Sujet: On ne dit jamais deux sans trois. Dim 30 Mar - 14:50
Bonjour, bonsoir, bienvenue dans la galerie d'oeuvres d'arts :LAULE: de Titii, petit criquet, Selenia, Huguette et j'en passe. Ici, vous pourrez voir de quoi elle est capable - c'est-à-dire vraiment pas grand chose huhu - et vous pourrez commenter, bien entendu ~ J'éditerai à chaque chose à rajouter, n'hésitez pas à venir jeter un coup d'oeil !
Sinon, à part ça. Je ne signe que très rarement mes créations, vous serez gentils de ne pas les prendre sans mon autorisation, parce que je mords, et je suis spécialiste du lancé de couteaux, walàwalà. Bien sûr, il suffit de demander pour en prendre un, là, je mordrai pas.
Sujet: Re: On ne dit jamais deux sans trois. Dim 30 Mar - 14:52
Ne jamais cesser d'espérer:
La petite brune verrouilla la porte de sa grande chambre. Trop grande pour elle, d'ailleurs... Elle s'avança vers la fenêtre à l'encadrement blanc. Celle qui donnait sut la cour du voisin. Il était précisément 12h30, les enfants ne devraient pas tarder. A 13h00, souvent, ils sortaient jouer. La petite Indi aimait les regarder et se mettre à la place de Camélia, la plus jeune, s'imaginant avec un frère, et non toujours seule avec des parents comme si elle n'en avait pase comme s'ils étaient des fantômes. Voilà, des parents fantôme. La famille d'à côté avait l'air tellement heureuse... Elle ne les jalousait pas, non, Indi n'était pas comme ça. Elle préférait espérer. Espérer qu'un jour, ce frère arriverait et jouerait avec elle, qu'à son tour, elle puisse être heureuse avec son frère, qu'elle ressemble à Camélia. Elle rêvait de ça. Une fois que Camélia et Jordan rentraient, la petite allait s'asseoir sur son lit, face à son ours en peluche, et elle lui racontait alors ce qu'elle ferait avec son frère quand il serait là, jusqu'à ce que les larmes lui montent aux yeux. A ce moment là, elle se couchait en serrant son nounours contre sa poitrine. Elle se murmurait alors que demain, son frère serait là et qu'il viendrait la réveiller en douceur. Elle recommençait alors à espérer avec le sourire, même si quelques larmes roulaient sur ses joues. Puis elle s'endormait le soir, toujours avec ce fameux espoir. Sauf qu'à chaque fois qu'elle se réveillait, elle ne voyait pas son frère. Alors elle recommençait à pleurer, entièrement sous sa couette, sa peluche dans ses bras, se promettant tout de même de ne pas baisser les bras, de continuer à espérer.
Sans titre:
La solitude. La solitude c'est le vide, le silence. L'abandon. L'incompréhension. On ne choisit pas d'être seul, non, on le subit. Car être seul n'apporte rien. Non, seul, vous devez faire face à vos problèmes sans aide, sans que quelqu'un vous conseille, soit là auprès de vous. Pour vous consoler, vous réconforter, vous encourager à aller de l'avant. Non, il n'y a pas ces ou cette personne. Vous devez vous relever seul, dans le silence, sans aide. Vous devez faire face à votre avenir quoi qu'il arrive. Personne ne vous guide. Vous devez faire vos choix sans conseils. Vous avez l'impression qu'on vous abandonne, qu'on vous rejette, tout cela parce que vous ne ressemblez pas aux autres, une petite différence, un mauvais caractère, quelque chose qui fait que vous n'entrez pas dans le moule. Et à cause de vos différences, vous faites des mauvais choix, sans guide. Vous vous enfoncez. Profond. Encore plus profond. Mais rien ne doit transparaître. Vous êtes seul parce que vous l'avez choisi, c'est ce que les gens pensent. Il fait noir, maintenant. Vous venez de toucher le fond. La solitude mène à la perte. Et c'est seulement à ce moment là, que les autres affluent autour de vous. Quand vous en avez plus besoin. Ils regrettent, et vous vous moquez d'eux. Vous êtes bien où vous êtes à présent. Vous ne serez plus seul, dans ce nouveau monde. Tout compte fait, la solitude n'est peut-être pas une si mauvaise chose.
