Après deux longues heures de trajet, j'étais enfin arrivée à Montréal. Ou plus précisément, devant l'Université Enamor: dans le parc.
Tout était bien ordonné, l'herbe était bien verte et bien tondu, les fontaines coulaient à flot et les murs étaient blanc marbré bordés de diverses sculptures parfaitement préservées des rudes conditions climatiques de la région. Rien que cette première approche du lieu ou j'allais prochainement séjourner me donnait un bon aperçut de ce qui m'attendais. L'école était très prestigieuse. Par conséquent, j'allais me retrouver avec tous les gros bourges du monde entier. On pourrait supposé que j'en fait partie, mais il a fallut à ma mère beaucoup économiser pour pouvoir me payer ce luxe. N'ayant pas grandis dans la richesse abondante, je me considérais comme différente d'eux.
Néanmoins, il fallait que je m’intègre dans la masse, que je connaisse le plus de monde possible pour découvrir lequel de ses étudiants a connu mon père. Mais pour l'instant, je ne voulais pas allez vers les autres. Je n'avais même pas envie d'être confrontée à la foule à l’intérieur du bâtiment. Je restais donc là, dehors, assise sur un banc non loin de l'entrée, dans le froid, avec mon bouquin préféré et mes valises et j'entama une lecture intense de "Halo: l'amour interdit".
Avec un peu de chance, quelqu'un viendra m'adresser la parole et m'acquitter du fardeau qu'est ce que j'appelle "l'intrusion d'une sans-amie dans un groupe déjà formé".
Le retour des beaux jours me met de bonne humeur. Je suis à l'université depuis quelques mois, je connais désormais l'établissement comme ma poche. Je sors de l'atelier d'art un peu plus tôt que d'habitude, le sourire aux lèvres. J'ai certainement un air assez niais, mais qu'importe. Les gens ne passent pas leur temps à regarder si l'un semble plus crétin que l'autre. Quoique, avec la rumeur de dingue que S a fait courir sur moi, on a tendance à me jeter un peu plus de coups d’œil. Mais cette rumeur est tellement absurde qu'elle ne m'affecte que très peu. Qui pourrait croire que j'ai été marié, et qu'en plus de ça j'ai tué ma femme ? La bonne blague, j'espère que les élèves ne sont pas aussi crédules.
La journée a bien commencé. Je suis satisfait par l'avancée de mon graph à l'atelier, n'ayant pourtant fumé qu'un tout petit peu de shit. De plus, la neige a bien fondu, laissant place à une herbe verte et fraîche. C'est agréable de voir un peu de couleur ; c'est bien beau le blanc, mais on s'en lasse rapidement. Enfin, le voyage à El Paso démarre dans quelques jours, faisant monter en moi un mélange d'anxiété et d'excitation à l'idée de découvrir le Texas.
Petit point négatif : toujours aucune nouvelle d'Indi Jolie. Ça fait environ trois mois que s'est déroulée la fameuse soirée et depuis, silence radio. A vrai dire, je vais finir par m'habituer, c'était pareil, la première fois. Évidemment, que je crève de lui renvoyer un message, mais je sais pertinemment que c'est inutile, ça ne fera absolument pas avancer les choses, ça ne servira à rien sauf à blesser à nouveau ma fierté. Donc bon, je ne lui envoie rien, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Je traverse la cour, le sac rempli de bombes de peinture sur le dos. J'ai un peu de temps libre, et je ne compte pas le gaspiller en révisant dans ma chambre, ou en dormant. Malgré le froid encore un peu présent, le soleil illumine le parc, ce serait trop dommage de ne pas en profiter. De plus, ce temps est propice aux rencontres ; j'ai envie de découvrir de nouvelles têtes, de nouvelles personnalités. J'aperçois d'ailleurs un visage qui ne me semble pas du tout familier. Une belle brune, assise sur un banc, qui lit un livre.
Sans vraiment réfléchir, je m'approche nonchalamment du banc, m'assois à côté de la fille, et engage la conversation.
- Salut, corrige moi si je me trompe, mais tu serais pas nouvelle par hasard ? Il me semble ne pas t'avoir encore croisée par ici, je commence d'un air amical.
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Sujet: Re: Première approche. Dim 5 Jan - 14:35
Ma lecture fut subitement interrompue par un grand jeune homme:
-Salut, corrige moi si je me trompe, mais tu serais pas nouvelle par hasard ? Il me semble ne pas t'avoir encore croisée par ici..
A première vue, il semblait mystérieux, bien que sympathique. Son regard direct et provocateur me glaçait au plus profond de mon être, et son sourire en coin lui donnait un air sournois. Il éveilla en moi une curiosité incontrôlable qui me poussait à vouloir le connaitre d'avantage.
Je lui répondis donc, d'un ton léger, presque timide:
-Si, je suis arrivée ce matin à Montréal. Et pour tout te dire, c'est le première fois que je met les pieds ici, je ne connais personne. D'ailleurs, je n'ai pas encore visité l'établissement, tu pourrais peut être me guider..? Au faite, moi c'est Ashley.
Cette première rencontre fut pour moi le déclenchement de ma nouvelle vie. Mon passé était derrière moi, et rien ici n'y faisait allusion. Je pouvais tout reprendre du début, et commencer mon enquête. L'université Enamor m'ouvrait ses portes, je savais que l'intégration ne serait pas des plus faciles mais le bilan de cette première journée semblait plutôt positif...
