J'avais passé encore une très mauvaise nuit. Je me réveillai vers 4 heure du matin en sursaut dans mon lit, le souffle court. En voyant et en réalisant peu à peu dans quel endroit je me situais, je repris lentement mes esprits et mon souffle. J'avais fait encore un de ses cauchemars. Pendant une fraction de seconde, je croyais vraiment que je venais de me faire tuer par mon père. Mes rêves semblaient de plus en plus si réel que je me perdait entre mes rêves et la réalité. Tout était si confus dans ma tête de toute façon. Je me retournai dans mon lit mais je savais que je n'arriverais pas à retrouver le sommeil. Si bien que je finis par me lever et d'aller dans ma salle de bain, ou je m'agrippai au lavabo avant de me regarder dans une glace. Puis soudain, je me mis à pleurer, m’effondrant alors sur le sol. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais, mais je n'arrivais pas à me retenir. C'est comme si l'énorme pression de ma vie pesait sur mes épaules d'un seul coup et me forçait à pleurer.

Il me fallut quelques minutes pour me ressaisir. Je m'aspergeai alors le visage d'eau froide pour me rafraîchir les idées avant de retourner dans ma chambre. J'ouvris alors la fenêtre et m'assis à son rebord. Il faisait doux pour une nuit de mai. Mais respirer un peu d'air frais me fit du bien. J'observais ainsi le calme et le silence de la nuit. Au loin, on pouvait distinguer les lumières de la ville. J'aurais tellement voulut pouvoir sortir pendant la nuit... Mais hélas, c'est impossible, les portes des dortoirs sont fermées. Et puis sauter par la fenêtre, même pas en rêve. Je restais assises ainsi à la fenêtre pendant quelques minutes, pensant à toutes choses, certaines me faisant sourire, d'autres me faisant pleurer. Je repensais aussi à mes amis, à Keith surtout. Je me disais qu'un jour, il faudrait tout de même que je lui parle de tout ça. Mais je n'en avais pas le courage et ce n'était pas le moment.

J'eus soudain l'envie de bouger tout de même de sortir de ma chambre, de respirer un autre air que celui ci qui m'étouffait. Je fermais la fenêtre et m'habillai rapidement dans une tenue décontracté : jean, tee-shirt complètement banal et basket. Je ne rencontrai sans doute personne alors pas besoin de soigner mon look. C'est juste histoire de marcher un peu. Je passais tout de même un coup de brosse dans mes cheveux pour ne pas avoir l'air non plus d'être complètement débraillé, style sortit à peine du lit. Enfin bref. Je pris avec moi mon paquet de cigarette et mon briquet puis je sortis de ma chambre.

Je me mis alors à déambuler sans but dans les couloirs sombres et silencieux. Je n'avais pas pris avec moi mon téléphone pour m'éclairer. J'aurais dut. Au pire j'ai toujours du feu si j'ai besoin de m'éclairé. Oui et doué comme tu es, tu feras sans doute tomber ton briquet par terre et ça mettra le feu à toute la battisse. Oh tu es lourde. Arrête d'être pénible comme cela, déjà que je suis fatiguée et que j'ai légèrement mal à la tête. Tu n'avais qu'à rester coucher. Et tu crois que c'est de ma faute si je fais des cauchemars toutes, je dis bien toutes, les nuits ? Non ! Alors maintenant, ferme la.

Mes pas me menèrent jusque dans le salon commun, aller savoir pourquoi. Moi même je n'en sais absolument rien mais c'est comme cela. Bon bref. Je rentrai alors dedans. Il n'y avait personne, même pas un fantôme. Rien. C'était vide et immense. Les ombres s'étendaient ici et la et les rares rayons de lune qui passaient par la fenêtre rendait le paysage terrifiant. Un monstre aurait put sortir de l'ombre à tout moment. Et je me mets à avoir peur des ombres maintenant, et bien, je suis bien tomber bas. En tout cas, le lieu semblait idéal pour en griller une. Sans rien n'allumer, je pris une des chaises et la posai près d'une des fenêtres, que j'ouvris pas la suite. L'air frais et doux de la nuit entra alors dans la pièce. Je m'assis sur la chaise, sortis une cigarette et l'allumai. La flamme du briquet éclaira un instant la pièce. Mais je l'éteignis très vite. Puis je tirais sur la clope avant de la laisser se consumer à l'extérieur. Ah... Ca détendait. Tu fumes de plus en plus ma parole. Fermes la.