Une nouvelle vie:
Elle s'avança lentement jusqu'à la porte blanche, s'arrêtant juste dans l'encadrement. La petite blonde plissait les yeux, la forte luminosité la gênait. Sa jolie robe en soie ivoire reflétait la lumière, et faisait pâlir sa peau déjà blafarde. Elle n'avais pas envie d'avancer plus loin, même si les gens au loin l'appelaient, voulant qu'elle les rejoigne. Pourtant, elle était attirée par cet autre côté, sans vraiment le vouloir. Il paraît que cet endroit nous changeait les idées, qu'il nous rendait heureux. Si seulement c'était vrai. D'autres disaient que ce n'était pas possible, qu'un lieu pareil ne puisse exister, qu'un simple endroit pouvait nous rendre heureux, hop !, comme ça, comme par magie. Mais tout le monde ne pense pas pareil, bien heureusement. Elle, elle ne croyait plus trop au bonheur, c'est pour cela qu'elle avait fugué, qu'elle avait tout abandonné. Mais, comme on dit, qui ne tente rien n'a rien ! Alors elle avait pris le peu de courage qui lui restait pour partir, elle n'avait rien emmené avec elle, elle avait tout lâché, elle avait décider de croire un peu au rêve et à tout ce qui l'accompagnait. Et elle l'avait fait. Elle passa la porte. Elle ressentait déjà une vague de bonheur la submerger.
Tout compte fait, le Paradis existait bien.
A cause d'elle:
Depuis qu'il n'était plus là, elle se laissait périr. Totalement. Elle ne souriait plus, elle devenait solitaire et asociale, elle n'aimait plus la compagnie. Elle ne se maquillait plus, passait à peine un coup de brosse dans sa crinière de lion, qui était maintenant sèche et terne, ne prenait plus soin d'elle. Elle avait terriblement pâli, ses joues auparavant à croquer s'étaient creusées. Elle était plus maigre que jamais, ses côtes ressortaient horriblement. Elle était si faible qu'une légère brise semblait pouvoir la faire tomber. Ses cernes s'étaient agrandies, ses yeux fatigués. Elle n'était plus la même. Elle avait changé. Beaucoup trop. Sa mère l'encourageait, la réconfortait, lui offrait ce qu'elle aurait toujours voulu. Avant. Ce qu'elle aurait voulu avant. Maintenant, aujourd'hui et pour toujours, ce qu'elle voulait c'était qu'il revienne. Cela et rien d'autre. Elle donnerait n'importe quoi, tout, pour qu'il réapparaisse, que cet accident n'ait pas lieu, que cette voiture ne lui rentre pas dedans. Elle en avait pleuré durant des jours, des mois. Elle la haïssait. Cette morue l'avait tué. En quelques secondes, elle avait perdu une des personnes qui lui était la plus chère. Elle voudrait pouvoir l'égorger. Seulement, elle savait qu'il ne voudrait pas qu'elle gâche sa vie. Mais c'était plus fort qu'elle, elle s'était oubliée. A cause d'elle, elle avait mal au coeur, à cause d'elle, elle avait perdu une partie de sa vie. A cause d'elle, il était parti. Elle avait perdu son frère, son meilleur ami, l'éternel homme de sa vie.
Sujet: Re: On ne dit jamais deux sans trois. Jeu 21 Aoû - 17:16
C'est l'histoire de la viiiie. Ok, je viens de voir le roi lion.:
- Où tu vas Sofia ? - Ben j'me casse, ça se voit pas peut-être ?
