Le manque d'Adam se faisait de plus en plus remarquer dans mon coeur. La rentrée n'était pas encore arrivé, et d'un certain côté, je la redoutais, comme je l'attendais avec impatience. Je la redoutais, parce que j'étais comme gênée de recroiser Adam, de ce qui s'était passé. Car croyez-moi, Sky n'était pas prête d'oublier cette fameuse histoire. Certes, je voulais le retrouver également, parce qu'il me manquait.. Mais je redoutais de l'ambiance qu'il allait avoir entre nous. J'allais peut être souffrir, du fait que ça n'allait plus être la même chose. Tant de questions. Enfin..

Nous étions le soir, et j'étais dans mon fauteuil, bien sappée, je dois dire. J'attendais en réalité un idiot de première pour m'emmener au bar de la ville. Idiot, et je sors avec, vous me diriez, paradoxal, mais c'est une sorte d'échappatoire à mes pensées adressées à Foster. J'oublie. Même, si je perds toute crédibilité en allant en public avec un con pareil. Voyez, c'est le footballeur populaire, d'ailleurs je me demande ce qu'il veut foutre avec moi, sûrement pour mon cul, hein, mais je le déteste. Mais bon, puisqu'il à l'air prêt à dépenser son fric pour que je me bourre la gueule pour m'avoir à lui seul après.. Y'aura du rhum, et après je lui fouterais un rateau. Tout est prévu, jeunes gens.

Driiiiing. Enfin, non, toc toc. Merde alors, le musclé aux airs de dieu est déjà là. Je me leva donc, assez machinalement et pris mon sac, avant de sortir du dortoir, saluant le jeune homme avec le sourire véritable, mais qui pour les personnes qui me connaissent, n'a rien de sincère. Il me prit par la hanche, ce qui me mise hors de moi intérieurement, mais, je ne sais pas, j'étais comme impuissante et épuisée. Epuisée de tout les jours me morfondre avec mes erreurs. Et donc.. Je me "laissais faire". Une fois à hauteur du taxis qui nous attendait, Scott, s'appelait-il, m'ouvrit la porte. Pas de remerciements de ma part, il n'a pas besoin de détails. J'entra dans la voiture, et le trajet, se fit ainsi : Scott, engageant la converstion, et une Aria, complètement autre part, montrant aucune volonté pour continuer la conversation. Que d'hypocrisie en nous, c'est dingue. Et lui, tellement il était après moi, il ne me fit aucune remarque sur mon comportement. Tant mieux.

Bref, nous arrivions enfin à destination. Je sortie du taxis, et de nouveau, le Scott aux dents horriblement blanches m'enlaça. Ses simples mains sur mon corps me firent une sensation horrible, mais à la fois agréable. C'est comme si je recevais de l'attention que je n'avais plus eu depuis bien longtemps.

Ensemble, nous pénétrons le seuil de la porte du bar de Montréal, et nous nous installons à une table, en plein milieu. Le monde était bien présent en ce soir, ça gueulait. Mais bon, on s'entendait quand même. La serveuse ne tarda pas à venir prendre nos commandes, et devinez quoi, je pris un rhum. Ce rhum qui me rappelait Adam. La mélancolie effleurait chaque jour mon esprit. Je voulais que ça se termine, tout ça. C'était de trop douloureux. Perdue dans mes pensées, Scott se prit un simple whisky. Manquait plus que ça.

Douce Aria, tout va bien?

Je retournais la tête vers lui, fronçant les sourcils, le prenant pour un ahuri, et répondis d'un air agacée dans un soupire.

Bah oui.

Lui, comme un con, me souriait, mais forcé, je crois que je l'avais un peu refroidit, et je crois que ça lui ferait du bien. Il engagea à nouveau la conversation, quand soudain, il rota comme un gros porc, ce qui me mise dans un fou rire de gamine. Le pauvre, il voulait assurer en ma présence.. c'était marrent de le voir en état de choc et de stress, et je m'amusais à rire, pour lui montrer qu'il avait échoué. Juste parce que ce genre de détail chez des gars comme lui, j'aime bien montrer que ça me fait rire, mais d'un air moqueur bien sûr. Toujours entrain de rire, je le regardais, c'était horriblement marrent. Lui, il me souriait, comme un con, gêné.

Me revoilà parti pour une année de plus à Enamor. L'été fut court mais tranquille. J'ai passé une bonne partie de mes vacances à profiter du soleil de Miami pour reprendre le surf et revoir mes proches. Toute ma vie là-bas me manque terriblement en période scolaire, alors je vis chaque instant à fond quand je retourne au bord de mer une fois les vacances venues, et ça fait un bien fou. Cependant, c'est ma vie à l'UE qui me manque quand je suis à Miami.

Cet été plus particulièrement, c'est ma blondinette Aria qui m'a beaucoup manqué. Il faut avouer qu'on s'est quittés en drôles de termes en fin d'année scolaire. Et à vrai dire, ce fut très compliqué de retirer le fameux instant qui a tant posé problème, de mon esprit. Et Blondinette en elle-même, fut très difficile également à virer de ma tête. Je n'ai d'ailleurs pas réussi à m'en débarrasser. Et alors que je rentre tout juste pour une nouvelle année à l'université, je suis partagé entre la hâte de la recroiser, et l'anxiété par rapport à nos réactions mutuelles.

Pour me vider l'esprit avant de reprendre les cours, quelques potes et moi décidons de profiter des dernières heures de vacances pour passer une bonne soirée au bar. Malheureusement, mon beunet de petit frère, Eliott, ne sera pas de la partie, puisqu'il a loupé son avion. C'est ça d'aller s'éclater en Pennsylvanie et de rentrer bien trop tard à la maison, tss. Aria ne sera pas non plus avec nous. On a prévu une soirée entre mecs à se torcher au centre ville en se racontant joyeusement nos souvenirs de vacances, et bien que je considérais la blonde comme un bon pote, je doute fort actuellement de toujours le penser. Ce n'est plus vraiment pareil, entre nous, maintenant, donc bon.

