L'heure du bal arrivait. J'étais passé comme prévu à ce magasin de prêt à porter pour homme après les cours. J'enfilai alors la tenue que j'avais achetée, un costume simple mais efficace, ni trop habillé ni trop décontracté. J'étais quelque peu anxieux à l'idée de rejoindre Spencer, mais cette anxiété était positive et me motivait, c'était le principal.

Une fois prêt, je sortis du bâtiment, un peu en avance pour fumer avant que Spencer me rejoigne. Mais par la fenêtre j'aperçus ma cavalière qui était déjà arrivée au point de rendez-vous.

Je pressai donc le pas pour le pas la faire attendre plus longtemps. Arrivé à son niveau, je fus ébloui par sa tenue, ce qui fut illustré par ma soudaine perte de voix. Après quelques secondes de silence, je pus enfin reprendre mes mots.

Splendide ? Pire, magnifique plutôt. Sa robe bleue lui allait parfaitement, son chignon dégageait son beau visage et son maquillage mettait ses yeux en valeur. On peut dire que j'avais de la chance de l'avoir été le premier à l'inviter. Enfin je préférais ne pas la complimenter à l'excès, je ne la connaissais que trop peu et lui lancer trop de louanges m'aurait fait passer pour le gros lourdeau de service.

Tant pis pour la cigarette, il valait mieux ne pas lui balancer ma fumée toxique à la tronche, au cas où. Je la fumerais plus tard.

Ouf. Finalement je n'étais pas trop en retard. Le sourire qui suivit me fit comprendre qu'elle ne m'en voulait pas. Tant mieux.

Mon compliment semblait lui faire plaisir... Plus ou moins en fait, en attestait son expression. Enfin, je préférais ne pas en faire des caisses ; d'après ma légère expérience, elle ne m'aurait pas cru. Et pourtant... !

Elle m'en fit un aussi, de compliment. Il me décrocha un sourire de satisfaction. C'est vrai quoi, un compliment est toujours agréable à recevoir. Même si, en l’occurrence, il ne s'agissait que d'un "pas mal". Je ne m'attendais pas à autant.


Elle fit un pas vers moi pour que nous nous rendions jusqu'au lieu du bal. Sans hésitation, je tendis mon bras tel un parfait gentleman pour qu'elle l'attrape, et lui lançai un clin d'œil complice et rieur. Elle était un peu plus petite que moi, environ d'une tête avec ses chaussures à talons, c'était l'idéal.

Mais quelque chose semblait la préoccuper, cette chose en devenait presque palpable et inscrivait une humeur pensive sur son visage, déclenchant de légères ondes négatives. Mais je ne la connaissais pas encore assez pour lui demander ce qui n'allait pas, mieux valait attendre un peu d'avoir plus fait connaissance. Au cours de la soirée, peut être.

Les quelques secondes entre le moment où j'avais avancé mon bras et celui où elle l'attrapa me parurent interminables. Peut être avait-elle trouvé ce geste trop brusque, trop personnel alors qu'on se connaissait à peine. Mais finalement elle me lança un magnifique sourire pour me prouver que je me trompais.

Nous fîmes trois pas avant elle me rappelle malicieusement que j'ignorais totalement l'endroit où se déroulait le bal...

Bah oui, forcément, idiot que je suis.

Spencer me sembla tout à coup peu motivée à aller au bal, limite anxieuse. Je ne pouvais pas me tromper, quelque chose clochait, c'était certain.


Sur le chemin, relativement court finalement puisque le gymnase n'était pas vraiment loin, plusieurs pensées se bousculaient dans ma tête. J'aurais pu être totalement comblé de hâte et d'excitation à l'idée notamment de rencontrer de nouvelles personnes, mais l'humeur tendue de ma cavalière me préoccupait énormément. Ma curiosité prenant le dessus sur ma patience, je ne pus m'empêcher plus longtemps de lui poser la question.


Évidemment que non, ça n'allait pas, n'importe qui l'aurait remarqué. Mais il était préférable de ne pas la brusquer en lui demandant directement pourquoi elle faisait la tronche.

Le ton qu'elle utilisa pour me répondre me fit clairement comprendre qu'elle ne voulait pas en parler. Ce qui, finalement, est tout à fait normal et compréhensible. Je n'insistai donc pas plus, inutile de la harceler de questions si elle ne voulait pas y répondre. Peut être en apprendrais-je plus au cours de la soirée.


Ces mots étaient illustrés par l'immense bâtiment qui se dressait devant nous, duquel se dégageait une musique festive. On y était.

Direction le bal >>>> à placer aux archives.