Je passe ma veste, levant les yeux vers Mike. Tête brune. Comme le reste de la famille. Enfin presque. Ma mère est rousse et j'suis châtain, de base. Mais j'aime pas le châtain. C'est trop banal. Toutes les nanas sont châtains de nos jours. Parce que les blondes sont connes, vous voyez ? Tant pis, qu'elles nous laissent le blond, on est vachement mieux en blond.
- Et où tu vas ? - Dans ton- - Sofia, tu arrêtes avec ça. - Quoi, Miky, t'as bouffé du lion ou quoi ?
J'enfile mes chaussures, me baissant pour rentrer les lacets totalement défaits dans les baskets, gardant un œil sur mon frère.
- Sofia, tu me parles mieux. - Sofia, Sofia, Sofia... je répète, levant les yeux au ciel. - Où tu vas ? - Voir les gars. - Non. - Non quoi ?
Je relève la tête, fixant Mike avec mon petit air de connasse habituel. C'est ce que je fais de mieux. Ils comprennent pas pourquoi je suis devenue comme ça. Ça me semble évident pourtant. Quoique. Ils savaient pas. Ils pouvaient pas savoir. Ils sauront jamais, de toute façon, j'me vois mal leur dire. En plus, je parle pas spécialement de ce qui me tracasse. Sinon on a pas fini. J'vous raconte pas. La liste s'allonge plus on avance dans le temps. Les souvenirs commencent à s'effacer, et tout va bien. Je vais parfaitement bien. Enfin c'est pas de l'avis de tout le monde, visiblement, puisque les parents m'ont emmenée voir un psy. Mais qu'est-ce que vous voulez que je raconte à cette bonne femme ? Ecoutez, madame, j'aimais beaucoup ce connard, c'était comme mon frère. On était super proches. Mais pas dans le sens où on baise tous les soirs, hein. Je baise pas avec mes frères. Encore heureux, vive l'inceste sinon. Sauf que, malheureusement, du jour au lendemain, il voulait plus me voir. Ofh, j'sais que d'un côté, c'est de ma faute. Ne jamais ressembler à une ex, ça peut casser une superbe amitié.
- Non tu ne vas pas là bas. - Ah bon ? J'aimerais bien savoir pourquoi. - Parce qu'ils ont pas une bonne influence sur toi, Sofia, regarde-toi ! - Quoi ? Qu'est-ce que j'ai ? - T'es moitié pas couverte, merde alors ! - Ofh, si c'est qu'ça. - Tu sortiras pas d'ici habillée comme ça.
Je le laisse déblatérer tout ce qu'il veut, m'avançant vers la porte. On vient de sonner. Pile à l'heure. Ça veut tout dire. J'sais c'qu'il veut. Sauf qu'on a pas le temps, on doit se magner le cul à rejoindre les autres, ce soir c'est le plus gros braquage de l'année. Et ça veut dire beaucoup de préparation en amont. J'attrape mon sac près du meuble de l'entrée et ouvre, ne prenant même pas le temps d'embrasser Kevin pour refermer la porte au nez de mon frère. Va pas me faire chier longtemps, merde alors. J'fais ce que je veux. Quand je veux, où je veux, avec qui je veux. Bordel, c'est ma vie, pas la leur. Ouais enfin t'es pas encore majeure. Oh t'es là toi. Ouais, toujours et... Ta gueule, ouais, pas besoin de toi.
- On dit plus bonjour ? Demande Kevin en attrapant ma taille. - Eeeh non.
Il s'avance pour m'embrasser, mais j'esquive rapidement ses lèvres. J'pense qu'j'suis claire. S'il est pas idiot, et il ne l'est pas, il devrait vite comprendre que c'est pas le moment. Le fait est qu'il ne tente rien quand on entre dans sa grosse voiture. Eh ouais, ça sert les braquages. Tu te paies des trucs de ouf. Il m'a offert une putain de robe. J'ai jamais vu ça. Sérieusement, j'crois que je l'aime beaucoup. Ouais, tu l'aimes quoi. J'ai pas dit ça. Ouais, parce que ça t'arrache les cordes vocales.