Ainsi, nous voilà tous retrouvés dans un bar du centre ville de Montréal depuis maintenant une bonne heure je crois. L'ambiance est plus que conviviale, et l'établissement commence à se remplir de monde. Je ne sais pas à quel verre j'en suis exactement, mais en tout cas je n'en suis pas à un stade très avancé. On reprend les cours dans très peu de temps, je ne vais pas me permettre de boire comme un trou à cette époque de l'année, bien que le rhum soit particulièrement bon ici. Je pourrais, mais ça ferait très mauvais genre, en ce jour si proche de la rentrée.

"Eh tiens, c'est pas Aria là-bas ?" demande l'un de mes potes en tendant le doigt vers une table un peu plus loin à ma gauche. Tous les autres se retournent alors que je sens mon cœur rater un battement. Merde, j'avais pas prévu de la croiser aussi vite. Je me retourne à mon tour, et confirme : c'est bien elle. Avec une tronche d'idiot boosté à la testostérone. Plusieurs fois, je jette discrètement un œil en leur direction. Qu'est-ce qu'elle fout avec lui ? Et pourquoi elle rit autant ? J'inspire profondément, mâchoire serrée. Le fait qu'elle rigole avec face-de-teubé m'atteint plus que prévu.

Ce qui n'échappe pas au regard de fouine de celui qui a remarqué la présence de Blondinette et son nouveau copain. "Foster est jaloux ?", me charrie-t-il.

- Foster n'est jaloux de personne. Ce sont les autres qui jalousent Foster, compris ?, je réponds sur un ton faussement pédant et totalement humoristique, ce qui me permet d'éviter la question.

La conversation reprend sur un autre sujet. J'ai eu chaud. Mais bon, ouais, j'suis sûrement un peu jaloux de ce con. Enfin, je ne le connais pas, et je n'ai rien à lui envier de prime abord. C'est juste le fait qu'il soit avec Sky qui me dérange autant. Plus que ça ne le devrait, d'ailleurs.

Ok, j'avais eu un fou rire, mais, à ce que je sache, tout fou rire à une fin, putain. Et là, j'aurais voulu qu'il dure toute ma vie, parce que ce footballeur n'a d'yeux que pour moi, c'est à peine si je peux chipoter dans mon nez sans qu'il le remarque. Fuuu, c'est pas possible! Je lui lançais des fois des regards noirs, qui voulaient tout dire, mais lui, il me touchait la cuisse, voulant m'adoucir. Ohoh, toi, si j'étais pas en période de jauge descendue, t'aurais ma main dans ta gueule sale enfoiré. Comme la tention montait en la petite Sky, je décidais de m'absenter.

Nan, mais attend, j'ai pas fini mon rhum, et j'veux pas qu'il me le pique. C'est avec délicatesse que je saisi mon verre, et que je bu cul sec le fond, enfin le gros fond. Cette sensation de brûlure dans ma gorge me fit sourire malicieusement, comme pour exprimer mon bien-être. Aargh. Je me rends compte que sa main se trouve toujours sur ma chair. Je la prise donc, n'hésitant pas à planter mes ongles dedans et la retira. Scott, amusé releva la tête, se rapprochant de moi, et me murmura, à l'oreille :

A ce que je vois, Aria a une face cachée. Celle d'une tigresse, ça m'amuse tout ça.

Ciel. C'est juste que j'ai envie de le baffer et de lui casser toutes ses dents, hein, mais on va utiliser le verbal pour aujourd'hui. Je me reculais, en premier lieu et le regardais de haut en bas.

A ce que je vois, tes yeux sont semblables à deux couilles. Alors, soit tu calmes tes fantasmes d'ado de 14 ans, soit je te plante ici avec ton ami le whisky. Sur ce, j'vais pisser troufion, va.

Pétrifié fut-il, mais tout aussi amusé! C'est à croire que tout l'excitait. En période de chaleur, hein.. Je soupirais et me levais, haussant les yeux au ciel. Ce mec est le dernier des cons, j'en suis sûre. Un vrai boulet, je comprends pas comment ça peut encore exister à notre âge. Bref, direction les toilettes pour prendre une pause. Parce que là, j'en peux plus de sa stupidité. Je marchais donc, le pas lent et le regard dans le vide, vers les toilettes. Putain, ce qu'elles sont loin.

Tête-de-con est de plus en plus proche d'Aria. Il lui susurre des mots doux à l'oreille, tente la main sur la cuisse, et son regard de putois affamé en dit long sur ce qu'il pense de ma blondinette. Rhaa, ça me soule, bordel. Mais bon, je me rassure en me disant qu'Aria n'a pas l'air si enjouée que ça, en atteste son air fermé et son obstination à garder son périmètre d'espace vital. Mais c'est à croire que ça excite le gamin plus qu'autre chose. Il s'arrête jamais, ou quoi ? Si tu cherches une fille facile pour un coup d'un soir, c'est pas avec Aria que ça va marcher, crétin.

J'avale une longue gorgée de mon verre pour faire passer la scène qui se présente à quelques mètres de moi. Putain, c'que ça brûle. Mais ça brûle tout de même moins que mon poing qui meurt d'envie d'aller s'écraser sur le nez du balai à chiotte. Je n'écoute plus vraiment ce que racontent mes potes tout autour de moi, qui relatent toujours leurs souvenirs de vacances. J'en entends quelques bribes, mais je suis bien plus intéressé par le duo de la table un peu plus loin.

Contre toute attente, Aria se lève subitement, et se dirige vers les toilettes. Je ne prends même pas le temps de réfléchir. Je bois d'une traite ce qu'il reste au fond de mon verre, et bondis hors de la table.

