Mes images commencent à prendre un peu de place sur mon ordi, alors je me lance pour les montrer. On retrouvera sûrement quelques avatars, crackships, retouches, etc. Le tout plus ou moins géré, puisque personne n'est parfait. J'éditerai régulièrement, ou pas, au fur et à mesure que je ferai mumuse avec Photoshop.
Si, par je ne sais quel hasard, vous voudriez me prendre quoi que ce soit, c'est sans problème je suppose, mais demandez quand même mon autorisation, ce serait cool. Merci d'avance, et bon visionnage ~
Jo
Dernière édition par Adam H. Foster le Ven 13 Juin - 18:21, édité 1 fois
Les posts qui suivent ont rien à voir avec Photoshop ou Gimp, vous le remarquerez huhu. A vrai dire, c'est une petite histoire tout droit sortie de ma tête, que j'écris depuis quelques temps quand je m'ennuie. Et maintenant qu'elle est terminée, je m'autorise à la poster, libre à vous de la lire - ou non, et de me donner votre avis - ou non ~
Chapitre 1 - Keith:
"Bouge ton cul Princesse, on n'attend que toi !", gueule Adam, levant la tête vers le deuxième étage de l'immeuble.
Il n'a pas tort, à vrai dire. Nous sommes déjà tous les trois sur le petit parking de l'immeuble. Je viens d'aider Adam à attacher les planches sur le toit de son pick-up, nous avons déjà calé toutes nos affaires à l'arrière du véhicule, bref, tout est fin prêt. Il ne manque plus que le quatrième, qui s'est levé un peu plus tard et qui, par conséquent, n'est pas encore prêt.
"Je rêve, ce type est une blague à lui tout seul, sérieux. Faut pas trois heures pour se préparer à aller à la plage", commente Adam en lâchant au passage un rire d'exaspération.
Je hoche la tête en guise de compassion. C'est alors que la princesse fait enfin son apparition au balcon, visiblement enfin prête.
"J'arrive dans deux secondes les mecs", répond Damon, avant de disparaitre du balcon pour retourner à l'intérieur du studio. Il réapparait quelques minutes plus tard en face de nous, sac sur le dos, casquette sur la tête et lunettes sur le nez.
"J'vous ai pas trop fait attendre ?, demande-t-il en faisant ressortir son côté féminin. - Si peeeu," je réponds ironiquement.
On entre alors dans la Silverado. Je me mets à l'avant, aux côtés d'Adam. Damon, quant à lui, passe à l'arrière, rejoignant ainsi Owen qui semblait presque s'être endormi entre temps. Il est réveillé par l'arrivée brutale du mécheux, qui lui saute au cou.
"Eh mais t'es vraiment une diva toi, quand tu t'y mets", lance Owen à l'égard de son voisin, en riant.
Pour toute réponse, son interlocuteur lève son majeur tout en souriant à son tour. D'une amabilité sans nom, ces types. Adam démarre alors, une fois tout le monde enfin prêt. La voiture quitte le parking musique à fond, direction l'une des plus belles plages de Miami. Le blond nous a expliqué qu'il a bien une maison à quelques pas de la plage, mais qu'il préférait ne pas combiner famille et amis, sachant que cette fameuse maison est évidemment habitée par sa mère Liza et par Eliott, son petit frère. C'est pourquoi nous avons tous décidé d'un commun accord de louer un petit studio pour quelques jours, un peu plus loin, afin de passer un peu de temps entre potes, et de décompresser de l'année que l'on vient de passer. Adam voulait à tout prix nous montrer "sa vie" à Miami, c'est pourquoi nous sommes ici. En même temps, il faut avouer que le Canada de Damon, on en bouffe toute l'année avec l'université, que ma France est un peu loin et un peu chère pour des vacances entre étudiants, et que le Pays de Galles d'Owen est réputé pour son temps de chiotte. Il y aurait bien eu mon Manhattan mais bon, Miami ça reste quand même franchement cool comme endroit. C'est cher aussi, mais le grand Foster paye une bonne partie du séjour. Faut dire que sa réputation ici aide pas mal à avoir des rabais, huhu. C'est aujourd'hui malheureusement le dernier jour de notre séjour entre potes. Comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin.
"Eh les gars, je sais pas qui a ronflé cette nuit, mais sérieux faites quelque chose, j'ai trop mal dormi moi du coup, lance subitement Damon. - C'est pour ça que t'as continué à roupiller après nous ?, demande Adam. - Nan mais ouais, j'suis d'accord avec la div- aouch, enfoiré !- avec Dam je disais donc. Y a quelqu'un qui devrait faire un effort pour rester discret quand il dort, enchaine Owen. - C'est sûrement toi, Foster", j'ajoute innocemment.
Ce n'était certainement pas moi. Mes potes disent souvent qu'ils ont l'impression que je meurs pendant quelques heures à chaque fois que je dors, tellement je suis silencieux. Et puis, viril comme il est, notre Ken, ça ne peut être qui lui. En vrai, personnellement, je n'ai rien entendu. Quand je dors, je suis une masse. Je ne fais aucun bruit et n'entends rien du tout. Il faudrait me balancer un seau d'eau sur la gueule pouvoir me réveiller avant la fin de mon cycle de sommeil, et encore.
"Ouais j'sais, ça m'arrive de temps en temps il parait, répond Adam. Mais c'est pas à chaque fois hein ! - Encore heureux, déjà que j'ai dormi sur un canapé, alors en plus si j'avais du blairer tes rugissements intempestifs pendant tout le séjour, merci bien, râle Damon. - Moi perso j'ai bien dormi, je continue sur le même ton qu'auparavant. - Oh ben ça on risque pas d'en douter, vu comment tu t'assommes avec tout ce que tu fumes huhu. - En attendant t'es bien content quand je fais tourn- - On est arrivés les mecs !"
Chapitre 2 - Owen:
Une fois qu'Adam est garé sur le parking à deux pas de la plage, nous détachons les planches du toit du pick-up, récupérons nos sacs, et allons nous poser sur le sable. Depuis le début du séjour, Adam essaie d'apprendre le surf à Damon. Et il faut avouer que ce n'est pas de tout repos. Keith et moi avons rapidement abandonné : on est des artistes, nous, pas des sportifs, donc bon. Le surf, on trouve ça plus marrant à regarder qu'à faire. Surtout Dam. Il n'arrête pas de se casser la gueule. Genre il glisse de sa planche, et toute sa mèche folle lui retombe dans les yeux comme une vieille algue collante. Mais il s'est amélioré, quand même, depuis le début. Encore heureux, me direz-vous. Qu'il n'ait pas fait tout ça pour rien.
Adam, on rigole moins, forcément. Le mec, on dirait qu'il a fait ça toute sa vie. Enfin, c'est presque le cas, en même temps, donc bon. Du moins depuis de longues années. Alors quand on le voit, on dirait un de ces beaux gosses en maillot rouge d'Alerte à Malibu. Effet renforcé par toutes ces pétasses bavant devant les exploits de Blondinet.
"Bon Dam, t'es prêt ?, demande Adam, planche en main, une fois que nous sommes convenablement installés. - Plus prêt que jamais, Hasselhoff !", répond Damon d'un air motivé, attrapant la seconde planche au passage, et marchant d'un air fier jusqu'à la mer.
Je regarde les deux plonger dans l'eau et profiter des quelques vagues. Puis, jetant un œil aux alentours, je remarque une fois de plus que Foster a encore fait des émules. J'entends déjà des prépubères glousser à son passage. De toute manière, faut croire qu'il lui suffit de retirer son t-shirt pour se faire attaquer par une troupe de dix vierges effarouchées. Damon aussi, hein, bien évidemment, mais c'est pas pareil. Dam, ici, personne ne le connait. Allez voir n'importe qui sur la plage et demandez lui "Eh, vous connaissez Damon Howard ?", il vous regardera comme si vous étiez une déjection canine. Alors que si vous lui dites "Eh, Adam Foster, c'est un pote à moi", vous vous ferez automatiquement un ami. Ou plus, si des fouines juste à côté vous écoutent. Enfin bref, tout ça pour dire que ce mec est fichtrement connu ici, aussi bien pour son talent que pour sa gueule.
Il ne faudra pas cinq minutes à Damon pour glisser de sa planche et se rétamer comme une merde. J'ai beau voir ce spectacle en quasi continu depuis plusieurs jours, ça me fera toujours autant rire.
