Je me souviens du premier jour où j'ai mis les pieds ici. C'était pour la visite pour les nouveaux étudiants. J'étais venue quand j'avais su que j'aurais la bourse pour des études en photo. Ce jour-là aussi j'avais parlé avec le Directeur de l'établissement dans son bureau. Sauf qu'aujourd'hui, c'était pas pour la même raison que j'avais été convoquée. En fait, il semblerait que mes compagnons de classe n'aient pas aimé ma façon d'immortaliser mes souvenirs en les prenant en photo...

Qu'est-ce que je suis censée lui dire moi, au directeur, quand il me dit que les autres se plaignent d'être pris en photo? Ouais, ok. C'est bon, je recommencerai pas, désolée... Sauf que c'est faux. J'adore prendre des photos. Je comprends pas pourquoi ça offense les gens. C'est pas comme si je publiais ces photos sur Internet, je publie seulement celles de ceux qui l'autorisent ou bien ceux qui font des photoshoots avec moi.

En sortant de l'établissement, je me suis mise à marcher dans la grande cours de l'école. J'ai vu une bande de pimbêches qui marchaient en discutant de ce mec qui était l'homme de leur vie. Je sais pas si elles parlaient de Taylor Lautner ou autre acteur dont je me fous complètement ou si elles parlaient du gars qui devaient leur jouer dans le dos, mais bon...

Moi, je marchais encore et encore, mon appareil photo autour du cou, mon téléphone portable dans la poche, ma chevelure rousse dans le vent léger et mon sac de ce chocolat noir fourré avec des fruits séchés trop délicieux que j'avais trouvé quand j'avais fait un tour chez Walmart. J'ai hâte à demain. Première journée de cours...

Je marche encore et encore dans la cours. Je suis pas trop concentrée sur où je vais, plus intéressée aux centaines de gens qui se promènent et à mon chocolat noir fourré aux bleuets séchés. Je regardais quelques photos sur mon appareil, mais je l'ai remis dans mon sac quand mon téléphone a sonné. C'était mon père. J'avais pas envie de répondre. Mes parents voulaient toujours tout savoir sur ma vie, mais j'aime pas en parler. Laissez-moi vivre un peu. J'étais concentrée sur ce que je pourrais leur donner comme excuse pour ne pas avoir répondu quand quelqu'un me fonça dedans. Je me suis alors retrouvée les quatre fers en l'air, le c*l dans l'herbe.

Toute confuse, la blonde qui m'avait foncé dessus me faisait des excuses, mais moi je m'en foutais... J'étais plus déçue d'avoir échappé une pincée de mon chocolat aux bleuets...

- Ah! T'inquiète c'est pas grave, je regarde jamais où je vais non plus. Je m'appelle Aurore, je suis nouvelle sur le campus. Tu veux du chocolat? C'est trop bon!

Ok, j'avoue... Quand je suis nerveuse et que je connais pas quelqu'un, j'arrête pas de parler, c'est plus fort que moi. Heureusement pour moi, la plupart des gens trouvaient ça assez amusant. Bref, comment se faire des amis 101 avec Aurore Jennifer Brent *rires*.

Je lui ai immédiatement passé une bonne poignée de mon chocolat. J'en avais quand même caché quelques sacs dans mon appartement que je pourrais dévorer plus tard devant quelques émissions télévisées que j'aimais tout en téléphonant à mon père pour m'excuser de pas avoir répondu plus tôt...

- Ayahi? C'est cool comme nom. Je suis nouvelle dans le coin, je connais personne, en fait... T'es dans quel genre de cours? Je fais des études pour être photographe professionnelle.

J'étais super enthousiaste. J'adorais cet endroit. Tout était beau, coloré et les gens avaient l'air heureux.

- Ya tellement de gens dans cet endroit, je sais pas comment je ferais pour les connaître tous. Ça paraît que je viens d'une petite ville.

Mon téléphone a encore sonné. Je l'ai jeté au fond de mon sac. Désolé, papa. La socialisation avant tout.

Selon la description d'Ayahi, Enamor n'était peut-être finalement qu'un endroit bien ordinaire comme tous ceux que j'avais connus avant que l'on m'enferme chez moi pour faire l'école à la maison. Il semblerait que les gens différents comme moi soient condamnés à demeurer enfermés.

Ashley... Rien qu'à entendre son nom elle donnait la chair de poule. Ce devait être ce genre de filles super belles que tout le monde colle au derrière juste pour faire partie de gens populaires de la place, mais qu'au fond tout le monde déteste, même un peu.

