C'était donc un mardi matin que l'enfer commença. Les cours, quoi, si vous n'êtes pas capable d'inférer ou si vous êtes un intello qui aime les cours. Soit.
Ce stupide réveil sonna d'un cri strident l'heure du début de l'enfer. Brusquement, je l'avais éteins d'un coup de bras, marmonnant quelconques injures au bon dieu. J'avais la tête de zombie-girl, de la fille blasée, là. Vraiment, j'avais une journée merdique qui m'attendait.

En gros, j'avais deux heures de maths, deux heures d'histoires, une heure d'informatique et deux heures de géo. Génial, je vous l'accorde.

Mais bon, fallait bien que je bouge ma graisse, et c'est ce que je fis, avec un courage qui venait de je ne sais pas où. Je m'habillais, d'un jeans taille haute, un croptop plutôt uni noir, des dr martens bordeaux et un long gilet fin de couleur bordeau, aussi. Je me maquillais, vite fait, brossais la tignasse à sky et je fus je crois prête. J'pris mon eastpack stylé, ouais, et je pris mes clefs et mon portable. Malheureusement, me voilà prête pour affronter cette terrible journée.

D'un long et profond soupire, je franchis le seuil de la porte de ma chambre, et m'éclipsa jusqu'à la sortie, la tête encore enfuie sous mes couettes. Métaphore, lol. Je marchais le chemin de gravier, et je crois que j'avais percuté quelques pauvres innocents, mais le matin j'en avais juste rien à foutre du respect. Ce qui n'allait pas le faire en maths, je le sais.

J'aime déjà pas Mme Pantara. Sale conne, va! Rien qu'à sa tête de vache constipée, t'as juste envie de lui enlever sa pauvre moustache blonde. Horrible..

Allez, Sky, prned le chemin du local de maths. Fait, j'y suis. J'attends, adossée contre le mur, que la sonnerie retentisse et que l'enfer commence réellement.

- Ta gueule connard, je grogne en poussant mon réveil.

Et bizarrement, ct'enculé tombe mais ne s'arrête pas de biper. J'vous jure, j'vais le réduire en pièces, en faire de la chair à pâté dégueu, et le vendre à un clochard en lui faisant croire qu'avec ça, il deviendra aussi riche que Steve Jobs. Non mais j'vous jure, j'vais lui niquer sa race. Shay, faut peut-être que tu te lèves, aussi. Woh, attends, c'est MON anniversaire, alors je pionce. Certes, mais c'est aussi la rentrée. Putain mais allez baiser des mouettes quoi. En plus t'es déjà en retard. De 5 minutes. Et t'as gestion.

J'éclate de rire intérieurement. Lol. Gestion. Avec cette brave Madame Badaboum. Bloom, Shay. On s'en fout. Cette femme c'est une espèce de baleine, mon gars. J'suis sûre qu'j'peux loger à quatre dans une de ses jupes en velours dégueues. Aussi poilue qu'un homme des cavernes, la Badaboum. Bloom. Bref. De plus, j'ai juste horreur de ma gestion. Tellement barbant. Qu'est-ce que j'en ai à foutre, sérieusement ? J'veux pas devenir PDG d'une entreprise d'import/export, moi, là. Ouais, bon, toujours est-il que faut que je me grouille ma race, sinon j'vais me faire virer. Ouais, Bloom, c'est le genre de prof à faire l'appel à chacun de ses cours, et le premier élève qu'est pas là elle le colle un samedi. Et bon. Soyons honnête, y a mieux comme cadeau d'anniversaire, hein.

Je pousse ma couette avec mes pieds et me lève, checkant rapidement mon téléphone. 8h05. Ouais, j'vais vraiment être en retard. Bon, une fois de plus ou une fois de moins. Je souffle, attrapant rapidement short et débardeur que j'enfile, avant de passer à la salle de bain. Un minimum d'hygiène, s'il vous plait. Je passe une main dans mes cheveux blonds. Z'ont bien raccourci. Un carré court. Et c'est moins chiant. Boh, j'vais bientôt revenir à la crinière de sirène, j'me connais. Question d'habitude. Je sors de la pièce, passant un sweat zippé et des baskets. Des petites nouvelles de chez Jeremy Scott, que j'me suis offert pour mes 19 ans. Et c'est là qu'j'me sens seule, hef.

J'attrape mon téléphone, deux trois trucs, et sors rapidement de la chambre, descendant les escaliers. J'sais qu'ça a sonné depuis deux minutes, mais c'est pas pour ça que j'me presse. Honnêtement, arriver une ou deux minutes en retard, y a pas beaucoup de différence. Lorsque j'arrive devant la classe, quelle chance, la prof vient tout juste de rentrer. Je me faufile entre les élèves pour avoir mon habituelle place au fond.

Je me pose sur la chaise, les mains toujours dans les poches. J'observe tous les faits et gestes de cette vieille baleine, elle pose son cartable sur la table, l'ouvre, sort ses cours et un cahier, commençant à appeler chacun des élèves présents dans la salle.

- Ethan MacCall ? Silence. Bon, trois heures pour ce jeune homme. Shay Marshall ?
- Ouaip, je souffle tandis que la fayote de la classe se retourne et me jette un regard noir. Elle a pas apprécié que je me fasse son mec y a une semaine, pauvre choute.
- Vous n'avez pas vos affaires, Shay ?
- Apparemment.
- Vous savez ce que cela veut dire ?
- Non, mais j'crois bien que vous êtes partie pour me le dire. J'me trompe ?
- Le bureau du proviseur, Marshall, crache-t-elle.

Je lui souris, prenant soin de repousser correctement ma chaise, avant de me diriger vers la sortie, passant à côté de la gamine. Son air de pétasse me fait pitié. Bon, aller.

- Ton mec baise bien, Madelyn, si tu savais comme il a apprécié, je lui glisse alors que je passe à côté d'elle. Elle court, elle roule c'est une petite boule, je chantonne en claquant la porte à l'intention, cette fois, de Mme Badaboum.

Je me dirige alors lentement vers le bureau du directeur. Pas pressée, non. Mais bon, suffit que je joue un peu de mes charmes et ça devrait aller, je pense. Je m'assois sur l'une des chaises devant le bureau, après que la secrétaire m'ait dit qu'il était occupé pour le moment, et que je n'avais qu'à attendre quelques minutes qu'il soit libéré.