"Et allez, tu paries qu'il se cassera combien de fois la gueule cette fois ?, je demande à Keith. - Attends, il se casse la gueule, ok, mais avec classe. C'est pas n'importe qui le mec, tu sais bien, enchaine-t-il. - Grave, c'est Damon Cole Howard, le beau gosse Canadien !"
J'adore Keith. Ce mec me fait toujours bien rire. Et puis il est sympa, et il m'a bien aidé à remonter la pente, après que mon secret a été dévoilé. Lui comme les deux autres, bien entendu. Mais je saurais pas dire pourquoi, mais lui particulièrement. Il a la parole facile sur ce genre de sujets. Probablement parce que, lui aussi, a été confronté à des périodes difficiles. Pas dans le même genre, mais difficile quand même. Donc j'avoue que je m'entends particulièrement bien avec lui. Enfin c'est différent, quoi. Je crois que si ces trois gars, tout comme ma chère cousine Sky, n'avaient pas été là pour moi, je me serais déjà buté. Ce séjour me permet aussi de décompresser, loin de ce Canada à la con, et de sortir un peu tout ce qui m'empoisonne l'esprit ces temps ci. La haine que les gens peuvent me porter, la culpabilité qui commence enfin à me ronger, depuis le temps qu'elle devrait le faire, et puis l'horreur que j'ai pu installer à l'université pendant toutes ces années. C'étaient certainement des années florissantes pour S, mais elles m'ont détruit le cerveau et ont bouffé toute forme de morale que je pouvais avoir. Donc petit à petit, il faut que je me reconstruise, et honnêtement, ce n'est pas chose facile. Heureusement que des mecs comme Keith sont là pour m'aider. C'est vraiment agréable d'avoir du soutien, comme ça.
Keith s'allume un joint. Pour changer, tiens. Je crois que c'est le plus gros consommateur de mon entourage. Et de loin. C'est limite il s'en fume pas un une fois l'autre tout juste terminé. Mais bon, il fait ce qu'il veut. Apparemment il était bien pire avant, alors c'est pas vraiment énorme selon lui, ce qu'il prend maintenant. Il me le tend après quelques bouffées. Sauf qu'il connait d'avance ma réponse : je ne fume ce genre de trucs que rarement. Non pas que je n'aime pas, bien au contraire. Justement, je sais que je risquerais de trop aimer ça, particulièrement dans l'état dans lequel je suis en ce moment. Et j'ai tout sauf envie de finir toxico. Surtout quand je vois comme ça peut ruiner une vie, en atteste le grand dadet juste à côté de moi.
"Regarde comme il fait le fier, notre Canadien, qu'il est beau !, lance Keith en riant, alors que Damon sort tout juste de l'eau après une bonne demi heure passée auprès des vagues. - C'est pas crédible, il est blanc comme un cul, on voit bien qu'il est pas d'ici t'sais, je réponds alors, pris d'une même envie de rire. - Et puis bonjour la coupe méduse du mec qui a bu trente quatre fois la tasse quoi !"
On rigole, on rigole, mais c'est rien de méchant, évidemment. Dam est le premier à rire de lui-même, alors on se permet d'en profiter de notre côté. Il a déjà des A partout à ses exams, il est champion national de gym, il se tape un tableau de chasse unique, il pouvait pas être bon partout, hein. Et encore moins en surf, en quelques jours à peine. Pour une fois qu'on peut se foutre de sa gueule dans un domaine, autant en profiter.
Chapitre 3 - Damon:
Il faut avouer que je m'améliore. Lentement, mais sûrement. Comme on dit, Rome ne s'est pas faite en un jour. Donc le fait est que je ne peux pas devenir un dieu de la planche en quelques heures, voilà tout. Je tombe déjà bien moins que la première fois. C'est toujours pas très concluant, mais c'est mieux. Aussi, fier de mes exploits du jour, je me permets de sortir de l'eau après une bonne demi heure passée à surfer. L'air conquérant, le regard fier, le menton relevé, je tiens la planche d'une main et passe l'autre dans mes cheveux pour leur redonner une allure un minimum convenable. Bien que je sache pertinemment que, sans gel, ma coiffure risque fort de ressembler à une banane pelée plutôt qu'à un atout des plus charismatiques. Mais on s'en fout, au pire. Je sais que je n'ai pas forcément besoin de ça pour être beau ; le gel n'est qu'en option, au final, huhu.
J'en fais des caisses à ma sortie de l'eau. Je pourrais soulever des montagnes. Et à voir ricaner Brindille et son pote le toxico à une vingtaine de mètres, je me doute que je suis dans leur ligne de mire. Je leur présente alors de loin mes magnifiques majeurs, qu'ils ont pris l'habitude de côtoyer, tout en les accompagnant d'une bise de loin. C'est des lâches, ces mecs, ils ont essayé une fois de surfer, et quand ils ont vu que leur centre de gravité était pire qu'instable et que l'eau, ça mouille, ils se sont aussitôt arrêtés, les chatons. Aucune motivation, j'vous jure. Mais bon, je les aime bien quand même. Ils sont marrants, on aime bien se charrier. Au moins on s'ennuie rarement.
Tandis que je ressors, Adam continue encore un peu de profiter des vagues. Il a raison, il fait beau, il fait chaud, les vagues sont belles, et les gens le regardent. Alors qu'il continue, c'est parfait. Comme ça, moi je peux partir tranquille tout seul à la chasse, histoire d'agrandir un peu plus mon tableau avant de retourner au Canada.
D'ailleurs, en y pensant, je n'ai toujours pas pensé à ce que je ferais à la rentrée. Les études sont terminées, j'ai mon diplôme en poche, et je sais désormais que je n'aurai aucun problème à trouver du boulot. Mais maintenant, la question est la suivante : où, et quoi ? Je n'ai aucunement envie de retourner à Toronto. La ville a beau être grande, je refuse de vivre aussi près de mes enfoirés de parents. Rester à Miami ? Je sais pas. Je sais pas du tout. L'endroit me plait bien, mais je doute que je supporterais d'y vivre à l'année. Si je veux bosser sérieusement, j'aurais trop de tentation ici. Il suffit de jeter un œil n'importe où autour de soi pour tomber sur un groupe de mecs faisant des pompes ou une bande de filles faisant du roller en bikini. Eh ouais, Damon Cole Howard s'est décidé à être sérieux à la rentrée prochaine... Non je blague. Je me démerderai forcément au moment venu, pour l'instant mieux vaut profiter des vacances et basta.
Et pour l'instant, je viens justement de croiser le regard de deux filles particulièrement jolies, qui bronzent sur la plage. Une blonde, et une brune. Je décide de m'approcher, le temps que Ken reste à faire mumuse avec sa planche. Quant à la mienne, je la plante devant les deux filles, en leur lançant mon sourire le plus ravageur.
"Salut les filles, vous avez pas trop chaud à cramer comme ça au soleil ?, je lance d'un ton charmeur. - Disons que ta venue a fait monter la température de quelques degrés, effectivement", répond la blonde.
J'en conclus rapidement que j'aurai bien plus de chances avec elle qu'avec sa pote brune, qui glousse à la réplique de boucle d'or. La blonde ne me lâche même plus du regard. Faut croire que je lui plais bien, ou alors qu'elle aime jouer ; ou même les deux en même temps, pourquoi pas. Quand je disais que le gel ne fait pas tout ! Cependant, je trouve personnellement qu'elle en fait trop. Elle est très belle, et elle le sait, mais pas dans le bon sens. Par exemple, ma Diabla est magnifique, et elle en est totalement consciente, tout comme Queen Ash. Mais aucune des deux ne tombe dans le too much vulgaire naze comme le fait la blonde. C'est limite caricatural, en fait. Sérieux, c'est quoi cette approche pétée du "t'es tellement chaud que c'est la canicule dès que t'arrives" ? Y a que des kékés des plages amateurs de protéines en poudre pour lâcher de genre de trucs. Et des mecs hein, parce que personnellement, j'ai jamais entendu une fille draguer de la sorte. Mais bon, c'est mieux que rien, alors je m'en contenterai : ça me fera déjà une tête de plus dans mon tableau de chasse.
"J'en doute pas", je réponds sur le même ton que précédemment. "Ça vous dirait pas d'aller vous baigner, toi et ta pote, histoire de se rafraîchir un peu ?"
