Robyn.


Je me laisse tomber sur mon lit, m'asseyant sur l'une de mes jambes. Louis était parti cherché je ne sais trop quoi. Toujours est-il qu'il avait oublié quelque chose, et qu'il était retourné le chercher dans sa chambre. Je l'attendais, donc, vu que je savais qu'il n'en avait pas pour longtemps. La preuve, il avait laissé son téléphone sur ma table de chevet, juste à côté de mon lit.

Téléphone qu'eut la bonne idée de sonner. Ou la mauvaise, ça dépend de quel point de vue on aborde la suite. Bref. Je jettai un rapide coup d'oeil sur l'écran. Ambre. Ambre ? Qui c'est, ça, Ambre ? Une cousine ? Une amie ? Ou pire, une ex avec qui il papote encore ?

Je tapote rapidement mes ongles sur mon genoux, finissant par attraper le portable de Louis, beaucoup trop curieuse. Faisant glisser mon doigt sur l'écran, je décroche.

« Allô mon chou ? »

Mon chou ? Cette nana appelle Louis 'mon chou' ? Mais comment elle peut appeler mon Louis, mon chou ? Tu veux bien me dire qui lui a permis de l'appeler comme ça ? Elle a reçu la bénédiction du pape ou quoi, la donzelle, pour se permettre un truc pareil ? Je rêve, je rêve.

Ma main se resserre autour de l'appareil, j'inspire un grand coup, histoire d'être quand même calme en répondant à cette nana qui se permet tout et surtout n'importe quoi.

- Ah non, c'est pas ton chou, traînée.

C'est sorti tout seul, j'ai pas réussi à être aimable. Mais j'ai tout de même dit ça calmement, c'est ça le principal. Et je pense qu'il va devoir m'en dire un peu plus, 'son chou'. Avant que je me fâche, de préférence.

« Non mais qui t'es, toi, pour m'insulter comme ça ? »
- A ton avis ? La sainte vierge.
« Hein ? »

En plus elle est complètement débile, la meuf. Dans le genre bien blonde à l'intérieur, tu sais. Mais très très blonde. Ah, ça m'énerve, ça m'énerve.

- T'es complètement conne ou tu le fais exprès, dis ? Ou alors c'est juste une impression, mais t'as vraiment l'air d'être bien débile, ma fille.

Robyn. Quoi ? Calme tes ardeurs, si Louis revient, ça va lui plaire autant que toi, si t'insultes son amie. Oui ben je l'emmerde, tiens. Qui est-ce qui peut l'appeler 'mon chou' à part sa copine, hein ? Sachant que, normalement, sa copine c'est moi ? Hein ? Personne, voilà.

Robyn.


Donc j'ai de quoi m'énerver, me semble-t-il. Alors je m'énerve. Enfin m'énerver. Plus intérieurement, sauf que ça se ressent étrangement dans ce que je dis. J'ai jamais été aussi grossière, je crois. Non, ça me ressemble pas d'être comme ça.

« Mais je suis pas débile ! »

Mon dieu, retenez-moi de rire. Non, j'ai pas vraiment envie de rire, mais cette nana est un cas, faut croire. Le 'mais je suis pas débile', c'est quand même assez hilarant. Elle a pas capté, la petite dame. Elle a pas capté que si je l'insulte, c'est qu'y a bien une raison. Mais non, à croire que ça fait pas son petit bonhomme de chemin dans son petit crâne de - sûrement - fausse blonde desséchée au cerveau atrophié aussi gros que celui d'une crevette.

Je suis prête à répliquer lorsque la porte s'ouvre de nouveau. Tiens, le 'chou' de cette pétasse va pouvoir m'expliquer. Robyn, calme-toi. Je vois vraiment pas pourquoi tu te mets en colère, c'est juste une amie, si ça se trouve. Ah, t'appelles souvent tes simples amis 'chou', toi ? Non, mais parce que dans ce cas-là, explique-moi, oui, vas-y, car je vois pas là. Mais alors vraiment pas.

- J'peux savoir s'que tu fous avec mon téléphone Robyn ?

