes pieds, évidemment.

" Alors, pour te répondre dans l'ordre, on ne finira ni dans le même lit, ni sur la même table, ni contre le même mur, bref, il ne se passera rien. Normalement. En fait, on verra comment ça se passe par la suite, mais on projette surtout de rester excellents potes. Eeeeeet... "

Ah muh. Ben non là tout de suite c'est moins drôle. J'arrête de me balancer, faisant la moue. Allez pas croire que je rêve de les voir coucher ensemble, hein. C'est juste que ce serait LE couple en vogue du moment quoi. Et ça c'est le genre de choses, aussi, qui fait fantasmer la moitié des fanclubs respectifs des deux Apollons. Et pis même. J'trouve que, ben. Ouais. J'sais pas. Ils vont bien ensemble. C'est comme, hum. On identifie Dam à Charlie comme on identifierait Alex à Spencer. Vous voyez ? Non ? C'est pas grave, c'est au moins clair dans ma tête. MAIS. Oui, il y a un mais. Le "Normalement" et un peu de la suite n'excluent pas la possibilité d'un passage sous la couette. Et ça, ça, mes amis, c'est important de le souligner.

"Et oui, il m'attire, clairement ! Faut dire qu'il est carrément canon, comme gars, je suppose que tu penses comme moi, je me trompe ?"

Je hoche la tête à sa question. Qui ne trouverait pas Charlie canon. Ce mec c'est le genre de bombe sexuelle qu'tu croises pas à tous les coins de rue. Le pire. C'est qu'attendez, j'suis sûre que dans quelques années il ne sera même plus bi, il sera carrément homo. Et ça, ça, c'est absolument dégueulasse. Parce que c'est toujours les plus canons qui s'intéressent aux mecs. Enfin, Dam, lui, ne deviendra jamais exclusivement attiré par les hommes. Ce serait trop facile. Il me fera toujours chier à aller voir des deux côtés. Moi aussi, tu vas voir, j'vais devenir bisexuelle et comme ça mon tableau de chasse sera plus grand. Frisson de dégout. Ah oui, non, peut-être pas.

Mais sinon, il l'attire clairement. Ce n'est pas négligeable. Moi j'suis sûre, à la sortie de l'Université ils se prévoient un truc. J'en suis persuadée.

"Franchement, je sais pas, San. Je saurais pas te dire, parce que j'ai clairement pas compris ce qu'il m'arrivait. Je sais pas pourquoi, lui plus qu'un autre, m'a fait cet effet. Désolé de te l'avouer, mais j'ai pas arrêté d'y réfléchir, et j'ai toujours pas trouvé la réponse. Mais bon, entre temps, pendant l'été, j'ai quand même un peu, comment dire, disons que j'ai un petit peu réussi à me détacher de cette histoire. Enfin j'étais toujours dans un sacré flou, mais plusieurs semaines sont passées entre temps, j'ai élargi mon tableau de chasse comme il faut, et même si j'avais toujours le sourire de Colgate en tête, j'ai réussi à passer un peu outre, tu vois. Ce que je veux dire, c'est que je suis pas non plus resté bloqué sur lui, quoi. Je suis pas amoureux de Charlie, si c'est ce que tu voulais savoir" me répond-il après un long silence qui a fallu, une fois de plus, me tuer la patience. Cette dernière phrase affirmée par le regard qu'il me lance. "Contente ? J'espère quand même que j'ai répondu à toutes tes questions !" Et son sourire revient au galop.

- Contente, je fais avec un sourire. Normalement, je reprends, normalement il ne se passera rien. Ok. Il t'attire mais vous voulez rester potes, et c'est tout, je répète. C'est sûr, ça peut être compréhensible, vu que vous êtes potes. Mais bon. J'suis sûre que vous allez craquer. C'est pas comme si vous étiez ensemble souvent, en plus. M'enfin. Après, vous faîtes comme vous voulez. Mais moi j'vous dis ça va être chaud de tenir. Je hausse les épaules. Ensuite, tu sais pas pourquoi ça t'a perturbé - en plus, apparemment, c'était juste un baiser -  mais ça t'a pas empêché d'aller voir à droite à gauche pendant les vacances. Et t'es pas amoureux de lui. Euh... Faut avouer qu'c'est pas banal. Peut-être que c'est dû au fait que vous êtes quand même proches étant potes, que vous vous attirez mutuellement et que vous le savez, mais que vous refusez de faire quoi que ce soit ensemble. Et c'est peut-être pour ça que ça te met la tête à l'envers. Parce que du coup, c'est comme si c'était interdit, et, en fait, non mais je pars loin là huf. Enfin après je sais pas. Et je sais pas non plus si j'ai été claire.