Après une petite demi-heure de route, on arrive enfin chez Alien. Cherchez pas, il nous a donné seulement ce nom quand on s'est rencontrés. Il veut garder une part de secret, vous voyez. Enfin j'crois qu'il nous l'a déjà dit, quand on était un peu tous bourrés et complètement défoncés. Mais, du coup, je m'en souviens pas. Et personne ne s'en souvient, bizarrement. J'suis sûre qu'il l'a fait exprès. Kevin ouvre la porte, me laissant passer. C'est un des trucs que j'aime le plus chez lui. J'ai pas l'impression d'être un morceau de viande dont on se sert seulement quand y a besoin. Il me traite comme une princesse. Et ça me plaît. Mais c'est pas pour ça qu'j'suis toute douce avec lui. Faut pas rêver, hm.
- Sofia-chérie ! Commence Alien en s'approchant de nous. - Bas les pattes, mec.
Un peu jaloux, le Kevin. Mais moi j'aime bien. Et puis honnêtement, Alien est crade, donc je dis amen. Sérieux, il a dû être pédophile dans une autre vie. Même complètement cuite je coucherais pas avec. Même si c'est le dernier mec sur Terre et qu'il faut que l'espèce survive. Je pourrais pas. Je vais me poser sur le canapé en cuir, entre Kevin et Sacha. On est sept, sans compter Al. Kevin, Sacha, Byron, James, Alexei, Ed et moi. J'suis la seule nana. Ouais, ça m'arrive de me sentir seule, épiée quand j'enlève ma veste, mais ils sont tous cools.
- Alors on fait tout comme on a dit, d'accord ? Ed et Byron, vous vous occupez du fric, Sacha tu te charges du côté gauche, James et Kevin à droite, et Sofia et Alex, de l'arrière, nous explique Al. - Et on se rejoint comme d'hab, finit Sacha. - Ouais. Le changement de garde est prévu à 2h07, donc, vous avez peu de temps pour tout détraquer. - T'inquiète, on va tout foutre en l'air.
Je souris à la remarque de Byron. Comme d'habitude. Ça va être du gâteau. Ensuite on arrête pour cette année. Sinon on serait trop repérable. On nous voit traîner à certains endroits, tout ça, on peut vite faire le lien. Enfin si on est Superman, mais bon. Mieux vaut prévenir que guérir, comme on dit. Et puis c'est la fin du contrat avec Alien. On avait signé pour un an, on a fait un an. On se frappe tous dans les mains avant de se lever et de sortir voir les voitures qu'Al a trouvées pour aujourd'hui. On change de caisse de braquage à chaque fois. Une fois qu'on les a utilisées, on les brûle dans une plaine plus loin, où personne ne va jamais. Ouais, on fait tout pour ne pas se faire avoir. Et on ne se fait jamais avoir.
- T'es sûr qu'ça monte à 90 ça ? Ricane Ed. - Non mais c'est vrai qu'on dirait qu'elles viennent du siècle dernier, tes caisses là, rajoute Alexei en mettant les mains dans ses poches de veste. - Bande de cons, évidemment, j'les ai testées. Pas se fier à l'apparence. - C'est sûr que quand on voit ta gueule et le fric que tu te fais, faut pas se fier à l'apparence, recommence Ed. - Ta gueule Flemming. - Ah ouais ? - Woh, on se détend les gars, je fais. Elles sont bien, tes bagnoles, Al, c'est bon, Ed, tu la fermes.