Je m'adresse exclusivement à la blonde. La brune ne m'intéresse pas une seconde. Elle a l'air trop coincée, le genre de toutou des pétasses qui ont besoin d'une suiveuse à leurs ordres pour s'auto-persuader qu'elles ont une vie sociale et des amies en or. La brune en question n'est pas dégueulasse du tout, facialement parlant. Au contraire même, elle est très jolie. Mais elle n'a aucun charme, elle a l'air complètement effacée par le "charisme" de la blonde. C'est le cliché typique des séries B pour pré-ados, mais c'est pourtant ce qui se présente juste devant moi. Trouve toi une personnalité, Brunette, je suis certain que tu pourrais devenir à ton tour chef de bande, avec le beau visage que tu as.
Alors que la blonde s'apprête à me répondre, une deuxième planche vient se planter, juste à côté de la mienne. C'est Monsieur Foster en personne qui vient de me rejoindre. Je me retourne vers lui pour le saluer. Il l'air quelque peu étonné de me voir avec ces deux filles. Il devrait avoir l'habitude pourtant, à force.
"Tiens, salut ! Je vous dérange pas ?, demande-t-il en nous regardant un par un avec son plus beau sourire. - Nan justement, je leur proposais d'aller se baigner, tu nous suis ? - Avec plaisir !"
Adam est bizarre, pour le coup. Parce qu'il a sorti son sourire de tombeur, certes, mais mélangé à une hypocrisie prononcée. Peut-être qu'il a senti l'absurdité du charisme de la blonde, qui sait ? Oh et puis tant pis, je cherche même plus à comprendre. Des fois il est bizarre, ce jeune homme, huhu.
Je ne sais pas exactement combien de temps je reste surfer. Pas très longtemps, au final, il me semble. Par rapport au temps que je pouvais passer avant en tous cas. Là, je sais que je ne suis pas tout seul, donc je ne peux pas me permettre d'y passer l'après midi. Mais si ça ne tenait qu'à moi, j'y resterais toute la journée s'il le faut. Je pourrais passer ma vie sur ma planche. C'est tellement agréable comme sensation. C'est comme survoler la terre de quelques millimètres à peine. Tu glisses sur l'eau sans réfléchir. Le paradis, quoi. C'est définitivement ce qui m'a le plus manqué pendant mes années à Enamor. Y a pas moyen de faire du surf au Canada. Heureusement que l'université a une piscine, sinon je me serais tué. C'est comme avoir besoin d'air pour respirer : moi j'ai besoin d'eau pour vivre. C'est mon élément, c'est tout.
Mais comme je viens de le dire, je ne suis pas tout seul. J'ai en effet trois cachets d'aspirine qui ne partagent pas forcément ma passion, malgré les efforts de l'un d'entre eux, et je me dois de ne pas jouer les égoïstes à outrance. Et justement, celui qui a fait le plus grand effort, a finalement décidé de se reposer un peu et d'aller s'adonner à sa passion première : la drague. C'est Dam, quoi, alias le gars qui saute sur tout ce qui bouge et qui est susceptible d'avoir une belle gueule. Je m'arrête donc un peu plus tard, et décide de le rejoindre alors qu'il s'est visiblement trouvé une nouvelle cible. A vrai dire, à l'instant où je pose mes pieds sur le sable, je ne vois pas du tout de qui il peut s'agir, sachant qu'au moment où je le rejoins, la ou les personnes à qui parle Dam sont cachées par sa planche. J'ai donc la surprise jusqu'au bout. Mais le connaissant, je sais pertinemment qu'il n'est pas allé vers des thons. Mais bon, si ce sont des mecs, je risque de rapidement faire demi-tour, n'étant pas franchement du bon bord à leurs yeux.
C'est seulement une fois arrivé à leur niveau que je peux identifier les proies du Canadien. Par chance, ce ne sont pas des gars. Ce ne sont pas non plus des thons, bien au contraire. Cependant, je me demande si je n'aurais pas plutôt préféré une de ces deux options. En effet, je connais bien ces deux visages. La blonde n'est autre que ma chère connasse d'ex, Heather, et la brune est sa meilleure amie Suki. Je ne me rappelle même pas de la dernière fois que je les ai vues. Mais je sais que la dernière conversation avec Heath remonte à mon accident qui m'a amené à l'hôpital et qui m'a fait chopé cette merde de Sida, il y a environ quatre ans de ça. Heureusement que mon traitement fonctionne bien, d'ailleurs. Des chercheurs ont trouvé un moyen de réduire petit à petit le virus, jusqu'à l'éliminer complètement au bout de quelques années d'utilisation. Mais ce n'est pas encore vraiment au point, c'est pourquoi je sers pour le moment de simple cobaye à la science. Et je dois dire que, actuellement, je me sens en meilleure santé que jamais. Je suis persuadé que ce traitement va bientôt faire des miracles. Et j'en serai le précurseur, si ça c'est pas la classe !
Bref. Toujours est-il que les voir aujourd'hui me fait un drôle d'effet. Suki n'a pas changé d'un poil : toujours aussi effacée. Mais je suis vraiment scotché par l'évolution d'Heather. Elle avait tout d'une princesse, avant. Elle était délicate, douce, etc. Le genre de filles qu'on aurait eu envie de protéger. Et maintenant, sa manière de parler et de dévorer mon propre pote des yeux, me fait réaliser qu'elle est devenue, purement et simplement, une morue. Au premier coup d’œil qu'elle me jette, elle lance aussitôt les hostilités. Elle reste totalement indifférente, comme si on n'était jamais sortis ensemble, et qu'il ne s'était jamais rien passé. Comme si on ne s'était jamais croisés auparavant. Soit, je vais entrer dans son petit jeu et jouer le plus gros hypocrite que la Terre ait jamais porté. Pauvre Dam, il a l'air de ne rien comprendre à ma réaction.
"Tiens, salut ! Je vous dérange pas ?, je demande avec un large sourire. - Nan justement, je leur proposais d'aller se baigner, tu nous suis ? - Avec plaisir !"
Suki a l'air mal à l'aise. Elle a bien compris le petit jeu qui vient de s'installer, et elle a tout sauf envie d'y participer, apparemment. C'est vrai que, malgré sa transparence, il faut avouer qu'elle est une fille vraiment sympa, quand on apprend à la connaitre, et je n'ai pas franchement envie de la souler avec mes histoires, mais pour le moment je n'ai pas trop le choix. Malheureusement, quand j'ai perdu Heather de vue, j'ai évidemment perdu Suki au passage, puisqu'elle la suit dans toutes ses idées et ses évolutions. C'est dommage qu'on se retrouve dans de pareilles circonstances, mais bon.
On rejoint alors tous les quatre la mer, et y replongeons. Je profite que Dam et Heath soient occupés pour lancer un regard et un sourire complice à Suki. De toute manière, occupés comme ils sont, les deux, je doute fort qu'ils aient remarqué quoi que ce soit. En effet, je ne sais pas si c'est dans le but de me rendre jaloux ou quoi, mais Heather est particulièrement proche et tactile avec Damon. Et ce dernier n'est évidemment pas en reste. Le pire, c'est que je sais que, s'il savait qui est cette fille et ce qu'elle représentait pour moi, il ne réagirait pas comme ça avec elle. Il lui cracherait certainement à la gueule. Parce que je suis plus que persuadé qu'elle ne l'intéresse pas plus que ça, et qu'il ne la voit que comme un moyen d'étendre un peu plus son tableau de chasse. Mais qu'ils continuent, honnêtement ça ne me dérange pas une seconde. Je suis passé à autre chose depuis bien longtemps. Ça fait trois ou quatre ans qu'on est sortis ensemble, et j'ai clairement remarqué qu'on a tous les deux bien changé depuis. Moi dans le bon sens, elle dans le mauvais visiblement.
On reste s'amuser pendant quelques temps dans l'eau. On s'éclabousse, on se fait boire la tasse, etc. J'aurais presque l'impression d'avoir retrouvé mon ex, si tout ça était sincère. Mais à vrai dire, quand je m'amuse à lui mettre sa tête sous l'eau, c'est que j'ai réellement envie de la noyer. Et elle le sait très bien. De même, quand elle me saute dessus pour se venger, c'est qu'elle a clairement envie de m'étrangler. Mais on fait mine de se découvrir pour la première fois et de rire ensemble comme des ingénus. Je dois avouer que la situation est plutôt cocasse, et assez amusante, dans un sens. Vous savez, ce genre d'hypocrisie poussée à l'extrême, tellement forte qu'elle en devient absurde et donc hilarante. C'est exactement ça. Hilarant, c'est le mot.