- Ashley... J'en prends bonne note! 'Fin moi j'ai hâte de connaître les gens et tous les scoops. Tu sais, d'où je viens, j'ai pas beaucoup d'amis. Et ouais, je suis plutôt douée en photo, mais les gens ici, ils aiment pas que j'étende ma créativité. Je crois qu'il va falloir que j'aille au centre ville si je veux éviter les plaintes.

Elle avait dit Gabriel Laurence? LE Gabriel Laurence? Avec ses cheveux blonds et ses yeux d'un vert juste trop sexy? OUAH! Si j'avais su, je serais venue avant. J'étais venue ici pour m'amuser, alors pourquoi ne pas m'amuser à fond?

- Je suppose qu'il a une copine, n'est-ce pas? J'espère au moins qu'il sort pas avec cette Ashley dont tu parlais plus tôt, ça serait trop horrible.

J'avais dit ce que je pensais, mais j'avais peut-être parlé trop vite. Pourquoi est-ce que je disais toujours tout ce qui me passait dans la tête.

Je ne m'étais jamais approchée de célébrités. Je n'étais pas lèche-cul au point de vouloir faire amie-amie avec Prudence Laurence juste pour rencontrer son frère, mais je ne dirais pas non à une rencontre avec le gars en question.

- Je sais pas s'il est aussi beau en vrai qu'à la télé? ai-je songé tout haut.

Alors que je me questionnais au sujet du beau Gabriel que j'avais vu tellement de fois à la télévision, Ayahi m'a interpellée pour me pointer du doigt une fille perchée sur ses talons hauts avec ses jeans moulants qui mettaient ses fesses en valeur et un t-shirt qui moulait une poitrine trop... bref.

- Woo... Elle fait des squats pour avoir un derrière aussi...

Je comprenais un peu mieux pourquoi tout le monde devait connaître cette Ashley. Elle avait de longs cheveux foncés qui brillaient sous le soleil, un corps qui devait faire rêver tous les gars et qui font crever toutes les filles d'envie. Quand je regarde ma poitrine à côté de la sienne, je fais carrément pitié.

- Je la connais pas, mais elle en jette cette fille. Je sais pas si je traînerais avec elle, je me sentirais bien trop quelconque à côté d'elle, ai-je plaisanté.

Je crois pas que je réussirais à devenir amie avec une meuf pareilles. Honnêtement, les gens comme elle, je suis pas capable de les sentir. Pourquoi dire à quelqu'un qu'il est ton ami alors que tu agis d'une manière plus que tyrannique à son endroit? J'aime les gens simples. Comme moi. C'est pour ça que les gens comme Ayahi m'interpellent plus que les grandes pimbêches trop populaires.

Je me souviens de cette fille qui allait au bahut de ma ville. Elle était riche, mais elle était aussi jolie. Parfois, je me dis qu'il vaut mieux que ce genre de personnes ignorent qu'elles sont jolies, car ça finit par leur enfler la tête.

- Visiter? Oui! Pourquoi pas? J'ai vu quelques trucs quand je suis venue l'été passé, mais je suis pas contre un petit rafraichissement de mémoire.

Finalement, mon après-midi était plutôt prometteur. J'allais peut-être passer un bon moment. Je crois que les rencontres et les nouvelles amitiés ne font que commencer...

- Ah oui! Au fait, t'as l'air franchement plus détendue que cette déléguée de classe qui voulait que je suive son tour guidé! ai-je plaisanté, un grand sourire aux lèvres.

Ayahi me fait faire le tour de tous les bâtiments du campus. Couloirs, classes, réfectoire, dortoirs. Bref, j'ai déjà visité, mais avoir une opinion personnelle de la part de quelqu'un qui est ici depuis un moment ne me déplaît pas. Plus je fais le tour de l'université, plus je la trouve étourdissante. Comment est-ce que les gens font pour se retrouver?

- Merci de m'avoir fait faire le tour, c'est très gentil de ta part.

Je fouille rapidement dans mon sac pour retrouver mon horaire dont j'ai surligné les classes où se trouvent tous mes cours. J'ai bien l'intention d'aller faire le tour du bâtiment des classes en solitaire pour réussir à trouver toutes mes salles de cours.

- Et merci pour les scoops et tout. Tu m'introduis bien à l'école. J'espère qu'on aura la chance de se croiser dans quelques cours, t'es super sympa.

Ressentant un léger frisson, j'enfile ma veste carreautée et je lui souris une dernière fois...

- Je te laisse tranquille, on se voit plus tard.