Bref quoi, le jeune homme lui restait calme. Son envie de rire avait disparu mais la place il avait un joli sourire charmant. Je ne disais rien, je viens d'arriver alors je certainement pas me mettre en chasse. Bon revenons sur la demoiselle qui m'avait fait hausser le ton en m'agressant à moitié alors que je me suis juste trompé. Je sais pas pourquoi son ton diminua calmement, car elle me dit quelque chose de plus doux.

- Tu sais pour info, tu as un emploi du temps où les salles sont marquées. Si cela peut t'éviter de te tromper de salle je te conseille de le consulter.


Sans blague, je ne suis pas aussi débile que tu ne le penses. C'est juste que je me suis trompé de numéros, je devrais être dans la salle d'en face. À la vie scolaire on m'avait dit la porte à droite, bah sans le vouloir j'ai pris à gauche. Ce n'est pas mort d'homme quand même. Mais bon j'avais quand même réussi à avoir un sourire de sa part et je ne pense pas que ça doit être évident chez elle.

- si tu veux rester ferme la porte derrière toi... S'il te plaît, je ne tiens pas à être de nouveau dérangé.

Je referme la porte derrière moi, je suis conscient qu'ils sont là sans aucune autorisation. Moi aussi j'aime bien transgresser les règles même si la je suis un peu mort si je retourne dans ma ville natale. Je dois quand même éviter de me faire remarquer mais j'aime pas les règlements. Je réponds plus calmement à la demoiselle.

- C'est une erreur de ma part, et puis ce n'est pas comme si j'avais tué quelqu'un.

comme si tu n'avais pas tué quelqu'un . Tu te fous de qui ? et le mec mort au Kentucky ? oui, je sais mais là je n'ai tué personne. Et j'ai fait de mal à personne.

Le ton se calma entre les deux. Ashley répondit plus tranquillement, peut être consciente qu'elle avait été un peu agressive ? Ce serait étonnant de sa part. De ce que j'ai entendu d'elle, elle ne ressentirait aucune pitié, aucune compation. Alors que Mademoiselle s'adoucisse, comme ça, d'un coup, il y avait de quoi être étonné. Mais agréablement étonné. Tant qu'elle gardait cet air hautain, supérieur et égocentrique, c'était le principal. Sinon, elle n'aurait plus vraiment d'intérêt.

Elle conseilla alors au jeune homme de vérifier son emploi du temps, la prochaine fois. Et lui accorda même un sourire. Woh, apparemment Monsieur a bien l'air de "plaire", du moins d'être toléré, par Mademoiselle. C'était assez surprenant. Mais je n'allais pas m'en plaindre, bien au contraire. Puis, elle lui demanda de fermer la porte "s'il voulait rester ici". Le garçon s'exécuta.


C'est sûr. Ce n'était pas vraiment un drame. Plutôt une bonne coïncidence, en fait.

- T'inquiète !, fis-je amicalement, en lui lançant un torchon qui passait par là pour qu'il se sèche un peu le visage. Au fait, tu nous as toujours pas dit comment tu t'appelais, on peut le savoir ?

Avant même que le mec réponde, Ashley se présente. Tu m'étonnes, avec ce nom il y a de quoi être fier de se présenter. Il suffit de dire que tu es un Bomond et tu te fais respecter par tout le monde. C'est un peu comme une marque de fabrique : Bomond = Puissance. Moi, quand je donne mon nom, on peut entendre le champion d'aviron, mais Howard est tellement banal, qu'au final peu de gens se doutent que mon père est un grand sportif. Et surtout, généralement, ils s'en foutent. Moi aussi, d'ailleurs.


"Charlie". Je retiens. Je hoche la tête pour acquiescer.

- Damon Cole Howard, mais Damon c'est suffisant, je réponds en lui rendant son sourire.

