Alice.
C'est toujours avec difficulté que je l'estompe.

Samedi, 10h20. Il y a une heure, je me suis levée de mon lit, comme possédée par une zine positive. Comment ça? En effet, c'est ce matin, 15 décembre, que j'ai décidé que j'allais tenter de me reprendre en main. Ça fait con, à mes yeux, ça fait genre l'écologiste ..qui.. Alice, t'es biesse. C'est un bon geste. Et puis, j'en ai marre qu'on me prenne pour cette fille, semblable à une loque, une vieille loque entrain de pourrir avec ces erreurs. C'est clair, mon passé me rattrapera toujours, mes erreurs avec, mais ce sera mon problèmes et je viverais avec. Mes rencontres seront toujours méfiantes, car la personne que j'aurais en face de moi me dévisagera probablement. Je me voyais déjà..Mais bon, c'est ainsi et je ne peux rien y changer.

Mes pensées me gonflaient la tête, mais au moins, avec cela, le chemin jusqu'au parc m'avait parut moins long. Frôlant le chemin de graviers blancs, je relevais la tête délicatement, recherchant un banc. J'en repéra un à quelques mètres. Je le rejoignis vite et m'y assis. J'ôta mon écharge avec délicatesse et la déposais près de moi, avant de regarder le paysage, les yeux fauchés par le vent d'hiver.

Santana


J'ai juste aucune idée de comment je me suis retrouvée dans ce parc paumé. Sérieusement, dire que je serai toute seule cette année car Brittany m'a lâchement abandonnée. Ouais. Vous savez, cette fan inconditionnée des licornes. Pourquoi ? Parce que mademoiselle voulait faire des études dans l'équin - oh, quelle merveilleuse surprise.

Vous me croirez sûrement jamais si je vous dis qu'elle pensait transformer les poneys et les chevaux en licornes en leur donnant des fleurs roses et des papillons à manger. C'est d'un ridicule. La pauvre, quand elle se rendra compte que ça ne fonctionne pas.

En effet, Brittany est ma meilleure amie. Ouais, elle a beau être un peu stupide, on forme un duo d'enfer. Enfin, vu les petites licornes dans sa tête, on serait plutôt un quatuor.

Je hausse les sourcils, hautaine, marchant dans le parc lorsqu'un abruti de toutou vient me lécher les pieds. " Oh, bonjour jolie demoiselle blablablah ".

- Désolée mon pote, quand tu te seras fini de former, rappelle-moi, là ça pourra peut-être marcher.

Je m'avance un peu, lorsque je vois au loin la très célèbre Street. Au départ, j'voulais m'en faire une amie, mais vu les événements récents, elle serait capable de ternir ma fabuleuse réputation. Faudrait même pas que je m'arrête devant elle, mais c'est tellement tentant, avec sa mine un peu triste, pas vraiment gaie. Remarque, elle se fait lâcher par son mec, et elle va chercher le réconfort dans les bras d'un homme à femmes. La pauvre. C'est bien une chose qui ne m'arrivera jamais.

- Oh, Alice, pas trop dur de s'être faite lâchée comme une chienne sur le trottoir ?

Alice.

Une voix pincante contenant des mots méchants à mon propos vint comme me déranger. C'est d'un regard déjà noir que je me retourna vers cette voix, que je découvris une jeune femme.. aux cheveux bruns.. Santana. Cette fille.. que je n'arrivais pas à saquer. Et elle n'a rien arrangé, sérieux. Je la regardais d'un regard empli de haine. Je lui répondis.

- Non, ça va encore. Merci de prendre des nouvelles.

ajoutais-je avec un sourire, posée. Mais je changea vite d'humeur.

- Nan sérieux, t'a pas autre chose à faire que de parler à une fille comme moi ? C'est vrai, je pourrais pourrir ta réputation en un geste.

Santana.


J'étais prête à rajouter une pique après sa première réplique, histoire qu'elle s'énerve un peu. Oh là là, vous m'avez vu ses yeux qu'elle me fait ? Je tremble, c'est horrible. 'Elle a les yeux revolver'. Non, désolée chérie, je suis meilleure dans ce domaine que toi. Très honnêtement, si elle pense que je vais reculer après ce regard qui n’effraierait même pas une pauvre mouche, elle se gratte, la Street.

Je souris légèrement, un sourire moqueur, croisant les bras pour regarder Alice. Ma réputation, c'est vrai... oh... Oui. Mais, de toute façon, je suis bien entourée, elle ne la salirait qu'à moitié, la limace. En un rien de temps, je m'en refais une, une réputation ma biche.

- Tu vois, ma réputation, je la reconstruis. Contrairement à d'autres, les mecs ne me fuient pas. Faut croire que tu pues, Street.

