J'étais assise dans le grand fauteuil du salon, mes pieds reposaient à peine sur le tapis, le chat venait se frotter contre mes jambes nues, la grande bougie éclairait à peine le visage de mon père, assis face à moi, et de ma mère, installée sur l'accoudoir du même fauteuil, la main posée sur l'épaule de son mari. Il était minuit, je me souviens, il faisait chaud, l'odeur d'iris en devenait presque trop forte, nous étions en août, et mes parents m'avaient faite revenir à la maison alors que j'étais chez Monica pour son anniversaire, et que j'étais en train de séduire son frère de trois ans mon aîné. J'ai toujours eu un certain goût pour les mecs un peu plus mûrs. Bref.

" Santana, ma chérie, je pense que tu es maintenant assez grande pour savoir la vérité... " commençait Maman.

Je penchai légèrement la tête sur le côté, haussant d'abord les sourcils avant de froncer. Quoi ? Quelle vérité ? J'ai été adopté, c'est ça ? Quel cliché... Ou alors j'ai une atroce maladie et je perdrai la vie à 25 ans. Putain. Plus que 10 ans. Ou alors j'ai des frères et soeurs cachés, un jumeau qu'est mort à la naissance, ma mère n'est pas ma mère ou mon père n'est pas mon père, ou alors ce sont des criminels recherchés activement par le FBI dans le monde entier, ou bien j'arrête tout simplement de me faire des films.

" Tu vas entrer au lycée, il faudra donc que tu sois prudente et attentive, nous serons là, mais tu devras aussi apprendre à te débrouiller seule ", poursuit mon père.

Ok. Mais c'est tout à fait normal. Mes parents sont peut-être finalement James Bond et James Bond Girl. Ça y est, j'ai trouvé. Ce sont des agents secrets à qui tous les criminels en veulent et...

" Je dirige la mafia mexicaine. "

Ma bouche s'entrouvrit tout seule, j'écarquillai les yeux. Pardon ? Excusez-moi ? Je n'ai pas bien compris, je pense. Mon père serait un des plus grands criminels au monde ? Il tuerait des gens, ferait des centaines et des centaines de trafics, et manierait les armes mieux que quiconque ? Mais non. C'est impossible. J'y crois pas.

" C'est une blague, c'est ça ? Tu peux pas, c'est impossible, tu peux pas tuer des gens, tu peux pas faire le mal, t'es pas un criminel, t'es pas un tueur, c'est pas possible, tu peux pas, t'es mon père, t'es mon père, c'est impossible... " finissais-je par murmurer, les larmes aux yeux.


Comment briser l'admiration que vous avez pour votre père en un millième de seconde. Votre père, c'est l'homme de votre vie, celui qui vous consolera, qui fait de vous une princesse, qui vous défendra si jamais votre copain vous fait la misère, c'est le modèle, le chef de la famille, celui qui vous chouchoute car vous êtes sa petite fille adorée, c'est votre père. Le mien est un tueur, gère des criminels, et ne fait que le mal. La confiance que j'avais en lui s'est évaporée à ce moment là. J'avais vécu dans le mensonge toute mon enfance, je me sentais trahie, rejetée, blessé. J'étais horriblement en colère contre lui. Je suis sa fille, bordel, comment avait-il pu me cacher une chose pareille ?

J'étais, je suis et je serai la fille d'un criminel.

Santana Diabla Lopez, enchantée, bienvenue en enfer.

 

« Les amis c'est pas comme la famille, ils t'acceptent comme tu es. »