De toute manière, la majeure partie du temps que l'on passe dans l'eau à ce moment, Heather et moi n'avons aucun contact. Seulement quelques uns par ci par là, histoire de ne pas alerter les autres. Suki a l'air de n'absolument rien comprendre, complètement perdue dans ses pensées, et Damon semble trouver le tout très drôle, sans réaliser que c'est juste une sacrée grosse blague. Il va tomber de haut quand je vais tout lui expliquer. Mais pour l'instant, il profite des avances de la blonde. Ils ne cessent de se prendre dans les bras l'un de l'autre, de se chercher, de se coller l'un à l'autre, etc. Parti comme c'est, Dam risque de ne pas dormir au studio cette nuit, huhu.
Chapitre 5 - Keith:
"Mais il s'arrête jamais ce mec ou quoi ?", je lâche à Owen en riant.
Je parle évidemment de Damon. Il est encore en train de draguer, il vient de prendre son air le plus fier et son sourire le plus ravageur : Howard repart à la chasse. A croire que c'est une obsession pour lui. Ça peut se comprendre, dans un sens : ça lui booste son égo pourtant déjà surdimensionné, ça lui permet de passer du bon temps en bonne compagnie, et ça lui permet également de doubler sa pote Santana Lopez dans leur course à la conquête. Et il faut avouer que, de là où je suis, ses deux nouvelles proies sont loin d'être dégueues. Forcément, il vise toujours le plus haut, puisqu'il sait qu'il l'obtiendra presque à chaque fois... Sauf là. Il risque d'avoir un peu moins de facilités, puisque Blondinet, le dieu de Miami Beach, vient de le rejoindre. Il suffit que ces deux filles le connaissent, ce qui est plus que probable, et le cher Dam pourrait bien passer au second plan. Enfin je n'espère pas pour lui, ce serait plutôt fâcheux, en fait. Mais bon, au final, il est fort probable qu'ils finissent avec une chacun, et comme ça tout le monde serait content !
"Je suggère la blonde avec le blond, et la brune avec le brun. T'en penses quoi ?, me demande Owen, ironique. - Moi je suggère plutôt le plan à quatre, poto, je réponds sur le même ton. - Mais il va pas oser faire ça à ma cousine, Adam quand même ! - Qui te dit qu'il veut sortir avec Aria ? - Bah j'sais pas, ça crève les yeux non, tu les as déjà vus tous les deux ? Ils s'entendent tellement bien que ça me parait logique qu'ils finissent ensemble. - Je saurais pas trop te dire, faudra qu'on lui demande un de ces quatre. Mais t'imagines, avoir Ken Foster en tant que beauf attitré, c'est pas dit que tu le vives bien. Oublie pas qu'il ronfle comme un porc à ce qu'on dit. Elle va être sympa leur lune de miel ! - Bordel Keith, tu parles de ma cousine là !"
C'est alors qu'on éclate mutuellement de rire. J'adore charrier Owen, puisqu'il me le rend très bien. Au même moment, les deux autres sont déjà depuis quelques temps dans l'eau, s'amusant avec leurs nouvelles rencontres. Damon a visiblement l'air bien plus proche de la blonde que de la brune. Quant à Adam, il reste en retrait, jouant surtout amicalement avec la brune, et ne s'intéressant que très peu à la blonde.
"En attendant, faut croire qu'on avait tous les deux tort. Regarde comme la blonde se colle à Dam, je commente une fois l'éclat de rire passé. - Bon, ben apparemment Aria a toujours ses chances ! Sauf si elle retourne en Europe. - Eh, qui sait, si ça se trouve Adam va s'installer en Europe à la rentrée ! L'amour peut faire faire de grandes choses tu sais, mon chat."
A cette dernière remarque, je papillonne tout en fixant les yeux d'Owen d'un air amoureux. C'est alors que je me prends une gentille claque à l'arrière du crâne. Notre amour n'est donc pas réciproque, me voilà le cœur brisé, uh.
"T'as encore trop fumé, mon grand," constate Owen en souriant.
Il n'a sûrement pas tort, mais je ne peux pas vraiment faire autrement, à vrai dire. Enfin si, je pourrais tout arrêter, mais c'est bien trop compliqué, et je pèterais un câble au bout de quelques heures à peine. Alors j'ai abandonné l'idée de tout stopper net et de ne carburer qu'à l'eau et aux tomates. J'ai déjà plus que considérablement ralenti les drogues dures, alors on ne peut pas non plus me demander la Lune et m'obliger à arrêter la fumette. C'est bien plus difficile qu'on ne le pense, et je me trouve déjà assez volontaire comme ça. Et je suis vraiment ravi que mes amis le comprennent et l'acceptent, je leur en suis très reconnaissant !
Au bout d'un certain temps passé dans l'eau, les gars retournent là où les filles s'étaient installées, et Damon récupère un morceau de papier. Sûrement de quoi garder contact. Puis ils reviennent tous les deux vers nous, planches en main, le sourire jusqu'aux oreilles. Pourtant, celui d'Adam parait beaucoup plus faux que d'ordinaire. Voilà qui est étrange.
"J'ai son numéro, elle s'appelle Heath les mecs !, réplique Dam une fois arrivé à notre niveau. - Et la deuxième ? - M'en fous de la deuxième, elle avait l'air d'avoir autant de présence que de l'eau dans le désert, à vrai dire. - Ça va Adam ? T'as l'air bizarre ! - Rien de grave, je vous en parlerai plus tard !"
Je fronce les sourcils à sa réponse, dubitatif. Il y a donc bien un truc qui cloche. Mais quoi ? Parce que, effectivement, ça n'a pas l'air bien grave, puisqu'il a l'air de s'amuser de ce qui le perturbe. Mais je veux quand même savoir, c'est louche. Je ne suis pas une fouine de nature, mais j'aime bien être informé, je n'aime pas rester dans le doute et l'inconnu. Du coup, j'ai plus que hâte de savoir ce qui met Adam dans cet état. Mais je regarde l'heure, et me rends compte que le temps est passé plus vite que prévu. Il est déjà presque 21h. En même temps, on n'est pas arrivés ici très tôt non plus. Surtout à cause de Damon, qui a dormi jusqu'à pas d'heure, et qui a pris un temps considérable à se préparer. A se préparer pour aller à la plage, cherchez l'erreur. Comme le dit si bien Owen, c'est une diva. Enfin bref, tout ça pour dire qu'on n'a effectivement pas trop le temps de discuter pour le moment, sachant que le concert de Machine Gun Kelly est prévu pour ce soir à 21h, et que ce serait dommage de rater ça.
"Bon, faut qu'on bouge les mecs, on va rater le début de MGK sinon !, rajoute-t-il pour couper court à la conversation. - Ça marche, on y va !"
Chapitre 6 - Damon:
Adam est visiblement pressé d'aller voir Machine Gun Kelly. C'est étonnant venant de lui, qui n'est pas particulièrement fan de rap. A vrai dire, je ne sais même pas quel style de musique il adule le plus. Je sais que ce n'est pas sa passion première, c'est pourquoi on n'en parle que très rarement. Mais il me semble qu'il aime bien le rock qui sonne un peu vieux, indé et tout. Il m'avait dit qu'il aimait pas mal Vampire Weekend. Faut avouer que c'est presque l'opposé parfait de MGK, mais bon. Moi je pense plutôt qu'il est en train de nous cacher quelque chose, et qu'il fait tout pour éviter d'en parler pour le moment. C'est louche, tout ça, moi je dis.
Toujours est-il que le Foster a raison. Il vaut mieux se dépêcher pour éviter de louper le début. Ça a beau être un concert en plein air, donc auquel on peut assister à n'importe quelle heure en théorie, rater les premières chansons, et donc la mise en ambiance, c'est super chiant en général. Par exemple, quand on débarque quinze minutes après le début d'un concert, on a forcément raté l'arrivée magistrale - ou non - de l'artiste, l'excitation des groupies hurlantes, etc etc. Non pas que le fait d'avoir des gamines me crevant les tympans juste à côté de moi me plaise, mais c'est juste que je déteste arriver en retard à ce genre d'événements. De toute manière je ne pense pas qu'il y aura tant de gamines hystériques que ça ; quoique. Enfin bref.
On fonce vers les cabines de plage pour se changer. Par chance, il me faut moins de cinq minutes pour retrouver une tenue sèche et correcte, et pour ébouriffer les cheveux comme je peux. J'ai bien fait de prendre une casquette, ça m'évitera de m'afficher en public avec une algue tombante sur la tronche. Je me suis rarement autant dépêché pour être prêt à temps, ce qui m'inspire une certaine fierté personnelle. Mais c'est en sortant de la cabine que je me rends compte que mes exploits ne sont finalement pas si incroyables que ça. En effet, les trois gaillards se tiennent face à moi, tous déjà changés, les bras croisés, l'air impatient de me voir sortir. Je hausse les épaules.