Alice.

C'est ce qu'on verra ma belle.. Car j'ai aussi mes moyens. Il suffit que je manipule Ashley, la reine des reines et que je lui demande une faveure à ton propos. Mais je préfère le gâcher pour en faire une surprise à Santana. Je souriais malicieusement.

- Après tout, je m'en fous que les garçons me fuient, je suis bien comme ça. Je ne suis pas de genre à me faire tout les mecs que je croise, n'est-ce pas? Je préfère une réputation de conne, que de catin.

Santana.


Ah, elle n'est pas comme moi. En fait, ça m'est égal, tant pis pour elle. Elle n'aura jamais de vie, elle finira vieille fille et vierge comme une bonne soeur. Il lui manque plus que la tenue noire, et elle est prête pour aller dans un couvent. Je suis sûre que ça lui irait comme un gant. On la verrait moins. Dommage qu'elle est pas arabe, sinon elle nous aurait porté la magnifique tenue, on aurait vu que ses yeux. C'est pas plus mal.

Je n'ai pas une réputation de catin. J'aime les mecs, c'est tout. Je suis une chasseuse. Oh, Alice est peut-être lesbienne. C'est pas grave je soutiens la diversité. C'est cool pour elle. Ou pas. Enfin, contrairement à elle, non, je n'ai pas une réputation de prostituée. Pas comme elle.

- Tu finiras bonne soeur, ma pauvre. Tu sais ma belle, en plus d'avoir une réputation de conne, t'as une réputation de p*te, donc, t'en as plus que moi.

Alice.

- Ha parce que maintenant tu décides de ce que je deviendrais ? Tu te crois maitre du monde à ce point là ? Mais tu sais, Santana, tu peux avoir tout ce que tu veux, mais ce que tu n'auras jamais, c'est d'avoir l'honneur de gâcher ma vie. Tu te crois puissante à rabaisser les autres, mais, ma foi, c'est pas une qualité. Je ne sais même pas pourquoi je perds encore mon temps avec une fille comme toi. T'es juste pitoyable et vide d'émotions. Connasse.

J'avais tout lâché sans prendre la peine de mesurer mes mots, mais cette pauvre fille ne sera nullement touchée tellement elle est déshumanisée. Je me leva du banc et la bouscula au passage avant de faire quelques pas, les larmes aux yeux. Plutôt un mélange de larmes de rages et de tristesse.

Santana.


Ouh là, mais c'est quoi ce monologue ? Elle va devenir toute rouge, elle va manquer d'air et s'étouffer. Oh, une bouffonne de moins sur Terre. Sans vouloir vous mentir, ce sera pas plus mal. On se croirait en plein océan, avec tous ces thons qui se baladent librement. La pauvre, je suis quasiment certaine que la plupart des mots qu'elle prononce, elle en connait pas la signification. C'est malheureux. J'vais m'engager à donner des cours du soir, histoire d'apprendre aux idiots comme la Street ce que veut dire ce qu'ils disent.

Bon, elle a pas fini de parler ? Elle me pète les oreilles, la sainte vierge. Mon dieu, mais où est le bouton on/off ? Ou alors, faut enlever les piles. Les enlever et plus les remettre, c'est une certitude. L'entendre chouiner comme une drolesse avec sa mine toute tristounette me donne envie de gerber.

Je souris un peu plus lorsqu'elle me bouscule, se levant, pour aller pleurer dans son coin. Oh, la pauvre biche. Malheureusement, son grand ami l'espagnol ne sera pas là pour lui faire un calin.  Quel dommage. Mais Tata Diabla est là. Tsss, ah là là. Quand j'y pense, je suis trop gentille. Préparez-vous, on va avoir les chutes du Niagara à Montréal.

- Oh, excuse-moi Alice, je voulais pas te vexer, tu sais... Pleure pas. Je sais que ton ami Alex est pas là pour te réconforter, mais faut faire avec. Si tu pleures à  chaque fois qu'on te fait une remarque... Et fais gaffe, t'es encore plus vilaine quand tu pleures.

Alice.

Tu ne voulais pas me vexer.. Nan mais, la meuf elle a un cerveau ou pas? Elle croit vraiment qu'en disant ce genre de choses à quelqu'un, la personne ne se sentira pas vexé? Nan mais sérieux quoi. J'écoutais attentivement ses paroles, les yeux déjà plus secs. Etait-elle vraie? Ou me manipulait-elle? Elle m'aura pas comme ça, en tout cas.

- Si tu veux me manipuler, passe ton chemin car ça marche pas avec moi, ça.

Je soupirais.

Santana.