- J'reviens.

Les autres n'ont même pas le temps de réagir que je suis déjà loin. C'est facile, avec les grandes jambes que j'ai, de marcher si vite. En un rien de temps, j'ai atteint Blondinette. J'attrape brusquement sa main avant qu'elle ne me voie et l'attire dans un couloir adjacent, un peu plus loin et à l'abri des regards indiscrets. Une fois tranquilles, je la lâche.

- Depuis quand t'aimes ce genre de gueules de merdeux toi ? Sérieux, il était presque à baver sur ses chaussures, je lance, ironique. Pourtant, cette ironie n'est là que pour masquer le fort agacement que je ressens à l'instant présent. Elle sonne alors comme une sorte de reproche au second degré, entre taquinerie et mise en garde.

Scott Holyver, pire ordure que je connaisse. J'en étais consciente en plus, c'est ça le pire. Mais c'était vraiment une sacrée échappatoire à Adam, bien que je perdais toute crédibilité en m'affichant avec, et que ça me faisait juste chier. Mais bon, quand on trouve une solution pour se soulager et oublier ses problèmes, j'crois qu'on ne refuse presque jamais.

Bordel, je vais me faire violer ou quoi? Je venais, soudainement, de me faire attraper par le bras et entraîner dans un couloir assez lugubre pour ma part. J'étais donc en bug total, mais encore plus.. Foster ? ADAM ? Paf. Choc dans ma tête et au coeur. Je le regardais, choquée, ou plutôt dépitée. Mais qu'est-ce qu'il foutait là, bordel de merde ? Mais qu'est-ce qu'il fout putain ? Ah ouais, et maintenant il m'a surprise avec ce pauvre con, donc voilà, j'suis plus la Aria d'avant. Mais quoi ? Je comprends plus rien. J'avais chaud, c'est comme si là, je dégoulinais de sueur, je stressais, j'étais angoissée, tout avait été si vite.

Depuis quand t'aimes ce genre de gueules de merdeux toi ? Sérieux, il était presque à baver sur ses chaussures. me lança-t-il, soudainement, plutot ironiquement.

Pourtant, je savais bien que ce n'était pas simplement ironique. Je le connais assez pour faire abstraction de l'ironie et du sérieux ou plutôt.. de la colère. C'était assez étrange, son ton voulait comme cacher sa colère. Je le regardais donc, l'air cette fois-ci pas mesquin, restant bouche bée et incrompréhensive face à ce qui se passait.

Mes mains se posèrent automatiquement sur mon front, prouvant ma confusion. Voir Adam, ici, maintenant, comme ça, et le voir me poser cette question avec un ton horriblement bizarre. Nan, c'est trop. Je soupirais un bon coup, et reculais d'Adam, m'adossant au mur d'en face. Je le regardais, d'un air amplement sérieux, et lui répondis, toujours aussi confuse.

Je ne croyais pas te voir, là, ici maintenant, Adam. Pas maintenant quoi..

Et pourquoi pas ? Fallait bien y faire face un jour, tu vas me dire, Sky. Mais oui, mais c'était censé être ma soirée, mon échappatoire. Et.. c'est que je ne voulais pas qu'il me voit avec ce pauvre con. Sérieusement, je perdais toute ma crédibilité, à cet instant. J'avais honte, je n'avais même pas envie de répondre à sa question principale, parce que oui, je l'avais complètement contournée, de honte. Et même, quelque chose d'autre me préoccupait. Adam n'était pas comme d'habitude. Alors, le regard alternant le vide et Adam, je lui demanda, craintive et confuse à nouveau :

Qu'est-ce qu'il t'arrive, Adam ?

Mes mains tremblaient, mon coeur ne cessait de s'emballer comme aux premiers baisers, c'était dingue. Toutes les images du dernier soir où on s'était vus défilaient dans mon esprit, ce qui créa un mal-être horrible en moi, tout se mélangea, autant la soirée de fin d'année que Scott, que ce moment-ci. J'en avais déjà énormément ma claque, et tout ce que je voulais faire, c'était fuir, fuir à cette situation.

Merde, je crois que j'ai fait peur à Aria... En même temps, j'avoue que j'ai du passer pour un fou. Faut se mettre à sa place, un inconnu qui l'attrape subitement et l'amène dans un couloir pour le moins lugubre aux lumières faibles, faut dire qu'il y a plus rassurant que ça comme situation, n'est-ce pas. J'ai pas gazé, sur ce coup. Mais bon, j'ai pas réfléchi, mon inconscient a pris le dessus et a décidé d'aller lui parler sans prévenir.

Alors, la peur laisse place à la confusion quand elle découvre finalement que je suis l'auteur de cette surprise. Paumée, elle pose ses mains sur son front, et recule pour s'adosser au mur derrière elle. J'en fais de même avec celui qui se trouve juste derrière moi. "Je ne croyais pas te voir, là, ici maintenant, Adam. Pas maintenant quoi..", lance-t-elle. Je hausse les épaules en guise de réponse, la fixant dans le blanc des yeux. Moi non plus je ne m'attendais pas à te voir là maintenant, Blondinette. Mais bon, fallait bien que ça arrive. Simplement, c'est arrivé un peu plus tôt que prévu.

"Qu'est-ce qu'il t'arrive, Adam ?"

Elle n'est pas à son aise. Ses mains tremblent, elle n'a pas cet air hautain et malicieux qu'elle a l'habitude de prendre quand on se retrouve tous les deux. En même temps, si elle l'avait en ce moment, je crois que ça me ferait encore plus péter un câble, uh. Moi non plus, je ne suis pas trop à mon aise, tiens. Je ne cesse de contracter machinalement la mâchoire. Enfin, pour répondre à la question, ce qu'il m'arrive, c'est que ça me fait chier qu'elle se retrouve avec un merdeux dans son genre, ça me fait chier de l'avoir vu rire avec lui, ça me fait également chier de ne pas avoir pu la sortir de ma tête de tout l'été. Cependant, est-ce que je vais lui répondre par tout ça aussi facilement ? Non.

