La journée avait été épuisante. Ça faisait bien longtemps qu'Indiana n'avait pas autant travaillé. 7H-20h. Trois shootings, de la paperasse, un rendez-vous avec le rédacteur d'un magazine qui quémandait une couverture et trois belles photos en pleine page d'un modèle hyper connu, j'ai nommé la très célèbre Rihanna, à négocier avec la star. Ou plutôt ses agents, non, vraiment, ça avait été éreintant. La seule chose dont la jeune femme rêvait, c'est d'un douche et d'une bonne nuit de sommeil. Mais elle aurait très certainement à supporter les avances de son mari.
Supporter, oui. Disons que ce n'est pas vraiment l'homme dont rêvait Indi. Un peu trop envahissant, un peu trop câlin, trop posé, trop. Trop tout ce qu'elle déteste. Pourquoi l'avoir épousé ? Ça, alors ça, mes amis, c'est une autre histoire, bien trop longue pour être racontée, et qui remonte à bien longtemps, quand la jeune Sherwood était encore à l'Université – ou même peut-on remonter un peu plus loin, encore, pour mieux expliquer tout ça ? Mais là n'est pas la question, vous pensez bien. Peut-être en apprendrez-vous un peu plus un peu plus tard ? Peut-être. Allez savoir.
Coupant le moteur, elle reste un instant à regarder dans le vide. Un deux trois. Courage. Ce n'est qu'une journée de plus, tout va bien se passer. Mentir une fois de moins, ou une fois de plus, hein, on est pas à ça près, pas vrai Indi ? Elle ouvre la portière, le temps de sortir de la berline, puis la referme. Elle s'arrête devant la porte du garage, passe ses mains sur son visage, inspire un grand coup et l'ouvre, affichant déjà un sourire forcé. Aaron doit être juste dans le salon.
- C'est moi, j'suis vraiment désolée, la journée était vraiment blindée et, commence-t-elle en entrant dans la pièce.
Pas d'Aaron. Où est-il ? S'il avait dû partir il lui aurait laissé un message sur son portable. Donc où est-il ?
- Aaron, amour ? Appelle Indiana.
Pas de réponse. Elle hausse un sourcil, posant sa veste sur le dossier du canapé. Alors ça. Il est passé où ? Abandonnant ses chaussures sur le tapis, la New-yorkaise passe dans la cuisine. Premier réflexe, un sursaut et un léger cri de surprise. Aaron est assis à la table, l'air complètement bourré. Affirmation confirmée par la bouteille d'alcool posée devant lui. Il est décoiffé, à moitié débraillé, et fixe la brune les yeux emplis d'une colère noire. Ses doigts tapent frénétiquement le bois un par un. Il reste silencieux. La jeune femme hésite à faire un pas en avant mais tente tout de même. Un pas. Pas plus. - Aaron, mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
Il éclate d'un rire à vous glacer les os. Indi recule, serrant les dents. Le châtain se lève, un drôle de sourire collé aux lèvres et s'approche de sa femme, qui recule, et recule encore, jusqu'à ce que le mur l'arrête. Bloquée, ma belle.
- Ce qu'il m'arrive ? Mais tu oses me poser la question, Indi chérie ? Il ricane. Mais voyons, ma belle, t'as la mémoire courte. Ça remonte à quand, la dernière fois ? La semaine dernière peut-être ? - Mais de quoi tu parles ? Réussit-elle à articuler. - Tu sais que t'es drôle, toi, quand même ?
Il saisit la mâchoire de la brune, l'obligeant ainsi à le regarder dans les yeux.
- Il s'appelle comment, ton pote ? C'est quoi son nom ? COEN C'EST ÇA ? Il demande, resserrant un peu plus sa prise.
Elle blêmit, évitant de peu de lâcher un hoquet de surprise. Comment pouvait-il savoir ?
- Comment ? Ah ça, mais ça, ma chérie, j'ai mes sources, dit-il en répondant aux interrogations muettes de sa femme. Alors comment c'est, tu t'éclates bien, il te contente, ton clodo ? Mais tu sais que t'es une petite traînée, toi, hein ? Une jolie petite salope, ouais. - Aaron, je... bégaie-t-elle. - Non, non, c'est moi qui parle, t'as compris ? C'est MOI QUI PARLE. Un bref hochement de tête en signe de réponse. Bien. T'es allée voir ailleurs, mais t'as tapé bien bas, ma pauvre. Un clochard, un PUTAIN DE CLOCHARD. Pourquoi ? Pourquoi Indi, s'adoucit-il. Il te paie, il te fournit en merde ? Parce qu'écoute, j'vois franchement pas ce que tu lui trouves, à ton drogué, il a pas la même gueule que moi. Alors quoi ? QUOI INDI ? Il baise mieux, c'est ça, hein C'EST ÇA ?
Aaron la relâche brusquement, l'envoyant valser contre le meuble de la cuisine. Indiana inspire un grand coup, tremblotante, voulant éviter à une larme de rouler le long de sa joue. Ça ravive de sales souvenirs, ça, hein Indi ? La brune reste assise par terre, n'osant faire aucun mouvement, de peur que son mari ne la brusque encore. Celui-ci a violemment poussé la table, faisant ainsi tomber la bouteille de vodka, qui explose en rencontrant le sol.
- Écoute, je peux tout t'expliquer, tente-t-elle.
Le châtain se retourne et la regarde, l'air de quelqu'un qui ne s'est pas encore calmé plaqué au visage. Il s'approche à nouveau, s'abaissant à son niveau, il empoigne sa gorge avant de remonter. Elle agrippe son poignet.
- Mais y a quoi à expliquer, Indiana ? Y A QUOI, HEIN ? T'es une belle salope, je vois pas DU TOUT ce qu'il y a à expliquer. Comment t'as pu, MAIS COMMENT T'AS PU MERDE ? Tu as TOUT, TOUT CE QUE TU VEUX, absolument TOUT. Tu ne manques de rien, DE RIEN. Et toi, qu'est-ce que tu fais, hein, qu'est-ce que tu fais, sussure-t-il. TU VAS TE FAIRE LE PREMIER CON ! Reprend-il en hurlant. T'es une traînée, une sale traînée de première, tu le sais, ça, hein ? - Arrête, tu me fais mal... se plaint-elle. - Mais c'est que ce que tu mérites, Indiana, tu crois pas que tu m'as fait mal, à moi aussi ? Hein ? TU NE LE CROIS PAS ?
La brune réussit à se débattre, utilisant une technique on ne peut plus prouvée pour qu'Aaron la lâche. Elle a à peine le temps de reprendre son souffle qu'il la gifle violemment. Elle ne s'est jamais prise une gifle pareille. Indiana se redresse et recule rapidement, sortant de la cuisine pour courir jusqu'aux escaliers.
- REVIENS LA, SALE CHIENNE !
Elle monte les marches quatre à quatre, l'autre sur les talons, et s'enferme dans la chambre. C'est là que la porte est la plus épaisse. Indi recule jusque dans le fond de la pièce, et sort en tremblant son téléphone portable de la poche de son jean. Elle compose un numéro.
- Logan, j't'en supplie, viens, viens vite, viens m'aider, sanglote-elle alors que la personne à l'autre bout du fil décroche et qu'Aaron commence à tambouriner de l'autre côté de la porte.