C'est clair que c'est le genre de situation où tu t'emmêles facilement les pinceaux. Limite faudrait faire des schémas pour tout mettre en ordre, avec des flèches et tout ça. Complètement dingue. Et encore, là, c'est pas comme si c'était le grand amour. Non mais parce que là, je vous raconte pas. Vous voyez, si on tombe pas amoureux et qu'on s'engage pas dans une relation. C'est certainement en partie pour ça. Pas de relation, pas d'emmerdes. Enfin bref.

"Contente", répond-elle en souriant. Sourire que je lui rends en exagérant légèrement les traits pour me moquer à nouveau de son impatience, le tout dans la plus grande discrétion possible.

"Normalement, normalement il ne se passera rien. Ok. Il t'attire mais vous voulez rester potes, et c'est tout. C'est sûr, ça peut être compréhensible, vu que vous êtes potes. Mais bon. J'suis sûre que vous allez craquer. C'est pas comme si vous étiez ensemble souvent, en plus. M'enfin. Après, vous faîtes comme vous voulez. Mais moi j'vous dis ça va être chaud de tenir." Elle hausse les épaules. "Ensuite, tu sais pas pourquoi ça t'a perturbé - en plus, apparemment, c'était juste un baiser -  mais ça t'a pas empêché d'aller voir à droite à gauche pendant les vacances. Et t'es pas amoureux de lui. Euh... Faut avouer qu'c'est pas banal. Peut-être que c'est dû au fait que vous êtes quand même proches étant potes, que vous vous attirez mutuellement et que vous le savez, mais que vous refusez de faire quoi que ce soit ensemble. Et c'est peut-être pour ça que ça te met la tête à l'envers. Parce que du coup, c'est comme si c'était interdit, et, en fait, non mais je pars loin là huf."

J'acquiesce au fur et à mesure de sa réflexion, alternant les hochements de tête, les "mh" ou les "ouep" discrets, et tout autre signe susceptible de lui prouver que je suis d'accord avec ce qu'elle raconte. Cependant, je peine à la suivre à partir du moment où elle commence sa rude hypothèse qui pourrait expliquer pourquoi le Charlie me fait cet effet. Inconsciemment, mes yeux se plissent, cherchant à se concentrer sur chaque son sortant de sa bouche.

"Enfin après je sais pas. Et je sais pas non plus si j'ai été claire," termine-t-elle alors que je passe une main dans mes cheveux pour reprendre le contrôle de mon cerveau, qui avait malheureusement décidé de faire une petite sieste en pleine tirade Lopezienne.

- Euh je t'avoue que tu m'as perdu quelque part entre "banal" et "interdit", je grimace tout en riant, avant de reprendre plus sérieusement. J'ai jamais été amoureux de qui que ce soit de toute manière, c'est pas demain la veille que ça va commencer. Après, de l'attirance, ouais y en a. Et si j'ai bien compris ta vision des choses, ce serait le fait qu'il y ait cette barrière 'potes' à respecter qui ferait que je veuille me le taper ? Peut-être ouais. Mais dans un sens, c'est pas super logique non plus, sinon je galèrerais à ne pas te sauter dessus aussi, non ?

Je lance un regard lubrique à mon amie. Elle sait aussi bien que moi que je blague, bien évidemment. On sait très bien que ce serait, premièrement pas raisonnable, et secondement le gros bordel, si on finissait dans le même lit.