J'inspire profondément et déglutis pour me calmer, détendant mes poings jusqu'ici serrés par l'agacement. Sérieux, tout ça pour pas grand chose, c'est n'importe quoi. Faut vraiment que je me détende.

- Rien, rien, je réponds un peu sèchement, cette fois-ci les yeux dans le vide, avant de reprendre plus doucement mais sur un ton encore quelque peu saccadé. C'est juste que ça me soule de te voir toute seule à t'amuser avec un crétin comme lui.

Il haussait les épaules, à ma première question, en guise de réponse, me fixant droit dans les yeux, ce qui me troubla fortement, et qui me fit prendre la décision de complètement et définitivement détourner son regard. Mais putain, Foster, tu me fais juste quoi, là ? Un pétage de plombs ? ACCOUCHE, putain. Au lieu de faire la bombe prête à exploser, là. A t'énerver intérieurement, je le sais, je le sens. J'ai un don pour ça, sa mère.

Putain de sa race, pourquoi il me fait ça ? C'est vraiment à s'en arracher les cheveux, il est tout aussi compliqué que moi, Adam, là. Je sens jusqu'ici sa colère monter, et je sais qu'il se bat pour la cacher tant bien que mal. La situation était tendue, froide, c'était chaud comme la braise, et moi, j'avais envie de gueuler, lui demander ce qui lui passait par la tête, mais pour une fois je su me contrôler et me comporter comme une adulte. C'est tel que j'avais envie de le baffer pour qu'il se réveille ! Mais là, j'ai peur de m'en prendre une en retour, en fait, hm.

Rien, rien. me dit-il sèchement.

Ah bah oui, j'suis pom pom girl ? Est-ce que j'ai une tête de pauvre conne qui est chez les pom pom ? Oui ? Enfoiré. Je sais très bien qu'il y a quelque chose. T'es contrarié. Regardons un peu le Foster dans toute sa splendeur. Il avait le regard dans le vide. Ca me troubla, d'ailleurs.

C'est juste que ça me soule de te voir toute seule à t'amuser avec un crétin comme lui. reprit-il plus en douceur, mais toujours avec ce ton agacé.

Bordel de merdre, quoi ? M'amuser ? Ca te saoule ? Répète pour voir espèce de connard! Je le regardais, les yeux presque noirs de colère, mes poings se fermèrent. Je crois que j'allais juste péter un putain de câble, là. Je m'avançais vers lui, et commençais à m'énerver et à lui répondre.

M'amuser? Putain de merde, tu crois que je m'amuse? Et puis même, si je m'amuserais, j'en ai pas le droit? J'ai pas eu des vacances comme toi t'as eu sale enfoiré! Bordel, tu ne te rends pas compte, nan, mais alors là pas du tout!

Je soufflais un bon coup, le foudroyant du regard, avant de fermer les yeux et de m'avancer à ses côtés, et de taper le mur, comme une bête en furie. Je restais avec ma main en appui contre le mur, tête baissée, et restais silencieuse. On ne pouvait qu'entendre mon souffle sauvage, mais plus pour longtemps. Je repris la parole, d'un air épuisé et véritable.

Pas une seule seconde tu n'as quitté mes pensées. Alors, tu appelles toujours ça s'amuser ?

J'attendais sa réponse, avec impatience. Mon coeur s'emballait toujours autant. Je réalisais sur le moment, que jamais je ne m'étais disputée ainsi avec Foster, jamais. Mais que nous arrivait-il, bordel ? Où était Adam et Aria ? Merde. Merde, merde, merde. Je le perds, je le perds. On se perd. Mais que m'arrive-t-il ?

Aria prend mal, très mal, ma remarque. Elle pète littéralement un câble, qu'on se le dise. Elle s'approche alors de moi, les poings serrés, et me crache sa haine à la figure. "M'amuser? Putain de merde, tu crois que je m'amuse? Et puis même, si je m'amusais, j'en ai pas le droit? J'ai pas eu des vacances comme toi t'as eu sale enfoiré! Bordel, tu ne te rends pas compte, nan, mais alors là pas du tout!"

A cet instant, je ne la regarde même pas. Je lève le regard au ciel, mâchoire contractée, et tente de reprendre mon calme en fermant les yeux et soupirant profondément. Je sens son regard me foudroyer, me transpercer les iris, et c'est très douloureux. Elle n'a rien compris. Rien du tout. C'est ce crétin avec qui il est, qui me fait réagir ainsi. Elle mérite tellement mieux que ce genre de bouffons à face de précoces. Qu'est-ce qu'elle fout avec lui, sérieux ? C'est quoi le but ? Et qu'est-ce qu'elle sait de mes vacances ? D'où elle me juge aussi facilement putain ?

Elle s'avance à nouveau et frappe sévèrement le mur, respirant tellement fort que je peux l'entendre et apercevoir ses côtes se gonfler et se vider au rythme de son souffle. Je passe mes mains sur mon visage et soupire à nouveau afin de me détendre. En vain.

"Pas une seule seconde tu n'as quitté mes pensées. Alors, tu appelles toujours ça s'amuser ?" reprend-elle, comme exténuée par la situation.

Ça y est, on y est, allez. J'expire encore une fois. Mais cette fois ci, c'est une expiration plus brève, une sorte de "rire" comme on en a quand on a l'impression de rêver tant la scène est surréaliste. C'est n'importe quoi. Elle dit n'importe quoi. Elle a l'impression d'être la seule dans cette situation, qu'elle a passé des vacances pourries parce qu'elle n'a pas arrêté de penser à moi, et elle doit certainement se dire que les miennes ont été géniales, que je me suis tapé 36 pétasses toutes plus canons les unes que les autres, sans une seule fois avoir son visage hautain à l'esprit. Mais c'est faux, putain c'est faux, merde.