Moi, la manipuler ? Oh, non, jamais j'oserais. Ce serait mal me connaître, effectivement. Je vois pas pourquoi je voudrais faire ami-ami avec Alice Street, reine du scandale à Enamor. Elle, elle fait la première page du panneau d'affichage parce qu'elle a trompé son mec, ou parce que tout le monde la laisse tomber comme une vulgaire poupée de chiffons.

Moi, si jamais je fais la couverture, c'est parce que j'ai fait une performance géniale chez les pom-pom girls ou alors que j'ai réussi à attirer un autre mec dans mes filets. Quoique la plupart se laissent attraper sans opposer aucune résistance et deviennent des toutous serviables. J'ai horreur de ça. Je préfère mettre plus longtemps à l'acquérir, mais qu'au final, ça vaille le coup. Sinon, ça ne sert plus à rien, avouez.

- Je n'oserais jamais te manipuler, Street, tu le sais bien, voyons...

Alice.

Son ton de voix et ses mots me dérangèrent un peu.

- T'es pas réellement convaincante. Mais si maintenant t'es sincère entraîne-toi à être convaincante.

Dans un soupire, je relevais ma tête vers la jeune fille, lui adressant un premier regard déjà plus respectueux, à mon goût.

Santana.


Ouais, j'ai peut-être encore du boulot pour bien manipuler, encore. On peut pas y arriver du premier coup, c'est bien connu. Même moi qui suis douée, talentueuse, je n'arrive pas à jouer la comédie du premier coup. On a beau être la meilleure dans beaucoup de domaines, on a toujours une ou deux failles. Oh mon dieu, comment est-ce que je parle, moi ?

Oh, regardez, je dompte Street à ma guise. C'est trop bon. Je devrais faire dompteuse de tigres, plus tard, quoi qu'elle soit aussi sauvage qu'un pot de confiote, j'ai déjà réussi à dompter des mecs beaucoup plus renfermés que cette bourrique que j'ai en face de moi. Et dire qu'elle s'est quand même tapé le Français et l'Espagnol. Je connais le deuxième, enfin, de nom. Le premier m'est inconnu. Un ringard de sa classe, probablement.

- J'ai essayé la comédie, on peut pas y arriver du premier coup...

Brittany, elle, elle savait. En même temps, elle a des airs tellement stupides, naïfs qu'elle ferait croire à tout le monde ce qu'elle veut. Moi, presque. J'suis une tigresse, moi, je ne suis ni naïve ni stupide, après tout...

Alice.

Alice, qu'est-ce qui te prend? Ressaissions en cours. Cette meuf je l'aime pas, c'est tout aussi réciproque, alors pourquoi, tout d'un coup serait-elle gentille? Nan mais sérieux, lol. Je la regardais, et dans un long soupire je lâcha :

- Ouai bon. T'façon tes manipulations à la con tu peux aller les faire à d'autres ptites connes naïve que moi, ok?

Je souris.

Santana.


D'autres petites connes naïves que moi, dit Alice Street.
J'aime les évidences. Ouais, Street, t'es une petite conne naïve. C'est moi où elle l'a admis ? Y a du progrès, on va peut-être pouvoir en faire quelque chose, de ce pot de confiote, autre chose que la laisser étaler sa vie ennuyante sur nos tartines. Je suis fière de moi.

Sans vouloir me répéter, elle en a que deux ou trois à son actif, j'en ai une bonne vingtaine, de mecs, derrière moi. Hein ? Je me compare à cette quiche de première ? D'accord, je vais peut-être aller transformer les chevaux et les poneys en licornes avec Britt', ça sera peut-être mieux. Je déconne, bien évidemment.

- D'autres petites connes naïves s'étant faites écrasées par un camion à leur naissance ? Street, y a que toi.

Et une autre pique pour la route. Celles d'avant étaient largement mieux, je me déçois, c'est horrible, je n'aime pas ça.

Alice.

Cette meuf m'exaspérait au plus au point. Je levais les yeux au ciel, puis je la regardais à nouveau. J'avais quand même envie par moment de rire, car sincèrement, cette meuf est juste pitoyable. On dirait qu'elle n'a que ça a foutre dans sa triste vie.

- Jsuis pas naïve, c'est juste toi qui a comprit dans ce sens là, sérieux tu deviens vraiment chelou à me coller comme un parasite.

Je la regardais.

Santana


Je lève les yeux au ciel. Allons, elle est encore jeune, elle ne sait rien de la vie. En fait, elle ne sait rien du tout, pour être simple et clair. Elle dit qu'elle n'est pas naïve, mais laissez-moi rire. C'est vraiment hilarant, plus que Britt' avec ses licornes. Non, sérieusement, elle ne se connait pas elle-même. La pauvre, ça devient grave.

- Oh, je deviens chelou ?