"J'vous jure que j'ai pas pris mon temps, pourtant !", je m'exclame en souriant largement pour mieux faire passer mon retard.
On retourne rapidement à la Silverado afin de poser nos affaires. Ah ben ils ont même eu le temps de ranger les planches, en fait. Pourtant j'ai pas passé une demi-heure dans la cabine, non plus... Si ?
Je balance mon sac sur la banquette arrière, et nous allons à pied jusqu'au lieu du concert. Par chance, ce n'est qu'à peine à cinq minutes de la plage. Étonnamment, on est dans les temps ! On arrive donc un peu plus tard près de la scène. Il y a déjà beaucoup de monde, et pas mal de gamines hurlantes. Mon dieu, c'est ignoble. On dirait qu'elles vont passer le plus beau moment de leur vie dans quelques minutes. Faut se calmer hein, c'est pas Eminem non plus, petites.
Étant tout juste à l'heure, on ne sera évidemment pas au premier rang, mais qu'importe. De toute manière, les grandes perches que nous sommes tous les quatre verront forcément quelque chose, peu importe où nous serons situés. Et justement, mieux vaut pour les autres spectateurs qu'on ne se mette pas trop devant, sinon ils risqueraient de ne pas profiter du concert, huhu. Du haut de son mètre quatre-vingt six, c'est Adam le plus petit. Owen et moi faisons tous les deux un mètre quatre-vingt huit, et la grande perche Coen fait, quant à lui, plus d'un mètre quatre-vingt dix. Autant dire que, quand on sort tous les quatre dans la rue, certaines petites vieilles ne dépassant pas le mètre cinquante-cinq nous regardent avec de grands yeux, comme si on était des grattes-ciel interminables. C'est marrant.
Alors qu'on s'enfonce dans la foule, le concert commence enfin. MGK aussi, c'est une perche, au passage. Il doit faire la taille de Keith. Les musiciens se mettent à jouer, et la brindille débarque sur scène, crachant son flow impressionnant sous les hurlements de porcs des jeunes filles en fleur qui le trouvent "trop beau avec sa coiffure faussement négligée et ses tatouages plein le corps !" Pitié. Si elles veulent que je retire ma casquette et mon t-shirt pour leur montrer ce qu'ils cachent, je peux, hein. Moi aussi je peux avoir un look rebelle, t'sais.
Sauf que je ne sais absolument pas rapper, okok.
De toute manière, je n'ai pas besoin de savoir rapper pour avoir n'importe quelle fille à mes pieds. Il y en a une, d'ailleurs, qui me semble plutôt familière, pas très loin. Je lui fais signe de se retourner en lui tapotant l'épaule et, oh, surprise ! c'est bien Heather, qui est venue assister au concert avec sa pote, dont j'ignore toujours le prénom. Heather me rejoint aussitôt, laissant la brune en plan.
Il ne lui faudra pas bien longtemps pour recommencer son petit jeu de tout à l'heure. Et je la suis volontiers dans la partie. Elle vient danser avec moi, me colle, elle me drague ouvertement. Pour une fois que ce n'est pas à moi de faire tout le boulot, je dois avouer que c'est relativement agréable. Enfin, ça pourrait l'être encore plus, si elle le faisait bien. Dans la subtilité, quoi. Parce que là, c'est à la limite du vulgaire. Je dis pas que ça me dérange, bien au contraire, même. Mais bon, je me demande ce qui peut bien lui passer par la tête pour se donner autant en spectacle, quoi. Je veux dire, elle a de la chance que je n'aie rien trouvé de mieux qu'elle aux alentours, sinon je serais certainement allé voir ailleurs. En fait, on voit bien que c'est pas naturel, chez elle ; ou du moins, que c'est tout nouveau d'agir comme ça. C'est pas inné, quoi. C'est pour ça qu'elle semble aussi grotesque. C'est dommage pourtant, parce qu'elle a un bon potentiel, elle est jolie, et tout, mais bon. Pour une nuit, ça suffira amplement.
Après maintes et maintes bises déposées dans le cou, les joues, et les commissures des lèvres, Heather m'embrasse. Et elle n'y va pas de main morte. Ce n'est pas un simple smack de pré ado, voyez-vous. Surtout qu'elle l'accompagne de mains au cul ou glissées sous mon t-shirt ; en gros, elle profite bien de la situation. Et je ne reste pas en retrait, évidemment. Rien qu'à ce contact qui, par ailleurs, est bien loin d'être le dernier, je sais d'avance que je suis bien parti pour finir le séjour en beauté. Mais que ce ne sera pas pour autant la plus grande fierté de mon tableau de chasse ; juste un nom de plus sur la liste des proies de Damon C. Howard, oyeh.
Je profite d'un moment de calme où Heather me laisse enfin respirer, pour jeter un œil aux autres. Ils me regardent tous d'un air clairement amusé par la situation. Keith se tape même un semblant de fou rire avec Owen : apparemment il a fait tourner sans me prévenir, le con. En même temps, il a dû remarquer que j'étais un peu trop occupé pour fumer pour l'instant. Adam, quant à lui, hausse les épaules, puis lève un pouce, pour me confirmer qu'il ne peut rien faire pour moi, mais qu'il me soutient tout de même de là où il est et qu'il me souhaite bon courage. Merci Ad, c'est très utile, huhu.
Damon est parti un peu plus loin avec Heath. Mais il reste tout de même à portée de vue, ce qui me permet de bien rire. Keith a préparé un nouveau joint. Je ne sais pas combien il en fume par jour, mais il me semble qu'ils ont presque remplacé les clopes, c'est dire. Mais cette fois, il partage avec Owen. Ce dernier préfère se réserver le droit de fumer pour les grandes occasions, pour éviter de finir comme la perche parisienne ; et ce soir semble être une occasion particulièrement grande, puisqu'il accepte le joint. Il a raison de penser comme ça, au moins il profite d'autant plus des effets que s'il consommait quotidiennement. D'ailleurs, j'ai presque l'impression que Keith y est comme immunisé, et que cette merde ne lui fait plus aucun effet... Ou alors c'est que j'y suis tellement habitué que je ne me rappelle même plus comment il est "sobre". C'est presque triste. Enfin bon, ils font ce qu'ils veulent. Mais moi je n'y touche pas. Ma vie est déjà largement raccourcie à cause du VIH, alors la ruiner d'autant plus avec ces trucs, non merci, je m'en passe très bien.
Toujours est-il que mes trois potes me font bien marrer. L'un parce qu'il ne respire plus sous l'emprise de mon ex, les deux autres parce qu'ils ne respirent plus non plus à force de rire à la vue du premier. Quelle scène ! Moi je suis au beau milieu de tout ça, écoutant à peine le rap de Machine Gun Kelly, me contentant de rire face à de tels événements. Brindille et Kiwi sont en pleurent presque, pliés en deux sous le poids du fou rire incoercible. Et il y a de quoi : je vous jure que Heather ressemble à une lionne en pleine chasse tellement elle bouffe Dam. C'est hilarant. Je fais un signe d'encouragement de loin à mon ami, bien que je sache que ça ne lui sera pas utile une seconde.
Petit à petit, le visage de Damon se transforme. Au départ plutôt motivé par cette nouvelle rencontre, il parait désormais quelque peu écœuré. Il en serait presque à la repousser. Heureusement pour lui, le concert touche à sa fin. Alors que la foule se disperse, nous attendons le Don Juan de la soirée, qui ne devrait pas tarder à nous rejoindre.
"Wouhou j'ai mal au bide à force de rire putain, lâche Owen en séchant une larme qui perle au coin de son œil. - Attends poto, regarde ça c'est pas fini, il va concrétiser là !", réplique Keith en indiquant Dam qui, au loin, discute avec la blonde.
Quant à moi, je reste à nouveau muet, ne répondant rien pour l'instant, mais riant sans retenue avec eux de la situation. Il ne faudra pas plus de cinq minutes à Damon pour mettre fin à la conversation. Il l'achève en secouant la tête d'un air faussement gêné, et revient vers nous, seul, en grimaçant. Heather repart dans l'autre sens, rejoignant ainsi la pauvre Suki, livrée à elle-même depuis plus d'une heure.