- Et tu crois quoi ? Que moi ça m'a rien fait ? Que j'ai jamais pensé à toi ?, je lâche d'un ton des plus accusateurs, me retournant face à elle. Mon regard est devenu noir, accablant, foudroyant à son tour. Tu crois que ça a été facile pour moi de te sortir de mon crâne ? J'y suis jamais parvenu, putain. Alors arrête de penser qu'à toi ! On est dans la même situation. T'aurais réagi comment, toi, si tu m'avais vu déconner avec une jolie fille y a quelques minutes ? Mets toi à ma place, merde.

Adam était toujours aussi énervé, en fait on l'était énormément ensemble, là. Rien ne s'arrangeait. Et je ne sais pas du tout comment les choses allaient se terminer. Bordel de sa putain de crème anti-ride. Il me saoule.

Cette fois-ci il eu un souffle, enfin, un espèce de rire, un rire genre agacé, là. A cet instant-là, vexée je relevais la tête, et le regardais, cette fois-ci le regard interrogateur mais à la fois neutre. J'attendais plus de réactions de sa part. J'attendais qu'il sorte la bête enragée, le truc qui lui pose problème. Je n'attend que ça. Et je crois bien qu'au fond de moi je sais très bien qu'Adam souffre en ce moment-même de jalousie par rapport à ce mec. Ce qui me procure un sentiment assez étrange. Ca me plaisait en fait. Et c'est la première fois que j'eus cela. Ca me plaisait autant parce que ce serait une preuve d'affection, autant parce que j'aime tout simplement les mecs jaloux. Un peu le ressentit d'une fille qui aime se faire désirée.

Mais si ce serait de la jalousie, cela voudrait dire qu'Adam croit que je me le fais, cette ordure de Scott. Mais comment peut-il penser cela de moi ? Putain d'enflure de Foster. Bon, en fait c'est normal qui pense ça, mais, juste du flirt pour.. pour l'oublier. Il sait pas une fois avoir un peu de logique? Je me perds dans mes pensées, là, ça me gave.

Et tu crois quoi ? Que moi ça m'a rien fait ? Que j'ai jamais pensé à toi ? me lâcha-t-il, m'accusant, je le sais, se retournant face à moi. Son regard était des plus noirs, ce qui me craqua le coeur en mille morceaux, jamais Adam ne s'était comporté ainsi avec moi. Tu crois que ça a été facile pour moi de te sortir de mon crâne ? J'y suis jamais parvenu, putain. Alors arrête de penser qu'à toi ! On est dans la même situation. T'aurais réagi comment, toi, si tu m'avais vu déconner avec une jolie fille y a quelques minutes ? Mets toi à ma place, merde.


Eh bien voilà, la chose que je me niais par principe s'est confirmée. Je me met à ta place, Foster. J'aurais péter un câble. Un putain de câble, je l'aurais pas supporter. A l'idée de l'imaginer, j'aimerais en crever. Je pourrais pas te voir avec une pétasse de merde. Non, je pourrais pas. Et tu sais pourquoi ? Je le sais, ma conscience le sait. Mais c'est tabou entre nous et ça l'a toujours été.

Respirant profondément, je me relève, regardant Adam droit dans les yeux. Je me mordais la lèvre inférieure. Ca me plaisait en fait ce qu'il venait de dire, énormément même. C'est comme si sa dernière phrase était le sens de ma vie en ce moment-même. Et c'est par mon instinct, que je décidais de m'approcher de Foster. Je le regardais, et de mon doigt, j'effleurais ses lèvres, le temps que mon doigt parcoura par la suite son torse, avant que ma main se rangeait à mes côtés. Plutôt gênée de mon geste, je me retourna, et fis quelques mètres, avant de m'arrêter. La tête baissée sur le côté.

Je sais bien que ma réaction n'aurait pas été mieux que la tienne. Mais Adam..

Je pris ma grande inspiration, et décidais de me lancer, d'un peu creuser en nous. Tout venait de mon instinct et de mon coeur. Et c'est d'une voix calme, mais si fragile, que je repris la parole.

Je sais plus où on en est, tout les deux. Je sais pas si toi aussi..

Mes paroles voulaient exprimer comme un message codé, ou plutôt signifiaient : "Est-ce qu'il y a juste de l'amitié entre nous?". Moi, je ne savais plus. J'avais besoin de le savoir, en fait. Et moi, je me niais toujours tout par manque de confiance en moi, alors jamais je pourrais clarifier tout cela. Il fallait qu'Adam me dise. Enfin, qu'il m'éclaire.

Mon coeur battait à la chamade, mes yeux commençaient à se flouter, j'avais peur, énormément peur de ce qui allait se passer par la suite. Mais j'avais besoin de rentrer dans le vif du sujet. D'avoir le coeur net, car, moi, Aria, je n'ai jamais eu la force mentale pour résister à des flirts.

Pas de réponse immédiate de la part de la blonde. Mais qu'est-ce qu'elle attend pour réagir, bordel ? Elle réfléchit sûrement à tout ce que je viens de lui dire. Elle se met peut être à ma place, comme je lui ai conseillé de faire. Puis elle inspire, se relève, et me fixe droit dans les yeux en se mordant la lèvre inférieure. Ça y est ? Elle a compris ce que je peux ressentir, ou alors elle culpabilise seulement de me mettre dans cet état ? Dis quelque chose, me laisse pas dans l'ignorance, merde ! Je la regarde à mon tour, d'un air froid et dur. C'est alors qu'elle s'approche de moi, et pose un doigt sur ma bouche. Ce doigt me parcourt les lèvres en les effleurant, puis descend sur mon torse. Mes pupilles ne le lâchent pas un seul instant, plus neutres et froides que jamais, inspectant son chemin jusqu'à son retour le long de la jambe de sa propriétaire. Cependant, ce regard distant et sévère n'est là que pour dissimuler le frisson brûlant que m'arrache ce simple contact.