- Enfin bon, je sais pas. On verra bien comment ça se passe par la suite. Je suppose que t'as passé un bon été, toi ?, je demande, ravi à l'idée de connaitre les probables nouveaux noms inscrits sur son tableau de chasse.

"Euh je t'avoue que tu m'as perdu quelque part entre "banal" et "interdit". J'ai jamais été amoureux de qui que ce soit de toute manière, c'est pas demain la veille que ça va commencer. Après, de l'attirance, ouais y en a. Et si j'ai bien compris ta vision des choses, ce serait le fait qu'il y ait cette barrière 'potes' à respecter qui ferait que je veuille me le taper ? Peut-être ouais. Mais dans un sens, c'est pas super logique non plus, sinon je galèrerais à ne pas te sauter dessus aussi, non ?"

Voilà. Qu'est-ce qu'on se sent écouter parfois. Enfin j'avouerais que c'est normal. J'pense que j'aurais aussi décroché à un moment donné. J'pourrais même pas vous répéter ce que j'ai dit, j'me suis moitié emmêlée les pinceaux, alors. Mais en gros, c't'à peu près ça, ouais. Il est attiré, mais vu qu'ils sont potes, ça lui fout son neurone à l'envers. Ses neurones, pardon. Je hausse les épaules pour toute réponse à la question. De toute façon, c'est compliqué, et visiblement, même quand on est extérieur à tout ça, c'est le bordel, alors.

Sa dernière phrase est accompagnée d'un de ses regards peu catholiques. Je penche légèrement la tête sur le côté, lui adressant un sourire charmeur, faisant légèrement bouger mes sourcils avant de pouffer. Ce serait la plus grosse blague du siècle. Enfin j'veux dire que ça ne risque pas d'arriver. Mais pour en revenir à la chose, ils sont attirés l'un par l'autre, alors qu'entre Dam et moi, y a juste aucune attirance. On est potes, c'est tout. Donc peut-être que c'est pas si bête que ça. Enfin, comme il dit, j'sais pas non plus. Et on verra bien ce qui se passe ensuite, c'est certain.

"Je suppose que t'as passé un bon été, toi ?" demande-t-il.

Si tu savais. Si j'avais pu, j'y serai restée. Enfin, il aurait fallu que j'vous ramène, parce qu'à la longue, ça fait long, sans ses potes. Au début, ça va, mais à la fin, t'es quand même vachement impatient de les retrouver. Donc, il était tout de même temps que la rentrée arrive. Mais sinon, ouais, c'était. Ah buh.

- Arrête, j'ai rencontré un de ces mecs. Tom. Putain, le meilleur coup de ma vie, j'te jure. Eumh, y en a eu un autre, je sais plus son nom. J'les retiens pas. Y en avait un autre intéressant, mais bordel qu'il était collant. Donc ouais, non, il est passé à la trappe. Et j'ai pensé à toi, j'en ai rencontré un hyper bien gaulé. Sauf que, ben. Il est homo. Trop déçue. Sinon ça a fait du bien de retourner un peu au Mexique, c'est pas t'à fait la même température. Ni les mêmes paysages. Et toi ? Qu'est-ce t'as foutu en Australie ? J'veux tout savoir.

J'ai vu mon père, un peu, aussi. Mais bon, c'est pas franchement nécessaire de le dire. Ce n'est que lui. Et puis certainement que, pour la plupart des gens, la famille Lopez est une famille unie et soudée. Laissez-moi rire. Quand votre père vous annonce qu'il est chef de la mafia, et qu'un an après vous découvrez qu'il a trompé votre mère, et qu'il a une autre fille, vous avez quelques chances de le détester. J'le déteste pas, on verra ça plus tard, mais je lui en veux. D'avoir trahi ma mère, qui était et est toujours amoureuse de lui. De m'avoir menti pareillement. Et de faire comme si je n'étais qu'une chose sans importance, qui n'avait pas besoin d'un minimum de soutien et d'affection de la part de son père. Ofh, on s'y fait. Disons que ça vient avec le temps, après c'est banal. ça peut faire un peu mal de temps en temps, mais on encaisse de plus en plus, et après, c'est comme si de rien n'était.