J'avais, moi, l'habitude de déambuler dans les couloirs des dortoirs la nuit. On aurait pu croire que j'étais un somnambule, voir un étranger qui faisait intrusion dans le bâtiment, mais non. J'étais juste un insomniaque qui, tout les soirs, se rendait dans un salon et profitais du calme de la pièce. J'aimais l'ambiance de la nuit, j'aimais ces rayons de lune qui traversait le double vitrage. Et j'aimais le silence qu'offrait ces dortoirs. Silence parfois interrompu par un ronflement, ce qui était souvent courant en période hivernale, surement du au froid. Ou parfois un cri de bonheur qui m'était familier, un cri de désespoir, de délivrance, de tout. Un petit jouissement pour certains qui se moquaient des règles et qui profitait de la nuit pour mener leurs affaires.

Je marchai donc dans les couloirs, connaissant le chemin que je prenais habituellement. J'étais ponctuel, il était 4h16, et j'avais pour habitude de sortir vers les 4h20. J'étais peut-être même trop ponctuel, mon ancienne agence m'y avait forcé, les clientes n'aimaient pas attendre et je l'avais compris. Je prenais soin d'enfiler un t-shirt sur mon torse nu, de toute façon à cette heure ci, peu de personne aurait l'occasion de me voir, alors sortir en calbut et en t-shirt ne me gênait pas. Je quittais donc de ma chambre, clopes en mains, faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller mon colocataire Liam à qui je n'avais pas vraiment parlé. Mais même si je ne connaissais pas le bonhomme, je mettais un point d'honneur sur le respect que je devais lui porter. Déjà qu'il me laissait être debout à ses heures là sans râler.

Je longeai les couloirs, me dirigeant vers le salon où je passais habituellement mes nuits. Je me demandais aussi parfois si l'odeur des cigarettes que j'y fumait la nuit y restait jusqu'au lendemain. C'était probable, vu qu'on était en mai. L'air était encore doux, et souvent je n'ouvrais pas pour aérer. Car quand je le faisais, la brise m'arrachait un incontrolable frisson.

J'arrivais vers le salon commun, et avant d'entrer dans la pièce, j'entendis un son de briquet. Il y avait quelqu'un. Quelqu'un avait-il osé prendre ma place "d'oiseau de nuit" ? J'espérait secrètement tomber sur quelqu'un  qui me laisserait tranquille et fidèle à mes habitudes. Si ça n'avait pas été le cas, je n'aurai pas éviter une bagarre nocturne. Mon passé et ma carrure me permettrai aisément la victoire. Non ce n'était pas de l'égocentrisme, mais je connaissais ma puissance. Voilà tout.

Je m'engouffrai dans la pièce, et fut surpris d'y voir une jeune femme. Elle me semblai jolie, du moins, c'est ce que les lueurs de lune pouvait dessiner sur son visage. Elle était assise sur une chaise face à une fenêtre ouverte. Elle craignait apparemment moins le froid que moi. Je souriais, je n'aurai au moins pas à me battre. Je m'appuyais contre l'encadrement de la porte, en prenant soin de faire un peu de bruit. Histoire que lui montrer ma présence.

La cigarette me faisait du bien et me calmait. Ce cauchemar m'avait encore mit les nerf à vif. Je sais pas ce qu'ils ont en ce moment, mais ils semblent de plus en plus réels ! Parfois j'ai même l'impression en me réveillant que ça c'est réellement passé si bien que parfois je suis perdue. Enfin bref. Je regardai le paysage calme qu'offrait la vue par la fenêtre. La lune éclairait comme elle pouvait, c'est à dire pas grand chose malgré tout. Elle ressemblait à rien cette nuit la lune, juste à un petit croissant tout pourri. Enfin, tout ça pour dire que je ne distinguai pas grand chose du dehors, si ce n'est que des ombres difformes. Et l'intérieur c'est pire, on voit presque rien. Mais mes yeux étaient habitués à cette obscurité si bien que quand j'entendis un bruit venant de la porte d'entrée, je réussis à distinguer une forme humaine.