Je soupire alors qu'Aria se retourne, probablement gênée par son geste, et s'éloigne de quelques pas avant de stopper net. Dans quelle galère je me suis foutu, moi. Ça craint, c'est pas mon genre de réagir comme ça, au quart de tour, pour n'avoir que vu une pote avec un gars autre que moi. Et quel gars ! Je me doute bien qu'un gros beauf comme lui n'aura jamais ne serait-ce que la cheville gauche de ma blondinette dans son lit, alors aucun risque. Mais j'y peux rien, c'est inconscient. J'aurais jamais pensé que je pourrais réagir comme ça. Parce que je suis tout sauf jaloux, à la base.

"Je sais bien que ma réaction n'aurait pas été mieux que la tienne. Mais Adam.. Je sais plus où on en est, tout les deux. Je sais pas si toi aussi.."

Sa voix est devenue fragile, plus calme et plus douce qu'auparavant. Ce ton plus posé qu'elle vient de prendre m'apaise légèrement. Le regard froid que je lui portais se transforme petit à petit en un regard de compassion, en quelque sorte. Une manière de dire que, moi non plus, je ne sais plus où on en est. J'en sais rien, et ça me gave. Je sais que ce n'est plus vraiment qu'une histoire de flirt. Encore moins une amitié fraternelle. C'est bien plus compliqué que ça. Je ne veux pas m'avouer que je meurs d'envie de retrouver cette scène du parking du lac des Castors le 21 juin dernier, et de la revivre éternellement. Mais pourtant, c'est bel et bien le cas. Purée, je vais vraiment devenir dingue, si ça continue. Je soupire à nouveau.

Puis je m'élance. Je m'approche tranquillement et calmement d'Aria, attrape sa main et la tire de telle sorte que la blonde se retrouve face à moi. C'est alors que je l'attire contre moi et la prends dans mes bras, la serrant de toutes mes forces et déposant une bise sur son front.

- J'en sais rien du tout Aria, je serais incapable de te le dire. Moi non plus je sais plus où on en est, plus du tout, je commence en posant mon front contre le sien et en caressant ses boucles d'or. Mais ce qui est sûr, c'est que c'est plus du tout pareil.

Je n'ai pas évité la question, c'est faux. Je lui ai donné ma réponse comme je la ressentais. C'est vrai, moi aussi je suis perdu, sûrement autant qu'elle. Ce n'est certainement plus si amical et franchouillard qu'avant, entre nous deux, si telle est sa question. On n'en serait pas là, maintenant, à l'instant présent, si la situation était restée au même point qu'avant la soirée de fin d'année dernière.

Depuis ma question, j'avais le sentiment qu'Adam s'était quelque peu adoucit, sûrement du au son de ma voix qui s'était amplement fragilisé. Ce qui, me soulagea. La tention de colère n'était plus autant présente et ça m'enlevait déjà un énorme poids.

Bien que, je redoutais de dur sa réponse, sa réaction à ma question. C'est tel que de la culpabilité naquit en moi après avoir posé cette question. Je retournais en fait le couteau dans la plaie, comme on dit. Mais je devais savoir, mon coeur n'en pouvait plus. Et à mon avis, c'était de même du côté d'Adam. Plus rien n'est comme avant, on se comporte comme des gens qui s'aiment, à vrai dire quand on démarre une dispute sur base de jalousie..

Enfin, soudainement, je sentis une main m'attraper. Adam. Il me retourna, face à lui. Je le regardais, quelque peu confuse de sa réaction, avant de m'attirer vers lui et de finir par me prendre dans ses bras. Il me serrait, je crois, de toutes ses forces, car c'est tel que je sentais son coeur battre sur le miens, et déposais un baiser sur mon front. Un frisson parcourut mon corps, et tout d'un coup, je me sentais réchauffée, apaisée. En une fraction de seconde, j'avais tout oublié. Tout. La raison de pourquoi on en était arrivé là. Je pensais juste à Adam, son doux visage m'observant. Tout devenait trop beau et tout rose dans ma tête, quand Adam me fit revenir à la réalité en répondant à cette fameuse question.

J'en sais rien du tout Aria, je serais incapable de te le dire. Moi non plus je sais plus où on en est, plus du tout. commença-t-il, déposant son front contre le miens, caressant mes cheveux. Mais ce qui est sûr, c'est que c'est plus du tout pareil.

Ses paroles étaient telles que les miennes. Tout ce qu'il m'avait répondu m'étaient familier. C'était bien réciproque, Adam était tout aussi paumé que moi. Mais, bon, en étant paumé à deux, on n'allait jamais en sortir. Et je ne sais pas, je sentais que quelqu'un devait faire le premier pas. Mais moi, je n'avais plus de confiance en réserve. Moi, j'estimais que j'avais déjà assez gaffé. J'étais tel une fille coincée et timide, une fille qui attendait quelque chose venir, peut-être son prince charmant, et qui se niait tout au profond d'elle-même.

Tu as raison, Foster, rien n'est plus pareil. Je te vois autrement, j'ai peur de mes réactions à présent devant toi, je fais hyper attention à moi, à ce que je dis quand je suis avec toi. Cherche pourquoi, cherche.. Dis-le moi, les trucs que je ressens pour toi. Dis-le moi pourquoi je suis autant attaché à toi, dis-le moi pourquoi je me comporte comme ça maintenant, dis-moi pourquoi tes moindres mains sur mon corps me font un putain de frisson, dis-le moi.. J'ai besoin que quelqu'un me le dise, pour que je le réalise.