Les mecs se taisent. J'ai toujours eu une certaine autorité sur eux. J'sais pas pourquoi, ils font généralement une ou deux têtes de plus que moi, mais ils me sont incroyablement obéissants. Ils se rendent peut-être compte que sans moi, ils ne sont rien héhé.
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- Bon. Plus que quelques minutes, annonce James en regardant l'heure sur le tableau de bord.
Les doigts de Sacha battent la mesure du morceau de rock qu'on écoute en sourdine depuis peu de temps. Sacha est certainement le plus baraqué de la bande. Grand, super large, bien musclé. Avec ça, il a souvent un air froid, qui en ferait pâlir plus d'un. Mais en vrai, c'est un mec super sympa. On dirait pas comme ça, mais il a un cœur grand comme ça. Le plus grand c'est Alexei, mais il est beaucoup plus fin que Sacha. Il a un accent russe à croquer, de belles mèches blondes, et de grands yeux bleus. C'est sûrement le plus doux des six, et honnêtement on pense pas qu'il est un des voleurs les plus doués. Ensuite y a Ed, un rouquin d'1m90. Il me faisait peur, au départ, j'vais pas le cacher, c'est le plus dur, le plus cassant. Il a horreur qu'on lui touche les cheveux. Mais j'le fais à chaque fois que je peux, j'adore quand il râle. James est brun, mal rasé, et tatoué partout. C'est celui qui m'a prises sous son aile quand j'suis arrivée. C'est un peu mon grand frère, dans la bande. Byron c'est le petit – grand – rigolo. C'est le premier que j'ai rencontré. On a fini dans la même piaule une petite dizaine de fois. On a toujours une certaine complicité, mais y a plus rien entre nous. Il a bien essayé de me persuader de revenir une fois, mais j'ai pas cédé. Et puis y a Kevin. Il a un air qui en ferait fuir plus d'un, il fait quelques centimètres de moins qu'Alex, il est châtain, et il a de putains d'yeux verts. Ouah. J'suis trop chanceuse, héhé.
- Aller les gars, c'est parti.
Sacha, James sortent de la voiture, bientôt suivi de Kevin, qui prend le temps de m'embrasser alors que les gars avancent déjà vers le bâtiment.
- J't'aime, me dit-il simplement avant de se fondre dans l'obscurité.
Hein ? Hein pardon ? Ed ricane en voyant mon air déconfit et Alex croise ses bras derrière sa tête, tandis que Byron me pince la joue.
- Cte déclaration d'amour, arrête j'vais pleurer, Sof. - Ta gueule, Byron, je dis en repoussant son bras d'un geste vif. - Il est jaloux. - J'te demande pardon, Ed ? - T'es jaloux. - J'crois pas, n- - On y va, Blondie, coupe le russe.
Je lève les yeux au ciel. Ils en ratent pas une pour se faire chier, c'est dingue. J'enjambe Ed pour sortir de la voiture, en profitant pour passer ma main dans ses cheveux. C'est mon porte-bonheur, cette touffe rousse. Il râle encore, mais je suis déjà loin, attachant ma crinière blonde pour la camoufler sous mon bonnet. Tout se joue maintenant, c'est le dernier. Le tout dernier braquage. Le plus gros, celui avec lequel on gagnera le plus de fric. C'est la fin de notre contrat avec Alien. Tout du moins pour cette année. Mais de toute façon, on a assez de thunes pour vivre heureux jusqu'à la fin de nos jours. Donc je pense que je me réengagerai pas. Tout dépend de Kevin, en fait. S'il continue, j'veux bien continuer. Sinon j'laisse tomber. J'veux sortir de la Finlande, aller voir un autre pays, une autre région du monde. On verra. C'est l'avenir qui nous le dira.
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- Tu pensais réellement c'que t'as dit hier soir ? - Tu penses que je ne le pense pas ? - C'est pas ce que j'ai dit. - C'est ce que t'as insinué. - Non, je... T'as pas répondu.