Ce mot, ma belle, c'est à mettre à la poubelle depuis des lustres, ça fait longtemps que c'est passé. On voit vraiment qu'elle est à la ramasse. Si elle est comme ça devant la coach, je vais pouvoir hériter du poste de capitaine. Il faudrait qu'elle se repose, Street, avec ce qu'elle vient de vivre, dis donc, ce serait trop bête qu'elle se fatigue, elle finirait par crever. Oh, remarque, on serait bien tranquilles.

- Dis, Alice, faudrait te reposer, non ? Laisse-moi donc le poste de capitaine des cheerleaders, je connais le métier, moi.

Je la regarde avec un sourire en coin. Elle n'a jamais vraiment diriger l'équipe avec un grand sérieux, oh si, au départ. Mais après c'est parti n'importe comment, elle a été à l'hosto avec son copain français inconnu, elle est tombée en dépression... N'importe quoi, quoi. Donc bon, faut qu'elle prenne du recul, vous comprenez.

Alice.

- Oh, je deviens chelou ?

Je soupirais et levais les yeux au ciel. Va te fair refaire meuf, ça te fera du bien, sérieusement. Mais bon, il fallait que je garde mon calme tout de même. J'étais prête à la laisser en plan, mais celle-ci me causa encore.

- - Dis, Alice, faudrait te reposer, non ? Laisse-moi donc le poste de capitaine des cheerleaders, je connais le métier, moi.

Gamine, me disais-je en tête.

- Je sais que t'es morte de jalousie tout ça par que j'ai le poste et pas toi, mais j'en ai rien à foutre. Et non, y'a pas que toi qui connais le métier babe.

Santana


Je grogne de mécontentement intérieurement. La coach aurait été un homme, ça aurait été beaucoup plus simple. Un ou deux numéros de charme, et ça serait passsé comme une lettre à la poste. Mais, bien évidemment, on a pour coach une vieille fille reveche qui nous fait travailler d'arrache pied à chaque entrainement. Remarque, l'année dernière, au rassemblement national de cheerleaders, on a fini premières.

Je vous explique, le rassemblement national des cheerleaders consiste à montrer des enchainements, des chorés, quoi, devant un jury qui nous note et qui établit un classement à la fin de la compétition. Car, oui, tous les lycées d'Amérique on une équipe de pom-pom girls, ce qui fait qu'on rassemble toutes les équipes pour déterminer laquelle est la meilleure.

Sauf que l'année dernière, c'était pas Street, la capitaine. Non, c'était moi. Et puis il a fallu qu'elle débarque, là, et puis qu'elle me vole la vedette. Non mais je te jure, elle aurait pu rester croupir je ne sais où, merde alors.

- Ah, qui d'autre ? Non, sérieusement, si tu penses pouvoir nous amener en première position..., je lève les yeux au ciel,c'est perdu d'avance...

Je tourne les talons, faisant le chemin en sens inverse, la laissant plantée près de son banc.

Alice.

La jalousie, ma belle Santana. La jalousie te rend laide encore plus que tu ne l'es. C'est juste pitoyable d'être comme ça. Enfin bon, continue ta vie comme ça et t'ira loin hein! Je soupirais et la regardais partir, un petit sourire aux lèvres. Elle était conne. Conne. Vraiment conne. Je restais à mon banc, seule et sortis mon portable, m'ennuyant.

Santana.


T'es jalouse, San. Oh, Snixx, la ramène pas, j'ai aucunement besoin de toi, va te faire foutre. Délicate, comme toujours. 

Je lève les yeux au ciel, je peux pas la saquer, autant Snixx que Alice. En fait, surtout Alice. C'est une ignorante, elle ne nous mènera jamais en haut des Nationales, faut pas se leurrer. En plus, les pauvres juges vont devoir se bander les yeux, vu la gueule qu'elle a. Au moins, avec moi, c'était plus simple, ils pouvaient garder les yeux ouverts. On va dire que pour noter une perf, c'est beaucoup mieux non ?

En plus, Brittany n'es plus là. Le pire, c'est qu'on s'est récolté la soeur d'Alice, qu'a fait un malaise en plein entrainement... La merde quoi. Famille Street, dehors, ça serait beaucoup mieux, on monterait plus vite dans les classements.

Je ne soulève pas le sifflement du genre 'oh, viens par là, t'es bonne', d'une bande de mecs de notre age, un peu plus loin. Je suis pas une chienne, les gars. Allez appeler Street, elle est bien placée pour un truc pareil. Passant devant eux, je ne peux m'empecher de sourire légèrement. Eh non les gars, on m'appelle pas comme ça.

Je sors du parc, continuant ma route pour monter jusqu'à l'université.