Je le regardais ensuite dans les yeux, le regard plutôt flou, mes yeux devenaient assez humides. Pas pleurer. Je retenu donc mes larmes, et dans un murmur, je répondis :

plus rien, absolument plus rien, adam. mais pourquoi..

je soupirais, difficilement, avant ma salive douloureusement et repris, d'un air épuisé et désespéré.

Mais pourquoi..

Aria relève la tête pour me regarder. Je constate alors chez elle un visage triste, un regard embué et une difficulté à s'exprimer. Le tout me donne soudainement l'envie de me foutre des claques. Je ne sais que trop bien que c'est moi qui la mets dans cet état, et pourtant c'est parfaitement contre ma volonté. Sacré foutoir que voilà, n'est-ce pas. De plus, je sens son visage si près du mien, qu'une nouvelle envie irrémédiable se présente. Je la vois, là, beaucoup trop près. Quelques centimètres à peine à parcourir et je pourrais l'embrasser. Et pourtant, ces quelques centimètres apparaissent plus compliqués à gravir que l'Everest. Mais merde, faut savoir. Je devrais pas avoir envie d'embrasser une pote sous prétexte qu'on se retrouve aussi près l'un de l'autre. Je veux dire, je l'ai déjà à plusieurs reprises pris dans mes bras, sans que cette envie me traverse l'esprit, alors c'est quoi mon problème ?

Toujours est-il que, pour pallier cette idée, et aussi pour éviter de croiser son regard qui me fait culpabiliser plus que tout au monde, je lève la tête au ciel - enfin, plutôt au plafond - et la recule légèrement afin d'installer un peu de distance. Non, je ne sais pas ce que je veux, et pire, je ne sais surtout pas ce qu'elle, elle veut.

"Plus rien, absolument plus rien, Adam. mais pourquoi.. Mais pourquoi.."

Son ton est désespéré, fatigué par toute cette situation. Je soupire. Si je le savais, Aria ! Enfin si, évidemment, j'en ai ma petite idée. Je pense forcément que la soirée de fin d'année ne nous a pas laissés indemnes, ni elle, ni moi. Et que, depuis, on ne peut plus vraiment se comporter comme frère et sœur. On a presque réussi la première fois à retrouver une amitié sans faille, bien qu'ambiguë dans l'ensemble, mais là, je crois que l'ambiguïté a pris trop de place dans notre relation, étouffant ainsi notre amitié et notre complicité. C'est dans ce genre de moments que les situations ambiguës ne sont plus agréables à vivre. Quand ça devient trop compliqué à gérer, et que ce n'est plus du tout un jeu.

- Peut être parce qu'on est simplement pas faits pour se satisfaire d'un simple flirt ?, je demande finalement en rabaissant la tête à son niveau, la regardant à mon tour avec un sourire des plus sincères.

Maintenant, c'est bien là le problème. On a le choix : soit on assume l'idée qu'on s'attire mutuellement et on se lance dans quelque chose de concret, au risque de tout ruiner, soit on coupe directement les ponts et on vit notre vie chacun de notre côté en essayant tant bien que mal d'oublier l'autre, soit encore on trouve une solution intermédiaire qui règlerait le tout. Le dilemme est terrible, mais il fallait s'y attendre. Dans tous les cas, il faut faire quelque chose. La situation actuelle est bien trop délicate pour pouvoir la supporter plus longtemps.

Soudainement, Adam leva la tête au ciel, comme s'il évitait mon regard. A mon tour, je déviais donc le regard automatiquement, redescendant sur terre, devenant embarrassée à nouveau de la situation. Par la suite, il me recula, comme pour prendre ses distances. A mon tour, je fis quelques pas en arrière, me tortillant les doigts, dans un soupire.

Ma question fut souligné d'un soupire tout d'abord par Adam. Nous étions deux gros désespérés qui ne savaient pas ce qu'on voulaient. Franchement, j'avais envie qu'on meurt tout les deux là, mais bon. Ta gueule, Sky, tu pues, réfléchis s'il te plaît. Mais j'arrive pas, pétasse, je ne pense qu'à ce qui va se passer par la suite, y'a plus de théorie, plus rien, y'a que Adam. Tu comprends, enflure ? Y'a plus que lui..

Peut être parce qu'on est simplement pas faits pour se satisfaire d'un simple flirt ? me demanda-t-il soudainement.

Je relevais curieusement la tête, et intimidée. Je vu la un Adam au sourire sincère. Je fus soudainement troublée, et mon coeur se retourna, à mon avis autant que mon estomac. Je soupirais, de stress, puis j'eus le souffle coupé. Je le regardais attentivement, enfin mon regard était vide. Je fais quoi ? C'était absolument ça.. Mais moi.. Oh putain de merde.

L'adrénaline montait en moi, je ne me rendais même pas compte que je repris les pas que j'avais usé pour m'éloigner d'Adam, et me rapprochais de lui, jusqu'à ce que je réalise que j'étais complètement collé au torse d'Adam. Ma tête était abaissée vers le sol, mon regard plongé dans le vide, et ce fut un silence de mort, jusqu'à ce que je relevais la tête, suivie de ma main qui parcourait le torse d'Adam, et une fois que mes yeux se noyèrent dans le regard d'Adam, je lui répondis, d'un air perdu mais à la fois sincère.

Et peut-être aussi parce que je t'aime plus que je ne le devrais?

Et automatiquement, je déviais le regard, sur le côté. Aria n'aurait jamais fait ça, mais je crois que notre enfant Sky avait mal au coeur à force de porter ce poids. Il est vingt-trois heures, et c'est à ce moment précis que je m'avoue enfin que j'aime Adam. Oui, je l'aime. Et quelque soit la connerie que je venais de faire, tout allait changer..Aah, Levis, Levis, grande merdeuse.