La fille parait surprise par ma venue. C'est vrai que ça peut surprendre, de se faire soudainement aborder par quelqu'un, alors qu'on lit tranquillement, assis sur un banc. J'en conviens. Mais à Enamor, ce n'est pas si rare que ça ; disons que je ne suis pas un cas à part, psychopathe prêt à sauter sur n'importe quel nouvel arrivant. On l'a fait pour moi, alors il me semble assez naturel d'en faire de même.
"Si, je suis arrivée ce matin à Montréal. Et pour tout te dire, c'est la première fois que je met les pieds ici, je ne connais personne. D'ailleurs, je n'ai pas encore visité l'établissement, tu pourrais peut être me guider..? Au fait, moi c'est Ashley." répond-elle, un peu timidement.
Ahah, j'ai raison, elle vient d'arriver. En général, je ne me trompe pas à ce sujet. Je ne cesse de sourire, histoire qu'elle n'arrive pas accueillie par un visage fermé et aimable comme une porte de prison.
- Bienvenue alors !, je lance. Moi c'est Keith. Fais attention à toi par contre, les rumeurs ça court les couloirs ici, ça va super vite. Ouais bien sûr, j'ai un peu de temps devant moi, qu'est-ce que tu voudrais voir ?
Ashley m'a l'air vraiment sympa. Pas comme l'autre Ashley justement. On entend tellement de choses sur elle, elle a l'air d'un monstre dans un corps de poupée de porcelaine. Mais la Ashley qui se tient devant moi, non. Je me trompe peut être, on ne juge pas le caractère d'une personne sur un physique. Si ça se trouve, le parle à la future terreur d'Enamor. Mais sincèrement, ça m'étonnerait beaucoup.
Invité Invité
Sujet: Re: Première approche. Mer 8 Jan - 20:17
- Bienvenue alors ! Moi c'est Keith. Fais attention à toi par contre, les rumeurs ça court les couloirs ici, ça va super vite. Ouais bien sûr, j'ai un peu de temps devant moi, qu'est-ce que tu voudrais voir ?
Ce matin, j'ai rencontré dans le train une femme d'une soixantaine d'année, répondant au prénom de Gloria. Elle m'a vaguement parlé de cette légende qui prône à Enamor. Elle prétendait avoir était, il y a de cela bien longtemps, une étudiante des plus brillantes de l'université. D'après elle, trois années dans cet établissement ont suffit à gâcher sa vie, et son avenir si prometteur. Elle a mentionné une personne, inconnue de tous: La Dame S, qui connaîtrait et dévoilerait aux autres les secrets les plus enfouis de chacun.
Pour être franche, je n'y croyais pas. Cette femme ne semblait pas très nette. A certains moments, elle s'enthousiasmait toute seule de son arrivée à Montréal, du faite qu'elle allait retrouver ses copines, draguer des garçon et organiser une fête d'anniversaire pour ses 19 ans. Je ne disais rien, de peur de la froisser et continuai de lire silencieusement mon livre. Ainsi, je ne m'étais pas trop fier à ses affirmations douteuses.
Mais la mise en garde de Keith m'a rendu plus perplexe. Peut-être que Gloria ne délirait pas, et que ses souvenirs étaient bien restés intacts. Peut être que sa folie apparente était lié à un traumatisme, et peut être que ce traumatisme était lui même lié à la divulgation d'un secret lui étant propre durant sa jeunesse...
Une inquiétude me prend, je songe à mon secret, mon père, mon enquête ainsi qu'à mon grand manque d'habileté quand il s'agit de faire preuve de discrétion...Mon visage se crispe, j'essaie tant bien que mal de ne pas montrer mon malaise en simulant un sourire niais et en répondant de façon naturelle; du moins, c'est le résultat attendu...
-Je n'ai rien à cacher et donc rien à craindre des rumeurs...; j'affirme d'une voix tremblante de peur d'être démasquée... Enfin... bref... je veux bien que tu m'indiques ou sont les dortoirs ... Histoire de me débarrasser de mes valises !
Il semblait interloqué par mon soudain changement d'humeur...
"Je n'ai rien à cacher et donc rien à craindre des rumeurs... Enfin... bref... Je veux bien que tu m'indiques où sont les dortoirs... Histoire de me débarrasser de mes valises !", me répond-elle.
Je plisse inconsciemment les paupières, quelque peu interloqué par sa réaction. Elle essaie sûrement de le faire paraitre le moins possible, mais elle me semble assez angoissée par mes propos. Il y a de quoi, dit comme ça, c'est certain. Je n'aurais peut être pas dû l'annoncer aussi rapidement, mais mieux vaut la mettre en garde le plus tôt possible, histoire qu'elle ne se retrouve pas dès demain matin sur le tableau d'affichage. Et puis, quelque chose me dit qu'elle n'a pas si peu de choses cacher, à en constater son soudain stress.
- Permets-moi d'en douter, je lâche en riant légèrement pour détendre l'atmosphère. Mais si ça peut te rassurer, ou pas en fait, presque tout le monde y passe. Même moi, qui me veux discret, j'ai été affiché plusieurs fois. D'ailleurs, si tu vois ou entends quelque part que j'ai été marié mais que j'ai tué ma femme, c'est complètement faux hein.
Je me lève alors du banc, puisque Ashley aimerait bien voir les dortoirs, et y caser ses valises. Forcément, c'est un peu encombrant dans un parc uh.
- C'est par là, les dortoirs !, j'annonce en pointant un bâtiment du doigt. Tu veux que je t'aide à porter tes affaires ?
Puis je l'invite d'un signe de tête à me suivre jusqu'aux chambres.