Tout de suite, je m'inquiétais. Et si c'était un pion ? Oh mon dieu ! Etant à la fenêtre, la lune m'éclairait quelque peu. Il devait surement voir mon visage ainsi que ma cigarette que je tenait dans ma main, tendue au dessus de la fenêtre. C'est bon, j'étais bonne pour les heures de colle. Oh et puis, ce ne sont pas quelques heures de colle qui allaient changer ma vie de toute manière. Il peut bien me coller si il veut. Je retirai alors une taf et laissai la fumée s'envolé dans la nuit en dehors de la pièce. La personne sur le seuil restait silencieux, sans doute entrain de me dévisagé. Ça m'énervai de ne pas savoir qui c'était.

Je retournai alors mon regard vers lui et essayais de mieux distinguer. Je voyais la silhouette d'un homme, assez grand et muscler je dirais... Ouai, un homme musclé vu la carrure. Les cheveux légèrement en bataille... Quoi que j'en sais rien vu que c'est assez flou... Bref, cette silhouette ne me rappelait personne. Mais je doutais que ce soit un pion sinon il m'aurait déjà crier dessus. Vous les connaissez non ? Toujours à vous engueuler pour le moindre petit truc. Affligeant. Je dis alors d'une voix claire, relachant mes épaules car elles c'étaient contractées lorsque je pensais que c'était un pion :

- Toi aussi tu n'arrives pas à dormir ?

Je retirai de nouveau une taf avant de remonter mes genoux contre ma poitrine et de poser au passage mes pieds sur la chaise. Ça se fait pas, et alors ? Je m'en fiche. OK ? J'entourai de mon bras libre mes fines jambes. Mine de rien, il faisait tout de même frai dehors. Mais bon, vu qu'il y a des détecteur de fumée dans la pièce, vaut mieux laisser la fenêtre ouverte si on ne veut pas s'attirer les foudres du personnel. Aussi, je faisais bien attention lorsque je devais rentrer quelque peu la cigarette dans la pièce pour prendre une nouvelle bouffée. Mais la, je l'avais quasiment finie de toute manière.

- Aller viens, ne reste pas planter la. Prends une chaise et viens me rejoindre qu'on discute un peu entre insomniaque.

C'est vrai que tout les deux, on pouvait se qualifié d'insomniaque. Enfin moi j'en étais une. Après lui je sais pas. Quoi que, généralement, il n'y a que les insomniaques ou les somnambules qui se baladent la nuit dans les couloirs. N'ai-je pas raison ?

Si, bien sur qu'elle avait raison. D'ailleurs le clair de lune qui se reflétait sur son visage et su la fumée qu'elle expirait la rendait magnifique. Elle m'avait entendu et je la sentais se crisper. Elle avait surement du penser que j'étais un pion. Mais non, j'étais loin de la sanctionner pour fumer ici, alors que je le faisais toute les nuits. J'avais trouvé une compagnie pour cette nuit, et ça me plaisait. Il était vrai que la lune ne formait qu'un simple croissant merdique. Mais je l'appréciais quand même, je l'appréciais sous toute ses formes. C'était ma seule compagnie tout les soirs. Pas que je lui parlait, non. Mais c'était le seul élément qui changeait chaque soir. Comme une personne.

La jeune femme se tournait vers moi et je sentis son regard, même dans la pénombre, me détailler. Oui, c'était vrai, je ne m'était pas inquiété de l'état de mes cheveux, ni même du fait que je sois en simple caleçon. Mais j'avais, pour dire, l'habitude d'être seul dans ce salon alors mon état, contrairement en journée, m'importait peu. Elle s'était habillée confortablement, en basket, slim. Ca lui allait bien, de ce que je pouvais voir à travers les rayons de lune qui traversais les quelques nuages.

- Toi aussi tu n'arrives pas à dormir ?

Un sourire se dessinait alors sur mon visage. Moi aussi ? Mais moi je ne dors pratiquement jamais, sauf en cours. Moi, je restais dans ce salon tout les soirs. Elle remontais alors ses genoux contre elle, posant ses pieds sur la chaise. Honnêtement, de mauvaises manières ? Je m'en foutais un peu. Il était 4h24 et les allures classieuses ne me préoccupaient pas. Pourtant, la demoiselle faisait attention à ne pas laisser rentrer de fumer à l'intérieur de la pièce. Je jetais un coup d'oeil aux détecteurs et souriait. Il ne marchait pas. Sinon je n'aurai jamais pu fumer tranquillement tout les soirs ici.