Tandis que je continue de sourire dans l'attente d'une réponse, Aria relève la tête, qu'elle venait de baisser, sûrement par embarras. Elle n'a pas l'air de réaliser instantanément ce que je viens de dire. Et moi non plus, honnêtement. Ouais, je le pensais, on le pensait tous les deux je suppose, mais le dire de vive voix, je pensais pas que ça viendrait comme ça, d'un coup. C'était pas si réfléchi. Mais bon, souvent l'imprévu fait des miracles, je me trompe ?

Finalement, alors qu'elle venait de se reculer en même temps que moi, la blonde avance à nouveau dans ma direction, d'un air perdu, jusqu'à être si proches l'un de l'autre qu'un contact s'établit. Mon sourire, relativement déterminé jusqu'ici, s'affaiblit quelque peu, sans pour autant disparaitre totalement. Simplement, je suis à nouveau perturbé par ce qui se passe. C'est en tout cas ce que mon cœur veut me faire comprendre. Il bat la chamade et ses pulsassions s'intensifient à mesure qu'Aria est près de moi. Je ne la lâche pas des yeux. Quant à elle, elle regarde dans le vide, vers le sol.

Puis finalement, son regard se reporte vers le mien, tandis que l'une de ses mains vient parcourir mon torse. Son chemin me fait l'effet d'une lave incandescente, qui me brûle la peau et qui, pourtant, est loin d'être désagréable ; au contraire, même. Je passe une main dans le creux de son dos pour, à nouveau, l'attirer un peu plus vers moi.

"Et peut-être aussi parce que je t'aime plus que je ne le devrais?"

Je crois que mon cœur s'arrête un instant. Mon sourire, pourtant déjà peu fier, se désintègre aussitôt. Non pas que ses paroles me déplaisent. C'est juste que je ne m'y attendais tellement pas, que je ne sais même pas comment réagir. Aria dévie mon regard. Aussitôt mon sourire éclipsé, ma bouche s'ouvre d'un ou deux millimètres à peine, montrant mon trouble. Quelques mots tentent de sortir, mais rien n'y fait, je reste silencieux un instant.

Que répondre à ça ? Si c'est pour bégayer encore comme le 21 juin dernier et passer pour le plus gros bouffon que la Terre ait porté, non merci, autant rester silencieux. Quoique.. Non, j'peux pas rester silencieux, faut que je dise quelque chose. Mais quoi, bordel ? Que moi aussi, je l'aime plus que je le devrais ? Mais j'en suis même pas sûr, je sais pas ce que je veux, je sais pas ce que je ne veux pas, je sais pas, j'en sais rien, je suis paumé de chez paumé. Mais faut bien dire quelque chose. La pauvre Aria, elle vient de me faire une déclaration qui lui a sûrement bien couté en fierté, et moi je reste là comme un con.

J'inspire un grand coup, et abandonne la raison pour me fier à mon inconscient. Au moins il réfléchira pour moi et saura sortir les mots justes.

Mais finalement, ce ne sont pas des mots que mon inconscient me fait sortir. A la place, il attrape de ma main libre le visage d'Aria, et l'embrasse soudainement, sans que ni elle ni moi ne nous y attendions.

Je pouvais vous le jurer jusqu'au plus profond de moi-même, que ce fut les minutes les plus longueues et les plus cruelles que je n'ai jamais vécue. Ce silence de mort résonnait en moi, il faisait du bruit dans ma tête, enfin, c'était mon coeur, je le sentais battre jusque dans mon esprit, il cognait fort, très fort contre ma tête. J'avais mal, j'avais peur. Mes mains s'étaient à nouveau nouées entre elles, devenant moites. Mais bizarrement, Adam passa sa main dans mon dos, m'attirant encore plus vers lui, ce qui me donna un peu espoir.

Ne relevant pas la tête, je ne pu voir la réaction physique d'Adam, mais c'est tout comme si je le voyais. Je sentais son coeur battre contre ma poitrine, je sentais le monde s'ébranler devant ses yeux, mais.. était-ce négatif ou positif? Son coeur battait-il à la chamade sous un choc positif ou négatif? Tel est la question. Tout se bousculait dans ma tête. Peut-être aurais-je du garder cela dans ma tête ? Ca aurait peut-être pas engendrer les quelconques dégâts de la suite..

Son silence me fit froid dans le dos, je redoutais plus que tout au monde les mots qui allaient sortir de sa bouche. Mais non, non, non, tu peux pas ne pas ressentir la même chose. Putain, on peut pas être indifférents à des flirts, on peut pas, c'est inhumain. Et c'est Sky au coeur de pierre qui nous sort cela ? Ta gueule, pouf. Mais qu'allait-il nous arriver?

Après quelques minutes, je l'entendis respirer un grand coup. Ce soupire.. on aurait dit qu'il allait faire quelque chose dingue. Comme me foutre un rateau. Soit, je ne veux même pas y penser. C'est horrible. Ce serait un échec total, déjà rien qu'à lui dire, ça me fout un mal-être. J'ai toujours joué à la carapace qui n'aurait jamais pu être percée, et voilà qu'elle l'est, d'elle-même en plus. C'est horrible, Sky.

Mais je crois que c'est quand je sentis sa main m'attraper le visage, que je su la suite. Parce que je crois que je l'ai toujours su, en fait. Ses lèvres se collèrent enfin aux miennes, avec une sincérité que je découvris rien qu'au toucher de ses lèvres, qui ne sonnait pas comme d'habitude. Je réalisais, oui je réalisais. J'eus mon coeur qui tombait dans le vide sans rien pour le rattraper, j'eus même des papillons dans le ventre, jamais, jamais j'avais ressentis toutes ces sensations. Est-ce vraiment cela, l'amour, Sky ? L'instinct est incontrôlable, le coeur a ses raisons que la raison ignore. L'amour c'est aussi de prolonger des baisers ? T'es qu'une conne Sky, bien sûr. Faisons-le. Je prolongeais donc son baiser, passant délicatement et timidement ma main sur son cou.