C'est dingue, parce que, dans la vie, quand on veut qu'un moment ne dure pas longtemps, il prend une éternité, et quand on en veut le contraire, bah c'est des fractions de secondes. En effet, j'aurais voulu que l'attente de la sonnerie dure une éternité, mais j'm'étais à peine adossée au mur et fermer les yeux pour somnoler que ce cri strident retentit déjà. C'est avec un gros soupir que je décollais mon corps du mur et que je ramassa mon sac, rentrant machinalement dans la salle de maths.

Je pars déjà sur de mauvaises bases, avec beaucoup de fatigue et d'énervement, alors tout va se sentir dans mon attitude aujourd'hui et ce n'est jamais prometteur tout ça. Surtout, commencer avec maths. Faut vraiment pas me faire ça enculé d'horaire.

Comme je n'avais pas vraiment de cops en maths, je m'éclipsa seule sur un banc, plus vers le fond, un peu comme d'hab, quoi. Je n'aime pas être devant, j'me sens vraiment pas libre, au centre d'intérêt de tout les cons, enfin j'aime être tranquille et j'aime bouder seule dans mon coin et ne pas écouter les charabias des profs à vive voix. C'est vrai, quand on est tout derrière on entend déjà moins bien. Et puis, on reçoit pas les postillons tout dégs des profs. C'est bien, non?

Mais malheureusement, ce sale dindon cria une chose qui allait encore plus amplifier ma mauvaise humeur.
Interro surprise! Sortez une feuille de bloc et notez les dix calculs que je vais vous citer.
Tout les élèves eurent un soupire profond et des injures plutôt bien dissimulées, quant à moi, c'était pas trop discret, et puis merde, j'en avais marre.
Putain de sa mère la chiennasse. Sale dindon, là.
Malheureusement, j'étais décalée, j'avais pas lâché ça pendant que tout le monde se plaignaient, ça aurait pu se fondre dans le bruit. Ca aurait pu. Mais non.
Pardon, Miss Levis ? Si vous auriez le caractère d'assumer et de me dire qui est ce sale dindon, hein?
Je relevais la tête, fixant la prof d'un air plutôt arrogant, tel que ma voix en devenue arrogante aussi.
C'est une évidence. Et puis merde, madame! Vous me faites chier avec vos interros, vous savez en plus pas expliquer! A quoi ça sert de nous interroger constamment si vous savez pas expliquer votre cours! Juste à nous couler, ouais!
Tout les élèves rirent et applaudissaient, quand la prof hurla.
Silence! Levis, chez le directeur! Dégage d'ici, je ne veux plus te voir à mon cours!
J'hochais de la tête sans répliquer et rassemblais mes affaires assez rapidement, juste avant de quitter la classe, un sourire sadique et fière sur les lèvres. Ces cons de la classe de maths avaient quand même eu une âme et pensaient la même chose que moi. Pas mal.

C'est donc en traînant les pieds malgré tout que je marchais dans les couloirs, en direct du bureau du vieux chnoc de directeur. Et j'y arrivais après de longues minutes. Y'avait une fille, qui avait l'air rebelle, aussi, c'est toujours les rebelles qui viennent ici. Mais j'y prêtais pas plus d'intention, et je me contentais de poser mon cul sur une chaise en face d'elle, l'air perdu parterre.

J'ai envie de fumer. J'ai pas eu le temps ce matin et j'ai envie. C'est bien un truc qui me gonfle ça, ne pas avoir le temps d'en griller une. Si j'avais pas été à ce putain de cours de Madame Badaboum, je- Bloom, Shay. Oh merde, toi. Si j'y avais pas été ça aurait été pareil, et j'aurais pu fumer. Mais non, il a fallu qu'elle remarque - et pourtant c'est pas la première fois que j'ai pas mes affaires - que j'avais pas tout ça. Cool. Bon anniversaire Shay, mais BON ANNIVERSAIRE. Calme-toi Shay. Mais j'suis parfaitement calme, là, ça se voit pas peut-être ? Euh.

Je souffle profondément, m'enfonçant dans ma chaise en grognant un tas d'insultes que la plupart des gens d'ici trouveraient choquantes. Mais qu'on se le dise, j'en ai clairement rien à foutre. Je m'arrête brusquement lorsque je vois une grande blonde débarquer, se poser sur la chaise en face de moi, et baisser les yeux vers le sol. Wait, chérie. Elle me dit quelque chose, la gamine. Longs cheveux blonds, yeux clairs, qui c'est déjà ? Aaaaah ouuuuuuui. C'est elle qui fait ami-ami avec un grand blond d'la plage, là. Merde, comment ils s'appellent tous les deux déjà ? J'ai leurs noms sur le bout de la langue. Lana ? Ed ? Non, attendez. Aria et Adam. Wala. Levis et Foster. S leur a dressé un joli article. Ils me font pitié, honnêtement. Ils sont là comme des cons à s'aimer séparément, alors qu'ils pourraient s'aimer ensemble. J'trouve ça parfaitement ridicule. Pire que des drôles. Pauvre droyère. Je pouffe légèrement à cette pensée. Doivent même pas s'en rendre compte, c'est con, vraiment.

- Levis, c'est ça ? Attends, laisse-moi réfléchir. T'es ici parce que t'as sauté sur Roméo Foster en plein cours ? Enfin, si tu oses déjà, t'as la tête d'une sainte-nitouche, chérie, je fais plus bas en sortant mon paquet de cigarettes de ma poche.

Je change de chaise avec un sourire, allant m'asseoir sur celle tout au fond, bien cachée de la fenêtre du bureau de la secrétaire, près du pot de fleurs. Je coince une clope entre mes lèvres, attrapant mon briquet pour l'allumer et tirer dessus. Ben quoi ? Vous pensiez que j'allais attendre le bon vouloir de Monsieur le proviseur, qu'il me prenne dans son bureau, qu'on discute, que je me penche sur son bureau, que je ressorte sans heures de colle, et que j'aille ENFIN en griller une ? C'est mal me connaître, mes jolis. Très mal, me connaître.

