Jerome.

Ouh la la, la jolie demoiselle se risque au bord de la falaise...


Spencer.

Je m'arrêtai juste avant de foncer dans une brunette qui s'était mise en travers de mon chemin. Croyant à une plaisanterie, je regardai derrière elle, avant de le ramener sur elle. Visiblement, elle était sérieuse. J'hausse un sourcil interrogateur. Je retirai mes écouteurs et éteignis ma musique.

- Hum, bonjour. Il y a un problème ?

Depuis quand on agresse les gens de cette façon quand ils entrent dans une pièce ? Je remarquai la présence d'Alex plus loin. Je lui adressai un geste de la main.


Jérôme.

La jeune plante souria en agitant la main vers Alex. Je chuchote quelques mots à celui-ci.

- Tu la connais, cette inconsciente ?

Spencer.

Elle a raison sur un point : on salue les gens que l'on croise. Mais pas totalement non plus. Elle ajoute qu'on leur adresse un regarde pour montrer qu'on les a vu. Mais ma jolie, j'ai à peine eu le temps d'entrer dans la pièce, la seule chose que j'ai vu, c'est ta tartine de fond de teint sous mon nez. Le reste de son monologue... Non mais elle se prend pour qui, elle ? Je fronce maintenant les sourcils.

- Alors déjà, tu peux me faire la morale, j'viens de te saluer. Un peu tard, certes, mais ce n'est pas toi qui me l'a rendu.

Je hausse le menton, déjà agacée par cette fille qui doit certainement péter plus haut que son cul.

- Et en quoi ça change quelque chose que tu sois dans cette pièce ou non ? Tu es au même rang que tout le monde. Moi j'ai failli te rentrer dedans ? Excuse-toi, oui. Tu t'es mise sur mon chemin lorsque je suis entrée. Remets toi en cause.

Je la foudroie du regard. Cette dinde ne sera certainement pas au rang amical de mes fréquentations.

Spencer.

J'esquisse un sourire insolent.

- Tu viens toi aussi d'admettre que tu étais en tort : c'est bien toi qui est venue te foutre sur ma route. J'te comprends, dis-je en prenant le même ton qu'elle. Qui ne reverrait pas que je le renverse ? Tu te rends compte ? Tu aurais eu un contact physique avec moi ! Fantastique, non ?

La voilà qui se prenait pour une diva. Non mais je vous jure, qu'est-ce qu'il faut pas entendre. J'écoutai distraitement ce qu'elle racontait. "Je, moi, je". Change de disque. Suite à cela, elle m'accorda enfin une parole "gentille". J'avais donc des yeux correctes. Venant d'une personne comme elle, c'était certainement la plus grosse remarque de gentillesse qu'elle n'avait jamais faite. Mais je n'allais sûrement pas m'arrêter à cela. Je pinçai les lèvres.

- Par-contre, de tels yeux de vipères comme les tiens, tu devrais peut être les cacher.

Hmm, pas sur qu'elle apprécie.

Jerome.

Tout comme Alex, je suivis la discussion des deux demoiselles. J'étais sans voix. Qui aurait cru qu'une petite nouvelle au visage doux serait capable de tenir tête à Queen Ashley ? Impressionnant. Je jetai un coup d'œil perplexe à mon ami.

- Vaut mieux pas se la mettre à dos en fait, ta copine !

Spencer.

Cette dinde s'embrouillait elle-même dans ses paroles, on dirait. C'est vrai que le discours diva, ça va deux secondes. Après, faut changer de sujet. Sinon, les gens se lassent et les gens laissent tomber.

- T'énerves donc pas, je n'en vaux certainement pas la peine ! Tu as sûrement d'autres chats à fouetter.

Je remarquai cependant une petite incohérence dans sa réponse.

- C'est bien de dire que tu vas passe faire chier à répondre. Mais rien que pour dire ça, t'as déjà fait trois phrases de vingt mots chacune. Après, chacun son point de vue, hein.

Intérieurement, je bouillonnais de colère. Cette fille représentait tout ce que je détestais : le mépris, la méchanceté, l'hypocrisie. Pardon, j'oubliais la modestie.

Jerome.

Je confirmai d'un hochement de tête. J'sais pas si j'aurais été capable de mieux. Enfin moi, avec un peu plus de jugeote, je serais pas aller titiller la brunette. Là, Spencer l'avai complètement ignoré. L'égo d'Ashley, faut le Brosset dans le sens du poil. Sinon ça part vite en cacahuètes.

- Faudrait peut être intervenir, non ?

Spencer.

Je levai ostensiblement les yeux au ciel et croisai les bras sur ma poitrine. Si les paroles étaient inutiles, qu'en était-il des siennes ? Et d'elle, surtout ! Je ne relevai même pas, ça n'en valait absolument pas la peine.