"Alors ?, je demande, un large sourire sur le visage, une fois Damon à notre niveau. - Pas possible, j'ai du abandonner là. T'as vu la harpie que c'était ?, lance-t-il les yeux écarquillés, visiblement encore troublé par ce qu'il vient de lui arriver. - C'est vrai qu'elle avait l'air d'avoir un peu trop faim, elle, je m'exclame dans un éclat de rire. - Tu veux rire ? On aurait dit qu'elle sortait de deux ans au couvent, sérieux regarde, j'ai du gloss plein la tronche merde", râle Damon en s'essuyant tant bien que mal le visage.
Le fou rire repart de plus belle pour les deux autres. J'ai moi aussi du mal à me retenir de rire quand je vois le résultat, mais j'essaie de rester un minimum sérieux. Mais c'est compliqué uh.
"De toute façon on va retourner à la voiture, y aura de quoi te nettoyer un peu ! - Bon les gars c'est pas tout mais j'ai la dalle moi, lance tout à coup Keith, qui a brusquement stoppé son fou rire. - Bonne idée, allons bouffer !"
C'est vrai qu'on a pas mangé depuis pas mal de temps, et que le surf, le concert, tout ça, ça creuse. Par chance, on n'est pas loin de Pizza Rustica, une pizzeria de dingue dans laquelle je vais manger depuis que je suis gamin. Elle fait des pizzas à emporter, ce serait con de s'en priver.
C'est donc là-bas que j'amène mes amis se ravitailler. Entre temps, Coen et Levis sont redescendus de leur petit nuage de verdure, et Howard s'est plus ou moins remis de ses émotions. Le passage par la pizzeria est rapide, nous en sortons aussitôt les commandes récupérées, pour rejoindre la plage. J'ai plutôt hâte de leur annoncer qu'Heather est mon ex. Et surtout de voir leur réaction. Ça risque d'être marrant.
Avant de retourner s'installer sur le sable de Miami Beach, on passe à nouveau par le pick-up pour que Damon se nettoie la face, et pour récupérer quelques bières fraîches dans la glacière. Parce qu'il a beau être 23h passées, il fait toujours assez chaud. Et puis, aucune raison n'est valable pour refuser une bière, donc bon.
"Ah bordel, j'vous jure ça colle, c'est dégueu. Voilà pourquoi j'aime les mecs, au moins ça fait pas chier avec le gloss, râle encore et toujours ce cher Dam, qui se rince le visage et le cou pour la troisième fois à l'aide d'une bouteille d'eau. - Arrête de te plaindre, la diva, c'est pas comme si tu venais de te taper un thon," réplique Owen, sarcastique.
Diva ? Il n'en faudra pas plus à Damon pour jeter directement le fond d'eau restant dans la bouteille à la tronche du Britannique. Personne ne s'y attendait, et encore moins Owen, qui reste stoïque un instant, les yeux fermés, alors que Keith et moi-même éclatons bruyamment de rire.
"Connard, j'vais te faire bouffer le sable tout à l'heure, tu vas rien comprendre, menace Owen d'un sourire vicieux. Pour toute réponse, Damon lance une bise à distance en direction de sa victime. - En attendant moi j'ai toujours la dalle, et les pizzas sont en train de refroidir, on y va ?"
Chapitre 8 - Owen:
Avant de retourner sur la plage, je récupère vite fait ma guitare laissée sur la banquette arrière du pick-up. J'ai pas joué depuis plusieurs heures, et c'est que ça commence à me manquer un peu. C'est un peu comme Keith avec sa weed, en moins néfaste : quand j'en suis loin pendant un bon moment, ça ne va plus. Alors dès que j'ai l'occasion de l'avoir à mes côtés, j'en profite. Les autres prennent pizzas, packs de bières, lampe à pétrole, et une petite radio portable, histoire qu'on passe une bonne fin de soirée. Puis on part s'installer au beau milieu de la plage. A cette heure ci, il fait déjà presque nuit noire, et visiblement ça n'attire pas plus que ça les passants pour se promener au bord de la mer. Tant mieux, dans un sens ; comme ça on a la plage pour nous tous seuls.
"Je propose qu'on trinque pour fêter la fin de ce séjour mémorable, annonce solennellement Adam, tandis que nous décapsulons tous nos premières bières. - Bonne idée Ken. Merci à vous pour ces quelques jours de dingues qu'on vient de passer", je réplique d'un sourire sincère en faisant cogner ma bouteille en verre avec celles de mes amis.
Ils me répondent tous du même sourire, ce qui aurait de quoi en réconforter plus d'un, moi le premier. Je pense qu'ils ne réalisent pas à quel point je leur suis reconnaissant d'avoir organisé ces vacances à quatre. Grâce à ça, j'ai pu me changer les idées, et m'alléger l'esprit après la fin d'année de merde que j'ai passée. Le retour au Pays de Galles va être compliqué je le sens, je vais sûrement rester tout seul à me remémorer toutes les atrocités commises pendant mes études. Putain, rien que d'y penser, mon moral retombe. Mieux vaut ne pas trop réfléchir pour l'instant, et profiter de cette dernière soirée qui, je l'espère, achèvera le séjour en beauté.
Alors que nous nous servons largement en pizza et buvons allègrement bière sur bière, l'ambiance reste détendue et complice. On revient finalement au sujet de la fameuse blonde ventouse qui a flashé sur Damon.
"Non mais me reparlez pas d'elle, je pensais qu'elle rendrait bien sur mon tableau de chasse, mais en fait au final j'en parlerai même pas à Diabla je pense. Elle se foutrait de ma gueule je crois, affirme le principal concerné en éclatant de rire. - D'ailleurs j'ai un truc à vous dire," déclare nonchalamment Adam tout en buvant une nouvelle gorgée de bière.
A ces mots, nous ouvrons tous grand les oreilles, prêts à entendre l'annonce du blond. On n'entend plus que le bruit des vagues à quelques mètres de nous, et le faible crépitement du joint que Keith vient tout juste d'allumer. Adam fait danser ses sourcils tout en nous regardant comme un con qui cherche à tout prix à nous agacer en nous faisant poireauter, attendant impatiemment la nouvelle.
"Bon, accouche Boucle d'or, fait Keith en tirant sur son pétard. - Heath, c'est Heather, mon ex !"
Le ton léger et gai qu'a pris Adam pour faire sa révélation contraste énormément avec la révélation en elle-même. Les réactions sont toutes plus différentes les unes que les autres. Keith éclate de rire et s'écrase le dos dans le sable en se tenant les côtes, Damon reste parfaitement pétrifié, les yeux écarquillés sans jamais les cligner, et quant à moi, ma mâchoire s'ouvre si grand que mon menton pourrait toucher mes Dr Martens. Adam, fier de lui, sourit le plus joyeusement du monde en terminant une énième bière.
"T'es pas sérieux ? - Tu m'as tué là Adam, j'ai même pas à chercher une vengeance contre la bouteille d'eau !", je m'exclame aussitôt.
Je n'aurais pas dû parler aussi vite. En effet, Damon verse tranquillement le fond de sa bière sur mes belles boucles rousses, qui venaient pourtant tout juste de sécher. Putain. Ce qui entraine d'autant plus Keith dans son fou-rire. C'est limite si le mec respire encore. Il parvient tout de même finalement à se rassoir et à lâcher une petite moue qui accompagne un "T'as gâché un fond de bière, c'est pas cool Dam."
"Effectivement, c'est pas cool Dam, je reprends en grinçant des dents. Viens par là, il te reste encore un peu de gloss sur la gueule. - Ah nan, dégueu, casse toi de là !", râle Damon en me poussant tant bien que mal alors que je viens de lui sauter à la tronche pour lui lécher sauvagement la joue. Je sais qu'il déteste ça.
Hm, je ne sais pas à combien de bières j'en suis, mais visiblement elles commencent déjà à faire effet. Faut avouer qu'elles sont parties bien vites, et que tous les packs sont presque vides. En même temps, on est sur la plage depuis au moins une heure maintenant, donc bon.
"Non mais sérieux, Adam. Cette fille là, c'est ton ex ? La connasse qui t'a plus donné de nouvelles du jour au lendemain ?, relance Damon une fois le calme plus ou moins rétabli. - Ouep ! - Et c'est pour ça que t'étais bizarre tout à l'heure ? - J'sais pas ce que t'entends par "bizarre", mais c'est sûrement pour ça, ouais. - Mais t'avais pas dit que ton ex avait le caractère d'une princesse Disney ? - A la base, elle l'avait. Mais c'est plus du tout la même fille maintenant, je serais jamais sorti avec une morue pareille t'sais. - Mais ouais c'est pour ça, je me serais jamais douté du coup. Je me sens un peu con là uh. - Y a pas de raison, ça fait longtemps que je suis passé à autre chose hein ! Surtout quand je vois le truc qu'elle est devenue, ça donne pas envie d'être fier de sa conquête. - T'as changé de blonde entre temps, avoue que t'es dingue de ma cousine," je tente alors en y accompagnant un clin d’œil.