Je regarde mon téléphone. Mufh. Toujours pas de nouvelles de Blondie Howard. Comment te dire, Blondinette, c'est pas seulement ton nouveau morceau que je veux connaître. Certainement pas seulement ton morceau.

Levis, c'est ça ? Attends, laisse-moi réfléchir. T'es ici parce que t'as sauté sur Roméo Foster en plein cours ? Enfin, si tu oses déjà, t'as la tête d'une sainte-nitouche, chérie.

La Alyssalope s'est réveillée? Bah d'où elle sort ce tas de graisse intergalactique ? Whut? Je relevais la tête, fronçais les sourcils en la regardant. Sainte-nitouche ? Elle est qui pour me dire ça ? Franchement, j'ai horreur des gens qui jugent aussi facilement. Une parisienne, j'en suis sûre. Ils étaient tous comme ça à Paris, ces enflures. Je soupirais, assez désespérée de la situation et de la mentalité actuelle. Je ne sais pas si j'allais répliquer, parce que je trouvais que le niveau était faible, mais à vrai dire, je suis de nature succeptible, et de plus j'me laisse pas faire. Alors, répliquons à la vieille blonde et ses tristes clopes.

C'est en la fixant, toujours d'un air hautain et sûr, que je répondis en me redressant sur ma chaise à la jeune femme.

Ouaip. Et toi, t'es là pour avoir confondu les trottoirs avec les couloirs? Et, dis moi, t'es qui d'abord pour faire des jugements aussi stupide?

« Ouaip. Et toi, t'es là pour avoir confondu les trottoirs avec les couloirs ? Et, dis moi, t'es qui d'abord pour faire des jugements aussi stupides ? »

J'éclate de rire. Son air hautain et trop sûr d'elle mêlé à cette magnifique réplique, j'adore. J'a-do-re. Tellement facile à provoquer, la Levis. Un mot et elle s'enflamme. Trop de susceptibilité tue la susceptibilité, chérie, tu devrais faire attention. Moi j'trouve ça drôle. Elle devrait réussir à rester calme. Mais ma parole, c'est que j'ai beaucoup d'élèves ici. J'devrais apprendre à toute cette petite troupe un tas de choses dont ils ne doutent même pas. J'deviendrai prof, ça y est. J'ai trouvé ma vocation.

- C'est pas exactement ça, mais t'y es presque. Madame Bloom m'a bien vite ramenée à la réalité. En même temps, rien qu'à la voir, on voit bien qu'c'est pas une putain, tu crois pas ? Je souffle ma fumée, regardant avec un sourire malicieux la demoiselle devant moi. Et toi, quel prof t'a empêchée de faire corps avec Roméo ? J'suppose que tu fumes pas, je rajoute.

Mon téléphone émet une brève vibration. Je laisse mes doigts glisser sur l'écran. Blondie. Quand on parle du loup. Je me mords les lèvres, répondant tandis que j'attends que Miss Levis me réponde à son tour. J'l'ai plus taquinée qu'autre chose, juste histoire de voir si elle s'emporte encore. Elle part au quart de tour, voyons si c'est toujours pareil. Ou si elle a moitié compris la leçon quand j'ai répondu. Enfin. Moi je m'amuse des réponses des autres, je m'en sers comme je peux, et des fois ça peut être drôle. J'm'énerve pas pour rien, moi. T'es sûre qu'y a pas un peu d'herbe dans ta clope, là, Shay ?

- Je suis qui ? Shay Marshall, une jeune femme voulant se divertir un peu le jour de la rentrée, jour trop monotone à son goût je fais en haussant les épaules tout en tirant sur ma cigarette.

C'est sans doute du à ma réponse, que la meuf éclata de rire. Je l'observais, d'un oeil pitoyable son délire. C'est sûr que c'est assez marrant, tout ça. J'haussais donc les yeux vers le ciel et tourna le regard autre part, ne voulant pas perdre mon temps avec elle. J'la sentais pas, du premier coup comme ça. J'sens jamais personne, moi, de toute façon. Sont tous cons, ici. J'sais pas si j'trouverais quelqu'un de bien et de stable, à Ena. C'est paradoxal, tout ça.

C'est pas exactement ça, mais t'y es presque. Madame Bloom m'a bien vite ramenée à la réalité. En même temps, rien qu'à la voir, on voit bien qu'c'est pas une putain, tu crois pas ?

A ses paroles, je me retourna, plutôt instinctivement, sans réel intérêt. Elle affichait un sourire malicieux, qui me fit penser au mien. Ah bah. J'suis pas la seule, ici. J'la regardais, et grimaçais, d'un air intellectuel.

Effectivement, ça n'l'est pas.

Je crois que cette blondasse avait voulu faire passer  un message, du genre de m'adoucir, ou autre. Ca avait marché, enfin sur le moment. Peut être que c'est juste une morveuse schizophrène qui est gentille, enfin d'une certaine manière et méchante d'une autre.

Et toi, quel prof t'a empêchée de faire corps avec Roméo ? J'suppose que tu fumes pas

Ha ouais, non, ça va. J'comprends un peu son jeu, comme ça. J'allais donc m'amuser. Mon petit air malicieux se montra, aussi. Surtout un sadique, repensant à cette sale Alyssalope de prof. Ouais, connasse du premier rang celle-là! J'aurais envie de lui faire caca dans la bouche. Puis, de la cuire au feu, sans aucune pitié. Oué, non, la cigarette, oublie blondasse.

Mme Pantara. J'étais douce, pourtant. Innocente dans l'fond de la classe. C'est qu'une sale gosse, après tout. Et non, c'est très mal la cigarette, eh ouais j'ajoutais un air ironique à la fin de ma phrase.

Elle est d'accord avec moi, Madame Boum - Bloom, Shay - ne ressemble pas à une Alyssalope. On pourrait croire que c'est une sorte de compliment, mais en fait, pas du tout. Personnellement, si j'étais dans son cas à elle je préfèrerais ressembler à une putain. Au moins j'ferais pas du 44. Du 44. Je loge à deux dedans. C'est complètement ouf. Elle court, elle roule, c'est une petite boule ♪ Shay, c'est pas beau de se moquer. Oh, tu t'y feras bien un jour.

"Mme Pantara. J'étais douce, pourtant. Innocente dans l'fond de la classe. C'est qu'une sale gosse, après tout. Et non, c'est très mal la cigarette, eh ouais", déclare-t-elle avec le même sourire que moi.

