La jeune fille pianotait rapidement sur le clavier de son ordinateur portable, observant son écran avec une grande attention. Ses doigts parcouraient rapidement quelques lignes du document posé à côté d'elle, sur son bureau. Sa mâchoire se contracta petit à petit, avant qu'elle n'envoie valser dans un accès de rage toutes les feuilles. Eh merde. C'était beaucoup trop juste, elle le savait. Tout ce qu'elle avait prévu allait tomber à l'eau. Tout. Et si cet incapable d'Owen se dépêchait un peu plus à dénicher de nouvelles rumeurs, de nouvelles vérités, de nouveaux secrets, elle ne se serait jamais abaissée à ça. Mais visiblement, il n'était pas si compétent qu'elle croyait. Ils auraient bientôt une petite discussion, seul à seul. Il fallait qu'il s'active, sinon il allait passer à la trappe. Il fallait qu'il le comprenne. Il avait intérêt à le comprendre. Pour lui. Pour elle.

Elle but quelques gorgées de son café, remettant ses boucles en place tout en continuant de fixer l'écran, ayant recouvré son calme. Elle soupira et éteignit l'ordinateur, se baissant pour ramasser les feuilles éparpillées. Son regard se dirigea aussitôt vers la pendule. Et que faisait cet autre imbécile ? Il devrait déjà être là ! Engageait-elle vraiment seulement des stupides idiots ? Calme-toi, il va arriver. Ils n'étaient pas idiots. Tout du moins Owen ne l'était pas. Il réussissait à merveille son boulot, elle était fière de son protégé. Malheureusement, il n'était pas assez rapide, et ça, oh ça oui ça l'agaçait. Mais il fallait lui laisser un peu de temps, il y avait beaucoup d'élèves. Sauf qu'elle n'avait pas de temps, et c'était bien ça le problème. Elle manquait cruellement de temps. L'Université toute entière n'avait presque plus peur d'elle. C'est pour cela qu'elle avait orchestré tout ça. Pour les effrayer. Et cela allait marcher, elle en était sûre et certaine.

On sonna.

La jeune fille se redressa, s'essuyant les mains après avoir rabattu la capuche de son sweat noir, et alla ouvrir la porte. Parfait. C'était Tyler. Il entra, portant le corps d'Ashley. Elle referma la porte et se tourna de nouveau vers le jeune homme, qui attendait, planté comme une asperge, en plein milieu de la pièce.

- Eh bien, pose-la sur la chaise dans le fond, tu ne vas pas la porter éternellement ! Et attache-la. Bande-lui aussi les yeux. Dépêche-toi.

Le garçon s'exécuta. En même temps, mieux valait ne pas désobéir à sa Dame. C'était mauvais. Un de leur collègue avait déjà essayé. Il était mort. On croyait au suicide, d'après la police. Ils n'avaient pas pu trouver autre chose, et de toute manière, rien n'étais fait pour leur faire croire autre chose. C'est comme cela que S agissait. On croyait ce qu'elle voulait qu'on croie. Et rien d'autre. C'est pour cela qu'elle était si fascinante. Sa puissance fascinait.

- Aller, va-t-en, je n'ai plus besoin de toi.

Le jeune homme ne protesta pas et ressortit bien sagement. La jeune fille sourit, s'asseyant de nouveau à son bureau, rallumant rapidement son ordinateur. Elle aimait quand tout fonctionnait comme il le fallait. Maintenant, il fallait qu'elle le prévienne. Et tout serait parfait, une fois qu'ils auraient mis tout en place.