Keith me chuchote à l'oreille un "Bien joué pour la transition mec, tu gères", qui se voulait à la base le plus discret possible, mais qui en vérité ne l'est pas le moins du monde. Apparemment je suis pas le seul à avoir bien bu, huhu. En même temps c'est Keith, donc bon. Fallait s'y attendre. Adam le fixe alors d'un air intrigué tout en souriant, mais accepte tout de même de répondre. Enfin, répondre est un bien grand mot, sachant qu'il est à peu près dans le même état que moi, et que sa relation avec Aria a toujours été des plus ambiguës.
"J'te le dirais, si j'étais dingue d'elle, mais t'sais c'est compliqué. C'est chiant, ça arrive des fois tu tombes sur quelqu'un et tu deviens pote avec ce quelqu'un, en l'occurrence une fille, enfin Aria quoi, et puis après ça devient chaud de concilier amour et amitié. Enfin j'sais pas si tu vois ce que je veux dire, c'est le bordel dans ma tête, mais dans l'idée elle est carrément cool comme fille, Blondinette," répond-il donc en argumentant comme il peut avec des gestes qui envoient d'ailleurs valser la moitié de sa bière en cours tout autour de lui.
Je prends un air intéressé et concentré, hochant la tête à chaque passage important de son speech. En fait j'ai rien compris à ce qu'il raconte, mais j'ai la flemme de le faire répéter, parce que ça va l'embrouiller encore plus, et moi aussi. Je réplique simplement un "ah ouais ouais, je vois" qui nous contentera tous.
"Mais au final du coup, t'as beau avoir l'allure d'un dieu grec, t'as pas un tableau de chasse de ouf toi, si ?, demande Damon à Adam. - Bah non, c'est pas vraiment ce que je cherche, on s'appelle pas tous Damon Howard mec ! - Faut avouer que t'as un sacré tableau de chasse Dam, j'te félicite. - Ouais, t'as pas pris les pires en plus. Au final, t'avais réussi à l'avoir, la Kunis ?"
Suite à cette question, un gros silence très gênant vient s'installer. Je gifle l'arrière du crâne de Keith pour le raisonner. Putain j'adore ce mec, mais des fois il est vraiment con. Meredith est le sujet le plus tabou qui soit entre Damon et moi. Tout simplement parce que c'est lui qui l'a découverte agonisant dans les chiottes de l'université, et parce que c'est moi qui l'ai poussée au suicide. Keith le sait très bien. Mais quand il a trop fumé et trop bu, il peut vraiment faire de sacrées gaffes. Je serre la mâchoire, espérant par je ne sais quel miracle qu'une météorite vienne s'écraser à dix mètres de nous afin de nous faire changer de conversation. Adam regarde ses chaussures, aussi mal à l'aise que moi. Dam, lui, se mord la lèvre inférieure ; c'est une corde sensible, chez lui, et notre grande perche vient tout juste de la titiller. Ce dernier, justement, comprend rapidement qu'il a fait une gaffe, et ne sait plus non plus où se mettre.
"J'ai pas trop envie d'en parler, là, répond enfin Dam, brisant ainsi le silence qui semblait durer une éternité. - Ouais oublie c'est pas grave, enchaine aussitôt le gaffeur. - Et Santana Lopez, au final, t'as jamais fini au pieux avec elle, si ?," demande Adam dans la foulée pour rapidement changer de sujet. Merci Ad, je t'en suis plus que reconnaissant, si tu savais.
A cette question, l'atmosphère s'allège un peu. Je soupire discrètement, baisant en mon fort intérieur les pieds de Blondinet. On sent que Damon, lui aussi, apprécie le changement de sujet. Il reprend aussitôt son sourire. En même temps, quand on parle de son amie portoricaine, il tire rarement la tronche.
"Ahah, tu veux rire ? Avec Diabla, jamais de la vie. C'est une amie, hors de question que je fasse quoi que ce soit avec elle !, répond-il, soudainement plus joyeux. - Avoue que t'as juste surtout peur d'être dominé, je tente, comme si rien ne venait de se passer. - Même pas ! C'est seulement une question de principe, fait-il en me suivant dans l'ignorance parfaite des événements. Comme avec Ash, on reste potes, simplement potes, j'irai jamais lui faire d'avances à elle non plus tu vois ! - Question de principe aussi pour ton beau gosse au sourire parfait ?, demande Adam, faisant évidemment allusion au troisième du trio Dashlie, à savoir Charlie Desting. - C'est pas pareil avec Charlot, et justement t'es sûrement le mieux placé pour me comprendre, Foster. C'est un peu la même chose que toi et la cousine de Brindille ! - Ah ouais ouais, je vois, reprend Ken sur le même ton que moi quand je faisais mine de comprendre ce qu'il me racontait. Ah ben en fait j'étais grillé. Et toi justement Ow, pas de fille en vue ? - Eh non, libre comme l'air, je vais pas me faire chier à me chercher une copine, vu comme ça a le don de vous embrouiller, ahah. - Et ta pote poil de carotte là ? - Lola ? Non t'es ouf, on est amis, c'est comme Dam et Santana. - Dis plutôt que t'as pas réussi à aller plus loin ! C'est quoi vos histoires d' "on est amis alors on touche pas", là ? Perso si une pote et moi on veut coucher ensemble, on va pas s'en priver hein. - Ah ben justement, tu veux qu'on reparle de la dégénérée qui t'a servi de plan cul à une époque ?"
Voilà qui a cloué le bec à ce cher Keith. Il ne se vexe pas pour autant, il sait très bien qu'on blague. De toute manière, quand on parle de nos relations, on n'arrête pas de se charrier les uns les autres, faut savoir le prendre au trente-sixième degré.
"Terrain sensible, Dam," répond-il simplement après un bref silence, d'un air tellement détaché qu'il en serait presque inquiétant.
Chapitre 9 - fin - Adam:
La dernière remarque de Keith envoie une drôle d'atmosphère à l'instant. Ce n'est pas forcément un malaise qui s'installe, mais je sais pas. Je saurais pas expliquer, c'est étrange. En même temps, on le sait très bien, que "la dégénérée qui lui a servi de plan cul", comme le dit si bien Damon, n'était pas seulement un plan cul, justement. Premièrement, parce qu'ils ne se sont vus que deux fois il me semble, donc trop peu souvent pour se qualifier de la sorte, et deuxièmement parce que ce n'était pas qu'une brunette qu'il aurait lâchée comme une vulgaire chaussette. C'était beaucoup plus fort, vu la manière dont il nous en a parlé à l'époque, et dont il nous en reparle toujours de temps en temps. D'après ce qu'il raconte, c'est complètement indescriptible, et super bizarre. Parce qu'ils savaient qu'ils se détestaient plus que tout, et pourtant ils étaient irrévocablement attirés l'un par l'autre... Ouais, on l'a carrément pris pour un fou, à ce moment là. On a accusé la coke, parce qu'on voyait pas ce que ça pouvait être, autrement. Mais il nous a affirmé que non, alors on a laissé tomber. Mais on le charrie toujours un peu de temps en temps à ce sujet, même si on sait qu'il aime pas trop ça.
Toujours est-il qu'un léger blanc s'installe. J'espère que ce ne sera pas encore une fois à moi de nous en tirer. Autant pour le coup de Meredith, tout à l'heure, j'ai eu chaud, mais là, je sais pas trop ce que je pourrais dire. Mais heureusement, c'est le moment que décide Owen pour sortir sa guitare. Parfait Owen, tu es génial.