Il veut savoir ce que je fais avec son téléphone ? Oh, je répondais juste à cette Ambre, là. Qui t'appelles 'mon chou'. Elle a l'air sympa, qui c'est, donc ?

- Tiens, y a ta traînée qui veut te parler 'Mon chou'.

Je lui tends son téléphone avec un sourire hypocrite, me levant du matelas par la même occasion, croisant ensuite les bras. Robyn, inspire, expire, leeeenteme... Ta gueule, toi, c'est pas le moment, tu vois. Mais alors vraiment pas le moment de me donner de tes conseils pourris, tu vois ? Alors retourne d'où tu viens.

Robyn.


J'observe Louis répondre à son 'amie' qu'il embrasse et qui lui manque. Oh, que c'est mignon. Il va s'en remettre, quand même, le pauvre chou à sa Ambre ? Non mais parce qu'attends, ils se manquent mutuellement, là. Ils vont en mourir, les pauvres. Pauvre Roméo, pauvre Juliette.

- Cette pétasse débile te manque ? C'est bon à savoir.

Depuis quand je réponds à sa place ? Quand une nana avec un prénom de censuré l'appelle. Plis sérieusement, j'ai été curieuse, c'est tout. C'est sûr que cette personne se serait appeler Luc, ou Bruno, j'aurais pas décroché. Mais là, Ambre... Ça met la puce à l'oreille. Non, et puis voilà. C'est tout. Je voulais être sûre. Maintenant je le suis aussi. Encore plus. Mais pas vraiment dans le bon sens, en fait. Même plutôt dans le mauvais. Très mauvais.

- Et moi, Louis, je peux savoir depuis quand des nanas t'appellent 'mon chou', hein ? Parce qu'il me semble que c'est pas ton prénom, hein, ni ton diminutif. Je me trompe, Louis Cadigan ?

Je serre les dents, prête à me recevoir le 'c'est une amie' quo va arriver, très prévisible de tous les mecs qui font ce coup là à leur 'copine'.  J'inspire un grand coup. Après, je pourrais dire à ma mère que ça doit être de famille, la poisse avec les hommes. Je vois même pas pourquoi ça m'étonne, en fait.

Robyn.


Et voilà. Le 'c'est qu'une amie' est arrivé. Bingo. Des fois je pense que je suis devin, vraiment. Ou alors que même sans avoir fréquenter beaucoup de mecs, je les connais bien. Et Louis a pas l'air d'être différent, finalement. Robyn, qu'est-ce tu voudrais qu'il te dise d'autre ? Je sais pas, je suis pas un mec, moi ! Robyn, t'es énervée, tu penses pas ce que tu dis... Ah, tu crois ? C'est mal me connaître. Robyn, arrête...

- Oui, bien sûr. Appelle-moi con, aussi. Et toi, comment tu l'appelle ? Ma princesse, c'est ça ? Dis moi, Louis, tu apprécierais que, je sais pas, moi... Gabriel m'appelle ma chérie, hein ? Et ravale ton 'c'est qu'une amie, d'accord ?

Ah ouais, il est mignon. Si c'était l'inverse, il réagirait comment, hein ? Il suffit qu'y en ait un qui me parle un peu trop pour qu'il soit jaloux. On se rappelle tous et toutes de Ty, à la patinoire, non ? Rien que parler de Gabriel l'agace, si je me souviens bien. Non, faut vraiment pas jouer à ça. J'en reviens pas. Non, je veux même pas l'imaginer.

Robyn.


J'allais répliquer mais il a raison. Mais c'est pas juste. Y a quelque chose qui me plait pas, là-dedans. Non, franchement, savoir que cette nana est aussi proche de lui, pour l'appeler 'mon chou', ça m'hérisse les poils. Si ça se trouve, ils ont été plus qu'amis, à un moment donné. Et j'en sais rien du tout. Du coup ça m'énerve. J'ai horreur de l'ignorance.

