Fauve.

Je rassemblai mes affaires quelques minutes avant que la cloche sonne. Allez, vite ! Ces cours de maths étaient tellement ennuyants... Mais genre, vraiment. Avec un prof pareil, aussi...Son haleine était horrible, il n'articulait pas, écrivait de façon illisible et se fichait pas mal du fait qu'on comprenne ou non. Mes doigts tapaient de façon impatiente sur la table et mes yeux restaient fixés sur l'horloge.

*DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING*

Enfin. Une minute de plus et j'aurais crevé sur ma chaise. Mon sac étant déjà fait, je sortai de la salle la première. J'arrivai dans la cours, seule. Lara ne devait pas être loin. En tout cas, il y avait pas mal de filles. Un groupe passa près de moi, riant fort et racontant leurs misères avec leurs petits amis. Idiotes. Je leur passai devant, réajustai mon sac et m'éloignai des ces pimbêches, qui me ressemblaient pourtant beaucoup. Une blondinette marchait devant moi. Hum. Elle m'avait pas l'air bien fut-fut. Ayant un bouchon de crayon dans la main, je fis la première chose qui me vint à l'esprit : lui lancer sur la tête.

Dans le mile.

Fauve.

Bien malheureusement, la blondinette n'avait pas réagi comme je l'espèrais. Je fis la moue lorsqu'elle s'approcha de moi, le bouchon à la main. Apparemment, celui-ci s'était volontairement échappé de mes mains. Je lui repris avec un sourire faussement agréable.

- Je te remercie. Il n'est pas croyable, ce bouchon ! Il est toujours en train d'embêter les autres, alors qu'il ne devrait pas. Ce n'est pas bien, dis-je le tripotant. Mais il aime bien ça.

Sur cette dernière phrase, c'est un véritable sourire qui s'affiche. Bizarrement, ce bouchon me ressemblait beaucoup. Peut-être était-il possédé ? Oh là là, calme-toi Tigresse. Tu deviens complètement débile. Je sais. Déjà que tu parles avec quelqu'un dans ta tête, voilà que tu parles de ce bouchon comme d'une personne. C'était de l'ironie, bouffonne. Laisse-moi tranquille, maintenant.

- Bon allez, il s'est juste échappé de mes mains. Je ferais attention la prochaine fois, heu... Comment les gens t'appellent ?

Fauve.

Arrivée au début des vacances ? Et elle ne se considère plus comme une nouvelle, visiblement, puisqu'elle juge que je le suis moi-même. Je pince les lèvres, un peu vexée. Une nana comme moi, ça se remarque quand même. Avec un air plutôt hautain et un ton plus sec que je ne l'aurais voulu, je réponds à Ayahi.

- Je suis arrivée en même temps que toi.

Après cela, je ne suis plus décidée à lui faire la discution. De plus, elle a un air de me regarder qui me déplaît beaucoup. Certes, elle essaye de se faire discrète mais c'est peine perdue. La blondinette analyse en détail ma tenue vestimentaire. Je pourrais faire de même mais le sien est tellement basique qu'il n'est pas intéressant. Moi, je suis habituée, en fait. Je suis si originale. Tout le monde se retourne sur mon passage. c'est une question d'habitude.

Je m'adosse contre une rangée de casiers, un visage clairement fermé affiché.

Fauve.

Je plissai les yeux. Elle se foutait de moi ou quoi ? Me voir sans me voir. Non mais il n'y avait pas écrit "débile" sur mon front. Ah oui ? T'es certaine de ça ? La ferme, Ella. J'esquissai un geste las du revers de ma main gauche, comme si je chassais une mouche virevoltant autour de moi.

Certainement.

Je fis quelques pas vers elle. Hmm. Elle faisait quelques centimètres de plus que moi. Je détestais ça. Je détestais qu'une personne soit supérieure à moi, que ça concerne la taille, la hiérarchie ou quoique que ce soit d'autres. J'avais un réel problème avec les règles, l'autorité. Les lois, aussi. Fumer du cannabis est interdit... Franchement, un jour, je vais tuer cette petite âme insolente au fond de ma tête. Bref. Je levai légèrement les yeux vers ceux de la blondinette.

Bien. si tu n'as rien d'autre à dire à Fauve, elle va prendre congé de toi.

C'était dans mes habitudes de parler ainsi. Parfois, je ne m'en rendais même pas compte. c'était comme ça et puis c'est tout. On m'avait convaincu de voir un psychologue, autrefois. Rien n'y faisait, c'était pire. C'est là que la petite voix dans ma tête est apparue. Je lui avais donné un nom le premier jour où je l'avais entendu. Ella, mon deuxième nom. C'est grave, hein ? Tu es grave. La ferme, je t'ai dit.

Fauve.

Ses lèvres s'étirent légèrement, formant une esquisse de sourire. Elle avait sans aucun doute remarqué que c'était Ella qui avait parlé. Enfin, elle savait pas que c'était Ella, elle m'avait juste entendue, moi, parler de moi-même à la troisième personne. Je la comprenais. C'était pas commun de croiser une personne parlant ainsi. Bref. Elle affirme mon idée. J'allais pouvoir vadrouiller à ma guise dans l'université. Ou bien forcer la discussion avec Ashley. J'avais bien envie de discuter avec cette peste... Juste pour voir si elle était aussi peste qu'on le racontait ici, sur le campus.

Ayahi m'adresse un geste de la main, indiquant qu'elle s'éloignait pour de bon. Je lui rends un sourire forcé et pars en trottinant.