La brave Madame Patatra. C'est une des plus grosse connasse de l'Université, certainement, après Mme Boum. Sérieux, c'est le genre de prof qui prend 10 minutes à chaque cours pour nous évaluer. Qu'est-ce qu'on en a à foutre, sérieux ? Qu'ils évaluent comme tous les autres, là. Le pire c'est quand elle prend son sourire niais. Ah là, mais lààà, t'as juste envie de lui montrer comment faire corps avec le carrelage. Et de, bien évidemment, lui arracher les ongles et de plonger sa main dans l'alcool à 90, tout naturellement.

La cigarette c'est mal, évidemment. Sur le ton dont elle le dit ça fait un peu genre "j'imite toutes les pouffiasses en uniforme geek qui te disent ça tous les jours". Le pire, c'est quand ces personnes-là te voient fumer à l'intérieur. "Mais t'es pas folle, arrête voyons !" Et moi, ben, j'les encule tous. J'suis assez grande pour faire ce que je veux. Surtout que je suis discrète. Et que, généralement, je leur recrache pas toute ma fumée dans la gueule, j'trouve que c'est bien assez niveau amabilité. Mais bon, peu de gens le comprennent, et donc beaucoup de gens m'emmerdent.

- Elle est conne celle-là, je compatis, ma pauvre. A quand vire-t-on les profs incompétents, je souffle. Tiens, j'vais en parler à M. Le Directeur, de ça. Ouais, j'sais, c'est mal. Mais j'suis pas spécialement une bonne personne. En tous cas, je nous félicite. On a pas passé la rentrée de 10 minutes qu'on est déjà virées, j'sais pas ce que t'en penses, mais moi je crois qu'on bat des records.

Elle est conne celle-là, je compatis, ma pauvre. A quand vire-t-on les profs incompétents.
Me souffla Shay.

J'hochais de la tête, d'un air désespéré pour aquiscer sa réponse.
Ah bah, ma fille, j'suis juste à 100 pour 100 d'accord, là! Des profs comme ça, on n'en a pas besoin. Et après, c'est toujours notre faute. Oui, c'est la putain d'hiérarchie scolaire. Les profs, tout en haut, les élèves, des déchets, en bas, bien en bas. Des déchets, ouais! Qui peuvent pas parler. Aussi, Levis, des déchets c'est pas vivant. Ca parle pas. Roh, ben, dis, quelle mûre réflexion, Sky! ha, bah ça, je sais bien. Mais plus sérieusement, les profs pareils, c'est juste pour te rabaisser, rien d'autre.

Tiens, j'vais en parler à M. Le Directeur, de ça. Ouais, j'sais, c'est mal. Mais j'suis pas spécialement une bonne personne. En tous cas, je nous félicite. On a pas passé la rentrée de 10 minutes qu'on est déjà virées, j'sais pas ce que t'en penses, mais moi je crois qu'on bat des records.

Ah, oui, bonne idée de sa part, tiens. Mais qu'est-ce qu'il en aura à foutre, ce soumis? Il a peur de faire une remarque aux profs, c'est genre un type qui vit dans la guimauve. TOUT va bien dans sa putain d'unif. Tout, et donc, nous on ment ou on exagère. A moins qu'on ne le paie, pour en virer quelques uns. Mais bon, j'aimerais pas dépenser du fric pour ce gros plein de soupe, ma foi. A vrai dire j'ai bien d'autres multiples boites à macarons à bouffer. Voilà, tout.

Shay en est donc consciente que la cigarette est mal, mais aussi consciente que c'est une personne mal. Mal, personne mal, j'en suis une aussi, en parlant de ça. J'ai fais une chose de terrible, enfin, c'était pour mon bien. J'ai une fois pensé à mon cul, en prenant la vie de quelqu'un. Il était ignoble, sans coeur, c'était un sociopathe, un psychopathe. Je ne sais pas décrire un tel humain, j'en ai actuellement des frissons dans le dos. J'avais eu à l'instant, ce regard dans le vide, habituel quand je pensais à ça. Enfin, soit. Je souriais plutôt mélancoliquement dans le vide, indirectement adressée à Shay. Ca voulait comme signifier : « Ah, ça en matière de personne mal, j'suis bien placée aussi.. si tu savais, ha! »

Enfin, Shay en vient à reparler de notre visite chez le directeur. En effet, c'est la rentrée et après à peine dix minutes de cours, on est déjà ici. C'est dingue. On dirait vraiment qu'on est les vieilles rebelles d'Enamor, là. C'est même pire ! Des cas sociaux, je dirais. Sa phrase me décrocha un sourire malicieux. Elle m'amusait, Shay. Elle avait l'air différente. Aussi, bon, ça n'a pas l'air d'une de ces filles superficielles pro du kikoololisme, donc bon. C'est déjà bien.

C'est donc sur un ton amusé et sadique que je lui répondis, à la blondasse.

Ce que j'en pense ? On est que des putains de cas sociaux d'Enamor, voilà tout. M'enfin bon, au moins ça nous diffère de tout les cons qui y'a ici. Puis merde, j'aime faire chier Mme Pantara. Merde, ça te dis de sa casser d'ici ? L'attente se fait trop longue, j'ai faim.

Oui, j'ai envie de sécher. Ca me les casse d'attendre ici. Enfin, si Shay veut pas, j'me casserais quand même. Seule, chercher des macarons. Ca me calmera.

"Ce que j'en pense ? On est que des putains de cas sociaux d'Enamor, voilà tout. M'enfin bon, au moins ça nous diffère de tout les cons qui y'a ici. Puis merde, j'aime faire chier Mme Pantara."

Oh non, pas des cas sociaux. On est pas tous les quatre matins en train de chialer aux pieds de je-ne-sais-qui pour avoir tout un tas d'avantages, la preuve est, on est ici. Et on se lamente pas parce qu'on a été virées de cours. Donc j'dirais juste qu'on se distingue des autres parce qu'on respecte pas forcément les règles au moment où il le faudrait. Mais, très honnêtement, ça me gêne absolument pas. Enfin, j'attends encore le moment où Enamor changera de directeur, et où ils en trouveront un diablement sexy. Là, là, ouais, je serais encore moins à plaindre. Mais bon, le jour où ça arrivera, je serai certainement plus là. Et c'est dommage, avouons-le.