Je regarde ses mains remonter le long de mes épaules nues dans le miroir. Son regard croise le mien par l'intermédiaire de notre reflet. Il reste silencieux, ses bras enlacent ma taille couverte par le drap de bain qui m'entoure.
- Kevin ? - Ouais. Ouais, je t'aime Sofia.
Je souris avant de me défaire de son étreinte, le poussant vers la sortie pour pouvoir être tranquille.
- Aller dégage, faut que je me rhabille. - Oh, comme si j't'avais jamais vue nue. - Ouais, justement, dégage, t'en profites trop. - Okok, je m'en vais, mais n'empêche que- - Moi aussi, alors va-t-en.
Il a très bien compris ce que je voulais dire par cette dernière phrase, il sort alors de la pièce, refermant la porte derrière lui. J'attrape mes fringues propres, butant encore sur mon reflet. J'l'aime, ouais. On aurait pu attendre ma parole. Oh la ferme toi là-haut, j'ai toujours pas besoin de toi, merde alors.
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J'ouvre la porte d'entrée. Putain, j'ai déjà dit aux gars de pas se pointer chez Mike si ils sont pas sûrs que j'y suis, c'est ouf ça. Quelle bande d'incapables poissons rouges quand ils s'y mettent. Sérieux, si Mike était là il les aurait tués sur place, tous autant qu'ils sont. La tête d'Alex apparaît en premier, suivi de celle de James, qui passe devant lui. Ok, ils ont perdu tout leur fric et ils viennent pleurer à mes pieds pour que je leur en donne ? Qu'ils rêvent.
- Sofia. - Ouais, j'crois qu'c'est moi. - Ecoute, c'est pas facile. - J'vous donnerai pas de fric. - Kevin a eu un accident. Il est mort.
Les bras tatoués de James me rattrapent alors que je tombe à genoux, mes doigts se serrent autour de ses épaules. J'suis sûre que mes ongles lui font mal. Mais il dit rien. Il me laisse pleurer. Il me laisse hurler. Alexei caresse mes boucles blondes tandis que le brun me serre très fort. Ils ont jamais été aussi doux avec moi. J'ai jamais été aussi moi avec eux. Ils ne disent rien, ils me laissent me vider de ce qu'ils viennent de m'apprendre. C'est tout. Je pouvais pas leur demander plus à ce moment là.
C'était comme si tout s'effondrait. Tout. Absolument tout. Essayez d'écouter une jolie petite mélodie et d'un coup, vous ajoutez le bruit d'une explosion. Et tous les petits oiseaux crèvent. C'est un peu comme la fin du monde, en fait. C'était la fin de mon monde. De notre monde. Ça a été très dur, j'me souviens. Mais j'm'en suis remise. C'est en partie pour ça que j'ai décidé de me tailler, de partir aux Etats-Unis, de changer de nom. De toute façon, je n'avais rien à faire en Finlande si Kevin y était plus. Et pis Ian avait dit qu'Il allait mieux. Qu'Il aurait voulu me voir. Mais c'était hors de question. Conne et attachée une fois, pas deux. Parce que c'est à cause de lui que je suis devenue Shay. Que Sofia est devenue une connasse. C'est tout.
Juste avant de partir j'ai demandé un dernier service à Alexei et James. De m'accompagner brûler l'appart de la nana qui a tué Kevin. On a forcé la serrure, on a recouvert les murs d'essence et j'ai balancé une allumette en plein milieu du séjour. On est sortis à la vitesse de la lumière, personne ne nous a vus, ils m'ont déposée à l'aéroport, je leur ai dit adieu, mais j'me souviens que James a dit qu'on se reverrait un jour ou l'autre. J'ai souri, et j'suis montée dans le premier avion direction les Etats-Unis. C'était un avion pour Augusta, dans le Maine. J'suis devenue Shay Marshall, j'ai oublié Sofia, puis j'ai découvert Enamor. Et voilà où j'en suis.