Je me lève de ma place, d'un bond. Je viens de remarquer un sac en cuir, le cartable typique des profs. Ouvert. Seul. Sans propriétaire dans les environs. Ma curiosité prend le dessus sur ma conscience. Je ne vais rien faire de grave, juste vérifier que le ou la prof qui a malencontreusement laissé son sac dans la salle, ne porte rien de suspect dans ses affaires, haha. Je m'approche du bureau sur lequel Ashley est assise, et au pied duquel est posé le fameux cartable.

- Et donc, Charlie, t'es nouveau alors ? C'est la première fois que je te vois à l'UE, je demande, tout en m'approchant du bureau.

Je m'accroupis face au sac, regardant l'un après l'autre le gars et la fille, et leur indiquant de s'approcher, d'un signe de tête.

Ashley me rejoint pour fouiller l'intérieur du sac. Rien de bien intéressant pour le moment, c'est plutôt décevant. Depuis la rumeur comme quoi la fameuse Aileen Kerr qui aurait couché avec le prof d'histoire géo, on aurait pu s'attendre à un scoop en inspectant la sacoche. Mais non. Rien du tout. Nada. C'est plutôt dommage. Mais je continue mes recherches. Ashley, quant à elle, s'arrête tout à coup, l'air dubitatif. Elle vient apparemment de tomber sur quelque chose d'assez important.


- Ah ouais ?, je lance, étonné. Profite alors !

Ce n'est malheureusement pas le mien. Mais je ne m'avoue pas vaincu pour autant. En tant que fouine officielle, je cherche, je cherche, histoire de trouver quoi que ce soit qui puisse rendre ma journée intéressante. Je ne dis pas qu'elle ne l'est pas, puisque j'ai déjà rencontré deux personnes avec qui je sens que je pourrais bien m'entendre. Mais elle pourrait l'être encore plus, voyez vous.

Je jette un œil à Charlie, qui nous a rejoint. Il semble un peu inquiet, se retournant à plusieurs reprises vers la porte. Et il a bien raison : un prof ouvre la salle. Il nous aperçoit, et se met à hurler. Oups.


Aah, c'est donc la sienne. Pris sur le fait - et étant d'ailleurs à cet instant l'unique explorateur de la sacoche, je range rapidement mes mains dans mon dos et adresse à l'homme mon sourire le plus innocent.

- Mon rat m'a échappé des mains, je l'ai fait tomber dans votre sac...

J'ai l'air sincèrement convaincu par mes propos, et je le fais bien comprendre au prof en parlant sur un ton persuasif et très sûr de moi, tout en y ajoutant une dose de pseudo-gêne et de pseudo-culpabilité. Le cocktail parfait pour être cru dans n'importe quelle circonstance. Problème : je n'ai pas de rat. Espérons simplement que ce cher monsieur s'enfuira tel une fillette apeurée par les rongeurs, ahah.

Finalement, mon excuse n'est pas trop crédible. Tant pis ! Au moins elle a le mérite de faire sourire mes camarades. Et puis au pire, qu'est-ce qu'il peut dire ? Il ne va pas nous virer pour si peu. Et puis de toute manière, au pire, on a Miss Bomond avec nous ; en d'autres termes, on est intouchables.


Je lève un sourcil, l'air dédaigneux. Je n'étais peut être pas très crédible dans mon excuse il y a quelques instants, mais lui l'est encore moins dans sa menace. J'ai presque envie de sourire, mais ça ne ferait qu'empirer les choses. Même Ashley a abandonné son beau sourire. Néanmoins, bien qu'elle descende de la table, elle enracine ses pieds au sol et croise ses bras, bien décidée à ne pas bouger. Je ne le suis pas non plus, je pense avoir eu assez d'heures de colle comme ça, une de plus ne m'intéresse pas vraiment.