Et puis, comme elle dit, moi aussi j'aime faire chier les profs, donc, forcément, j'en paie le prix. Y en a ils deviennent tout rouge, t'as l'impression qu'il gonfle, t'sais, et qu'ils vont éclater. C'est limite si tu vois pas la vapeur sortir de leurs oreilles, c'est juste excellent, à vrai dire. Enfin moi j'adore. C'est un passe-temps comme un autre, on va dire. Vous devriez essayer, juste une fois dans votre vie. Bon, certes, on peut vite devenir accro, mais bon, c'est un risque à prendre. C'est pas comme si c'était de la coke, c'est beaucoup moins dangereux.

"Merde, ça te dis de sa casser d'ici ? L'attente se fait trop longue, j'ai faim. "

Je pouffe, soufflant ma fumée vers le haut avec un sourire. Elle me fait rire, cette Levis. Maintenant, c'est quasiment pas moi qui pervertit les autres, c'est eux qui me pervertissent. C'est la meilleure, ça, ma parole. Mais bon, faut avouer que c'est tentant de se casser. En plus, j'suis sûre que le dirlo en saura rien, et l'autre connasse de secrétaire, elle nous verra même pas partir avec de la chance. J'dois dire que ouais, ça me tente. Beaucoup même.

- J'dois dire que ça me tente. Moi j'ai juste envie d'aller prendre l'air.

Je me lève, toujours ma clope entre les doigts, et commence à sortir de la salle d'attente, regardant en arrière pour attendre Levis.

Shay pouffa, soufflant sa fumée avec un sourire. Je la regardais, d'un air malicieux et fier, je dois dire. Ah, elle s'est plutôt adoucit, ou je sais pas trop. J'adore sa tête, elle a l'air juste hyper vicieuse, quoi. M'enfin bon, j'en sais rien. J'la connais pas plus que ça, après tout. J'espère juste qu'elle acceptera de sécher avec moi, j'ai pas envie d'être seule, cette fois-ci. Puis, elle éveille ma curiosité. Sa mentalité a l'air de convaincre la grande Sky.
N'empêche, sécher le jour de la rentrée, c'est vachement preuve de délinquance sans limite, aha. Ma foi.

J'dois dire que ça me tente. Moi j'ai juste envie d'aller prendre l'air.

Woblaaa! Coul, ça ! Mon sourire malicieux virait au sourire de satisfaction, puis celui de contente sincère, là. Ouais, j'étais contente que Shay accepte. C'est au plus vite qu'elle se leva, entâmant déjà le chemin, prenant soin de m'attendre. Je pris mon sac qui avait traîné jusqu'au sol jusque maintenant, et la suivis, sans créer trop de bruits.

Nous nous trouvâmes, dehors, devant l'énorme entrée du bâti principal. Je respirais l'air frais, et sur un coup de tête, me retournant et en questionnant Shay, je lui demanda, sans trop réfléchir, me laissant emporter par un délire :

Juste comme ça, t'as pas encore une clope? Ou alors t'es radine, puis, ouais ça coûte cher les clopes. J'veux juste y retoucher, à cette saloperie. Ca peut vachement faire décompresser, quand on y pense. M'enfin.

J'essayais de me justifier à moi-même que j'avais une bonne raison de fumer, parce qu'au fond de moi je savais que c'était mal et que je n'aimais pas spécialement le goût et l'odeur. Mais quoi, c'est comme si Shay me titillait, avec sa clope. Et que j'avais juste une envie de m'amuser, d'y retoucher pour juste dire d'y retoucher. Et puis, ouais, après tout.. Après toutes les merdes que j'ai vécue, ça va pas encore plus me détruire.

Aria me suit jusqu'à l'extérieur. J'inspire une grande bouffée d'air. Bah. On est mieux ici qu'enfermé à l'intérieur, c'est moi qui vous le dis. Le mieux ce sera en hiver. J'adore l'hiver, fait plus frais, on a vraiment l'impression de respirer. Enfin, allez dire ça aux Américains originaires de Californie ou de Floride, ils vous tireront une gueule longue de quinze culs. Ils savent pas c'qu'est bon. La neige, le froid, le gel, le silence et la tranquillité. Y a qu'ça d'vrai.

Je laisse tomber mon mégot, l'écrasant sous ma chaussure avant de passer une main dans mes cheveux. J'allais de nouveau ouvrir la bouche pour sortir une amabilité sur la pétasse et son toutou de copain qui arrivent en face, mais Levis me devance, me demandant une clope. Je hausse un sourcil, un fin sourire narquois aux lèvres. Alors comme ça la petite Blondinette oserait fumer ? J'crois que c'est le genre de fille à céder à beaucoup de choses. Ou, tout du moins, à être tentée par beaucoup de choses. Et que dès qu'elle voit quelqu'un le faire, elle doit se dire 'pourquoi pas ?'. Pauvre petite Aria. Si tu savais jusqu'où ça peut t'emmener ce genre de comportement. Enfin bon, ce n'est qu'une hypothèse, j'suis pas sûre qu'elle soit comme ça après tout.

- J'croyais que c'était mal ? Je plonge ma main dans la poche de mon sweat, lui tendant ensuite le paquet. Passerais-tu du côté obscur de la force, Levis ? Enfin, après avoir flirté avec son meilleur ami, c'est dans la continuité des choses.

Je tire sur le bout d'une mèche de la blonde. Sont vachement longs ses cheveux. Et sont naturellement blonds. Moi j'serais elle, je couperais. Et j'passerais peut-être à la teinture. Enfin j'veux dire, toujours dans le blond, mais méché quoi. Parce que ça fait trop petite fille, j'trouve. Ouais, virage capillaire dans la tête de Miss Connasse, je sais, ça a de quoi étonner. Mais j'ai l'impression que. J'sais pas. Elle en aurait besoin. Un peu comme j'en ai eu besoin quand j'avais 16/17 ans. Dans un sens, j'trouve qu'on se ressemble. Même si je la connais pas encore assez bien pour en être sûre.