-Aller viens, ne reste pas planter la. Prends une chaise et viens me rejoindre qu'on discute un peu entre insomniaque.

Elle me lançais cette phrase avant même que je puisse répondre à la précédente. Je m'éxecutais, de toute façon, je n'avais pas prévu de prendre possession de la porte et je comptai bien faire comme tout les soirs. Je m'avançais près d'elle un sourire aux lèvres et entrait tout juste dans la lueur de lune près de la fenêtre. Je m'assis alors sur la table en face d'elle, sortant une clope de mon paquet et l'allumant sans me soucier d'être près de la fenêtre ou pas. Mais en m'approchant de la fenêtre, l'air frais m'arracha un frisson qui parcouru mon corps. Bordel. J'avais vécu toute ma vie au Brésil, et je devais me forcer à m'habituer à ce climat canadien. Alors avoir plongé mes yeux dans les siens, j'ouvrais enfin ma bouche afin de lui répondre.

- Je t'ai jamais vu de nuit ici, qui me vaut l'honneur de m'accompagner ce soir ?

Je n'avais jamais vu cette fille ici, du moins à cette heure ci. Je me demandai ce qui avait bien pu la pousser à venir ici si tôt dans la matinée ou tard dans la soirée, c'était relatif..

- Je t'ai jamais vu de nuit ici, qui me vaut l'honneur de m'accompagner ce soir ?

Le jeune homme c'était assis sur une table juste à coté de moi. Sous la faible lumière de la lune, je pouvais enfin le voir entièrement. Il était habillé d'un simple caleçon, ce qui me fit très légèrement rougir. Oh, j'en avais vu des tas des garçons en caleçon, mais jamais d'inconnu tel que lui. Surtout que je regrettais presque de ne pas avoir pris plus soin de moi. Il avait vraiment un beau physique et du charme ce garçon. Légèrement musclé, tatoué un peu partout... Il devait sans doute faire tourner la tête de toutes les filles ! Enfin, gardons notre calme.

Il avait aussi sortit son paquet de cigarette et fumait librement dans la salle sans ce soucier de la fumée qu'il dégageait. L'alarme à incendie ne marchait-elle pas pour qu'il fume ainsi librement ? Hum... Ba on verra bien dans les prochaines minutes de toute manière. Je tirai une dernière fois sur ma cigarette avant de l'écraser sur le rebord de la fenêtre et de la jeter dehors. Oui, je ne suis absolument pas respectueuse de la nature. Si vous saviez comment j'ai été élevé ! C'est toute une histoire. Je répondis finalement à la question du jeune homme avec un sourire énigmatique :

- Va savoir. Une soudaine envie de prendre l'air peut être ?

C'est vrai qu'avant je ne descendais jamais après m'être réveillée de mes cauchemars habituels. Mais la, je crois que j'en avais tout simplement marre de me réveiller toutes les nuits. Surtout que les images de mes rêves revenaient de plus en plus souvent dans mes pensées. A croire qu'elles me hantaient. Je regardais le jeune homme, mes genoux toujours contre ma poitrine. Sa phrase me laissait penser que ce n'était pas la première fois qu'il venait ici le soir, presque à croire qu'il n'arrivait pas lui non plus à dormir chaque nuit.

- Dis moi, toutes les nuits tu viens ici ou quoi ?

Je m'amusais à passer mon regard de lui, à la pièce, à la fumée qu'il dégageait pour en revenir à lui. Parfois je regardais de temps à autre par la fenêtre. Je sentis une petite brise légère soulever légèrement mes cheveux et m'arracher un frisson. Ouhou, même si on est au printemps, il fait tout  de même pas chaud. Je pense qu'il aurait mieux fallut que je mette un pull tout de même. Vu que l'alarme ne semblait visiblement pas fonctionné vue la fumée qui montait dans la pièce sans déclencher le moindre son, je me levai de ma chaise pour fermer la fenêtre avant de m'asseoir quelque peu contre le rebord de la fenêtre et d'appuyer mon dos contre cette dernière. Puis je reposai mes yeux sur le beau jeune homme.