Je le regarde parler. Il a l'air complètement blasé, c'est marrant. C'est cool qu'il ose réagir et répondre aux profs, j'ai failli croire que c'était un coincé qui n'aurait jamais dû rentrer dans cette salle. Je suis de plus en plus convaincu qu'on pourrait vraiment bien s'entendre, tous les trois.

- Il a pas vraiment tort, j'ajoute en indiquant le gars de l'index. C'est pas très écolo, et en plus ça fera perdre du temps à tout le monde. A vous comme à nous, comme à l'administration.

Difficile, dans une telle situation, de garder son sérieux. Entre un BG aux faux airs sages mais qui finalement se révèle un pseudo écolo hilarant, et une fille à papa que j'imaginais détestable qui se retient de rire et qui en rajoute une couche, c'est vraiment difficile. Je me mords la lèvre inférieure pour éviter le fou rire. Je ne sais pas si c'est les répliques de mes camarades ou la réaction du prof, mais mes zygomatiques sont en plein ébat.


Et vlan. Comment garder son sang froid en ayant trois élèves aussi tenaces, solidaires et je-m'en-foutistes comme nous, en face de soi ? Il me semble que c'est impossible. Ça l'est en tous cas pour le pauvre homme, qui perd complètent ses moyens. Complètement déboussolé, il se remet à nous gueuler dessus.


Eh ben voilà, ça y est, Monsieur a enfin réussi à imposer son autorité. S'il n'y était pas arrivé, il y aurait vraiment eu de quoi s'inquiéter. C'est le rôle d'un prof, en général, de savoir calmer les élèves trop dissipés dans notre genre. Enfin, on aurait pu continuer encore un peu, mais on aurait risqué un peu plus gros, donc bon. Nous arrêtons donc les conneries, et sortons de la salle, Charlie le premier, moi le suivant, et Ashley fermant la marche.

- Wow... On se sera bien marrés !

Charlie lâche un léger sourire, ravi. Enfin, je laisse échapper un éclat de rire de satisfaction. Je sens que cette heure restera gravée un bon moment dans nos mémoires comme celle d'une rencontre aussi aussi plaisante qu'inattendue. C'est tellement agréable de se faire de nouvelles connaissances, et de s'entendre directement aussi bien avec elles. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut vivre ça.

Nous sommes tous les trois de très bonne humeur après ce passage dans la salle d'SVT. Ashley nous appelle alors, Charlie et moi-même, le "duo d'écolo." Je souris à cette appellation. Entre une hybride et un 4x4, je choisirais un 4x4, je n'ai jamais utilisé de papier recyclé, et je crois que le dernier tri sélectif que j'ai fait remonte à... Plusieurs années, huhu. Donc bon, l'écologie et moi, ça fait douze. Mais il n'empêche que jouer les hippies écolos, c'était amusant. A plusieurs, ça l'est encore plus.


Charlie, quant à lui, propose de retourner jouer les écolos dans une nouvelle salle. Apparemment, lui qui a déjà séché son premier cours, se moque totalement de rater le suivant. L'idée m'aurait vachement bien plu. Ces gens ont l'air d'avoir un peu la même conception de l'amusement que moi, et je suis absolument certain que ce n'est que le début d'une belle amitié ; du moins, je l'espère. Néanmoins, j'ai un entraînement important, que je ne pourrais pas me permettre de rater. Et cet entrainement ne va pas tarder à débuter, à en croire l'heure que je découvre en déverrouillant mon portable. A contre cœur, je l'annonce à mes camarades.

- J'aurais adoré, mais j'ai un entraînement de gym qui va bientôt commencer, il faut absolument que j'y assiste. Mais faudra qu'on se refasse ça un jour ! Je vous passe mon numéro tiens, tant qu'à faire.

A ces mots, j'arrache un morceau de page du premier cahier que ma main croise dans mon sac, et y inscris mon numéro en double. Je tend les papiers à Ashley et Charlie, et m'en vais en souriant aux deux jeunes gens, satisfait par ces quelques instants passés en leur compagnie.