"Oh ben génial, faites griller les marshmallows pour qu'on se mette dans l'ambiance, lâche Damon, sarcastique, une fois qu'Owen se met à gratter les premiers accords. - Et étouffe toi avec, qu'on ait enfin la paix, bouffon, répond le musicien du tac au tac, sur le même ton que son ami. - Je sens une légère pointe de haine dans ta voix mon chou, depuis quand tu veux ma mort ?, demande-t-il d'un air hypocrite et efféminé. - Depuis que je sais que tu es ami avec Starkov, mon ange, mais je t'en veux pas, tout le monde a ses défauts tu sais. - Nika Starkov. Je lui ai jamais adressé la parole, mais d'après ce que j'ai entendu sur lui, il m'a l'air d'être le pire connard que la Terre ait jamais porté. - Ouais, je comprends qu'on puisse ne pas l'aimer, il a un sacré caractère, ce mec. Mais en vrai, quand on est pote avec lui, il peut être plutôt cool, j'vous jure. Faut juste qu'il vous trouve assez cool pour vous adresser la parole. - Un sacré caractère, tu veux rire ? Le type quand il se fait chier il tabasse une fille, c'est plus qu'un "sacré caractère", désolé pour toi mais moi j'appelle ça un crétin fini. - De toute manière, ce mec est impossible à défendre, moi non plus je tolère pas la moitié de ce qu'il a fait et qu'il fait encore. Mais moi je le connais sous un autre angle, il m'a rarement fait des crasses, donc bon. - Au pire c'est pas grave, plus personne ne le voit ici que je sache, alors ça sert à rien d'en parler, ça va partir en couille si ça continue" enchaîne Keith sur cet habituel ton détaché, pour couper court à la conversation.
Rappelons tout de même que c'est ce même Keith qui a failli tout à l'heure ruiner l'ambiance en abordant le sujet Meredith. Il est bien brave, huhu. Mais il a raison, inutile de parler d'un tel idiot qu'on ne recroisera probablement plus jamais.
Owen continue à se décrasser les doigts sur sa guitare pendant quelques temps, tandis que nous discutons tous ensemble joyeusement, à propos de tout et de rien, en buvant nos dernières bières. Ah bordel, quand je me dis que tout ça, demain - enfin dans quelques heures - ça sera fini, j'en deviendrais presque nostalgique. Ils vont certainement tous retourner dans leurs pays respectifs, et si ça se trouve, on se reverra plus du tout, après ça. On continuera notre vie chacun de notre côté, on évoluera dans des directions toutes plus différentes les unes que les autres, et on se retrouvera dans cinq ans, dix ans, pour reparler de nos années à l'université, et de ces chères vacances que nous passons actuellement et qui se terminent bientôt. Ils vont me manquer, ces idiots. Ils ont beau être complètement débiles et constamment s'en foutre plein la gueule, ils sont franchement géniaux. J'ai l'impression d'être comme ces enfants rois, ces gamins prétentieux qui ont déjà la plus belle vie qui soit, et qui pourtant en demandent toujours plus. Mais bon, faut bien que je me fasse une raison. C'était bien beau, tout ça, mais bientôt c'est fini.
Bah, faut que j'arrête d'y penser pour l'instant. Ce serait con de gâcher ces derniers moments en leur compagnie, à penser à la fin. Owen lâche finalement sa gratte et s'étire longuement en faisant craquer son dos au passage. C'est le moment que décide Keith pour allumer la petite radio, histoire de garder un agréable fond sonore.
"Eh, ça vous dit qu'on bouge un peu ? J'ai sacrément envie de me faire un bain de minuit, là, maintenant, tout de suite, propose Keith, nous lançant un regard subjectif. - T'sais que tu peux vraiment avoir de bonnes idées, quand tu t'y mets ?, je réponds avec le même regard. Ce type est un génie, parfois. J'ai l'impression que son esprit est un puits sans fond, rempli d'idées toutes plus farfelues les unes que les autres. - Je vous suis !"
Il n'en faut pas plus à Damon pour s'enjouer. A peine la proposition de Keith faite que le mec se barre déjà en courant et en balançant petit à petit chaussures, chaussettes, casquette, t-shirt puis jean sur son chemin. Ça va sûrement lui rappeler sa soirée avec Ashley, Summer, et surtout Charlie, à la fin de laquelle ils avaient tous fini dans la piscine de l'université. Sauf que cette fois, il n'y en aura pas un pour le galocher une fois dans l'eau, voyez-vous.
A mon tour, je retire toutes fringues superflues, tout comme Keith et Owen, et nous courons en direction de la mer. C'est complètement dingue, il fait nuit noire, j'ai certainement marché des bestioles suspectes puisque je ne vois pas le sol, et l'eau risque d'être bien moins chaude que tout à l'heure, mais qu'importe. Je me sens plus vivant que jamais, et je peux vous assurer que ça fait un bien fou. J'arrive tout de même à repérer Damon qui, ayant évidemment pris un peu d'avance, vient de se jeter sans hésitation dans les vagues. Il se retourne aussitôt vers moi et me gueule un magnifique : "Putain mec ça caille !"
"Tu t'attendais à ce qu'elle soit encore à 33° à cette heure ci ?, je demande en éclatant de rire, avant de plonger à mon tour. Il abuse, y a déjà eu pire comme température. Mais j'avoue que ça peut en surprendre plus d'un. - Ben j'sais pas, mais un peu plus ch- - TAYOOOOOOOOO !"
Owen coupe Damon dans sa réponse, arrivant peu après moi en courant et hurlant comme un taré, les bras levés tel Superman s'apprêtant à s'envoler pour conquérir le monde. Sauf qu'Owen heurte un galet imprévu, et s'écrase de tout son long juste avant d'atteindre la mer. Faut vraiment qu'il arrête de boire autant, un jour il va vraiment se faire mal. En attendant, cette chute mémorable entraine un fou rire général. J'en chiale de rire, sérieux, j'arrive même plus à m'arrêter. Keith arrive le dernier et fait une bombe, nous éclaboussant tous au passage.
"J'me suis niqué le pied, ça tue," lâche Owen en sautillant avant de finalement nous rejoindre dans l'eau.
On reste un bon quart d'heure dans l'eau. On s'éclabousse, on se balance des algues à la tronche - ce qui n'est pas sans rappeler l'aspect des cheveux de Dam à la sortie des vagues -, on se fout la tête sous l'eau, bref, on se marre bien. Je profite un maximum de l'instant présent pour ainsi éviter de regretter quoi que ce soit une fois que le moment des au-revoir sera venu. Malheureusement, toute bonne chose a une fin. Il commence à faire froid, alors nous décidons de sortir de la mer pour retrouver nos fringues sur le sable.
"Les gars, vaut mieux qu'on dorme dans ma voiture, je suis pas en état de conduire, là, j'articule une fois rhabillé. - Tant que tu ronfles pas, ça me va, répond Damon avec son plus beau sourire. - Va te faire voir, Howard," je lâche sur le même ton.
Ainsi, on range tout dans le coffre de la Silverado, et on s'installe du mieux qu'on peut dans le pick-up. Je suis sur le siège du conducteur, Keith est à côté de moi. Nous avons tous les deux un peu abaissé les sièges pour pouvoir s'allonger un minimum, écrasant ainsi les deux autres, installés tant bien que mal sur la banquette arrière, l'un supportant les pieds de l'autre juste à côté de son visage. On est carrément serrés. Mais au pire c'est pas très important, au moins on se tient chaud mutuellement.
"Bon, je crois que je vous l'aurai déjà assez dit, mais merci encore pour ces vacances, les mecs. C'était vraiment cool, avoue Owen une fois le calme réinstallé dans la voiture. - Franchement, ouais, faut avouer que c'était vraiment cool, merci pour tout. - Oh c'est mignon. En vrai, vous allez me manquer, j'vous jure. - Ça craint, j'arrive pas à me dire que, dans quelques heures, on se verra plus du tout. - Afh m'en parle pas, je vais me remettre à bader comme un con j'suis sûr."
A nouveau, un silence s'installe. Il est cependant cette fois comblé par une réflexion collective. Aucun de nous n'a envie de perdre les autres de vue, et on sait malheureusement que c'est pourtant ce qui va arriver.
"Moi j'dis qu'on devrait s'installer en coloc, affirme Keith, brisant de ce fait cette longue réflexion. - Ce serait carrément le pied, en vrai. - J'sais pas si je pourrais supporter de voir vos tronches tous les matins dès le réveil par contre, ironise Dam. - Au pire tu garderais ton habitude de dormir jusqu'à pas d'heure, comme ça quand tu te lèveras on sera déjà tous beaux et tous frais ! - Vu comme ça, effectivement ça peut être cool !"
Cette discussion sur un idéal de colocation se poursuivra pendant encore bien longtemps dans la nuit, partant parfois très loin, comme toujours. On en parle comme d'un projet irréalisable, bien que très alléchant. Et pourtant, ce projet que l'on pense impossible se concrétisera finalement quelques temps plus tard, par la location d'un putain d'appartement de ouf à New York.
C'est ainsi que s'achève notre séjour de rêve à Miami, mais pas pour autant notre longue et belle amitié. Au contraire, ce n'est pour nous que le début d'une belle aventure qui nous attend dans peu de temps !