- Couper tes cheveux serait la prochaine étape, Levis. Tu ferais beaucoup moins gamine. Faut grandir, ma jolie. Laisser le passé derrière soi. Je hausse les épaules. Bon, j'veux un café. Tu bouges ton cul avec moi jusqu'au self ? En plus il me semble que t'avais faim.

Je fourre mes mains dans mes poches et commence à avancer vers le self, n'attendant pas la blonde, même si je compte bien qu'elle me suive. Pas envie d'être toute seule maintenant.

Je le sentais venir, ce sourire narquois, sur les lèvres de Marshall. Ca ne m'étonnais pas. Je me sentais, faible, enfin, je veux dire, que je ressentais l'impression de faible que je donnais. Ouais, comme si j'avais cédé à la tentation bêtement. Enfin, c'est ce que j'ai fais. Mais, c'est absolument rare de ma part, en fait. Et puis, elle ne me connaît pas, donc si elle est un minimum réfléchie, ce que j'ai l'impression, elle ne me jugera pas directement.

Passerais-tu du côté obscur de la force, Levis ? Enfin, après avoir flirté avec son meilleur ami, c'est dans la continuité des choses.


Shay sortit donc le paquet de sa poche et me le tendit. Je l'observais, réalisant mon erreur, mais à contre cœur à présent, je me servis, le lui rendant après. Je pris la cigarette dans ma bouche, et l'alluma avec son briquet. Le goût me revenu, et il me semblait si apaisant. Comme une sorte d'apaisement. J'adorais, même. Et en même temps, ça me déplaisait fortement que j'adorais cela. Mais bon, je suis assez forte pour sortir de cette obssession de fumer.

Si je passerais du côté obscur ? Ah, Marshall, j'y suis passée depuis bien longtemps. Je fronçais les sourcils, à sa remarque et soupirais, mélancoliquement. Je ne répondis pas, ne voulant pas la mêler à de nombreuses choses.

Shay venait de tirer sur ma mèche blonde. Drôle de geste, à qui, je ne perçus pas trop de signification, enfin par la suite, si, peut être.

Couper tes cheveux serait la prochaine étape, Levis. Tu ferais beaucoup moins gamine. Faut grandir, ma jolie. Laisser le passé derrière soi. Je hausse les épaules. Bon, j'veux un café. Tu bouges ton cul avec moi jusqu'au self ? En plus il me semble que t'avais faim.

Moins gamine? Woaaa, la Shay me perçoit en tant que telle.. Hum, ça m'contrarie un peu tout ça. Je m'observais un peu, ouais, aujourd'hui c'est vrai que je faisais la sainte écolière. Mais bon, j'men fous en fait. Je la regardais, les sourcils froncés, et souriais. Le passé.. J'en parle même pas.
Ouais, bougeons, en effet j'ai faim.
Je suivis donc la petite Shay, jusqu'au self, en silence, toujours un peu préoccupée par sa remarque, et tout. Mais par pour autant hyper vexée.

Bref, une fois à hauteur des comptoirs, y'avait personne. Normal, c'est l'heure de cours. Les cuisines semblaient donc être désertes. Je jetais un coup d'œil à Shay, plutôt complice. J'me faufila derrière les comptoirs et partie en cuisine. La voie était bel et bien libre, et là, j'pris mes aises. J'ouvris les immenses frigos et pris une boîte de macarons, et un macchiato. J'étais aux anges, j'avais de la bouffe alors, y'avait pas plus contente que moi. J'grimpais sur la table en métal, et m'assise, les jambes croisées, commençant à déguster ces prodiges.

J'pense que j'ai vexé la petite Levis. Depuis que je lui ai dit pour ses cheveux, elle ne parle plus. Elle s'est simplement contentée de me suivre en silence jusqu'au self. Ou alors c'est ma remarque par rapport au passé, qui l'a perturbée. Si ça se trouve, elle a vraiment besoin de le laisser s'échapper. De penser à autre chose. C'est pas que je sois de nature curieuse, mais j'aimerais bien savoir pourquoi elle ne parle soudainement plus. Woh, t'es en train de devenir un bisounours, Shay, tu devrais faire attention.

Nous entrons dans le self. Il n'y a personne, même pas les gens qui s'occupent de la bouffe. Aria me jette un coup d'oeil et se faufile derrière le comptoir. Je la suis, passant par-dessus, me laissant glisser de l'autre côté. Levis s'en va ouvrir un des grands réfrigérateurs, et attrape des trucs à manger. De mon côté, je vais me chercher un café, passant par derrière pour atteindre le reste des cuisines. Je reviens ensuite vers la blonde, allant m'asseoir sur le comptoir.

- J'voulais pas te vexer, si je l'ai fait, c'est juste que j'pense que ça te ferait du bien. Enfin bon.

Je fixe la blonde, portant la tasse à mes lèvres. Elle a quelque chose que je n'arrive pas à déceler. Pourtant je suis plutôt balèze, dans c'qu'est 'examiner les gens pour connaître un peu leur vie et leur façon de penser' mais elle j'y arrive pas. C'est comme si elle était enveloppée dans quelque chose qui m'empêche de voir quoi que ce soit. Vous voyez le verre où on peut voir de l'intérieur mais pas de l'extérieur ? J'ai l'impression qu'elle est enfermée là-dedans. Qu'elle, elle nous voit très bien, mais nous on ne la voit pas. Elle nous reflète une certaine image, mais on arrive pas à la voir clairement. On voit le dessus, mais on arrive pas à creuser. Et ça m'intrigue. J'suis pas forcément curieuse de nature mais j'aime pas ne pas savoir, rester dans l'ignorance. Elle cache quelque chose et j'veux tout savoir.

- Tu viens d'où, Levis ? Attends, laisse-moi deviner. Ton nom fait très anglais. Tu es anglaise ? Ecossaise peut-être ? Je sais pas. Mais t'es pas américaine, ça se voit.

Shay, de son côté avait été se chercher un café. Pas mal comme choix, non plus, je trouve. Elle me rejoignit, elle aussi pris place sur un comptoir. Je l'observais, dans le silence, continuant de dévorer mes macarons, quand elle brisa la glace, ahah, trop belle expression je trouve.

J'voulais pas te vexer, si je l'ai fait, c'est juste que j'pense que ça te ferait du bien. Enfin bon.