Déçue ? Apparemment, ma défense verbale n'était pas au goût de la princesse. Que cela ne tienne. La dinde me parla ensuite d'Alice... Pourquoi ? Pour me tester, certainement. Elle voulait me pousser à bout pour voir si je réagissais comme la pom pom girl. Mais non, je ne suis pas du genre à frapper les gens.

- Ô ma reine, toutes mes sincères excuses vont vers vous, je suis point à la hauteur de vos attentes. Jamais je n'oserais lever la main sur vous, vous savez.

Tout en parlant, j'imitai les mines soumises de ses deux lèches-culs qui attendaient leur maîtresse, adoptant un ton également trop ironique pour que ça paraisse vrai. À la fin de cette dernière phrase, je voulus ajouter une pique mais la conscience m'intima de la garder pour moi. Je me voyais bien mal lui dire que je ne la toucherais pas puisque la merde, ça éclabousse.

Je ne me gênai pas pour regarder ma montre et bailler sans tenter de me retenir. Comme j'allais à nouveau répliquer, Alex intervint. Ne pourrait-il pas se mêler de ce qui le regarder ? Je maîtrise la situation !

Spencer.

Je hausse les épaules avec désinvolture. Decidement, cette dinde ne s'arrêtera jamais ! C'est donc pas la peine de chercher plus long. Je suis plus mature qu'elle pour savoir qu'il faut s'arrêter. Et puis visiblement, elle n'avait pas compris que je baillais d'ennui. Cette fille ne vaut pas grand chose.

- J'osais pas te le dire mais oui, je suis fatiguée... TU me fatigues.

Sur ces mots, je lui tournai le dos et rejoignis Alex et son ami, le menton haut et l'air hautain.

Jerome.

Alex eu le courage d'aller voir les deux tigresses, pour tenter de les calmer. Sans y parvenir, bien entendu. Il revint vers moi les mains dans les poches. Dommage qu'on ait pas de Pipo corns. En cette situation, c'est mieux qu'un film !

Hélas, Spencer décida de mettre fin au débat. Elle vint vers nous, tête haute et hautaine. Bref, une tête à claquer.

Spencer.

Je ne relevai pas sa dernière remarque et la regardai sortir. Une fois qu'elle fut en dehors de la pièce, je levai bien haut mon majeur vers la porte, lâchant un stupide "C*nnasse" à voix basse. Elle m'avait bien tapé sur le système, cette dinde. Non mais franchement. J'veux bien qu'elle s'aime mais à ce point là, c'est ridicule et pitoyable.

- Vous étiez en train de parler à cette pimbêche ? demandai-je aux deux garçons avec dégout.

Je réalise que je ne m'étais pas présentée au charmant ami d'Alex. Je lui tendis la main en souriant.

- J'suis Spencer, une amie d'Alex.

Amie... Je m'étais permise de dire ça mais en réalité, je n'en savais trop rien. J'aurais peut-être du dire "connaissance" ou "fréquentation". Au pire, maintenant, c'est fait, on verra bien sa réaction.

Alex


Spencer revient vers nous, la tête haute, visiblement encore agacée par Ashley. Tandis que cette dernière n'a pas l'air vraiment énervé. Eh bien... Je soupire. Comment ça se crêpe le chignon, les filles, fuh... Quelle horreur... J'suis heureux de pas me disputer souvent avec.

Même lorsque Spencer revient, je ne dis rien. J'ai pas envie de me faire rembarrer, moi, pour un truc que je n'ai pas fait. On va attendre que sa colère s'estompe avant de lui parler à nouveau. Vaudrait mieux. Enfin... J'en ai vraiment l'impression.

- Vous étiez en train de parler à cette pimbêche ?

Comment lui expliquer qu'on était en train de lui demander de propager la rumeur concernant Alice. Honnêtement, je sais pas comment elle réagirait, Spenci-chou.

Amie ? Tu l'as dans l'sac, Alex. Oh, la ferme, elle est pas comme les autres, c'est mieux. J'compte pas lui faire quoi que ce soit. Donc on se calme, d'accord ?

- Même si elle se croit tout permis, elle est bien utile.

Alex, ça peut prêter à confusion. Non, c'est toi qu'a un esprit tordu. Mouais, enfin...

Jérôme.

Je pris la main de la future ex d'Alex et lui souris. Tss, elle a l'air d'être un sacré phénomène.

- Jérôme, enchanté.


Spencer.

Le jeune homme prit ma main et répondit à mon sourire. Il s'appelait Jérôme.

Je m'assis en tailleur sur un canapé proche des deux garçons. Mon coude sur mon genoux, mon poing sous mon menton, je m'étais installée de façon confortable. Après avoir inspiré et expiré plusieurs fois, j'avais repris mon calme et évacué la colère que j'avais.

Utile ? Cette fille, utile ? Elle est aussi utile que des lunettes de vue le sont pour Gilbert Montagné. Je pinçai les lèvres. j'me suis pas calmée pour rien. Il a sûrement de bonnes raisons de penser ça.

- En quoi cette dinde est utile ?!

Pour lui avoir demander calmement, c'est réussi.