En plus, elle va le rappeler. Et qu'est-ce qu'ils vont se dire, hein ? Je sais même pas. Si ça se trouve c'est même pas vrai. C'est pas qu'une amie, cette Ambre-je-me-permets-tout-et-n'importe-quoi. Et c'est ça qui me fait peur. Et aussi, comment il va décrire ma réaction à sa traînée, là, hein ? 'Oh, elle est malade de jalousie, elle m'énerve, ça en devient désespérant !' Non, je sais même pas ce qu'il va lui dire, à l'autre là.

- Comment je peux en être sûre, hein ? Si ça se trouve vous avez été plus que ça, des 'amis'. Et moi je dois rester là, les bras croisés sans réagir parce que cette à mon avis pétasse t'appelle comme ça, c'est ça ? Je fonctionne pas comme ça, et tu le sais.

Je me rassois sur le lit, ne décroisant toujours pas les bras. Eh bien, Robyn, ça faisait longtemps que je t'avais pas vu si en colère. La dernière fois c'était quand l'autre abruti avait trompé Hally. Si je me souviens bien et... On peut arrêter de revenir à Pearl, tout le temps ? J'aime pas ça.

Robyn.


Mais si elle lui a jamais fait de coups foireux, c'est peut-être parce que elle, elle l'aime. Plus qu'il ne le pense. J'ai pas confiance en cette Ambre. Je la connais pas mais je l'aime pas. Y a un truc qui me plait vraiment pas, dans cette nana. T'es complètement parano, ma pauvre Robyn. Je grogne légèrement, pas vraiment convaincue. Ça m'agace. En plus elle va le rappeler... L'appeler chou, et je ne sais quel autre surnom ridicule sortant de la bouche de cette idiote.

C'est ridicule, je sais, de me mettre dans cet état là pour ça. Mais j'ai peur, voilà. Après le coup que mon soit disant père a fait à ma pauvre mère, je m'attends à tout. Même si j'ai confiance en Louis. Je souffle, je suis bête. A me mettre en pétard pour un truc pareil. Heureusement qu'il n'est pas aussi bête que moi...

Je baisse les yeux lorsque Louis pose sa main sur ma jambe, me rassurant en me disant que c'est moi qu'il aime, et personne d'autre, ajoutant qu'il ne fallait pas que je me monte la tête pour des bêtises pareilles. J'y peux rien, faut que j'arrête, je sais, cette jalousie, là. Ça peut tout bouffer n'importe quoi, la jalousie. Ça peut briser une amitié de longue durée, un couple, une famille... C'est horrible comme sentiment, comme sensation. Très destructeur, la jalousie. Un peu trop, même.

- J'suis désolée... Je suis bête, hein ? C'est n'importe quoi...

Je pose mon coude sur mon genou, appuyant ma joue dans ma paume, me tournant vers lui après avoir posé mon autre main sur la sienne.

Je me sens bête. Je me suis énervée pour rien. Enfin presque rien. Parce que cette nana qui l'appelle 'mon chou' ce n'est pas rien tout de même. Non, c'est même tout sauf rien. Mais je me suis emportée trop vite. J'aurais pu demander à Louis qui c'était calmement. Mais non, je me suis excitée comme une puce. En plus, d'habitude, je ne suis pas grossière comme je l'ai été. Ouais, jalouse, je me transforme totalement, la preuve.

Louis me tend alors les bras, me disant de venir lui faire un câlin au lieu de tirer cette tête. Je souris légèrement, allant m'asseoir sur ses genoux, passant mes bras autour de son cou.

- J'ai été bête, franchement. Je me suis énervée pour presque rien.

Je soupire, si ça se trouve, cette nana, là, Ambre, elle est mieux que moi. Elle a peut-être de beaux yeux, un joli visage, plus grande que moi - malgré le fait que je ne sois pas franchement petite, vu que je fais environ le mètre soixante-dix - plus jolie, mieux 'gaulée', elle a peut-être une plus jolie voix, je sais pas, mais mieux que moi.

- Elle est mieux que moi, cette pu... Ambre ?

J'étais obligée de poser la question. Mais ma langue a failli fourcher sur le prénom de cette fille, que j'ai presque appelée 'censuré'.