C'était à propos de tantôt, avec mes cheveux. Sa réaction m'étonnait. Je l'aime bien. C'est drôle, car d'habitude je ne dis jamais de telles conneries. Mais j'aime bien son caractère, enfin, c'est un iceberg, une grande surface est encore cachée, mais j'aime bien celle qui sort en tout cas. Ses paroles avaient eues le don de m'adoucir instantanément, et je souriais dans le vide, laissant dans un murmure :

C'pas grave, Marshall.

Mon regard toujours perdu dans le vide, j'examinais les sols de la cuisine, repensant à tantôt. Franchement, c'est bon, j'suis pas encore en guimauve tant qu'ça. J'allais pas pleurer. Mais avoue, grande Sky, que son excuse t'a touchée. Aha, la rancune, Sky ! Avoue-le. Ouais, j'suis plutôt contente, mais c'est bon, pas la peine d'me faire chier. Et puis merde, mes cheveux j'en fais ce que je veux, puis, voilà. J'suis Aria, putain. Je sais plus que qui ce que je fais. Ca, j'en suis sûre que non. Sans voix, Sky. Je ne répondrais pas.

Je soupirais et pris une gorgée de macchiato, sentant un regard peser sur moi. Shay. Je relevais la tête, discrètement, et je n'aurais jamais voulu croiser son regard à ce moment-là..

Tu viens d'où, Levis ? Attends, laisse-moi deviner. Ton nom fait très anglais. Tu es anglaise ? Ecossaise peut-être ? Je sais pas. Mais t'es pas américaine, ça se voit.

Ses questions étaient primaires, normales et pas bien méchantes. Mais pour moi, c'était tabou, c'était interdit, ça la regardait pas. Tout était lié, personne ne pouvait savoir d'où je venais directement. Mes yeux étaient déstabilisés, je détournais le regard, et fronçais les sourcils dans le vide. C'était inévitable, Shay avait deviné qu'elle avait créé un trouble chez la Miss Levis. Mais fallait que je rattrape. C'est donc ensuite, que je revenue à moi, plutôt innocemment. Je regardais Shay, et lui répondis machinalement, sans réels tons, innocemment quoi.

Ah, j'viens de France. Un petit coin perdu, à quelques kilomètres de Paris. Naturellement, j'me souviens plus du nom exacte, hm, j'étais plus petite quand ma famille et moi on a déménagé en Amérique. Mon père avait en effet des petites, fines origines anglaises. En gros, je suis Française avec un peu de sang anglais.

Ma vie, dite ainsi semblait banale, rose. En réalité, ça avait été modifié. Je me souvenais exactemement du nom où j'habitais, aussi j'avais 16 ans quand j'étais partie de Paris. J'ai vécu d'attroces choses, j'ai fais une chose obscure, jamais je pourrais le dire. J'arrive à mieux m'en parler à moi-même, mais imaginer avouer cela à quelqu'un. Je suis perdue, merde, je sais pas si c'est bien ou mal ce que j'ai fais. c'est horrible.. Ensuite, famille, c'est pas bien vrai. Je n'ai plus que ma mère, et encore, elle est devenue folle, c'est horrible, je l'ai laissée seule à Paris. Puis, y'a Owen. C'est tout ce qu'il me reste. Ensuite, je suis bel et bien française avec un peu de sang anglais. Mon père, j'lai jamais connu.

Je souriais ensuite à Shay, mélancoliquement. Puis, je me braquais et soupirais. Je repris mes petits airs, assez malicieux, et regardais Shay, l'interrogeant.

Alors, te voilà intriguée par la Levis en personne? Ca me touche.

"C'pas grave, Marshall."

Le sol a l'air soudainement beaucoup plus intéressant. Elle soupire, elle évite de croiser mon regard, elle a quelque chose à cacher, c'est sûr et certain. On dirait moi à mes 16 ans, quand ce connard m'a laissée tomber comme une merde, se souciant peu de ce que j'allais ressentir par la suite. J'avais les yeux au sol, je soupirais, et j'ignorais les gens. Je haussais les épaules, je n'étais pas bavarde. Puis après j'suis devenue une voleuse. Une voleuse qui couche à droite à gauche, qui fume, qui boit, qui se tape d'abord le pote de son futur copain, avant de finalement s'adoucir dans les bras d'un homme qui la comprenait et qui l'aimait. Mais qui est tué par une connasse dans un accident de la route. Elle finit par brûler l'appartement de cette pétasse avec deux de ses potes, avant de partir s'exiler aux Etats-Unis et de changer de nom. Aria elle me fait penser à ça. Une petite fille heureuse, qui devient ensuite une petite fille faible, qui grandit et se transforme en quelqu'un de dur, avec presque aucune faille, qui se moque du monde et qui dit aux gens d'aller se faire enculer. J'ai l'impression de me voir dans un miroir. C'est perturbant. Et ça me fait un drôle d'effet, ouais.

"Ah, j'viens de France. Un petit coin perdu, à quelques kilomètres de Paris. Naturellement, j'me souviens plus du nom exacte, hm, j'étais plus petite quand ma famille et moi on a déménagé en Amérique. Mon père avait en effet des petites, fines origines anglaises. En gros, je suis Française avec un peu de sang anglais."

France. Près de Paris. Et forcément, elle ne se souvient plus du nom de sa ville. C'pas normal, on se souvient forcément de son lieu de naissance. Et c'est ça qui me montre bien qu'elle cache quelque chose. Dans tous les cas, elle a du sang anglais. Donc j'avais raison. Je sors une nouvelle cigarette, que je ne tarde pas à allumer, levant les yeux au plafond. Bon, j'suis pas proche du détecteur de fumée, ça devrait le faire.

"Alors, te voilà intriguée par la Levis en personne? Ca me touche."

Son attitude change du tout au tout. Elle était presque triste, et ça y est, elle reprend son sourire malicieux, son regard de Levis, et elle me pose cette question. J'esquisse un sourire, tirant sur ma clope.

- Disons que ouais. Enfin intriguée. Ouais, si. J'ai l'impression que tu n'arrives pas à oublier. Ou que tu es encore accrochée au passé. Et que tu trompes tout le monde, avec ton image de fille dure, qui se fout de tout. Alors qu'en réalité, sous cette carapace, tu es aussi faible qu'un bébé venant de naître. Et tu es heureuse - non, satisfaite parce que tout le monde y croit. Je suis sûre que même Foster ne le sait pas. T'es contente de réussir ton numéro, Aria, j'me trompe ? Tu te crois magicienne ? Mais ça se voit que tu caches quelque chose.

Je savais, j'étais persuadée que Shay n'était pas assez naïve pour en conclure que mes propos étaient claires, net et sans mensonges. Quelle personne normale et intelligente ne le remarquerait pas? C'est absurde, je suis pas crédible, je suis bête. Je sais maintenant qu'elle va me poser des questions, et soupçonner quelque chose. Je suis juste nulle. Faudrait que j'apprenne à me perfectionner en mensonge, ou plutôt crédibilité, parce que là, ça m'fous encore en danger, quoi. Putain.

Je la vis sourire, tirant à nouveau sur sa nouvelle clope. Un sourire qui, voulait tout dire; Je cerne ton jeu. Mais qui me dit qu'elle était de confiance? J'en sais rien, moi. Mais, de toute manière, elle ne sait rien de moi. J'ai menti, elle soupçonne juste. Et un soupçon ne peut pas aller si loin. Devrais-je partir, là maintenant ? Non. Je fuis toujours. Je dois m'en sortir, comme une grande. Je dois assumer.

Disons que ouais. Enfin intriguée. Ouais, si. J'ai l'impression que tu n'arrives pas à oublier. Ou que tu es encore accrochée au passé. Et que tu trompes tout le monde, avec ton image de fille dure, qui se fout de tout. Alors qu'en réalité, sous cette carapace, tu es aussi faible qu'un bébé venant de naître. Et tu es heureuse - non, satisfaite parce que tout le monde y croit. Je suis sûre que même Foster ne le sait pas. T'es contente de réussir ton numéro, Aria, j'me trompe ? Tu te crois magicienne ? Mais ça se voit que tu caches quelque chose.

Ses paroles, c'étaient comme un couteau qui s'enfonçait à chaque secondes dans cette énorme plaie. Ses paroles traversaient mon esprit, cognant toutes les parois et les pensées interdites. J'étais à fleur de peau, et on pouvait le voir, sur mes yeux perdus dans le vide, et légèrement écquarquillés. J'étais juste retournée, jamais on m'avait dit des paroles qui me correspondaient autant. Avait-elle vécut la même chose, ou du moins autrement pour qu'elle me sorte un truc aussi parfait? Mais qu'allais-je pouvoir répondre? C'est absurde de la contredire. J'étais sous le choque, pour la première fois depuis bien longtemps. C'est comme si tout ressortait. J'avais les mains tremblantes, et j'finis par relever la tête vers Shay. Le monde s'était comme ébranlé. J'étais complètement troublée, et c'est quand j'allais répondre quelque chose, qu'une grosse femme arriva, la cuisinère et nous gueula dessus.

Que faites-vous ici! Chez le directeur, tout de suite! Non de dieu, partez !

Je fus saisie, je ne répliquais rien, j'avais même plus la force. C'est comme si Aria la vraie, malheureusement refit surface. Je m'encourus avec mon sac, et disparus dehors, dans le parc, derrière un buisson. Je me laissais tomber sur le sol d'herbe, et cachais mon visage de mes mains frêles. Ensuite, je les retirais. Elles tremblaient, comme le jour de l'acte. Il ne manquait plus que le sang de mon beau-père. Je fis une crise de panique, comme je fais souvent. Je respirais fort, tellement fort qu'on pouvait à tout moment m'entendre. Je me débattais seule, criant dans des murmurs « non, non, non ». Je finis par me lever, laissant un livre d'école parterre, et courus aux dortoirs. J'avais fuis, à nouveau. Et c'en sera quoi mon avenir, avec Shay ? J'ai foiré. Je me suis affichée en tant qu'une putain de faible, putain.

Aria s'est comme figée suite à mes paroles. Je crois que je l'ai surprise. J'ai vu ce que personne ne voyait et ça la surprend énormément. On trompe pas quelqu'un qui réagit pareil que soi. Elle semble vraiment choqué. Apparemment, j'ai touché dans le mile. Elle reste incroyablement silencieuse, les yeux écarquillés. J'crois que ça lui a fait beaucoup, beaucoup d'effet, ce que je viens de lui dire. J'allais de nouveau ouvrir la bouche quand une obèse pointe son nez. La cuisinière. Putain, mais elles ont quoi les boules aujourd'hui à faire chier ?

- Que faites-vous ici! Chez le directeur, tout de suite! Non de dieu, partez !

Je laisse tomber ma clope dans l'évier. Putain la conne, elle me fait gâcher une cigarette. C'est dingue, ça coûte bien assez cher comme ça. Je souffle. C'est alors qu'Aria décampe à la vitesse de la lumière. Bordel de Alyssalope, merde, chiasse. Je descends du comptoir.

- Non mais sérieux, quelle conne, vous auriez pas pu vous taire ? Vous avez bien vu qu'on était en train de discuter et qu'elle était perturbée ! Bonne à rien, rien qu'à faire de la graisse. Casse-burnes, ouais, bordel de merde, je crache à la cuisinière avant de sortir du self en courant.

Une fois dehors, je regarde autour de moi. Bordel de merde, mais elle est passée où ? Je souffle, passant mes mains dans ma crinière blonde. Putain de Alyssalope d'Aly. On peut pas parler tranquillement dans ce putain de bahut sans qu'y ait un casse-couilles qui se ramène le cul pour briser la conversation. En attendant, c'est Levis qu'a l'air brisé. J'vais lui niquer sa gueule de Alyssalope à cette cuisinière.

- Aria ? j'appelle, élevant la voix.

Personne ne répond. J'essaie de capter un quelconque mouvement, mais rien. Que dalle. Elle a été hyper rapide, j'ai pas pu voir où elle allait, j'espère seulement qu'elle fera pas de connerie dans l'état dans lequel elle est. Je souffle une énième fois, shootant dans un caillou avant de repartir vers le bât. Si ça se trouve elle est là bas. J'en doute fortement. Putain, mais quelle conne. Putain. Mais que cette cuisinière aille se faire enculer par un moine tibétain quoi. Pfuh.